Destination ténèbres – Frank M. Robinson

Destination ténèbres, de Frank M. Robinson, nous propose une histoire de vaisseau générationnel. Le livre sort… avec 20 ans de retard sur sa version anglo-saxonne. La grande question qu’on peut déjà se poser, c’est de savoir si cette édition francophone en valait la peine. Réponse à la fin de cette chronique.

L’Astron est un vaisseau générationnel avec un équipage de 1800 membres. Il a une mission d’exploration qui doit s’étendre sur 40 ans maximum (deux générations). Le problème, c’est qu’il sillonne la galaxie depuis 2000 ans ! Et que sur Terre, 10.000 ans se sont écoulés. On peut donc se demander comment on en est arrivé là, surtout que deux tiers du vaisseau ont été fermés et abandonnés, et que l’équipage ne représente plus que 300 membres. À sa tête, le capitaine Kusaka qui est aussi vieux que le vaisseau.

Le héros principal de ce livre s’appelle Moineau. Après une grave chute lors d’une mission d’exploration, Moineau est rapatrié sur l’Astron pour y être soigné. Il a perdu la mémoire, et se retrouve face à un équipage et un environnement qu’il ne reconnaît pas. Cela permet à l’auteur de nous présenter tous les éléments du décor, sans trop dévoiler l’histoire. Bonne idée, car dès le début on baigne dans une ambiance glauque et oppressante, où la méfiance règne et où les apparences sont trompeuses. Moineau va se familiariser à cet espace clôt, et découvrir que sa présence n’est pas toujours souhaitée. Certaines personnes attendent beaucoup de lui, tandis que d’autres cherchent à l’éliminé.

À ce stade de l’histoire, l’Astron s’approche de plus en plus d’un grand vide, dans lequel il ne sera pas faire escale pour se ravitailler en matière première. Et cela préoccupe une partie de l’équipage, qui voit dans cette traversée, un danger pour sa survie. Et voilà l’histoire posée. Enfin, une partie.

Moineau va petit à petit découvrir qui il était avant sa perte de mémoire, et découvrir que l’équipage lui mentait. Dans la dernière partie du livre, il va même pleinement recouvrir celle-ci. Ce qui donnera lieu à des révélations sur l’origine de la mission de l’Astron. Son rôle à bord est beaucoup plus important qu’il ne le pensait, mais on l’a empêché de l’exécuter.

La dernière partie du livre propose un retournement de situation intéressant, qui sauve d’une certaine manière la lenteur de l’histoire et l’écriture pas très passionnante.  Au final, une histoire intéressante, mais qui fait appel à des ficelles bien trop connues des lecteurs : l’amnésie temporaire.

Ce qui m’a profondément dérangé dans ce livre, c’est le point de vue d’une partie de l’équipage : « nous sommes seuls dans la galaxie ». Après 2000 années d’exploration et 1500 mondes visités, l’Astron n’a pas rencontré la moindre trace de vie ou d’intelligence. Seul le capitaine du vaisseau pense le contraire et insiste pour continuer l’exploration de la galaxie. Sans révéler l’histoire, je dirai simplement que ce que l’auteur veut nous montrer n’est pas ce que pensent les personnages.

Les personnages ne sont pas très attachants, et l’écriture n’accroche pas le lecteur.  Le débat sur la vie dans l’univers est tiré en longueur (ainsi qu’un certain procès). A retenir, Frank M. Robinson est plus connu pour être un des deux scénaristes du film « La tour infernale ».

Le quatrième de couverture est trompeur. En matière de référence à Moby Dick, il faut simplement comprendre que le capitaine Kusaka est obsédé (comme Achab dans Moby Dick) et veut continuer sa mission d’exploration de la galaxie, alors que la majorité de l’équipage ne le souhaite pas. Et c’est tout ! Cela n’en fera pas un classique du genre. Ce livre n’apporte rien de neuf , mais permet juste au lecteur de passer un bon moment de lecture.

Fallait-il sortir ce livre après 20 ans ? Heureusement pour le lecteur, le livre n’a pas vieilli, et se lit facilement. Et ce sera pareil dans 20 ans. Par contre d’autres livres de science-fiction sur les vaisseaux générationnels sont beaucoup plus captivants que celui-ci. À lire, pour le néophyte. Pour l’amateur averti, il faudra plus que ce Destination ténèbres pour le contenter.

Destination ténèbres, Frank R. Robinson, Denoël Lunes d’encre, traduit par Jean-Daniel Brèque, couverture de Manchu.

6 réponses à “Destination ténèbres – Frank M. Robinson

  1. C’est un des rares romans que je n’ai pas lu pour l’illustrer, ce qui m’a valu de legeres difficultés à la realisation…Heureusement Jean-Daniel etait là :)))
    Et là, j’ai vraiment envie de le decouvrir

    • Bonjour Philippe, et bienvenue !

      Tu as éprouvé des difficultés ? Ça m’étonne, car ton dessin correspond tout à fait au vaisseau générationnel qu’il y a dans l’histoire. 🙂
      En commençant le livre, on se base sur ta couverture. Et puis, au fil des pages, on constate que ça correspond tout à fait.
      Je peux imaginer que Jean-Daniel t’a donné quelques détails puisqu’il a traduit le livre. Mais c’est tout de même exactement à quoi ressemble l’Astron(omie).

      Si tu as envie de lire le livre, c’est l’occasion pour toi de découvrir le côté glauque et déglingué de ce vaisseau.
      Peut-être qu’on aura droit à l’un ou l’autre dessin (qu’on peut imaginer servant de couverture pour la version poche). 🙂

  2. Mince ! Manchu, un invité de… Marc !
    Bon, eh bien, Marc, faudra plus chroniquer des livres illustrés par notre dessinateur favori, afin de voir souvent ses interventions !

    • Bien vu, Paul ! Mais tu sais, j’ai déjà chroniqué un des deux livres de notre dessinateur favori. A l’occasion, je ferai un billet sur le premier livre, qui mérite aussi d’être connu des amateurs. Il me reste juste à trouver les esquisses pour être complet.

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