Prisonniers des étoiles – Eric Frank Russell

La collection « Trésors de la science-fiction » éditée par Bragelonne aborde cette fois-ci l’œuvre de Eric Frank Russell. Au menu de ce « Prisonniers des étoiles« , les textes principaux de cet auteur anglais, c’est à dire quatre romans et cinq nouvelles.

Eric Frank Russell n’est pas dénué d’humour, et à plusieurs reprise je souriais devant l’inventivité (mais aussi la naïveté) de certains personnages. L’auteur a le dont de faire tourner en bourrique les ennemis de ses personnages principaux.

Guêpe

James Mowry est envoyé derrière les lignes ennemies. Il est parachuté sur un monde sur lequel il doit semer la zizanie. Pour se faire, il prend différentes identités et paye des acolytes pour y arriver. Il dispose d’un matériel d’espion, des ressources financières, et surtout il pose des autocollants sur lequel il est inscrit « Dirac Angestun Gesept ». Autocollant très difficiles à enlever, qui vont semer la pagaille. Petit à petit Mowry fait croire à l’ennemi qu’il est en train de perdre la guerre contre les humains. Il s’agit plus de guerre psychologique que de batailles spatiales. Et ça marche ! Et tout ça avec beaucoup d’humour.

Plus X

John Leeming, pilote, est un autre héros envoyé chez l’ennemi. Aux commandes d’un vaisseau très rapide, il va s’infiltrer dans l’espace ennemi. Mais son vaisseau va se crasher sur un monde occupé. Il devra le faire exploser, puis espionner l’ennemi. Pas de chance pour lui, il est capturé. Il s’échappe et se fait capturé à nouveau. C’est à ce moment que lui vient l’idée « Plux X ». Emprisonné, interrogé, il va faire tourner en bourrique ses tortionnaires. D’abord il va créer un bracelet en cuivre et faire croire qu’il permet la communication. Puis il va faire croire que les humains ont un eustache, une sorte de conscience liée à chaque humain, capable de se venger sur toute personne qui leur ferait du mal. La naïveté des ennemis est une source de joie pour le lecteur, surtout quand John Leeming introduit la notion de Chocotte. L’ennemi qui a peur des conséquences liées aux eustaches décidera de libérer Leeming et de le renvoyer sur Terre pour négocier l’échange de prisonniers. Un livre presque hilarant, qui vaut son pesant de cacahouètes.

La grande explosion

Encore un roman qui n’est pas dénué d’humour. Avec l’invention du transmetteur de Blieder, qui permet de se déplacer plus vite que la lumière, la moitié de l’humanité a essaimé vers d’autres systèmes solaires. C’était la grande explosion. Quatre cents ans s’écoulèrent avant que la Terre décide de regrouper ces mondes colonisés dans un grand empire. L’histoire est celle d’un des vaisseaux chargés de renouer les liens avec les colonies. Le problème c’est qu’au terme de quatre visites, une partie de l’équipage déserte.

Guerre aux invisibles

Le livre commence comme un roman policier. Des savants découvrent que l’humanité est manipulée par les Vitons, une race extraterrestre qui se nourrit des émotions. Ils provoquent les conflits entre humains, récoltent leurs émotions négatives, comme des cultivateurs exploiteraient leur bétail.

Cinq nouvelles complètent cet omnibus : Le chioff (Allamagoosa, prix Hugo 1955), Mutants à vendre, Triste fin, Rendez-vous sur Kangshan, Quand vient la nuit. Elles sont dans la même veine que les romans.

Je ne passerai pas sous silence l’excellente postface de Marcel Thaon, qui nous révèle les différents leitmotif de Eric Frank Russell, ainsi que la postface de Francis Valery plus axée sur « Guerre au invisibles ».

Un point fort chez Eric Frank Russell, c’est que ses personnages ne sont pas des super héros ou des guerriers, mais simplement des hommes déterminés à réussir leur mission. Pas de bellicisme dans ces romans. C’est l’intelligence pure et surtout la roublardise des héros qui fait la différence. C’est tellement simple à

lire que c’est excellent. Si il ne faut qu’un livre d’Eric Frank Russell, c’est bien cet omnibus assez complet, accompagné d’une excellente postface. Les textes datent de l’âge d’or mais se lisent encore très bien. Ils vont de 1939 à 1962. Il ne faut pas faire beaucoup d’efforts pour se remettre dans le contexte de l’époque. Les vaisseaux ressemblent à des fusées, mais c’est un détail.

Lentement mais surement les trésors de la science-fiction sont réédités pour le bonheur des lecteurs qui ne les trouvaient plus, si ce n’est en occasion. Les choix de Laurent Genefort qui dirige la collection sont toujours très judicieux. Cet Eric Frank Russell tient toutes ses promesses. Je le conseil vivement au
nostalgique de l’âge d’or.

Prisonniers des étoiles, Eric Frank Russell, Bragelonne, 683 pages, 2010, illustration de Gary Jamroz


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