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Fantasy

Game of thrones décrypté – Antoine Lucciardi

Parmi une kyrielle de livres, qui est sorti sur Game of thrones, en voici un qui vaut le détour. Écrit par Antoine Lucciardi et édité par Cithy éditions, ce livre nous propose de revisiter les quatre premières saisons du trône de fer, et aussi quelques éléments de la saison cinq. En un peu moins de 280 pages, tous les personnages de la saga sont passés au crible, détaillé, commenter, analysés par l’auteur qui ne se contente pas de nous répéter ce que nous savons déjà.

Ce n’est pas un beau livre comme on pourrait s’y attendre, plutôt un grand format classique. Un ouvrage de référence, qu’on tient sous la main pour ne pas se perdre dans la multitude de personnages de la série. Un chapitre est entièrement consacré aux différents lieux où se situe l’action. Dommage de ne pas voir de cartes dans ce livre.

L’auteur aborde le cycle à travers notre propre histoire, en faisant référence à la guerre des deux roses (fin du XVème siècle), à la guerre de Cent Ans qui ont servi de référence à G.R.R Martin. Une des œuvres les plus connues est « Les rois maudits » de Maurice Druon. Un chapitre traite du pouvoir, des femmes et du sexe. Une large part du livre est consacré aux influences littéraires qui ont conduit G.R.R. Martin à écrire Game of thrones. Le chapitre sur les coulisses de la série m’a moins emballé, sans doute parce que j’aurais préféré qu’on parle des livres plutôt que la série TV. Un résumé des quatre premières saisons est présent dans ce livre, ainsi qu’une série de répliques cultes et un index des personnages.

Ce livre n’est pas parfait. Je retiens deux défauts principaux. L’absence de photos couleur, qui donne l’impression d’avoir dans les mains des copies d’écrans en noir et blanc. Il y a aussi le fait que ce livre est axé sur la série télé, plus que sur les livres de G.R.R. Martin. Cela me donne un sentiment de livre inachevé, incomplet. Le trône de fer, c’est d’abord une suite de romans. Même si la série est excellente, les romans sont la bases de l’histoire. J’ajouterai que j’aurais bien aimé voir des cartes des différentes régions de Westeros.

Un livre abordable, facile à lire, qui contentera ceux veulent approfondir le sujet.

Game of throne décrypté, Antoine Lucciardi, Edition City, 2015, 288 pages

Game of thrones decrypté

Légendes d’Afrique – Marc Bailly

Voilà une anthologie que j’attendais depuis un certain temps. Dirigée par Marc Bailly, elle aurait dû voir le jour un an plus tôt. Mais certaines péripéties l’ont retardée. Ce qui en soi n’est pas une mauvaise chose, car c’est les éditions Elenya qui ont enfin donné corps à celle-ci.

Avant de parler de chaque nouvelle, je voudrais juste précisé que je fais aussi partie des auteurs qui ont participé à son élaboration. Je ne ferai donc aucune remarque sur mon propre texte, me contentant de résumer l’histoire en quelques lignes.

L’Afrique, un continent qui stimule l’imagination des auteurs, surtout lorsque Marc Bailly demande des textes liés à l’imaginaire, c’est-à-dire au fantastique, à la science-fiction et à la fantasy. Et les nouvelles contenues dans cette anthologie abordent justement les trois genres. J’y ajouterai en fil conducteur l’aventure et le mystère. Les histoires se passent à notre époque, mais aussi dans le futur ou à l’aube de l’humanité, sans parler d’une nouvelle qui nous transporte à une époque où l’Afrique ne portait pas encore ce nom.

Et pour écrire ces histoires, une très belle brochette d’auteurs avec lesquels il est agréable de se retrouver dans la table des matières. Au début de chaque nouvelle, les auteurs expliquent comment ils sont arrivés à écrire leur nouvelle.

Gudule commence l’anthologie en donnant le ton général de celle-ci avec « La rose blanche du Caire », qui nous présente une jeune exploratrice qui va se retrouver au musée du Caire à une place qu’elle n’aurait jamais imaginé. C’est mystérieux et original.

Avec « Celle-qui-conte », David Bry nous présente un jeune homme envoyé en Afrique par son père auprès d’un sorcier qui est censé le guérir. La fille du sorcier ne le laisse pas indifférent, mais une fois soigné, lorsqu’il doit regagner la civilisation, il n’y a pas de place pour une compagne.

Boris Darnaudet propose « Gro-Mak-Gra-Che », titre étrange qui correspond au nom des adversaires que son personnage tuera. L’histoire se passe à l’aube de l’humanité.

Avec « Jahia », Céline Guillaume nous parle d’un prince qui n’a pas le droit de voir des femmes et qui se transforme en crocodile le jour où il en rencontre une.

Jacques Mercier propose une nouvelle sombre et mystérieuse « Ankh ». Les personnes qui portent cette croix meurent.

« La résurrection d’Olokun » de Jérôme Felin nous emmène dans une Afrique mystérieuse où certaines personnes se transforment en félin.

« Qui se souvient encore de moi ? » de Emmanuelle Nuncq mélange aventure et science-fiction avec une sorte d’appareil photo surnommé « Victorine » qui permet de prendre des photos à des époques différentes. Original.

« Saxo bird » de Patrick S. Vast est probablement la nouvelle qui s’éloigne le plus du thème de l’Afrique. Elle fait référence à l’âme de Charlie Parker alias Birdie, et l’histoire ne se passe pas en Afrique. Pour fan de Jazz.

« Anima mea » d’Alain Dartevelle mélange des légendes.

« Lettre morte » de Serena Gentilhomme nous propose une nouvelle très sensuelle qui concerne Isis. On découvre comment elle a trompé Osiris avec Seth avant de le tuer. Très envoutant. C’est mieux que cinquante nuances…

« Amazulu est de retour » de Gulzar Joby. Nouvelle de science-fiction qui s’inscrit dans un cadre plus large développé par l’auteur. Un peu déroutant.

« Les éléphants de Sankuru » de Rose Berryl, revient sur une trame plus familière qui mélange conte et nostalgie.

« Sécheresse et chaos » de Kwamé Maherpa. De l’heroïc fantasy. Une longue nouvelle qui tourne autour d’un royaume dans une Afrique imaginaire, et d’une sécheresse provoquée. L’histoire mérite d’être développée pour en faire un vrai roman. Même si cette nouvelle est longue, il y a comme un gout de trop peu. J’espère que l’auteur en fera un roman.

« La robe d’écailles » de Brice Tarvel. Nouvelle qui commence simplement. Le personnage principal a décidé d’avoir une aventure sans lendemain avec Mami Wata. Jusque-là rien d’anormal, sauf qu’elle va se transformer en sirène et que notre héros va être surpris par la suite des événements. Peut-être que la fin mériterait une ou deux pages de plus. Mais Brice Tarvel est comme d’habitude parvenu à capter mon attention !

« Sable » de Christophe Collins. Du classique, mais du bon classique. Dans un futur où les ordinateurs ont disparu, deux soldats sont chargés de récupérer un paquet en Égypte. La mission ne se fera pas sans danger, et le paquet n’est pas ce qu’on pourrait croire. Il y a un petit clin d’œil à un commandant Morane et à Indiana Jones. Belle nouvelle avec une fin originale.

« La fille qui fut promise au dieu-serpent » de Fabien Clavel est un vrai conte, étrange qui mêle des animaux étranges et une jeune femme qui ne parle pas au début. C’est un excellent texte.

« Semences du désert » de Marc Van Buggenhout. J’en arrive à ma propre nouvelle, qui est la plus longue de cette anthologie, et qui parle d’une pyramide noire découverte dans le désert du Ténéré. Les explorateurs découvrent qu’il s’agit d’un octaèdre formé par deux pyramides collées à leurs bases, qu’elle est plus grande à l’intérieur qu’à l’extérieur, et que le temps s’écoule différemment. J’ai fait un clin d’œil à une amie très proche qui est romancière et comédienne. On devinera qui !

« Emela-Ntouka » de Sophie Dabat. Encore un récit étrange où un animal dangereux à un lien direct avec une petite fille. La fin est surprenante, montrant encore une fois que Sophie Dabat sait comment captiver ses lecteurs.

« La voie du dessous » de Jean Millemann nous fait découvrir un homme qui vient voire un sorcier avec l’espoir de guérir son épouse gravement malade. C’est une quête qui l’attend quelque part dans une grotte en plein désert. Belle histoire qui trouve une fin logique mais triste.

L’anthologie se termine par une présentation de chaque auteur. Dans l’ensemble une belle anthologie, bien équilibrée, dans laquelle on ne s’ennuie jamais. Des textes qui mélangent les thèmes de l’imaginaire, et des auteurs qui n’ont pas hésité à proposer des textes originaux. C’est vraiment une belle sélection de textes réunis par Marc Bailly. Le thème n’avait rien d’évident, car tout le monde n’avait pas été en Afrique, et c’est donc l’image du continent de chacun qui a été transposée dans ces nouvelles.

Je ne voudrais pas terminer cette chronique sans mentionner la belle couverture de cette anthologie éditée par Elenya. Le continent africain qui apparait sur le visage est vraiment original.

Belle anthologie qui mérite d’avoir une suite en explorant les autres continents de notre planète. J’ai vraiment passé un très bon moment de lecture, et j’espère en voir d’autres prochainement.

Légendes d’Afrique, anthologie dirigée par Marc Bailly, éditions Elenya, 2015, 404 pages

 Légendes d'Afrique

Le hobbit 3 : la bataille des cinq armées

Dernière partie de la trilogie sur Bilbon Sacquet le Hobbit, La bataille des cinq armées se laisse voir sans déplaisir. Les 2 h 24 que dure le film passent très vite dans cette histoire qui n’a pas de temps mort. Il y a une trentaine d’années, j’avais lu le livre de J.R.R. Tolkien, et j’avais apprécié celui-ci. J’ai voulu enchainer avec Le seigneur des anneaux, mais je ne suis jamais arrivé à dépasser la moitié de ce roman. J’ai donc attendu l’adaptation cinéma de Peter Jackson pour voir enfin la fin de l’histoire. Pour le Hobbit, j’en garde encore un bon souvenir. L’adaptation cinéma dépasse le cadre du livre et est réussie.

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La désolation de Smaug se terminait par un cliffhanger. Le dragon avait été réveillé par les nains, et LacVille était en danger. Je me souviens que j’avais été frustré à l’idée de ne pas voir la suite. C’est donc avec un grand intérêt que je voulais voir la fin de la trilogie, sans chercher à la comparer au livre de J.R.R. Tolkien.

Le dragon une fois tué par Bard, les Nains retournent dans la montagne pour prendre possession du trésor et de l’Arkenstone. Mais la pierre précieuse échappe à Thorin. C’est Bilbon qui la possède, et compte l’offrir aux Elfes. Elle servira de monnaie d’échange avec les pierres blanches elfiques que les nains détiennent. Cette partie du film peut faire passer les Elfes pour des êtres intéressés et sans cœur. Le plus intelligent dans l’histoire, c’est Bilbon. S’il a bien accepté de jouer le voleur pour le compte des nains, il a aussi la présence d’esprit de vouloir désamorcer le conflit qui risque de se produire entre Nains et Elfes. Surtout que des armées d’Orc ne sont pas loin et visent aussi les trésors laissés à l’abandon par le dragon Smaug

S’il y a d’énormes différences entre le Hobbit et le seigneur des anneaux. Le Hobbit est beaucoup plus linéaire. On suit le même groupe de personnes du début à la fin. Seuls les habitants de LacVille viennent créer un fil secondaire. Par contre, dans le seigneur des anneaux, dès que la compagnie de l’anneau se sépare en petits groupes, on assiste à des histoires différentes qui mettent du temps avant de former un fil commun.

Dans le hobbit, on ne se pose pas de question sur les fils de l’histoire. Pas de lourdeurs, de lenteurs, de séquences inutiles. Tout est bien structuré pour que le spectateur reste captivé par l’histoire. Le hobbit aborde également les sentiments entre Elfe et Nain. On découvre que Tauriel une Elfe est amoureuse d’un nain, alors que dans l’autre trilogie on se contente d’amitié entre humain et Elfe (il y a bien Aragorn amoureux d’Arwen). La mort est aussi présente dans le Hobbit. Le roi des Nains succombe après un héroïque combat contre le chef des Orcs. D’autres nains connaissent le même sort.

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Une comparaison entre Bilbon et Frodon est intéressante. Frodon est perturbé par la présence de l’anneau qu’il hésite à utiliser. Alors que Bilbon, une fois qu’il a découvert les propriétés de l’anneau, s’en sert à bon escient pour aider ses amis Nains. Autant Frodon était pénible, autant Bilbon est amusant et censé. Thorin qui sombre dans la folie, dès qu’il fait main basse sur le trésor. Et l’absence de l’Arkenstone semble amplifier cette folie.

Peter Jackson a eu une bonne idée de produire une trilogie pour le Hobbit, plutôt qu’un film unique. Lorsqu’on voit le résultat, on constate que c’est vraiment réussi. Il a développé un univers qui sera difficile d’égaler. Je pense qu’il est le mieux placé pour adapter l’œuvre de J.R.R. Tolkien. J’avais rencontré le réalisateur lorsqu’il était venu au BIFFF pour la seconde fois.

Le hobbit 3 : la bataille des cinq armées clôture en beauté une trilogie qui va encore une fois donner des idées aux auteurs de fantasy. On peut s’attendre à une nouvelle vague d’auteurs inspirés par les deux trilogies de Peter Jackson. Lire Tolkien est une chose, mais voir l’adaptation de ses romans en est une autre. Et Peter Jackson excelle dans ce rôle de traducteur, d’adaptateur de l’œuvre. Un très bon moment de cinéma. Si vous avez aimer le seigneur des anneaux, alors vous allez aimer le Hobbit qui se passe 60 ans plus tôt.

Le hobbit 3 : La bataille des cinq armées, réalisé par Peter Jackson, 2014, durée : 144 minutes

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Légende – David Gemmell

Pour les trente ans du livre, les éditions Bragelonne sortent une version collector de « Légende » de David Gemmell. Version qui devrait ravir les fans qui ont raté le collector précédent paru il y a dix ans.

Cette nouvelle version est beaucoup plus étoffée que la précédente. L’éditeur a fait un travail remarquable qui fait de ce livre une vraie pièce de collection. Un DVD est inclus dans ce livre. Le lecteur a droit à un chapitre inédit, et chaque chapitre est agrémenté d’illustrations faites par Stéphane Collignon et Didier Graffet. Une couverture qui rappelle le cuir et un papier bouffant comme Bragelonne l’a proposé pour d’autres livres de sa collection.

Un beau livre comme on aimerait en voir plus souvent. Son seul défaut, c’est son prix : 50 euros. Mais quand on aime, on ne compte pas. Plus sérieusement, le livre vaut son prix. Et il prendra de la valeur au fil du temps parce qu’il a été tiré à 2000 exemplaires seulement.

J’ai encore le premier collector sorti il y a dix ans. Le nouveau lui est de loin supérieur. Mais au delà de sa valeur, ce livre est aussi un classique de la fantasy. Ce n’est pas le seigneur des anneaux ou le trône de fer, mais c’est une fantasy classique plus proche d’un Conan le barbare, qui vaut le détour. C’est aussi le premier livre édité par Bragelonne. Il est donc normal que l’éditeur qui a toujours fait confiance à David Gemmell propose aux lecteurs le livre qui l’a lancé.

Et l’histoire ? La forteresse de Dros Delnoch est le dernier rempart face aux Nadirs. Elle est sous-équipée pour subir un long siège. Les soldats qu’elle aurait besoin ne sont pas encore près, et le général qui dirige la forteresse est un incompétent qui doit son poste à ses liens familiaux avec Abalayn le dirigeant Drenaï. Personne ne croit vraiment que Dros Delnoch peut arrêter l’invasion Nadir. Jusqu’à ce que deux hommes font leur apparition. Le premier, Druss, un vieil homme accompagné d’une hache. La légende, c’est lui. A plusieurs reprises il a défié la mort. Et dans le cas présent, il va organiser la défense de la forteresse avec les moyens dont il dispose. Le second se nomme Regnak, un Bersek. Avec le dernier régiment d’élite et des prêtres, ils vont organiser la défense de la forteresse. Il faut tenir trois mois, le temps que les renforts arrivent. C’est de la fantasy épique qui ne s’encombre pas d’élucubrations inutiles.

C’est une bonne histoire. Scénario linéaire pour ce livre, qui a des points communs avec la bataille de Thermopyles qui s’est passé en 480 avant Jésus-Christ. On peut pratiquement dire que le défi des Drenaï est le même : contenir les Nadirs. Intéressant.

Si vous êtes fans de David Gemmell et de « Légende » en particulier, alors vous ne pouvez pas rater cette édition. Si c’est le cas, vous vous en mordrez les doigts car il y a déjà beaucoup de spéculation autour de ce livre. Et l’acheter trois ou quatre fois sont prix est une hérésie. Il existe encore des collectors chez les libraires.
Si vous aimez la fantasy et que vous avez envie de découvrir « Légende », optez pour la version grand format chez le même éditeur, qui réduira fortement le prix. Ou optez pour la version poche chez Milady qui coute 5 fois moins cher. Dans tous les cas, jetez un coup d’œil à ce livre avant de vous décider. C’est un très beau livre !

Légende, David Gemmell, Bragelonne, 2014, 480 pages. Illustration de Stéphane Collignon et Didier Graffet.

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Conan, sur les traces du barbare – Paul M. Sammon

Sept années se sont écoulées entre la version anglaise et la version française de ce livre de référence sur le plus connu des Cimmériens issu de l’œuvre de Robert Howard. Le livre de Paul M. Sammon était originalement sorti en 2007 chez les Anglo-saxons. Et il a fallu attendre 2014 pour que Huginn & Huginn se décident à le publier en français.

Beau livre, qui passe en revue les différentes manifestations de Conan le barbare. Cela va des premiers pulps dans lesquels il apparaissait, en passant par la bande dessinée, et le cinéma. Paul M. Sammon livre ici un livre de référence sur Conan.

Dès l’ouverture, on a droit à un avant-propos écrit par Michael Moorcok, ce qui en soi, indique la qualité du livre qu’on tient entre les mains.

Paul M. Sammon aborde le héros en nous parlant de sa propre découverte du personnage, et des 45 ans qu’il a passé en Cimmérie avec lui. La vie et l’œuvre de Robert Howard y sont présentées à travers des textes, des photos, et un nombre impressionnant de pulps dans lesquels il était présent. Howard était un auteur très prolifique. On comprend mieux comment le personnage de Conan est né et comment il a pu inspirer beaucoup d’autres auteurs après le décès de son créateur. Il doit son succès aux fans qui voulaient absolument que Robert Howard écrive d’autres histoires.

L’aspect graphique n’a pas été oublié. Frank Frazetta et John Buscema sont à l’honneur dans ce beau livre. Sans parler d’Arnold Schwartzenegger qui a parfaitement incarné le héros sur grand écran.

Vous l’aurez compris, ce livre est incontournable pour le fan du Cimmérien. Beau livre, richement illustré et livre de référence, qui complète parfaitement l’intégrale de Robert Howard publiée chez Bragelonne.

Conan, le sur les traces du barbare, Pal M. Sammon, 176 pages, Huginn & Huginn, 2014

Conan sur les traces du barbares

Le Hobbit (La désolation de Smaug)

Pour cette fin d’année 2013, Peter Jackson nous a concocté un deuxième opus de la trilogie du Hobbit. On pourrait se demander comment Jackson a pu faire pour autant allonger l’adaptation d’un livre qui n’est pas si épais que ça. Mais le résultat est là, et à la hauteur de nos espérances. Qui mieux que lui pouvait adapter le livre qui précède le seigneur des anneaux ?

Avant de voir la désolation de Smaug, je m’étais dit que ce film ne serait qu’une succession de courses poursuites et de batailles. Eh bien, oui et non. Les 161 minutes que dure le film sont passées tellement vite que je ne m’en suis pas rendu compte, tellement j’étais scotché à l’histoire.

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Comme dans la précédente trilogie, on a droit à un flashback en début de film. Flashback qui se situe un an avant le premier épisode, dans lequel on voit Gandalf aborder Thorin, et le convaincre de reprendre son royaume d’Erebor en commençant par récupérer l’Arkenstone, une pierre brillante. Pierre qui devra être dérobée au dragon Smaug.

La troupe des nains est capturée par des araignées géantes, puis libérée par Bilbon devenu invisible grâce à l’anneau unique. On voit ici un Bilbon plus entreprenant que ne l’était Frodon dans le seigneur des anneaux. Si Bilbon hésite un moment avant d’utiliser cet anneau, par la suite il en fera un plus grand usage. Bilbon ne s’apitoie pas sur le fardeau que représente l’anneau. Et c’est tant mieux pour l’histoire.

Il était inévitable de retrouver les elfes dans ce second film. Ceux-ci capturent les nains, mais pas Bilbon. Et le roi Thranduil propose d’aider Thorin dans sa quête à condition de partager les trésors d’Erebor. Proposition refusée par Thorin. À ce stade, on retrouve Legolas qui manie aussi bien l’épée que l’arc. Il est secondé par Tauriel une elfe qui tue les créatures qui s’aventurent dans le pays des elfes. Legolas est toujours joué par Orlando Bloom, et c’est Evangeline Lilly (Lost, Smalville) qui joue Tauriel. Personnage ambigu, qui laisse planer le doute sur l’affection qu’elle a. Aime-t-elle Legolas, ou est-elle amoureuse de Kili, le nain ?

Les nains, et surtout Bilbon, sont assez roublards pour s’échapper des elfes, en empruntant des tonneaux qui leur serviront de transport sur un cours d’eau en furie. Ils ont aux trousses d’un côté les elfes et de l’autre les orques, qui s’affronteront. On arrive à une scène où les combats se succèdent les uns après les autres. D’une certaine manière, on sature visuellement, attendant avec impatience de retrouver la quiétude dans ce film.

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Lacville fait penser à une sorte de Venise sur un lac. Encore un de ces lieux originaux imaginés par l’équipe du film. Pour le spectateur, c’est le dépaysement complet, c’est l’enchantement de contrées imagniées par J.R.R. Tolkien. L’image de synthèse n’a jamais fait aussi merveille que dans le cycle du seigneur des anneaux et maintenant dans celui de Bilbon.

La suite du film correspond à un nouvel acte de bravoure de Bilbon qui au cœur de la montagne doit dérober l’Arkenstone au dragon Smaug. Pierre qu’il verra mais n’emportera pas, car le dragon perçoit sa présence malgré l’invisibilité que lui procure l’anneau unique.

Dans la version anglaise du film, c’est Benedict Cumberbatch qui donne sa voix et ses expressions au dragon Smaug. Décidément l’acteur non content de jouer un Sherlock Holmes moderne, et un Khan machiavélique dans le dernier Star Trek, se retrouve dans cette trilogie de fantasy où encore une fois il s’impose par son jeu d’acteur sous les traits du dragon Smaug.

Je ne vais pas dévoiler la fin de ce second film, mais je signale qu’il se termine sur un cliffhanger et qu’au cœur de l’action on se retrouve tout d’un coup avec le générique de fin. Le spectateur qui a les yeux rivés sur l’écran se sent soudain dépouillé de la fin de l’histoire. Il faudra attendre un an avant d’avoir la conclusion de celle-ci. C’est un coup de maître de la part de Peter Jackson, qui a savamment étalé cette histoire sur trois films.

Personnellement, je préfère l’histoire du Hobbit plutôt que celle du seigneur des anneaux. Sans doute parce que l’histoire n’est pas parsemée de grands champs de bataille. L’action ne manque pas. Le seul reproche que je fais à l’histoire, mais pas au film, c’est que Gandalf a un rôle mineur. Encore une fois, il quitte les personnages principaux pour se lancer dans une autre quête. On avait déjà eu une situation similaire dans la compagnie de l’anneau. Dommage. Par contre, Bilbon est à la hauteur de ce qu’on attend de lui. C’est-à-dire un Hobbit qui se dévoue pour le groupe de nains. Ce rôle convient à merveille à Martin Freeman.

Un bon moment de cinéma pour ceux qui aiment la fantasy, un très long moment de cinéma qui passe très vite. À voir, et à revoir lorsque la trilogie sera complète. Vraiment excellent.

La chronique du premier film (Le Hobbit : un voyage inattendu) est également disponible sur le blog.

Le hobbit (la désolation de Smaug), réalisé par Peter Jackson, 2013, 161 minutes.

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Michael Moorcock chez Filigranes et Elric en BD

Ce vendredi 24 mai, Michael Moorcock était présent à Bruxelles chez Filigranes pour la sortie de la bande dessinée Elric, tirée de son cycle sur le champion éternel. C’était l’occasion pour l’auteur anglais de rencontrer son public francophone lors de la sortie de la BD et de la réédition d’Elric en intégrale chez Pocket. Entouré par les quatre auteurs de la version BD (Julien Blondel, Didier Poli, Robin Recht, Jean Bastide), Michael Moorcock s’est gentiment prêté à une séance de dédicace pendant laquelle chacun pouvait directement lui poser des questions.

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Je n’ai pas pour habitude de rechercher les dédicaces, mais depuis au moins 30 ans, Michael Moorcock m’a marqué profondément à travers les cycles de son champion éternel et de son épée buveuse de sang et de vie. Je garde un excellent souvenir de chacun de ses livres. Le dernier en date était « Les buveurs d’âmes » en collaboration avec Fabrice Colin. Un livre dont j’aurais aimé voir une suite.

C’était l’occasion de demander à Michael Moorcock si une suite verrait le jour. La réponse a été négative, car son grand âge ne lui permet plus d’écrire au même rythme qu’avant. Par contre, lorsque j’ai abordé la réédition du cycle Elric chez Pocket, il m’a confirmé que celle-ci suivait l’ordre chronologique et non pas l’ordre de parution précédemment suivi par Pocket. Pour ce premier tome, on a donc droit à : Elric des dragons, La forteresse de la perle, Les navigateurs sur les mers du destin. Évidemment, certains lecteurs auraient aimé voir Stormbringer comme deuxième titre.

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C’était un moment trop court. Mais le vieil homme m’a ému par sa simplicité et sa gentillesse. Son grand âge ne lui permettait pas de se déplacer facilement. Par contre, il répondait aux questions dans la langue de Shakespeare avec beaucoup de sagesse et de gentillesse, encadré par des traducteurs de chez Filigranes. Pendant la dédicace, j’étais heureux de discuter avec Michael Moorcock, qui a vraiment conditionné l’image que j’ai de la fantasy (tout comme Roger Zelazny avec le cycle des princes d’ambres). Un grand monsieur de la fantasy, qui mérite qu’on le mette à l’honneur avec des rééditions ou des adaptations de ses livres. À coup sûr un moment que je ne pouvais pas rater.

Michael Moorcock nous a expliqué qu’à 18 ans il a créé Elric, et qu’à 21 ans il l’avait tué. Quand il s’est rendu compte de l’importance que son personnage avait, il a décidé d’écrire les aventures de l’albinos entre le moment où il quitte Melniboné et le moment où il meurt. C’est la chute de » empire romain, qui lui a donné envie d’imaginer Melniboné. En fait, c’est la fin d’un empire qui est le point commun entre notre histoire et celle d’Elric.

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Le seul reproche que je fais au cycle, c’est que cela manque de personnage féminin. J’aurais aimé voir une Cymoril plus présente. Par contre, la découverte d’Arioch, un des dieux du chaos, va vraiment conditionner le futur du champion éternel et rendre ce cycle incontournable en fantasy.

Alors qu’il existe déjà des adaptations d’Elric en bande dessinée (Druillet entre autres), voilà qu’une équipe composée de Julien Blondel, Didier Poli, Robin Recht et Jean Bastide, se lance dans l’aventure. Un scénariste, deux dessinateurs et un coloriste. Quatre inconscients, dira-t-on, qui n’ont pas nécessairement des styles qui se complètent, vont s’attaquer à l’adaptation du premier livre du champion éternel, c’est-à-dire « Elric des dragons ». Ce premier tome s’appelle « Le trône de rubis ». À travers un dessin, sombre, et des décors dignes d’un lointain passé, ils donnent une seconde vie à Elric. Pas de fioritures dans cette BD qui colle parfaitement au livre de Michael Moorcock. Il y a bien quelques libertés qui ont été prises, mais la BD respecte l’état d’esprit que l’auteur a créé. Lire cette BD lorsqu’on a déjà lu le cycle, c’est enfin voir Elric de Melniboné. Ils n’ont pas fait du flamboyant, mais du grandiose, ce qui est encore mieux. On aurait aimé voir Stormbringer, mais pour cela il faudra attendre le deuxième tome de ce qui devrait être un cycle en BD.

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Les quatre auteurs ont fait un excellent travail de recherche pour restituer l’ambiance des romans de Michael Moorcock. Ils se sont inspirés de notre histoire pour recréer Melniboné. C’est un coup d’essai qui est en réalité un coup de maitre, et sans aucun doute la meilleure adaptation du champion éternel. Ce premier tome est accompagné de 16 pages d’illustrations qui montrent la genèse d’Elric en BD. Un détail intéressant : différentes versions de Stormbringer y sont dessinées, et annoncent un tome deux tout aussi passionnant. C’est une excellente adaptation d’Elric.

Un petit mot sur la réédition du cycle Elric chez Pocket. Réédition qui coïncide avec la BD, qui reprend quelques pages de cette dernière en fin d’ouvrage. En 600 pages, Pocket nous propose les trois premiers livres du cycle. Cette réédition devrait comprendre trois tomes reprenant les neuf livres qui composent le cycle d’Elric.

Elric - intégrale 1

Michael Moorcock a écrit quelques-unes des plus belles pages de fantasy avec son héros Elric, ainsi qu’avec ses incarnations dans le multivers, que sont Hawkmoon, Corum et Erekosë. On lui doit entre autres « Gloriana ou la reine inassouvie », qui à mon humble avis est son meilleur livre. Mais c’est son champion éternel et son épée qui marqueront à jamais le lecteur. C’est une fantasy sombre, mais d’une efficacité redoutable. Cette sortie BD donne envie de relire l’entièreté du cycle. À conseiller, à consommer, à visualiser chaque fois que c’est possible. C’est excellent.

Elric, 1. Le trone de rubis, Blondel & Poli & Recht & Bastide, Glénat, 2013, 64 pages
Elric, intégrale, Michael Moorcock, 602 pages, Pocket, 2013

Elric - Glénat

Le Hobbit (un voyage inattendu)

Après Le seigneur des anneaux, Peter Jackson nous présente l’adaptation de Bilbo le Hobbit de J.R.R. Tolkien. Dix ans se sont écoulés entre la trilogie et ce qu’il faut qualifier de cycle. Et c’est bien ça le paradoxe. Bilbo était un simple livre, dont l’histoire se passait une soixantaine d’années avant le seigneur des anneaux. S’il s’agissait bien du voyage entrepris par Bilbon (qui a pris un « n » en plus pour rester cohérent par rapport à Frodon), Gandalf et les nains jusqu’à la montagne où dort Smaug le dragon, cette histoire était plutôt courte et linéaire. Son adaptation méritait un film, peut-être deux, mais pas davantage.

Ceux qui ont aimé le seigneur des anneaux vont naturellement aimer le Hobbit. D’abord parce que Peter Jackson revient sur des lieux et des personnages connus de la première trilogie, ensuite parce qu’il reste dans l’univers visuel qu’il avait créé. Ce nouveau film ne va pas perturber le spectateur. Au contraire, il va le conforter. Les scènes de bataille et de cascades sont par moment exagérées. Il y a une surenchère d’actions, là où on aimerait plus d’émotions, plus d’histoire. Et comme ces scènes se répètent à intervalle tout le long du film, elles en deviennent parfois lassantes.

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Le rôle de Bilbon revient à Martin Freeman, acteur anglais qu’on avait précédemment vu dans l’adaptions cinématographique du livre de science-fiction : Le guide du voyageur galactique (H2G2) de Douglas Adams, qu’on a aussi retrouvé dans Love actually, film aux multiples personnages qui recherchent l’amour. Et plus récemment dans la série Sherlock, sous l’identité du docteur Watson. Acteur qui a été choisi pour jouer le rôle de Bilbon Sacquet, et reprendre celui d’Ian Holmes dans le seigneur des anneaux. Le choix est inattendu, mais judicieux, car l’acteur entre bien dans la peau du personnage.

Et l’histoire ? Elle est conforme à l’idée générale du livre. Bilbon retranscrit ses souvenirs pour les léguer à Frodon. Il narre ce voyage inattendu qui s’est passé 60 ans plus tôt, qui lui a fait croiser la route de Gollum, du dragon Smaug, des nains et de Gandalf, mais surtout qui lui a permis de mettre la main sur l’anneau.

Au départ, Gandalf propose au hobbit de se joindre à lui pour faire un long voyage. Mais Bilbon n’est pas intéressé. Le mage qui se voit une fin de non-recevoir, décide de jouer un mauvais coup au hobbit en apposant sur sa porte un signe distinctif qui permettra à un groupe de nains de venir l’importuner. Bilbon voit donc arriver chez lui des nains qui se sont donné rendez-vous justement chez lui, sans qu’il ait droit au chapitre. S’en suit une joyeuse mise à sac de la maison du hobbit, qui se décide malgré lui à faire partie de ce groupe. Il sera le voleur.

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Commence un périple vers Erebor l’ancienne cité des nains, qui les fera rencontrer des trolls, qui les captureront. Puis ce sera la nouvelle d’un nouveau danger : un nécromancien. La troupe arrivera à Fondcombe chez les elfes, où on retrouve Elrond, mais aussi Galadriel et Saroumane. Cette partie du film a des airs de déjà vu avec la communauté de l’anneau. Ce qui est rassurant pour le spectateur.

Le groupe reprend la route, toujours accompagné de Gandalf et Bilbon. Le hobbit semble être le poids mort de ce groupe. Il n’est pas motivé par cette aventure et n’apporte rien aux autres. Mais pendant une nuit, alors que le groupe dort dans une grotte, Bilbon avait l’intention de partir. Il tombe dans un trou qui va l’amener à croiser le chemin de Gollum. Pendant ce temps, les nains sont capturés par des gobelins.

Gollum perd l’anneau, et Bilbon le récupère. En voulant chercher la sortie, et éviter d’être mangé par Gollum, le hobbit découvre que l’anneau peut le rendre invisible. Dehors, les nains et Gandalf sont confrontés à Azog le nécromancien et ses orques. Dans cette bataille entre le bien et le mal, Bilbon agit de manière héroïque en s’interposant entre Azog et Thorin le chef des nains. Cette bataille est interrompue par l’arrivée des aigles auxquels Gandalf a fait appel. Les nains voient soudain en Bilbon un allier plus qu’un poids mort.

Film très beau dans ses décors, dans ces personnages. Un peu trop long (2 h 46), où on a l’impression que le réalisateur allonge la sauce et répète les scènes. Ceux qui verront le film ne seront pas déçus, mais ils n’y trouveront pas l’originalité du seigneur des anneaux. Cela reste néanmoins un bon moment de cinéma.

Le Hobbit, 2012, réalisé par Peter Jackson, 166 minutes.

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Game of thrones (saison 2)

La saison deux du trône de fer est enfin disponible en coffret DVD (ou Blu-Ray). Cinq DVD comprenant deux épisodes et un bonus. Format identique à la saison un.

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Cette deuxième saison reprend l’histoire où elle s’était arrêtée. La guerre entre les Starks et les Lannisters bat son plein. Ned Stark n’est plus, et ce sont donc ses enfants et sa femme qu’on suit de près. A ce conflit, s’ajoute une guerre de succession entre héritiers du roi Barathéon. Chacun des quatre prétendants se voit assis sur le trône de fer. Ils ont bien du courage car ce trône n’a rien de confortable. Et il y a toujours Deneris qui suit sa quête et espère pouvoir trouver un bateau pour rejoindre Westeros. Elle aussi veut être assise sur ce même trône. Ce qui fait un peu trop de monde pour une seule place. Seuls les Starks ne veulent pas s’en emparer. Leur seul but est de faire tomber la maison Lannister, et ainsi briser sa tyrannie.

Si cette saison se laisse regarder facilement, le spectateur doit tout de même faire un effort de mémoire, car les différents protagonistes de ce conflit sont enfin connus.

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Si comme moi, vous avez dévoré la saison un, ne vous étonnez pas qu’il en sera de même avec la saison deux. On a droit à dix épisodes de cinquante minutes. Il m’est arrivé d’en regarder quatre en une fois, ce qui rend aussi la compréhension de l’histoire plus facile. On se souvient plus facilement d’un événement qu’on a vu dans les heures précédentes. Sur chaque DVD, on a droit à un bonus, qui est en somme une partie du making of de la série.

Games of throne reste la référence en matière de série TV de fantasy (et de roman). On a droit à une excellente histoire, des personnages bien campés, une interprétation parfaite, et un univers de fantasy qui est cohérent. Ici, pas de surenchère d’effets spéciaux, si ce n’est pour les paysages dans lesquels évoluent les personnages. Les bébés dragons sont bien présents, ainsi que les morts-vivants de l’autre côté du mur. On a aussi droit à des personnages qu’on aime ou déteste. Je pense que Tyrion Lannister fait l’unanimité en tant que personnage le plus intéressant. Par contre, Geoffrey est vraiment un sale de con de roi, qui reçoit régulièrement des baffes. Aria est la plus futée des Starks, et ce qui lui arrive est assez original. Deneris est la kalisee qu’on aimerait voir arriver à Port-Royal. Au début de la saison un, on a eu l’impression que c’était une blanche colombe, manipulée par son frère. En fait, il n’en est rien. Elle s’est forgée une personnalité intéressante à bien des égards. La sorcellerie fait un peu plus son apparition au côté de Stanis et de Deneris.

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Une deuxième saison à conseiller à ceux qui ont aimé la première, ou tout simplement à ceux qui aiment les livres de George R.R. Martin. Il n’y a pas à dire, le trône de fer est un grand cycle de fantasy. Une référence du genre. Le cycle n’a rien à voir avec le seigneur des anneaux de J.R.R. Tolkien, qui date d’une autre époque. Le cycle de Martin est plus sombre, mais plus contemporain dans le style d’écriture. Et la série télé respecte complètement celui-ci. Bien sûr, il existe des différences par rapport aux livres, mais l’esprit du cycle est respecté. Et George R.R. Martin est lui-même impliqué dans cette série à travers l’écriture de scénario.

Si vous n’avez pas encore vu le trône de fer, comblez vite cette lacune. Pour les autres, je vous invite à passer une dizaine d’heures à Westeros. Quand vous arriverez au bout de cette deuxième saison, vous n’aurez qu’une envie : voir la troisième saison qui vient à peine de démarrer sur la chaine HBO.

Game of thrones saison 2, 2013, coffret 5 DVD + bonus

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La fille du roi des Elfes – Lord Dunsany

Classique de la fantasy datant de 1924, La fille du roi des Elfes de Lord Dunsany est précédemment sorti chez Denoël Présence du futur. En 2006, il a été retraduit dans la collection Lunes d’encre de Denoël. Le voici enfin en version de poche chez Folio SF toujours chez le même éditeur.

Ce roman de fantasy n’a rien du pavé que les auteurs contemporains produisent. En  304 pages, Lord Dunsany nous conte une histoire sur un ton plutôt narratif, où il y a très peu de dialogues.

Dans le pays d’Aulnes, le parlement fait une requête particulière au vieux roi. Le peuple veut être gouverné par un roi disposant de pouvoirs magiques. Rien de tel n’avait été demandé par le parlement depuis cinq siècles. Le roi accepte volontiers cette requête. Il décide d’envoyer son fils Alveric au pays enchanté, chez le roi des Elfes pour y épouser sa fille Lirazel. Le jeune prince part avec seule arme l’épée magique préparée par la sorcière Ziroonderel. Une histoire qui a tout du conte de fées. Alveric et Lirazel se marièrent et eurent un enfant, Orion. Mais ce n’était pas du gout du père de Lirazel. Au pays d’Aulnes, sa fille redevenait une mortelle. Il utilisa trois incantations, dont une pour faire revenir sa fille auprès de lui. Après son départ, Alveric se mit à sa recherche. Longue quête de plusieurs années pendant laquelle il laissa son fils grandir sans ses parents, ce qui correspond à la deuxième partie du livre. Comme c’est un conte, avant d’arriver à la fin, on peut se dire qu’ils vivront heureux.

Edward Plunkett, plus connu sous le nom de Lord Dunsany est un baron irlandais et auteur de fantasy très prolixe. La majorité de ces textes n’ont pas été traduits. Le lecteur francophone doit donc se contenter de quelques recueils de nouvelles dans lesquels Lord Dunsany est présent, ainsi que son roman La fille du roi des Elfes. Ce n’est pas trop grave, dans le sens où Lord Dunsany a influencé plusieurs auteurs importants. C’est le cas de J.R.R. Tolkien, H.P. Lovecraft, L. Robert E. Howard, Jack Vance, Michael Moorcock, David Eddings ou Ursula K. Le Guin. On peut considérer que Lord Dunsany est le père d’une forme de fantasy proche du conte.

La fille du roi des elfes est un classique qu’il faut avoir lu au même titre que le seigneur des anneaux de J.R.R. Tolkien ou le cycle de Narnia de C.S. Lewis. C’est de la light fantasy, un style certes un peu dépassé, mais qui garde tout son charme à travers la nouvelle traduction. Un classique de la fantasy, un conte à lire, ou à relire. Un texte fondateur du genre.

La fille du roi des Elfes, Lord Dunsany, Denoël Folio SF, 306 pages, 2012, traduit par Brigitte Mariot

La fille du roi des elfes

Guide des éditeurs de l’imaginaire – Cocyclics

On l’avait rêvé, Cocyclics l’a réalisé. Le guide des éditeurs de l’imaginaire, alias Le grimoire galactique des grenouilles (GGG) a été publié aux éditions Tremplins de l’imaginaire. Cette seconde édition du petit guide est disponible au prix très démocratique de 5 euros. Guide qu’il faut absolument acquérir si on veut envoyer son manuscrit auprès d’un éditeur.

En un peu plus de 120 pages, le guide fournit tout ce qui est nécessaire aux auteurs. Il commence avec un excellent article de Jean-Claude Dunyach qui explique comment présenter son manuscrit chez un éditeur. Cindy Van Wilder nous rappelle quels sont les genres qui composent l’imaginaire (steampunk, uchronie, cyberpunk, new weird, anticipation, dystopie, fantasy mythologique, fantastique, space opera). J’aurais aimé trouvé la hard science dans cette liste, bien que ce genre peut être associé à un autre. La chaine du livre est également présentée. Les différentes étapes par lesquelles l’idée devient livre sont décrites. À cela vient s’ajouter un petit lexique du jargon utilisé dans l’édition.

Le plat principal de ce guide est évidemment la liste des éditeurs de l’imaginaire. Pour chaque éditeur, une fiche technique indique quel type de texte il accepte, quelle taille doit avoir le texte, les critères de soumission, les coordonnées et les délais d’attente pour obtenir une réponse. C’est la partie la plus importante de ce guide, qui motivera tout un chacun à l’acquérir. Le livre se termine par des témoignages de jeunes auteurs et aussi par une présentation de Cocyclics qui a un rôle certain à jouer dans le paysage imaginaire.

Le guide n’est pas dénué d’erreurs. Par exemple, Bragelonne est indiqué comme ne faisant pas de science-fiction. Étrange, surtout qu’il y a une collection Bragelonne SF, dans laquelle on retrouve Peter F. Hamilton, Kevin J. Anderson, Richard Morgan, Connie Willis, David Weber, Iain M. Banks.

Il y a aussi les bizarreries de l’index des éditeurs. On trouvera les éditions Laffont en cherchant sur le prénom et pas le nom (c’est à dire à Robert Laffont). Le pré au clerc se trouve à la lettre « L » alors que Le seuil jeunesse se trouve à la lettre « S ». Comprendra qui veut. Heureusement que ce guide est facile à parcourir.

On y trouve un éditeur canadien. Je me demande dans quelle mesure la prochaine version de ce guide ne devrait pas aussi reprendre les éditeurs francophones situés en Belgique, Suisse et Canada qui sont distribués dans l’hexagone.

L’initiative faite par Cocyclics est excellente. Ce genre de guide manquait vraiment. On trouve les coordonnées d’éditeurs dans des livres consacrés à l’écriture, mais rien de spécifique pour l’imaginaire. Ici c’est proposé pour un prix plus que démocratique. Cocyclics comble un vrai vide avec ce petit guide.

Je suis très content que ce genre d’initiative existe. Le guide est proposé dans un format très pratique, facile à manipuler, avec une présentation exemplaire. En tous cas, il aidera bon nombre de nouveaux auteurs à trouver l’éditeur qui convient le mieux à leurs textes. À conseiller à tous, car ce genre de guide est tellement rare qu’il serait impardonnable de ne pas l’avoir.

Guide des éditeurs de l’imaginaire, Cocyclics, édition Tremplins de l’imaginaire, 152 pages, 2012, illustration de Guillaume Ducos

Game of thrones – Bryan Cogman

Pour tous les amateurs du Trône de fer (dont je suis), les éditions Huginn et Muninn viennent de publier un excellent livre disponible dans la langue de Molière ou de Shakespeare. Bryan Cogman qui a participé à l’aventure depuis ses débuts a décidé de nous présenter la série produite par HBO. On a droit à une description de chaque famille, de chaque personnage, de chaque fief.

Ce livre est le guide officiel de la série télévisée de HBO. Il complète parfaitement les livres de George R.R. Martin et les coffrets DVD existants. La matière qui y est proposée correspond aux deux premières saisons de la série télé. Agrémenté de beaucoup de photos, on y découvre tous les personnages, un par un. Et pour ce faire, on a droit à une interview de chaque acteur qui explique son propre personnage au sein de la série. Les producteurs et réalisateurs ainsi que certains membres de l’équipe de tournage détaillent clairement les choix qui ont été faits pour tourner une telle série. Celle-ci n’aurait pas pu voir le jour sur grand écran, entre autres à cause du nombre de personnages, d’intrigues, de lieux, de violence et sexe qui la compose. Comme le dit George R.R. Martin, coupé dans l’histoire aurait donné lieu à une version expurgée, un thé faible en gout à la place de l’hydromel. Il fallait une chaine de télévision capable de produire une telle série. La plus à même de le faire était HBO, à qui on doit déjà Les sopranos, Deadwood et Rome.

On a droit à une préface de George R.R. Martin qui explique comment le projet d’une série est venu à l’esprit des deux producteurs (David Benioff et D.B. Weiss). Une préface des deux producteurs complète celle de George R.R. Martin On comprend mieux pourquoi des films n’auraient pas pu se faire sans couper largement dans l’histoire. Ce projet fou, car adapté le trône de fer est extrêmement compliqué, nécessite des gros moyens et une adaptation télévisuelle qui ne doit pas dénaturer les livres. Et sur ce plan-là, les deux producteurs ont réussi leur pari en donnant les moyens d’adapter le trône de fer au petit écran. Il faut ajouter à cela que George R.R. Martin a aussi participé à l’élaboration de scénarios. Comme il a longuement travaillé à Hollywood, il connait parfaitement le métier.

Si vous avez toujours voulu savoir qui sont les marcheurs blancs, qu’est-ce que la garde de nuit et pourquoi il y a le mur, et bien ce livre vous l’explique en détail. À quoi ressemble Winterfell ? Qui sont les Stark ou les Lannister ? Une présentation généalogique vient s’ajouter à la présentation de chaque cité et de chaque personnage. Le livre présente les aspects techniques d’une telle mise en œuvre. Les décors, les costumes, les armes, les lieux, l’histoire sont passés au crible. La personnalité de chaque personnage, mais aussi des acteurs est présentée de manière très structurée.

En dehors du fait qu’il s’agit d’un beau livre, celui-ci permet aussi de s’y retrouver dans le foisonnement de lieux et de personnages de la série. J’espère que lorsque la série sera entièrement bouclée, une seconde version de ce livre verra le jour avec les saisons manquantes. La version actuelle est excellente et focalisée sur la série télé. Quelques pages sur les livres de George R.R. Martin auraient été les bienvenues, avec des explications sur les choix scénaristiques faits par rapport aux livres. Mais ne boudons pas notre plaisir, c’est déjà excellent.

Un beau livre indispensable aux fans du trône de fer ou à ceux qui veulent découvrir le cycle sans aborder les livres écrits par George R.R. Martin. Le manquer serait impardonnable, car il risque de devenir un collector. Il coute  34,95 euros, mais il les vaut. Si vous voulez vous faire un petit cadeau pour cette fin d’année, ce guide officiel du trône de fer est idéal. C’est la référence actuelle en fantasy et elle est loin d’être terminée.

Dans les coulisses de Game of thrones, Bryan Cogman, 192 pages, 2012, éditions Huginn et Muninn.

John Carter (le film)

Je me souviens avoir lu le cycle de Mars dans sa version Lefrancq. C’est-à-dire en deux tomes qui reprennent l’intégrale du cycle. L’image que j’avais des deux personnages principaux, John Carter et Dejah Thoris, n’était pas exactement celle du film d’Andrew Stanton. John Carter m’avait l’air un peu plus intelligent, et Dejah Thoris un peu moins guerrière. Le scénario du film n’a pas grand-chose à voir avec les livres écrits par Edgar Rice Burroughs. On oublie l’usine atmosphérique au profit d’un mariage obligatoire pour Dejah Thoris. Soit, c’est une autre histoire. Seuls l’aller et retour de John Carter et la rencontre avec Dejah Thoris et les Tharks correspondent au livre.

Le film qui fait 2h06 se révèle être un agréable moment de cinéma. Aventure et batailles au programme, avec en fond un soupçon d’amour bien caché par le fracas des armes (mais pas une romance). John Carter se retrouve projeté sur Mars dans un lointain passé, sur un monde hostile qui oscille entre fantasy et science-fiction. Dirais-je de la science-fantasy ? Eh bien, oui ! Mais sur cette planète Mars plus petite que la Terre, que les autochtones appellent Barsoom (qui est bien plus joli à prononcer), John Carter, voit sa force décuplée. Il peut faire des bonds qui le rendent presque insaisissable. Avant de pouvoir maitriser cet avantage lié à la gravitation d’une planète plus petite, John Carter se retrouve prisonnier des Tharks. Lors d’une bataille aérienne entre Helium et Zadanga, la princesse Dejah Thoris est sauvée par Carter et capturée par les Tharks. Elle fera comprendre à Carter qu’il est sur Barsoom (Mars) et que lui vient de Jasoom (la Terre). Le fait que ce n’est pas à la même époque, mais dans un lointain passé de Mars, est complètement oublié dans le film.

John Carter n’a qu’un but, revenir sur Terre. Il va donc s’échapper avec Dejah Thoris, mais aussi avec Sola qui n’est autre que la fille de Tars Tarkas le jeddak des Tharks. Sur le chemin qui mène à Helium, ils sont attaqués et sauvés par une barge venue d’Helium. C’est à ce moment-là que Dejah Thoris apprend par son père Tardos Mors le jeddak d’Helium qu’elle a été promise en mariage à Sab Than le jeddak de Zodanga, qui est l’ennemi d’Helium. C’est le moyen qu’il a trouvé pour instaurer la paix. Contrainte et forcée, Dejah Thoris va se préparer pour ce mariage tandis que Carter va s’enfuir pour trouver de l’aide auprès des Tharks.

Histoire classique, qui mêle aventure et embuches en tout genre, servie dans un décor grandiose, où le temps court contre les deux personnages principaux qui ont enfin compris qu’ils tenaient l’un à l’autre.

Un bon moment de cinéma où on ne s’ennuie jamais. Il n’y a pas de temps mort dans ce film. L’action est l’élément principal, au point même d’éclipser les rapports entre personnages. C’est le point fort pour les spectateurs qui ne s’attendaient qu’à de l’action, tandis que c’est le point faible pour ceux qui espéraient un peu plus de développement des personnages.

Les effets spéciaux sont à la hauteur de Star Wars ou le seigneur des anneaux. Rien à dire de ce côté-là, si ce n’est qu’on nous propose des décors et paysages de plus en plus grandioses. Par certains côtés, je trouve que Star Wars a même lorgné du côté du cycle d’Edgar Rice Burroughs. La princesse Leia dans Star Wars a curieusement beaucoup de points communs avec Dejah Thoris. Cette dernière est plus jolie et ne porte pas de macarons sur la tête. Dans la foulée, je me demande si le « Ilium » de Dan Simmons n’est pas inspiré par la cité d’Hélium qu’il y a dans le cycle de Mars. C’est certain qu’avec son antériorité (1912) aux autres œuvres citées, le cycle de Burroughs a donné pas mal d’idées aux autres.

Pour revenir aux effets spéciaux, en dehors du désert, les lieux sont magnifiques. Les barges à ailes sont originales et font penser à des galions aériens (devrais-je aussi dire à la barge de Jabba dans Star Wars). Les costumes tiennent de la fantasy et de l’Empire romain. Le seul qui n’en bénéficie pas, c’est tout simplement John Carter. Il faut dire qu’il est tellement souvent jeté au sol, que ce serait du gaspillage.

Le personnage de John Carter m’a paru léger. Difficile de croire que ce gars-là a été capitaine sur Terre. C’est une bonne chose d’avoir choisi quelqu’un d’inconnu (Taylor Kitsch) du grand public, mais va-t-on se rappeler de l’acteur après le film ? Pour Dejah Thoris la princesse d’Helium (Lynn Collins), le problème ne se pose pas. L’actrice laisse une très belle empreinte visuelle dans les souvenirs du spectateur. Difficile aussi de croire qu’à la fin du film, John Carter demande la main de Dejah Thoris. Cela tient plutôt des stéréotypes de l’époque à laquelle Burroughs a écrit l’histoire. Aujourd’hui, on veut d’abord en savoir plus sur l’autre avant de s’engager.

À noter qu’on retrouve Willem Dafoe méconnaissable dans le rôle de Tars Tarkas (qu’on avait précédemment vu dans le premier Spiderman). J’ai aussi remarqué la présence de Ciaran Hinds (Tardos Mors, le père de Dejah Thoris) et James Purefoys (Kantos Kan). Les deux acteurs jouaient César et Marc-Antoine dans l’excellente série Rome. Et plus discret, il y avait Polly Walker (Sarkoja), qui jouait Atia la nièce de César dans la série Rome.

Je ne sais pas si les producteurs du film se lanceront dans la suite du cycle d’Edgar Rice Burroughs. En tout cas, il y a de la matière laissée par l’auteur. Le film se suffit à lui-même et, comme dans le roman (La princesse de Mars), laisse une porte ouverte à une suite. Encore une fois, on constate qu’une œuvre écrite il y a au moins un demi-siècle est adaptée sur grand écran. Ce qui était réservé à des lecteurs à cette époque convient parfaitement à des spectateurs aujourd’hui. La fantasy est particulièrement à l’honneur sur grand écran.

Voici le site Web officiel du film : John Carter

Donc, un bon film, qui 6 mois après sa sortie cinéma, est proposé en DVD. On a droit à un petit bonus qui retrace le siècle qui s’est écoulé entre l’œuvre écrite et l’œuvre cinématographique. Peut-être aurait-on voulu davantage sur ce DVD ?

John Carter, réalisé par Andrew Stanton, produit par Disney, sorti en 2012, avec Taylor Kitsch, Lynn Collins, Samantha Morton et Willem Dafoe, 126 minutes

Le trône de fer – Saison 1 (coffret 5 DVD)

Je me demandais pourquoi il y avait un tel engouement pour le cycle de fantasy de George R.R. Martin. Je connais l’auteur à travers ces livres de science-fiction ou fantastique. La taille du trône de fer m’inquiétait au point de ne pas vouloir me lancer dans la lecture des quatre intégrales que j’ai dans ma bibliothèque. Je remettais à plus tard la lecture de ce grand cycle.

L’adaptation télé m’a donné envie de le voir. Après avoir vu quelques extraits sur le Web, je me suis décidé à acheter ce cycle, en me disant que vu le nombre de personnes qui aiment, je ne faisais pas d’erreurs. Comme il s’agit d’une production anglaise, j’espérais simplement qu’elle serait du niveau de la série Rome ou Les piliers de la terre. Et c’est effectivement le cas.

Dès le départ on retrouve une fantasy qui est proche de notre moyen-âge. Si une des premières scènes qui se passe de l’autre côté du mur est en partie fantastique, il faudra attendre les trois quarts de la saison pour retrouver à nouveau un soupçon de fantastique. Dans le dernier épisode, la présence de jeunes dragons qui viennent d’éclore annonce une deuxième saison imprégnée de magie et sorcellerie.

George R.R. Martin propose ici une histoire solide, bien ancrée dans un monde qui est cruel et dure. L’histoire se passe sur le continent de Westeros, là où se trouvent les sept royaumes. Ils sont dirigés par un roi dont le trône (de fer) inconfortable est constitué d’armes soudées entre elles. Autour de ce roi, plusieurs maisons qui ne se font pas de cadeaux. Rapidement, on identifie qui sont les bons et les mauvais de l’histoire. La série télé est faite de telle manière que le spectateur ne doit pas se poser de questions. Les éléments du passé sont révélés parcimonieusement.

Dans cette première saison, on découvre la maison Stark, dirigée par Eddard Stark qui a toujours été un fidèle ami du roi Robert Baratheon. Après la mort de la main du roi, ce dernier propose à son ami Eddard de reprendre cette fonction. Il est d’ailleurs le seul en qui il a confiance. Eddard (interprété par Sean Bean qui jouait Boromir dans le seigneur des anneaux) accepte le poste et doit déménager de son fief du nord vers Port Real. Le roi Robert est marié à la reine Cersei Lannister. Ils ont trois héritiers, mais il ne sait pas qu’ils ne sont pas de lui. On découvre avec la maison Lannister, les mauvais de l’histoire, les comploteurs, ceux qui veulent s’emparer du trône de fer et diriger Westeros. Dès le premier épisode, le spectateur découvre toute la férocité de cette maison. Et il y a enfin la maison Targaryen qui a perdu le pouvoir, et qui espère le retrouver. D’abord à travers à travers Viserys qui arrange le mariage de sa sœur Daenerys avec un barbare qui possède une importante armée de cavaliers. Ensuite avec Daenerys qui va se retrouver dans une position privilégiée. La fin de la saison la montre en compagnie des jeunes dragons. Ce qui laisse préjugé qu’elle voudra regagner Westeros et s’emparer du trône de fer.

Les intrigues s’enchainent les unes à la suite des autres. Les alliances donnent parfois suite à des traitrises qui retournent complètement la situation. Les enfants ont une grande importance dans cette histoire, car ils sont la clé de l’histoire. Et malgré leur nombre, le spectateur n’aura aucune difficulté à les suivre. On s’attache à certains plus que d’autres. J’ai bien aimé Jon Snow, le bâtard d’Eddard Stark qui est enrôlé dans la garde de nuit.

En dehors des intrigues qui se trament dans l’ombre des maisons, il y a aussi l’autre côté du mur, dans le nord de Westeros. Un danger guette, qui menace tout le continent.

Une particularité de cette série, ce sont les cliffangers à chaque fin d’épisode. C’est irritant, au point qu’on laisse le DVD continuer sur l’épisode suivant. Mais c’est tellement bien fait qu’on ne peut pas le reprocher au réalisateur. Sur les dix épisodes qui forment cette première saison, on a droit à dix cliffanger. Le dernier forçant le spectateur à attendre que la saison deux soit disponible en DVD.

On atteint ici une qualité rarement vue en fantasy. Si les livres sont à la mesure de la série télé, alors on est en face d’un chef d’œuvre de la fantasy. Il est bien loin le temps du seigneur des anneaux, qui nous a fait rêver, mais qui était très linéaire. Ici, on découvre chaque famille, chaque maison, et malgré le nombre de personnages, c’est facile à suivre. La manière dont l’histoire est présentée captive le spectateur.

Tous ceux qui atteindront la fin de la saison un, voudront voir la suite. Le trône de fer est tout simplement excellent. La série télé est fidèle aux livres. Elle ne trahit donc pas l’idée de l’auteur. Une réalisation sobre mais impeccable, une distribution excellente, et une histoire qui vaut toutes celles qu’on a déjà pu lire ou regarder avant. Cette adaptation du cycle de George R.R. Martin est une référence.

Personnellement, cela va me forcer à lire les quatre intégrales qui m’attendent, car c’est vraiment excellent. Je pense que je vais être obligé de mettre le trône de fer dans mes deux ou trois livres de fantasy préférées.

À conseiller à tout amateur de très bonne fantasy.

Le trône de fer, 2011, coffret 5 DVD, contenant 10 épisodes de 50 minutes.

Alain Walsh (librairie Malpertuis) – L’interview

Phénix Mag n’a pas voulu clore le chapitre Malpertuis sans une dernière fois interviewer Alain Walsh dans son rôle de libraire. Marc Bailly et moi-même avons concocté un questionnaire auquel Alain Walsh a bien voulu se soumettre. Certaines questions sont impertinentes, d’autres feront sourire. Un peu plus d’une heure d’interview a été résumée dans la transcription qui suit. L’interview s’est faite un samedi matin chez Malpertuis, qui était ouvert aux clients. Connaissant le personnage depuis plusieurs années, Marc et moi avons mis Alain Walsh sur le gril, dans une ambiance bon enfant, parfois agrémentée d’éclats de rire. Je ne cache pas que je n’aimerais pas répondre à ce questionnaire. Parfois, cela fait du bien de ne pas être la victime ! En tout cas, nous espérons que cette interview vous donnera une idée du personnage qu’est Alain Walsh.

En plus de cette interview, on trouvera ci-dessous deux témoignages d’habitués de longue date de la librairie Malpertuis. Paul Barbieux, informaticien et musicien, et Philippe Vanhauwermeiren également connu sous le nom de Daidin qui tient un blog consacré à la science-fiction, mais plus axé sur l’uchronie.

Paul Barbieux.

Nous sommes en 1981, j’ai 14 ans et découvre la littérature SF au hasard des belles couvertures de Chris Foss sur les livres J’ai Lu… et des fascicules « Inexpliqué » ! Car à ce moment-là les éditions Atlas publient une nouvelle encyclopédie consacrée au « monde de l’étrange, de l’insolite et du mystère ». Et la dernière page de chaque fascicule est consacrée à un auteur incontournable de la littérature de l’imaginaire : je découvre ainsi Tolkien, Poe, Lovecraft… et Jean Ray ! Il était écrit qu’il fallait absolument lire « Malpertuis », alors me voilà en route pour un petit magasin au centre-ville qui, je ne sais plus quel copain de classe me l’a dit, ne vend que cette sorte de littérature.

Me voilà dans cette librairie à la devanture peinte en bleu, vraie caverne d’Alibaba ! Précisons que j’y entre sans voir le nom du magasin – et c’est là un détail important, qui nous vaut cette anecdote. J’y suis donc pour acheter « Malpertuis »… et enchaîne plusieurs bêtises qui ne perturbent pas monsieur Walsh, gardant son flegme britannique ! D’abord,je lui demande s’il connait ce livre, « Malpertuis », écrit par un célèbre écrivain belge. Oui, il connait (…), et il me montre le livre, en J’ai Lu. Je l’ai en main et je lui demande…si c’est vraiment bien ?!… Sic !

Mon premier livre de chez Malpertuis fut donc « Malpertuis », acheté suite à une conversation un peu décalée, pour ne pas dire de la 4ème dimension : peut-être que monsieur Walsh a oublié cet adolescent maladroit, mais moi j’y repense souvent en me disant que, heureusement, avec l’âge on mesure mieux ses paroles…

Daidin (Philippe Vanhauwermeiren)

Quand mon ami Marc m’a demandé d’écrire un mot sur la seule librairie spécialisée en SF, Fantasy, Fantastique, Esotérique… de Bruxelles à l’occasion de la fermeture de cette institution, je n’ai pas hésité.

Client de Malpertuis depuis des temps immémoriaux (à une époque où toutes les maisons d’édition réunies publiaient à peu près autant de bouquins que les seules éditions Bragelonne aujourd’hui), j’ai beaucoup fréquenté la librairie à une époque où je forgeais ma collection de bouquins de SF. Par la suite, mes passages se sont un peu espacés parce que je fréquentais beaucoup moins le quartier et que plusieurs concurrents sérieux ont vu le jour (pour les nouveautés uniquement) : la Fnac, Filigranes… qui présentaient l’avantage de proposer aussi d’autres médias (jeux, CD, DVD…), mais pendant toutes ces années, Malpertuis est restée la référence lorsqu’on cherchait une information ou un livre épuisé.

Malpertuis, c’était une petite (au sens propre, elle devait faire une douzaine de mètres carrés) librairie sise non loin de la grand place de Bruxelles. Ne payant pas de mine de prime abord, on pouvait cependant y trouver l’essentiel de la littérature SF-Fantasy… dans un cadre somme toute prestigieux. La maison où était situé le magasin aurait elle-même pu se retrouver dans une anthologie fantastique ou dans un dessin de Smit-le-Bénédicte.

Malpertuis, c’était l’endroit où l’on pouvait trouver toutes les nouveautés bien sûr, mais aussi tomber sur le bouquin épuisé que l’on cherchait depuis des années (vous savez, ce Philip K. Dick paru chez « Le Masque » sous deux couvertures différentes…, vous n’auriez pas celui avec la deuxième couverture ?!?).

Malpertuis, c’était surtout Alain Walsh, un personnage en soi. Plein d’enthousiasme et incollable sur les bouquins parus en Français (La vraie langue comme il dit, ne lui parlez surtout pas de l’autre…), Alain pouvait être bourru par moment, avec des idées bien ancrées sur certains sujets et les défendant parfois avec vigueur. On pouvait cependant compter sur lui pour essayer de vous procurer ce bouquin paru chez un petit éditeur obscur du fin fond de la Bretagne.

Je suis passé chez Malpertuis il y a quelques jours et pour la première fois depuis des années, j’ai vu des rayons incomplets, une table des nouveautés qui ne présentait plus de nouveautés… Triste spectacle !

Au moment où j’écris ces lignes, Malpertuis est sans doute fermée, aucun repreneur sérieux ne s’étant manifesté à ma connaissance. J’espère qu’une autre librairie spécialisée renaîtra à Bruxelles pour reprendre le flambeau et représenter les littératures de l’imaginaire.

Lors de notre discussion ce jour-là, Alain m’a confié qu’il avait de nombreux projets (dont certains concernaient la science-fiction) et notamment des voyages. Alors So Long Alain, bon voyage sur des routes qui ne sont pas toutes imaginaires et qui sait, on se reverra peut-être au bar du coin des temps !

Interview Alain Walsh le 12 novembre 2011

L’aventure Malpertuis touche gentiment à sa fin. Quel bilan fais-tu de ces 35 ans d’activités ?

Beaucoup de plaisir. C’est le bilan numéro un. Sans compter, plein de gens intéressants. J’ai vécu de la manière dont je voulais. Si c’était à refaire, je recommencerais. On peut dire que c’est positif !

Comment est née l’idée d’ouvrir une librairie de science-fiction, fantasy et fantastique à Bruxelles(sans oublier l’ésotérisme et la bande dessinée) ?

Et bien je suis passé dans la rue, j’ai vu que la maison était vide, remplie de brol. Je me suis dit depuis quelque temps que j’avais envie d’ouvrir une librairie. Ça me semblait un bon endroit. J’ai trouvé le propriétaire, on s’est mis d’accord, et j’ai ouvert. C’est aussi simple que ça.

Pourquoi as-tu envie d’ouvrir une librairie ? Qu’est-ce qui t’attirait là-dedans ?

J’aimais la science-fiction, j’aimais le livre. Je me suis dit : pourquoi pas ?

Directement la science-fiction ?

Science-fiction, fantastique, fantasy, c’est le même type de pensée. L’ésotérisme, car cela complétait le fantastique au point de vue documentaire. La BD est venue six mois plus tard. Au départ, je ne pensais pas faire la BD, mais on m’a demandé. Comme en BD il y a beaucoup de science-fiction, fantasy et fantastique… J’ai fait un peu de BD aussi.

Est-ce que le nom Malpertuis est un hommage au livre de Jean Ray ? Ou y a-t-il une autre explication au nom de la librairie ?

J’aimais bien l’œuvre de Jean Ray. Et comme la maison du magasin semblait vaguement bizarre. À l’époque tout était encombré de manière pas possible, je me suis dit que « Malpertuis » cela allait bien.

Mais comme tu préfères la science-fiction, tu aurais pu prendre un nom lié à la science-fiction ?

J’aurais pu, mais je ne l’ai pas fait !

Pourquoi ? Qu’est-ce qui t’intéressait dans l’œuvre de Jean Ray ?

Je trouvais que c’était d’abord un auteur belge. Je l’ai toujours trouvé très intéressant. J’ai lu tous les Marabouts à l’époque. Toute son œuvre était éditée par Marabout, y compris les Harry Dickson. Et je trouvais que dans le fantastique, avec Thomas Owen, il était le plus marquant de l’époque.

Et maintenant, 40 ans après ?

Il est toujours aussi bon. On a maintenant le plaisir de lire quelque chose qui se passe à une époque un peu révolue. C’est un autre type de plaisir, mais les ressorts fantastiques y sont. Le fantastique est souvent axé sur le passé. C’est la raison pour laquelle je trouve que c’est un bon auteur.

Ouvrir une librairie spécialisée dans l’imaginaire, était-ce un risque calculé ? Ou bien le désir l’a emporté sur la raison, et tu t’es lancé dans cette aventure sans trop réfléchir ?

Je me suis lancé rapidement. Je n’ai jamais envisagé que cela ne marche pas. Je me suis dit que si le chiffre d’affaires progressait, j’étais dans le bon. Cela a commencé très doucement, avec peu de bouquins. J’ai eu de plus en plus de clients. Je me suis fait connaitre, et de fil en aiguille Malpertuis est devenu ce que vous connaissez. De manière assez naturelle.

C’était en 1976 ?

C’était en 1976.

Et tu lisais déjà à l’époque ?

J’ai toujours lu. Je ne me souviens pas d’une période où je n’ai pas lu. La science-fiction a toujours été ce que j’aimais.

Malpertuis est situé derrière la Grand Place de Bruxelles. As-tu un jour pensé à déménager la librairie pour un endroit plus grand ou plus facile d’accès ?

J’y ai parfois pensé, mais je me suis dit que si Malpertuis s’agrandissait, je devrais prendre du personnel et je ne m’en sortirais pas tout seul. Donc, je ne serais plus libraire, mais gestionnaire. Cela ne m’intéresserait pas du tout !

Malpertuis, ce n’est pas simplement des lecteurs. C’est aussi de belles rencontres avec des acteurs du domaine (auteurs, éditeurs, etc.). Y en a-t-il qui t’ont marqué plus que d’autres ?

Je dirai Jacques Van Herp, qui était quelqu’un d’extrêmement cultivé dans le domaine et qui avait son franc-parler.

Y en a-t-il que tu aurais aimé recevoir chez Malpertuis ? (indifféremment de la langue qu’il parle)

Il y en a beaucoup que j’aime. Si on commence maintenant la liste, on peut la terminer demain.

Bon nombre de clients de Malpertuis venaient aussi pour être conseillés. En tant que libraire tu t’es beaucoup plus investi que bon nombre de confrères. Était-ce un choix délibéré ? Penses-tu que cela fait partie du rôle d’un libraire ?

Je pense que c’est rigoureusement indispensable. Le travail du libraire est de conseiller son client. Également conseiller dans ce qu’on estime qu’il ne doit pas acheter, car cela ne lui plaira pas. C’est très important. Il y a à conseiller les livres qu’il va apprécier, mais il y a également à déconseiller. Bien entendu, il s’agit de faire cela avec des clients qu’on connait bien. La personne qui rentre, qu’on n’a jamais vu, c’est assez difficile.

Est-ce que la découverte de nouveaux auteurs, telle que Adriana Lorusso, s’inscrit dans la même démarche ?

Oui, parce qu’un libraire est sensé lire énormément, et lire les nouveaux auteurs en priorité. Et dans le cas d’un manuscrit, pourquoi pas, bien que ce ne soit pas le travail du libraire. Si l’occasion se présente, il n’y a pas de raison.

Et tu en as eu d’autres comme cela ?

Publié ? Non. J’ai lu, j’ai conseillé. Cela suit son petit bonhomme de chemin.

Que penses-tu du niveau actuel en imaginaire ? Est-ce mieux qu’il y a 35 ans ? Ou bien les livres se sont simplement épaissis au fil du temps ?

Il y a toujours d’excellents bouquins qui sortent, mais il y a une pléthore de sorties, qui fait qu’on n’a plus l’occasion de tout connaitre. Et évidemment, cela amène les éditeurs à sortir des textes un peu plus faciles. Mais, étant donné qu’il sort beaucoup, il y a toujours d’excellents textes qui sortent. On parle de manière récurrente de crise dans tel ou tel domaine de l’imaginaire. Je ne l’ai jamais ressenti. J’ai toujours trouvé qu’il y avait pas mal de textes qui sortaient. Je lis encore des nouveautés qui sont réellement intéressantes, qui sont originales, surtout en science-fiction. La science-fiction, c’est le domaine numéro un de l’imaginaire. La fantasy et le fantastique sont basés sur des archétypes plus connus. Donc, pour se renouveler, ce n’est pas toujours évident.

Malpertuis, c’est aussi un grand nombre de discussions, de débats, qui se créaient spontanément et qui débordaient parfois du domaine de l’imaginaire. Y a-t-il une explication à ce phénomène ?

Je crois que pas mal de gens se sentaient bien à Malpertuis. Lorsqu’on se sent bien quelque part et qu’on rencontre des gens qu’on trouve sympathiques, on parle avec eux. Pas plus compliqué que cela.

Est-ce qu’Alain Walsh est un grand psychologue ?

Je n’en sais fichtre rien !

Quels sont les livres qui t’ont marqué dans le genre qui nous intéresse ?

Il y en a tellement… Certains classiques : Les Fondation d’Asimov, Dune de Frank Herbert. Au fil du temps on découvre d’autres auteurs. David Weber avec la série Honor Harrington qui est de la bonne science-fiction. D’un côté traditionnelle, mais bien renouvelée. C’est la question épouvantable ! Il y a Peter Hamilton également.

Y a-t-il des livres qui a tes yeux sont incontournables ? Et pourquoi ?

Il y a des livres incontournables, mais ils ne sont pas incontournables pour tout le monde. C’est une question de gout. Il est tout à fait légitime de ne pas aimer Hypérion de Dan Simmons qui est l’œuvre que j’adore. Donc, on ne peut jamais dire qu’une œuvre est incontournable. C’est un peu comme si on imposait la lecture à quelqu’un. Ce n’est pas logique. On peut sortir une bibliothèque d’une centaine de volumes dans lesquels un amateur trouvera toujours d’excellents auteurs qu’il va apprécier, mais il y a peu de chance qu’il aime les cent auteurs en question, qui sont considérés chacun comme extrêmement importants par beaucoup de gens.

Mais comment peut-on dire qu’un auteur est devenu un classique ? Ses chiffres de ventes ?

Oui, en quelque sorte.

Mais quels ont été les meilleurs chiffres de vente chez toi ?

Étant donné que je n’ai jamais tenu de statistiques de ce genre, c’est très difficile à dire. Cela varie un peu au fil du temps. Par exemple John Scalzi a sorti son premier bouquin (Le vieil homme et la guerre), c’était la découverte. J’ai fait énormément de vente de Scalzi.

Il y en a eu d’autres comme ça ?

Oui. Il est incontestable que la publicité d’éditeur ou de critique joue. Dans la publicité d’éditeur, il y a parfois à boire et à manger.

Y a-t-il des livres qui n’ont pas eu le succès escompté, mais qui méritaient un plus grand intérêt de la part des lecteurs ?

C’est purement personnel. Chacun va estimer cela. Tout amateur va dire : « Tiens, j’ai adoré ce bouquin et on n’en parle pas ».

Et l’inverse ? Les éditeurs annoncent qu’un livre va cartonner et finalement cela a été un flop ?

Oui, c’est arrivé, mais je n’ai pas mémorisé.

Un bouquin dont tu attendais beaucoup ? Même toi en le lisant tu te disais « ou là là ».

Lorsque je suis déçu, je ne m’appesantis pas sur le livre et j’oublie. Ce n’est pas tellement important. Tant pis, on a perdu un peu de temps et c’est tout.

La science-fiction, la fantasy et le fantastique ont évolué et les lecteurs aussi. Quel regard as-tu sur le domaine de l’imaginaire depuis que tu as créé Malpertuis jusqu’à aujourd’hui ? Et quelle sera l’évolution du genre ?

L’évolution du genre est difficile à déterminer étant donné qu’un auteur de science-fiction se base à la fois sur les nouvelles découvertes technologiques et également sur ce qui se passe dans la société en général, et d’éventuelles prospectives ou non, où il extrapole par rapport à un phénomène particulier. Et donc, c’est en perpétuelle évolution. Mais depuis le début, ça se passe comme cela. Donc, au total la science-fiction va continuer à évoluer, mais en suivant ce même type de schéma : essayé d’être toujours en avance et imaginative.

Y a-t-il encore une grande différence entre ce que les auteurs anglo-saxons et francophones produisent en imaginaire ? Va-t-il un jour y avoir une convergence dans la manière d’écrire ou de présenter des sujets ?

Étant donné, que les auteurs francophones lisent beaucoup d’auteurs anglo-saxons, il est évident qu’ils sont malgré tout imprégnés par la science-fiction anglo-saxonne en général. Et donc, oui, il y a une certaine convergence. Mais les types d’écriture, de sujet, de préoccupation sont assez différents en règle générale.

Et comment tu expliques ça ?

C’est culturel. Si on prend un européen, Eschbach par exemple, qui est un excellent auteur, il est différent des auteurs anglo-saxons et francophones. Il y a une différence culturelle et c’est fort heureux. C’est ce qui fait la richesse évidemment.

Y a-t-il des choses que tu aurais aimé faire dans le cadre de ton activité, mais que tu n’as pas pu concrétiser ?

J’aurais aimé faire un peu plus de tout. Mais étant donné qu’il n’y a que 24 heures dans une journée… Disons que pour être un libraire correct, il faut que la librairie soit ouverte. Et cela nécessite une plage horaire très importante. Donc, aller à des conventions, oui, une fois de temps en temps. Je ne peux pas me le permettre tout le temps parce qu’il faut fermer le magasin. Rencontrer des auteurs, oui le soir. Mais ce serait plus gai de la rencontrer pendant la journée. J’aurais aimé rencontrer plus d’auteurs, parler plus longuement avec certains auteurs. J’aurais aimé lire encore plus !

Peux-tu nous dévoiler un coin du voile sur ton propre avenir, car on peut supposer que l’imaginaire restera une de tes préoccupations principales ?

Je vais avoir le temps de lire. C’est merveilleux ! Je vais peut-être essayer d’écrire quelque chose, et je verrai bien si ça vaut le coup après l’écriture du premier chapitre. Il est vraisemblable que j’écrirai quelques chroniques. Je parlerai à l’occasion de quelques bouquins que j’aime bien.

As-tu un genre de prédilection ?

Vraisemblablement la science-fiction.

Peut-on s’attendre à avoir de tes nouvelles sur le Web ou à travers un autre média ?

C’est possible !

Quel est ton auteur de littérature général préféré ?

Je n’en ai pas. J’en lis de temps en temps, mais franchement je n’ai pas d’auteur particulier. J’achète plutôt les bouquins sur un sujet donné. Je préfère lire de la science-fiction et du fantastique. Il n’y a pas d’auteur qui m’enthousiasme. Pas au point de délaisser la science-fiction et le fantastique.

Quel est ton film préféré dans le domaine imaginaire ?

Alien.

Pourquoi Alien ?

Parce que j’ai trouvé le film intéressant à l’époque où il est sorti. C’était la première fois qu’on voyait une technologie utilisée. Ce n’est pas des vaisseaux rutilants qui sortaient d’usine. C’est la première fois qu’on voyait de vieux vaisseaux, qui n’étaient pas des prototypes, pas clinquants. J’ai trouvé que le scénario était excellent et que c’était une bonne idée.

Et les suites ?

Les suites sont des suites !

Quels sont les derniers livres que tu as lus et que tu recommanderais ?

La trilogie du vide de Peter F. Hamilton.

Quel est ton principal trait de caractère ?

Ce n’est pas une question facile. Je crois que j’aime le contact avec les autres. La communication.

Qu’est-ce qui t’énerve ?

L’imbécile.

Quel est le don que tu regrettes de ne pas avoir ?

Être plus doué en langue pour apprendre l’Espagnol. Cela permet de voyager en Amérique du Sud, ce qui m’intéresse. J’aurais bien aimé connaitre la physique quantique. Tout ce que l’on ne connait pas est intéressant. Le dessin, peut-être. Le dessin permet une certaine représentation. On doit magnifier ce que l’on sait bien faire plutôt que se lamenter sur ce qu’on ne fait pas bien.

Quel est ton rêve de bonheur ?

C’est avoir du temps pour faire tout ce dont j’ai envie. Je crois que le bonheur c’est de faire ce dont l’on a envie. Pouvoir le faire longtemps. Et plus on vit, plus on connait de choses. Plus on connait de choses, plus on a envie de faire des choses.

Par quoi es-tu fasciné ?

Par l’imagination, lorsqu’un auteur a une nouvelle idée.

Cela devient difficile aujourd’hui de trouver des nouvelles idées ?

Je crois que cela a toujours été difficile. Mais les nouvelles idées sont toujours la suite d’autres. Dans les connaissances humaines, toutes les découvertes sont les suites d’autres découvertes. Et l’imagination même dans le domaine littéraire s’appuie sur ce qui a déjà été fait.

Et la première pensée de l’être humain s’appuie sur quoi ?

L’être humain a eu envie de quelque chose. Manger, attraper un animal, se chauffer. Et il a commencé à réfléchir comment l’avoir.

Tes héros dans la vie réelle ?

Bill Gates. Il a réellement une pensée sur l’informatique, qu’il a mise en application. Et c’est également quelqu’un qui a décidé, et qu’il le fait, de donner 95 pour cent de sa fortune, les 5 pour cent restants allant à ses enfants. Il donne plus que les états pour la recherche médicale sur le SIDA. Pour ce que j’en sais, c’est un excellent patron.

Si tu rencontrais le génie dans la lampe, quels seraient tes trois vœux ?

1. Que nous puissions tous être immortels, 2. En excellente santé, 3. Que l’on puisse facilement atteindre les autres planètes du système solaire, car sinon cela nous poserait un sérieux problème de surpopulation !

Tu penses qu’on pourrait être immortel ? Est-ce que tu crois que c’est une bonne chose ?

Pour l’être humain, oui. Pour la race humaine, non, car elle ne se développerait plus. Mais avec les thérapies géniques, nous pourrions nous améliorer.

Ne dit-on pas que l’être humain peut avancer, peut innover justement parce qu’il est mortel ?

C’est peut-être le vieillissement qui empêche les gens d’être aussi productifs et imaginatifs dans le développement de la pensée. Un scientifique qui a émis des idées novatrices pourrait peut-être continuer à en avoir tout le temps. Mais c’est relativement rare.

Si tu avais la possibilité d’utiliser la machine à remonter le temps, à quelle époque irais-tu ?

D’abord je vérifierais de pouvoir revenir ! Il est certainement intéressant de vivre à l’époque victorienne, à condition d’être dans les classes supérieures de la société, et de ne pas devoir passer chez le dentiste ! Je pense que j’irais voir l’époque de la république ou de l’Empire romain. C’est une période historique qui m’a toujours intéressé. J’irais également, volontiers, à l’époque napoléonienne. Allez en Chine à l’époque des sept royaumes, ça doit être fascinant.

Si tu pouvais revenir en 1976, qu’est-ce que tu dirais au jeune Alain Walsh qui passe dans la rue ?

Vas-y !

Est-ce que ta vie est à l’image que tu espérais ?

Il y a évidemment des choses que l’on changerait. J’ai commis des erreurs, j’ai souvent fait un mauvais choix. Bien sûr, il y a des choses que je ne ferais plus. Mais globalement, je ferais la même chose, parfois autrement.

Pourrais-tu citer cinq choses qui te plaisent ?

La randonnée, voyager, la lecture, les jeux (mais pas d’argent), être en compagnie d’amis

Pourrais-tu citer cinq choses qui te déplaisent ?

Les gens qui croient tout savoir et qui hélas savent peu, les gens méprisant vis-à-vis des gens censés être inférieurs à eux, les abats, je n’aime pas que les Anglais occupent toujours l’Irlande, les gens bruyants qui dérangent les autres.

Le premier livre que tu as aimé ?

Je ne me rappelle absolument pas mes premiers livres d’enfants. Je me souviens d’un livre d’illustrations qui représentait le futur.

Quelle illustration t’a marqué ?

Des illustrations de Christopher Foss, des vaisseaux spatiaux

Une lecture que tes parents t’ont interdit ?

Mon père ne m’interdisait pas, mais plutôt me dirigeait vers des livres. C’était : regarde ce qui te plait, et prends-le !

Une vision ou illustration effrayante que tu n’as jamais oubliée ?

J’étais enfant, et c’était un film avec une momie. La momie m’a totalement terrorisé. À l’époque, c’était à l’école dans la salle de gymnastique.

Un livre dont tu aimerais écrire la suite ?

Il n’y en a pas ! La question ne se pose pas.

Ton personnage de fiction préféré ?

Honor Harrington.

Es-tu présent dans le livre d’un autre ?

C’est une bonne question ! Dans une nouvelle de Jacques Van Herp, je pense. Je sais que Baronian a parlé de la librairie.

Quelle œuvre classique n’as-tu pas aimée ?

Émile Zola. Peut-être relirais-je Zola, germinal par exemple. Mais d’un point de vue historique.

Quel est le dernier livre que tu as offert ?

Une histoire qui se passe à une époque victorienne, dans une réalité alternative : Sans âme.

Que ne lis-tu jamais ?

Des précis de philosophie bantous !

Le texte absolu à tes yeux, et pourquoi ?

Il n’y a pas de texte absolu.

Le principal trait de ton caractère ?

Le contact

Celui dont tu es le moins fier ?

Je peux m’énerver, m’agacer.

Que changerais-tu chez toi si tu le pouvais ?

J’essayerais d’être plus patient.

Ton remède contre le stress ?

Un bon bouquin.

Qu’as-tu le mieux réussi dans ta vie ?

Au vu des réactions que je vois maintenant, je n’ai pas été un mauvais libraire. Vu le nombre de gens qui ont l’air malheureux, je pense que j’ai dû atteindre le but qui était le mien, qui était de donner du plaisir de lecture aux gens qui sont rentrés chez Malpertuis. J’ai toujours essayé que la personne qui sort d’ici reparte avec des livres qu’elle va lire avec agrément.

Un souvenir d’enfance ?

Quand j’ai été avec mon père au planétarium.

Que sont devenus tes rêves ?

Les rêves, soit ils se réalisent, soit ils se modifient, soit on les envisage pour un peu plus tard. Comme je ne suis pas encore mort, j’espère qu’il y a encore pas mal de choses, qui j’espère, vont se réaliser.

Le meilleur souvenir professionnel ?

J’en ai beaucoup. Lorsque Van Vogt est venu ici, via la convention. En 1971. C’était un grand de la science-fiction.

Le casting d’un diner idéal chez toi ?

Avec des amis.

Ton livre de chevet ?

Il change tout le temps ! Je relis souvent du Lovecraft.

Pourquoi du Lovecraft ?

Je trouve merveilleux qu’il soit arrivé à construire au fil de nouvelles tout un univers. Le monde de Cthulhu avec ses dieux. C’est assez exceptionnel.

Acteurs et actrices préférés ?

Je regarde des films pour me divertir. Je n’ai pas d’acteur ou d’actrice préféré. Je ne vais jamais regarder un film pour un acteur ou une actrice donné.

Qu’est-ce que tu aimes qu’on dise de toi ?

Il est sympa.

Que préfères-tu dans ce métier ?

Chaque fois qu’il y a des nouveautés et que j’ouvre les caisses, c’est comme si je recevais des cadeaux. C’est la découverte.

Ta madeleine de Proust ?

J’aimerais bien me retrouver avec des amis chez mon oncle Pat.

Elric : Les buveurs d’âmes – Michael Moorcock & Fabrice Colin

Voici le retour d’un de mes personnages préférés en fantasy. Elric des dragons. Cycle de Michael Moorcock publié dans les années 70 chez Pocket, récemment réédité en Omnibus. Cette fois-ci, je retrouve le Melnibonéen accompagné de Tristelune, son fidèle compagnon. Aux commandes de cette histoire, toujours Michael Moorcock, mais accompagné de Fabrice Colin. N’ayant jamais rien lu de ce dernier, je n’arrive pas à deviner ce qu’il a apporté à cette histoire. Mais comme c’est bien écrit, c’est peut-être tout simplement le but recherché par les deux auteurs.

Ce retour d’Elric est évidemment une très bonne surprise. On retrouve le prince déchu un an après la chute de l’empire melnibonéen. Elric a décidé de ne plus faire appel à Stormbringer, l’épée infernale qui boit les âmes et communique sa force au prince déchu. Mais pour se passer de son épée, Elric doit retrouver une fleur, l’anémone noire, plus communément appelée noibuluscus, qui doit lui permettre de retrouver la force qui lui manque. Pour se faire, il a donc sanglé Stormbringer dans son fourreau, la maintenant par des attaches de cuivres et de laiton. Dorénavant, Elric fait confiance à une épée normale, et à sa propre connaissance et expérience du combat.

Loin des ruines d’Imrryr la capitale de l’empire melnibonéen, Elric se retrouve à Nassea-Tiki, à la recherche d’un navire qui l’emmènerait à Soom, une métropole oubliée et dévorée par la jungle, à proximité de laquelle il devrait trouver l’anémone noire. Mais sur son chemin se trouvent d’autres Melnibonéens qui lui en veulent d’avoir détruit l’empire. Malgré le danger qui accompagne cette aventure, Elric ne veut pas faire appel à Stormbringer. Cela va lui couter cher, car contraint et forcé, il va devoir se séparer de son épée infernale. Et voilà l’histoire sur ses rails. Elric se retrouve faible, à la merci d’adversaires plus endurants que lui. Il s’engage dans une quête qui n’est pas la sienne, retrouver le père de deux princesses. Évidemment, la question qui brule les lèvres du lecteur que je suis, c’est : Va-t-il retrouver son épée et s’en servir ?  C’est là tout l’intérêt du livre. Et on peut s’attendre à des surprises.

Dans ce livre, je n’y ai vu qu’une ou deux faiblesses liées à la trame de l’histoire. Par exemple, Elric est en danger et un nouveau personnage fait son apparition pour l’aider. Au chapitre suivant, une fois Elric hors de danger, ce personnage est éliminé de l’histoire. Le phénomène se répète un peu plus loin dans l’histoire. C’est un peu trop facile (surtout pour deux auteurs). Mais trop content de retrouver Elric, je dirai que c’est chercher les détails !

Quand j’étais adolescent, j’ai découvert la fantasy à travers les avatars du champion éternel (Elric, Corum, Erekosé, Hawkmoon), en même temps que j’ai découvert les princes d’Ambre, et Terremer. C’est cette fantasy qui m’est le plus familière et à laquelle je reste attaché. Rien à voir avec les pavés actuels et les cycles à rallonge (bien que pour Elric…).

Voilà une histoire qui n’est pas mal pour le grand retour d’Elric. Disons que le format dans lequel elle est éditée dépayse un peu le lecteur que je suis, car j’étais habitué à lire ce cycle en format de poche. La seule critique que je formulerai concerne l’illustration de couverture. Stormbringer est une épée dont le fourreau est attaché à la ceinture (donc de taille normale), et pas une épée qui a la taille d’un javelot ! Dommage.

Fleuve noir a concocté une excellente surprise avec cette nouvelle histoire d’Elric. Ce serait dommage d’en rester là. Je dirai même qu’il faut absolument remettre ça dès que possible. Pour les amateurs du genre, et bien… foncez ! Pour ceux qui découvriraient le livre et le personnage, je dirai que mettre les doigts dans l’engrenage du champion éternel va forcément vous forcer à lire le reste ! A quand le suivant ?

Elric : Les buveurs d’âmes, Michael Moorcock & Fabrice Colin, Fleuve Noir, 2011, 263 pages, illustration de Bron


Trolls et Légendes (22-23-24 avril à Mons)

Du 22 au 24 avril se tient le festival Trolls et Légendes, à Mons. C’est l’occasion pour beaucoup de rencontrer des auteurs de fantasy, de fantastique, de science-fiction, de bande dessinée, mais aussi des illustrateurs. Un festival où les petits comme les grands sont les bienvenus. Déguisés, maquillés, en guerrier, en prince, en elfe, en sorcière, en fée, en saltimbanque, en monstre. La faune qui côtoie ces lieux est bon enfant et nous plonge dans l’imaginaire et le féérique.

Trolls et Légendes, c’est l’occasion de rencontrer : Robin Hobb, invitée d’honneur, Richard Morgan, Ayerdhal, Charlotte Bousquet, Sandrine Gestin, André-François Ruaud, Brice Tarvel, etc.

J’y passerai toute la journée de samedi.

Voir le programme complet sur le site  Trolls et Légendes

La Terre mourante T.2 – Jack Vance

Voici la deuxième partie de « Terre mourante » de Jack Vance, dans lequel on retrouve Cugel et Rhialto le merveilleux. Pygmalion n’a pas laissé passer beaucoup de temps entre les deux tomes. Ce deuxième tome est beaucoup plus épais, et on a toujours droit à une couverture dessinée par Marc Simonetti.

C’est toujours un plaisir de retrouver Cugel à l’autre bout du monde, qui tente de revenir ver l’Almerie. En dehors d’être un aventurier, Cugel est d’une mauvaise foi déconcertante. Il vole, il ment comme un arracheur de dents, il usurpe des identités, il n’a aucun scrupule. Mais ce n’est pas un mauvais bougre. L’homme est doué pour se fondre dans le paysage. Même quand il ne connait pas un domaine, il est toujours prêt à apprendre rapidement, à condition que cela serve ses intérêts personnels.

Le plus amusant, c’est que quand Cugel agit convenablement, il se fait doubler par quelqu’un de plus roublard que lui. Ce qui fait qu’on assiste à des situations cocasses et abracadabrantes. On a beau dire qu’on ne ferait pas le quart du dixième de ce que Cugel ose faire, mais on ne peut pas s’empêcher d’être de son côté en tant que lecteurs. Durant son voyage de retour, les rebondissements ne manquent pas non plus.

On suit donc Cugel, qui doit nécessairement trouver de l’argent et accepter des petits métiers qui lui permettront de vivre et de parfois payer son passage. S’il commence comme intendant d’un vendeur d’écailles, il se retrouvera rapidement comme homme à tout faire, qui n’a qu’un but : voler des écailles (surtout l’éclaboussure de Lumière) et s’en aller. On retrouve Cugel un peu plus loin dans un poste de vermier (qui soigne et guide des vers marins qui font avancer les navires). Même s’il ne se glisse pas parfaitement dans le rôle qu’on lui attribue, Cugel s’échine à faire son possible, voire même à arranger les choses en sa faveur. Sa mauvaise foi va semer la zizanie chaque fois que c’est possible. Et parfois ses propres mensonges se retournent contre lui et il est alors obligé de prendre ses jambes à cou. Pour retourner vers l’Almerie, Cugel devra parfois faire appel à la magie (qu’il a acheté ou volé). Avec des bottes enduites d’une huile magique, et une corde qui peut s’allonger sans fin, on voit Cugel voyager à bord de l’Avventura un vaisseau qu’il est arrivé à faire voler. Ce dernier est simplement tiré depuis une caravane au sol. Mais la magie de Cugel ne fonctionne que lorsqu’on ne lui vole pas ses affaires. Malheureusement pour lui, rien ne se passe comme il le faudrait, en commençant par lui ravir sa cabine de capitaine.

Rhialto est à l’antipode de Cugel. C’est un magicien du 21e éon, qui fait partie d’une guilde de mages. Son surnom de merveilleux lui a été donné, car il était trop fier et vaniteux. Les autres mages qui ne l’apprécient pas trop s’emparent de ses affaires pendant son absence. Envoyé par ses pairs, Rhialto va devoir voyager dans le temps pour retrouver le Perciplex Bleu, un manuscrit très important. C’est aussi l’occasion pour lui de prouver son innocence en retrouvant ce manuscrit. Un Jack Vance plus décousu, avec une fin qui nous fait découvrir que les ennemis de Rhialto sont plus proches de lui qu’il ne pouvait le penser. Sur les quatre livres qui forment ce cycle, c’est celui m’a le moins captivé.

Merci à Pygmalion d’avoir réédité et révisé les quatre histoires qui composent La Terre mourante. C’est de l’excellente fantasy. Chaque histoire fait deux fois moins de pages que les livres du genre produits actuellement en fantasy. Mais Jack Vance est un vrai conteur. Avec lui la qualité prime sur la quantité. Et l’imagination de Jack Vance fait facilement la différence. Même si cette fantasy date des années 50 jusqu’aux années 80, elle n’a rien perdu de son intérêt.

Voilà donc un excellent deuxième tome qui ira rejoindre le premier. La seule question que je me suis posée, c’est : pourquoi Pygmalion n’a pas réuni les deux Cugel en un tome ? Je pense que cela aurait été plus logique pour le lecteur (mais moins pour l’éditeur). Cette réédition se justifie pleinement. Elle ravira les nouveaux lecteurs, et rappellera aux anciens lecteurs comme moi que fantasy et humour peuvent parfaitement cohabiter. C’est de la fantasy baroque, mais c’est surtout une bonne tranche d’aventure qui n’a pas vieilli et qui se lit toujours avec grand plaisir.

Terre mourante T.2, Jack Vance, Pygmalion, 2011, 543 pages, illustration de Marc Simonetti


La Terre mourante T.1 – Jack Vance

Pygmalion réédite en deux volumes le cycle « Terre mourante » de Jack Vance. Cycle qui comprend quatre livres : Un monde magique, Cugel l’astucieux, Cugel Saga, Rhialto le magnifique. Je ne me souviens pas avoir lu chaque livre du cycle, c’est pourquoi je profite de cette réédition pour compléter mes lacunes concernant un auteur que j’adore et que je considère comme un des plus grands. Si je fais abstraction de quelques coquille que l’éditeur a laissé passer, ce livre à tout pour plaire.

Jack Vance m’avait habitué à ces mondes baroques où la magie à tout son sens, où l’aventure et le danger sont le quotidien de ses héros. Avec Cugel l’astucieux j’avais découvert une fantasy plutôt cocasse, dans laquelle le personnage principal, roublard à souhait, se fait pièger par ses propres tours pendables. Avec le cycle de Tschaï, Jack Vance m’avait fait découvrir la traversée d’un monde sur lequel la symbolique avait toute son importance. Et avec Lyonesse, Jack Vance m’avait captivé en mélangeant fantasy et uchronie à travers un drame de toute splendeur. L’auteur reste une référence incontournable aussi bien en science-fiction qu’en fantasy. Sa fantasy est d’ailleurs beaucoup plus simple à lire que bon nombre de livres produits aujourd’hui.

Avec « Un monde magique », on découvre cinq longues nouvelles, nous présentant des personnages qui se croisent et qui ont tous un objectif. Soit il s’agit de retrouver un objet ou une connaissance, soit il s’agit de s’emparer du pouvoir ou de sortilège, soit il s’agit de se libérer de vieux démons qui dorment. A travers les personnages de Turjan, Mazirian, Khandive le Doré, de Liane le voyageur, de Guyal de Sfere, on visite la Terre mourante. Sans oublié T’saï s et T’saïn, deux belles femmes issues des cuves des mages. La civilisation s’est effondrée et à donner naissance à un monde régit par la magie et la sorcellerie. Les histoires commence en Ascolais, une contrée qu’il est impossible au lecteur de situé. Mais c’est quelque part sur Terre. Point d’humour dans ce premier livre du cycle, mais plutôt une réflexion sur le monde. Il y a parfois des situations cocasses comme le sacrilège que fait Guyal de Sfere chez les Saponides. Il évite de peu de faire les actes suivants : couper ses orteils et les coudre à son cou, injurier ses ancêtres pendant trois heure, marcher une demi lieue sous le lac avec des chaussures de plomb à la recherche du livre de Kells. Voilà une fantasy qui date du milieu du siècle dernier et qui se lit encore très bien aujourd’hui.

Cugel l’astucieux est le deuxième livre compris dans cette intégrale. La version que nous propose Pygmalion est complète. La nouvelle Cil qui manquait dans la version poche est effectivement présente.

Avec Cugel on assiste à des aventures rocambolesques. Cugel a tenté de voler le mage rieur Iucounu. Malheureusement cela se retourne contre lui, et voilà Cugel envoyé dans le Nord pour trouver une lentille de verre violette qui donne une autre vision du monde. A travers celle-ci toutes les choses et personnes deviennent belles. Débrouillard et roublard à souhait, Cugel veut souvent se venger. Mais les moyens qu’il utilise se retournent souvent contre lui. C’est de l’humour noir qui ne laisse pas les lecteurs indifférents. En fait c’est excellent.

Il est certain que je lirai avec le même plaisir le tome 2 de cette intégrale. C’était pour moi la première occasion de lire un Pygmalion. L’éditeur est connu pour morceler les livres, et jusqu’à présent j’avais toujours attendu que ceux-ci soient réédités en poche. Ici j’ai fait exception à la règle parce qu’il s’agissait d’un de mes auteurs préférés. Mais si j’ai une remarque à faire concernant cette intégrale, c’est que Pygmalion aurait dû sortir un omnibus intégrant les quatre livre de Jack Vance. Il était possible de proposer aux lecteurs un livre unique, et pas deux tomes comme c’est présentement le cas.

En dehors de cette remarque, je signale que c’est avec Jack Vance que j’ai découvert la fantasy (mais aussi avec Zelazny et Le Guin). Et qu’à ce titre cela reste un de mes auteurs préférés, capable de me dépayser, de me transporter dans un univers baroque et cruel. C’est un réel plaisir de lire lorsqu’il nous décrit ces mondes flamboyants et ces personnages non dénués d’humour qui sont prêts à tout pour arriver à leurs fins. Lire du Jack Vance c’est à coup sûr quitter notre bonne vieille Terre pour une époque ou un monde où la magie et le danger sont font le quotidien de ses personnages.

Sans aucun doute à conseiller les yeux fermés pour ceux qui ne connaissent pas encore l’œuvre de Jack Vance. Et à conseiller à ceux qui comme moi sont des nostalgiques de ses mondes baroques.

La Terre mourante (intégrale tome 1), Jack Vance, Pygmalion, 2010, 406 pages, illustration de Marc Simonetti


Cap sur l’Armageddon – David Weber

L’apparition d’un livre de David Weber chez Bragelonne est une surprise. L’éditeur continue à étoffer son panel d’auteurs de science-fiction. Après Iain Banks et Peter F. Hamilton, David Weber rejoint le catalogue de l’éditeur. Cap sur l’Armageddon est le premier tome d’un cycle.

David Weber nous montre une civilisation humaine acculée par un ennemi supérieur, les Gbabas. La fin de l’humanité est irrémédiable, et la solution pour éviter celle-ci est de sauver quelques milliers de colons, dans l’espoir que dans un lointain avenir ils trouveront les moyens de résister et vaincre l’ennemi. Mais pour que cette colonie puisse évoluer sans être repérée et éliminée par les
Gbabas, les concepteurs de ce plan (pas vraiment audacieux) décident de faire régresser la technologie. Les colons sont reconditionnés mentalement pour ignorer toute forme de technologie. On passe des vaisseaux spatiaux aux navires à voiles ou aux galères.

Huit siècles se sont écoulés, et on retrouve une civilisation moyenâgeuse, divisés en royaumes, dirigée de main de maître par des instances religieuses et inquisitrices. L’héroïne de l’histoire est la copie de la conscience de Nimue Alban, qui se retrouve dans le corps d’un androïde. Elle dispose de toute la technologie nécessaire pour agir et interférer sur Sanctuaire. Elle reprend forme sous l’apparence d’un homme qui protégera un des princes héritiers d’un des
royaumes. Elle fait évoluer l’armement des Charisiens par petite touches successives. Comme pour le cycle Honor Harrington, ce roman se termine par une grande bataille… navale.

J’avoue que j’aime bien lire le cycle d’Honor Harrington, mais je ne suis pas un inconditionnel de David Weber. Au même titre que le troisième tome des Héritiers de l’empire, je n’ai pas vraiment apprécié ce Cap sur l’Armageddon. Passer d’un space opera à un planet opera dans lequel la technologie régresse m’a profondément dérangé. Nimue Alban n’a pas l’impact et le charisme d’une Honor Harrington. Et c’est bien dommage. J’ajouterai qu’il est parfois difficile de retenir les noms des personnages utilisés par David Weber.

Je reste donc mitigé face à ce livre. Sans doute est-ce parce que je suis un inconditionnel d’Honor Harrington, et que mon premier réflexe a été de comparer ce livre aux autres de David Weber. Néanmoins ma réaction n’est pas celle d’un lecteur qui découvre David Weber pour la première fois. Si un nouveau lecteur vient de la fantasy, il rentrera plus rapidement dans l’histoire.

Je conseillerai ce livre à ceux qui n’ont pas lu les space opera de David Weber.

Cap sur l’Armageddon, David Weber, Bragelonne, 670 pages, traduit par Michael Cabon, illustré par Gary Jamroz