La librairie Malpertuis jusqu’à fin 2011

Depuis 35 ans, les amateurs de science-fiction, de fantastique, de fantasy, de bande dessinée, mais aussi d’ésotérisme connaissent la librairie Malpertuis, située rue des éperonniers, derrière la grand place à Bruxelles. Alain Walsh les a accueillis, conseillés, guidés, aidés. Avec son flegme et son humour très… british (lui qui ne parle pas barbare), il a accueillis bon d’amateurs et de passionnés aux domaines qui nous intéressent. La librairie n’a jamais été un salon de thé (ce serait d’ailleurs difficile de le faire vu sa taille), mais un grand nombre de rencontres et de débats très éclectiques ont agrémenté la vie de celle-ci.

Aujourd’hui, Alain Walsh annonce qu’à la fin de l’année, il cessera ses activités de libraire. Malpertuis fermera définitivement ses portes. Il y a de quoi être triste car Malpertuis est une référence. La librairie ne paie pas de mine face à Filigranes ou la FNAC, mais le savoir-faire et la connaissance d’Alain font toute la différence. Qui n’a jamais été conseillé par lui lors d’un passage dans la librairie ? Alain connait ses clients sur le bout des doigts, gouts littéraires, les auteurs qu’ils recherchent, les livres qu’ils attendent (mais qui ne sont pas toujours sortis). Avec quelques questions, il devine les gouts des visiteurs et les conseille plus précisément. Sans oublié qu’Alain propose souvent des nouveautés qui valent la peine d’être lues. Combien de fois n’ai-je pas acheté un livre qu’il m’a conseillé, et que je n’ai pas regretté. En fait, Alain a toujours apporté un jugement objectif sur la production de livres en imaginaire.

En 35 ans, je ne compte pas les débats qu’on a eus sur les auteurs, les cycles, les éditeurs, sur l’informatique, les sciences, les civilisations extraterrestres, la conquête spatiale, l’univers, etc. Sans parler de l’écriture où Alain est un réviseur hors pair. Je parle en connaissance de cause puisque Alain révise mon space opera (qui vu sa taille a des allures de trilogie). Alain c’est aussi un avis éclairé sur des textes de nouveaux auteurs. On lui doit la découverte d’Adrianna Lorusso, éditée chez Bragelonne grâce à Jean-Claude Dunyach. Certains éditeurs lui demandent parfois de donner un avis éclairé sur de nouveaux textes non encore publiés. Alain a fait partie du jury du prix Bob Morane.

Chez Malpertuis, combien de débats passionnants n’ont pas marqué l’endroit. Je me souviendrai toujours des passages de Jacques Van Herp qui parlait de fantastique ou de science-fiction du début du siècle. Tout comme je me souviendrai toujours des longues discussions que j’ai eues avec Alain lorsque je faisais face à un problème lors de l’écriture. Son œil avisé, son esprit éclectique faisaient qu’il avait toujours une solution, une alternative intelligente à suggérer. Sans parler des aspects militaires qu’il connait admirablement. Ce qui aide beaucoup lorsqu’on veut écrire du « Honor Harrington » ou équivalent.

Alain Walsh, c’est quelqu’un qui a consacré toute sa vie à la science-fiction, à la fantasy et au fantastique. C’est quelqu’un qui a le potentiel pour écrire dans un de ses genres. J’espère qu’un jour il se lancera dans l’écriture de nouvelles ou de livres. C’est un vœu que je fais. C’est aussi un ami de longue date pour moi. Depuis 35 ans, tous les quinze jours, je passais à la librairie, soit pour acheter des livres, soit pour avoir une de ces excellentes discussions qui font aussi le charme de l’endroit. C’est aussi l’occasion de rencontrer des auteurs, éditeurs, traducteur, réalisateurs, etc. voire même de rencontrer des personnes dont la profession s’éloigne fortement de notre genre préféré, mais qui ont la même passion.

Je pense que je fais partie du petit nombre de personnes qui ont connus Malpertuis depuis le début. Comme beaucoup d’amateurs de science-fiction je vais regretter la fermeture définitive de la librairie. C’est dommage, mais Alain mérite amplement de se retirer. Ces derniers mois, il envisageait de plus en plus d’arrêter ses activités. Connaissant bien le personnage, même si il ne le disait pas ouvertement, cela se devinait. Et lorsqu’il m’en a parlé, je n’ai pas été surpris de l’apprendre. Bien que connaissant la nouvelle avec un peu d’avance (comme un certain éditeur), je ne pouvais pas la divulguer avant le premier aout 2011.

La fermeture de Malpertuis est une grande perte pour tous les amateurs du genre. Quelque part on se sentira tous un peu orphelin, mais c’est la vie et elle continue pour Alain. L’activité continuera normalement jusqu’à la fin de l’année, et Alain se fera une joie d’accueillir ses clients comme il le fait depuis le début de l’aventure Malpertuis.

18 réponses à “La librairie Malpertuis jusqu’à fin 2011

  1. Ah, la fin d’une référence dans ma vie. Malgré que je ne l’ai pas toujours gâté, notre Alain Walsh : le jour où je lui demande si « Malpertuis » (qui venait de sortir en J’ai Lu) c’est vraiment bien ? – je n’avais pas vu le nom de son magasin !…

    Une discussion avec Van Herp ? Si j’avais été là j’aurais eu des choses à dire sur sa soi-disant histoire de la SF qui ne couvre que des vieux trucs. Soi-disant que tous les thèmes étaient déjà couverts au début du XXème ! Ben voyons !…

    • C’est vrai que son histoire de la SF ne reprenait que celle du début du 20ème siècle. Van Herp s’était volontairement arrêté à une certaine époque. Mais lorsqu’il venait nous parler d’éditions (il a été directeur de collection chez Lefrancq), ou d’auteurs comme Jean Ray, Henri Vernes ou Thomas Owens, c’était passionnant. Il y a eu des moments forts chez Malpertuis !

  2. Triste nouvelle, alors que je retourne habiter à Bruxelles et que je venais justement de découvrir cette librairie.

  3. Mais qu’allons-nous devenir !!!
    Je vais me dépêcher de faire le plein de livres avant la fin de l’année. :/

  4. Juste pour dire que malgré la fermeture du Malpertuis, sa succession est « quasiment » assurée.
    En effet, un ami et moi somme actuellement en train de faire les démarches pour reprendre le stock restant d’Alain afin de re-ouvrir une nouvelle librairie spécialisée en SF/Fantasy quelque part dans Bruxelles. Nous ne savons pas encore ou exactement (même si nous avons déjà quelques idées d’emplacements) ni pour quand ça sera ouvert, mais nous y travaillons 😉

    • Alain m’en avais effectivement parlé. J’espère que la reprise pourra se faire, si pas rue des éperonniers, quelque part ailleurs à Bruxelles. En tout cas, c’est un vrai vide qu’il y aura à la fin de l’année. Ce matin j’ai encore été chez Filigranes. Malgré le fait qu’ils ont beaucoup, ils ne connaissent pas tous les domaines. Et ils ratent certaines sorties de livres (par exemple le cycle de Tiamat de Joan D. Vinge chez Mnémos). Donc, une librairie consacrée à l’imaginaire (science-fiction, fantasy, fantastique, BD) manque vraiment.

    • Chouette nouvelle ça, tenez-nous au courant.
      J’aime beaucoup Filigranes pour leur rayon BD, mais franchement leur rayon SFFF est un peu riquiqui je trouve (et je n’ai jamais eu personne pour me conseiller, même s’il y a surement un responsable du rayon).

    • Des nouvelles à ce sujet ?
      Je serai ravi de vous rendre visite une fois installé.
      Sur la devanture de feu Malpertuis, il y a un panneau renseignant une rue à Ixelles… est-ce correct ?

  5. Bonjour Marc,
    Une bonne étoile m’ayant fait découvrir votre blog hier et étant moi-même bruxellois, je suis allé illico faire connaissance avec ce gentleman-libraire ; il a pu me fournir après seulement 30 secondes le livre très spécifique que je cherchais (les « spacecrafts » de Stewart Cowley), et j’ai ensuite pu apprécier sa conversation érudite et variée.
    Maintenant qu’il s’en va, n’hésitez pas à poster toute information que vous auriez sur les activités SF à Bruxelles car comme me l’expliquait Monsieur Walsh hier, elles ne sont pas si nombreuses.

    • Bonjour et bienvenue sur mon blog. Pas de problème pour les informations. Alain Walsh étant un ami de longue date, s’il y a des informations à communiquer, elles le seront sur mon blog. Soit je les ajouterai, soit je donnerai la possibilité à Alain de le faire lui-même.

      Je donne un scoop : Marc Bailly et moi-même avons fait une interview pour le magasine Phénix. Dès que je l’aurai transposée, elle sera disponible sur Phénix mag et sur mon blog. Mais vu que j’ai 75 minutes d’interview à réécrire, cela prend un peu de temps. 🙂

      Stewart Cowley, je connais très bien ! J’ai les 4 tomes (vaisseaux, épaves, grandes batailles, longs courriers). J’avais effectivement constaté que faute de nouveautés, Alain Walsh vendait des livre parfois devenus introuvables. Les Cowley sont de plus en plus rares.

  6. Grâce à Alain, je rettrappais mon retard en « Rivières Blanches » C’est reparti poyur un ? tour…
    Pierre

    • Bonjour Pierre. Je comprends parfaitement car j’ai le même problème. Les Rivières Blanche ne sont pas faciles à trouver en librairie.
      J’ai encore vu Alain la semaine dernière (qui révise toujours le 3ème tome de mon space opera), et je lui expliquais que la librairie Malpertuis nous manque beaucoup. Et à l’heure actuelle, rien ne la remplace.

  7. Cher Marc,

    Je viens de tomber par hasard sur votre blog au fil d’une recherche que je faisais sur une collection de littérature fantastique.

    Je tiens à vous féliciter et vous remercier pour ce très bel hommage que vous rendez à cette véritable caverne d’Ali Baba qu’était la Librairie Malpertuis! Je déteste devoir écrire « était » mais malheureusement, il le faut bien…

    Je vous remercie tout particulièrement aussi car grâce à votre article, j’ai enfin appris quelque chose que j’ignorais au sujet de la librairie : le nom de son sympathique tenancier! En effet, depuis toute ces années où je m’y suis rendu (depuis 1997 à peu près), je n’ai jamais eu l’occasion de le lui demander! Et pourtant, ce ne sont pas les occasions qui ont manqué. En lisant votre article, je ne peux m’empêcher de sourire avec nostalgie à votre description du personnage, à laquelle j’adhère totalement. Courtois, affable, extraordinairement érudit, une allure « so british » : Monsieur Walsh m’a tout de suite été sympathique. Et quel absolu plaisir de pouvoir discuter avec quelqu’un qui de toute évidence appréciait le genre et connaissait ce qu’il vendait! Je ne compte plus les fois où je me suis retrouvé, dans certaines « grandes librairies » s’apparentant plutôt à des centres commerciaux, face à des vendeurs incapables de me répondre et me regardant comme si j’étais une abomination lovecraftienne car je leur demandais un ouvrage un peu trop « spécial », sans doute (entendez « non commercial »…) Pas de cela chez Malpertuis! Monsieur Walsh a toujours eu réponse à mes requête, et ce sans que j’aie à repasser plus tard!

    Alors, quand l’annonce de la fermeture de la librairie m’est parvenue quelques semaines avant la date fatidique, je l’avoue : ça m’a énormément attristé. Indépendamment du fait que c’était une mine d’or pour tout fan de littérature de l’imaginaire, Malpertuis faisait partie de ces petits endroits atypiques où j’adorais flâner lors de mes déambulations bruxelloises. Je n’habite pas Bruxelles mais cela fait déjà plusieurs années que j’envisage de venir m’y installer, entre autre pour tout ces petits endroits que j’adore et dont il n’y a pas d’équivalent de par chez moi. Or, après « L’âme de rues » sur le Boulevard Anspach et le café « Halloween » rue des Grands Carmes, c’est au tour de Malpertuis de fermer ses portes! Je me prends donc à penser « à quoi bon venir sur Bruxelles si tous les endroits qui à mes yeux en font le charme disparaissent l’un après l’autre? » Car nous somme bien d’accord, il sera plus tard qu’il ne l’est quand on retrouvera dans notre plat pays une librairie du calibre de Malpertuis!

  8. Le vide laissé par la disparition de Malpertuis est toujours béant.
    Des nouvelles du projet de succession?

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