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Sans concession – David Weber

Le quatorzième dans le cycle Honor Harrington, « Sans concession » est fidèle aux tomes précédents. C’est-à-dire, mélange intrigues politiques et militaires, et contient un certain nombre de batailles spatiales. L’Atalante continue à publier ce cycle de space opera qui fait le bonheur des fans du genre.

Plusieurs mois se sont écoulés depuis l’attaque de Yawata où plusieurs millions de personnes ont péri dans le système de Manticore, et où une partie des infrastructures spatiales ont été détruites. Manticore se relève lentement avec l’aide de ses alliés Graysoniens, mais aussi Havriens devenus des alliés.

La Ligue solarienne met en œuvre son plan Boucanier qui consiste à détruire les infrastructures des systèmes qui veulent quitter la ligue, et qui ont des liens commerciaux avec Manticore, ou qui sont aux marches de la fédération. C’est de l’intimidation qui consiste à réduire les échanges commerciaux que Manticore pourrait avoir avec d’autres systèmes stellaires. Mais les mandarins solariens (le groupe de personnalités politiques et militaires qui tirent les ficelles) doivent éviter que les allégations de Manticore concernant un ennemi qui agit dans l’ombre soient vraies. En élaborant « boucanier », ils espèrent intimider une bonne partie de la galaxie pour ne pas se soumettre à Manticore qui va de victoire en victoire.

Boucanier s’exécute dans plusieurs systèmes solaires, dans lesquels parfois il existe une force manticorienne. Les forces en présence sont disproportionnées en nombre de vaisseaux. Il ne fait aucun doute que la Ligue solarienne peut aligner des flottes entières face à de simples escadres manticoriennes. Mais la technologie est à l’avantage de Manticore. Comme d’habitude, les Solariens sous-estiment l’intelligence des Manticoriens. À plusieurs reprises, ils vont subir des échecs cuisants. Mais Manticore et ses alliés ne peuvent être partout à la fois. Et la ligue solarienne le sait très bien et exécute Boucanier chaque fois que c’est possible.

On a donc droit a de grandes batailles de vaisseaux, où David se bat contre Goliath. Parfois, les Manticoriens se sacrifient pour sauver des millions de personnes appartenant à d’autres systèmes stellaires, parfois la Ligue solarienne n’a aucune difficulté à appliquer son plan Boucanier. C’est une course contre la montre pour la ligue qui a des vaisseaux, mais pas les moyens financiers pour moderniser son armement. C’est aussi une course contre la montre pour Manticore qui doit retrouver son niveau de production d’avant l’attaque de Yawata.

J’ouvre une parenthèse ici, en faisant remarquer que les Solariens passent vraiment pour des imbéciles, trop imbus de leur personne, toujours en train de déformer les faits dans les médias, et surtout d’une mauvaise foi exemplaire. Tous les systèmes stellaires qui veulent l’indépendance sont considérés comme des traitres, tandis que les Manticoriens et leurs alliés sont des néo-barbares. C’est lourd de le lire au fil des pages.

Honor Harrington n’interviendra dans cette histoire que dans le deuxième volume. Dans le premier, elle se consacre plutôt à des mondanités. Mais dès qu’elle sera exaspérée par une attaque de la Ligue solarienne, et une seconde attaque sournoise initiée par l’alignement Mesan, elle va enfin utiliser la grande flotte et mettre fin à la menace de la ligue. Désolé de révéler l’info ici, mais ça se devine depuis longtemps, et en tant que lecteur on ne pouvait pas attendre indéfiniment ce moment. Sans concession, donne bien son titre à ce tome. Honor Harrington siffle la fin de la récréation et met fin à la partie. Et dans ce bras de fer direct avec la grande alliance, la ligue ne fait pas le poids.

Est-ce la fin du cycle ? Pas vraiment. Les grandes batailles ne sont plus à l’ordre du jour puisque la ligue solarienne a été défaite par Honor Harrington. La Terre et le système solaire sont relégués à un rôle de système stellaire qui a perdu la majorité de ses infrastructures militaires. Mais l’alignement Mesan n’a pas été vaincu et reste tapi quelque part dans la galaxie. C’est la chasse au lapin, comme le dit Honor Harrington. Reste à trouver le terrier. Est-ce que David Weber va l’écrire ? Probablement, mais cela n’inclut pas nécessairement Honor Harrington. Comme elle deviendra le premier Lord de l’empire de Manticore, elle n’a plus à commander un vaisseau ou une flotte. Elle devra dorénavant déléguer ses pouvoirs à des officiers de confiance et donner les ordres depuis un quartier général.

J’aurais donc tendance à dire qu’un tome 15 devrait voir le jour pour résoudre le problème de l’alignement Mesan. Ce sera probablement beaucoup de discussions et peu de batailles, voire pas de bataille du tout. Alors là le cycle serait vraiment terminé.

Quand on observe cette fin provisoire, on constate que le reste de la galaxie est loin d’être apaisé. Plusieurs systèmes stellaires veulent quitter la ligue solarienne, et cela ne se fera pas nécessairement dans le calme. Des dirigeants locaux vont probablement prendre le contrôle de leur système stellaire en utilisant la manière forte. Donc, il y aura des soulèvements qui mèneront à l’indépendance, mais tous ne prendront pas les armes. Reste à voir si ce seront des démocraties ou des dictatures. Est-ce que Manticore, Havre et Grayson vont jouer les gendarmes de la galaxie ? Cela se pourrait bien. Mais si David Weber décide d’écrire d’autres histoires dans l’univers de Honor Harrington, celles-ci n’auront jamais l’ampleur de celle qui vient de se terminer.

Je rappelle qu’on attend toujours la suite de « La maison d’acier » qui se passe avant Honor Harrington, et qui doit faire deux tomes de plus. Si David Weber pouvait s’y atteler, ce serait bien…

J’ai bien aimé ce quatorzième opus, mais en le lisant parfois de travers, comme je l’ai fait pour les tomes précédents. Les histoires de chats sylvestres ne font pas avancer l’histoire, tout comme les réunions des Mandarins (solariens). Ces chapitres peuvent donc être lus en diagonale pour accélérer la lecture. Il faut juste de temps en temps retenir l’un ou l’autre mot qui a une incidence sur le reste de l’histoire ! Ce roman aurait pu faire 600 ou 700 pages plutôt que 1104 pages !

Ce tome 14 ne manque pas de batailles spatiales. Mais au-delà de celles-ci, on remarque que Manticore et ses alliés ne cherchent pas à les provoquer, au contraire. C’est toujours la ligue solarienne qui la déclenche, et c’est toujours l’alignement Mesan qui pratique des génocides comprenant plusieurs millions de personnes. Le coupable idéal, c’est Manticore, c’est ce que la ligue veut faire croire pendant qu’elle le peut encore. Mais les médias ne sont pas dupes et comprennent que Manticore est le bouc émissaire d’un ennemi qui se cache.

Restent les batailles spatiales qui sont le cœur de tout livre du cycle, et qui nécessitent d’avoir une bonne calculatrice sous la main, ou une feuille Excel. David Weber prend un malin plaisir à détailler chaque bataille, mais ici ce ne sont pas quelques missiles qui sont largués, mais des centaines de milliers. Par moment, en tant que lecteur, on a envie de connaitre le résultat d’une bataille, et pas nécessairement tout son développement.

Dans la lignée des derniers tomes, « Sans concession » plaira aux fans du cycle. Ils devront lire les 1104 pages que contiennent les deux tomes. Ceci n’est pas vraiment une fin. David Weber l’explique mieux que moi à la fin du deuxième tome.

Sans concession, David Weber, L’atalante, 2020, 569 + 535 pages, illustration de Genkis

David Weber - Sans concession

Plaies d’honneur – David Weber


Trop long, trop de personnages et trop lent. Voilà ce que je reprocherai à ce dixième opus de Honor Harrington. Bien que j’adore ce cycle, je dois constater que David Weber n’a pas pensé à ses lecteurs en écrivant ce livre. Il aurait pu faire 300 pages de moins sans nuire à l’histoire. Non, malheureusement il faut lire plus de 1200 pages pour se rendre compte que c’est reparti pour un tour.

Depuis l’attentat contre le précédent gouvernement Manticorien, cinq ans se sont écoulés et le nouveau gouvernement de Haute-Crète n’a pas cru bon de maintenir les investissements militaires, tout comme il n’a pas signé de traité de paix avec Havre, et par la même occasion il n’a pas restitué les systèmes stellaires conquis. La FRM (flotte royale manticorienne) ne peut pas protéger convenablement tous les systèmes conquis depuis la dernière guerre. Mais pendant ces cinq années de trêve, la république a reconstruit sa flotte.

Honor Harrington et Havre-Blanc sont dans l’opposition et constituent la vraie opposition contre le gouvernement de Haute-Crète. Mais Honor Harrington est envoyée en Silésie pour prendre le commandement de la base de Sidemore. Elle est aux commandes d’une flotte de vaisseaux qui ne sont pas de dernière génération. Heureusement une flotte Graysonienne constituée de bâtiments modernes accompagne sa flotte Manticorienne. On assiste à des échanges diplomatiques entre le gouvernement Manticorien qui est incompétent et le gouvernement Havrien qui veut la paix, mais prépare la guerre si le traité de paix n’est pas signé rapidement. Un vrai paradoxe.

Seul le Protecteur Benjamin Maihew semble rester lucide. Tandis que les relations entre Manticore et Grayson semblent se détériorer à cause de l’incompétence du gouvernement Haute-Crète, Maihew n’a pas hésité à renforcer la flotte de son meilleur officier et à renforcer le détachement Manticorien qui protège le trou de ver de l’étoile de Trévor.

Ce livre est moins guerrier que les précédents. David Weber s’est focalisé sur les différents protagonistes (en trop grand nombre) et nous fait suivre toutes leurs élucubrations et tergiversations jusqu’au point de non-retour. On peut pratiquement dire qu’il ne se passe rien dans le premier des deux tomes, et que l’histoire ne démarre qu’après 200 pages dans le second tome. C’est beaucoup de temps perdu pour le lecteur. Les scènes de bataille sont bien présentes, mais elles sont coupées, comme si David Weber n’avait plus envie de nous les raconter jusqu’à leur dénouement. Souvent c’est au chapitre suivant qu’on apprend que la bataille a été gagnée par un des adversaires.

Après lecture de ce tome 10 beaucoup trop gros, on comprend que Manticore se retrouve à la case départ et que David Weber a placé ses personnages dans une situation qui permettrait d’écrire encore plusieurs livres.

À lire absolument pour les inconditionnels d’Honor Harrington (dont je suis), mais ce n’est pas le meilleur livre du cycle. Tout au plus le plus épais. C’est plus un vrai exercice d’endurance qui met à rude épreuve la patience du lecteur. Je me demande parfois si ce livre n’a pas été écrit tout simplement pour vérifier la fidélité des fans de la série. Oui, je sais, j’en fais partie !

Plaies d’honneur T.1 & 2, David Weber, L’Atalante poche, 2019, 1258 pages, couverture de Genkis

Plaies d'honneur - David Weber

L’ombre de la victoire – David Weber

Avec L’ombre de la victoire en deux tomes, l’univers d’Honor Harrington de David Weber continue à se développer avec ce cycle annexe qui fait parfois intervenir les personnages principaux, mais qui se concentre sur les événements qui sont parallèles au cycle principal.

Honor Harrington n’apparait pas dans ce livre qui se passe principalement dans l’amas de Talbot. Mais les événements qui y sont relatés ne sont pas inconnus aux lecteurs du cycle. En fait, on revit les mêmes moments que les autres cycles, mais étalés dans le temps, et depuis une région de la galaxie où les intrigues contre Manticore se trament. Donc, le lecteur ne doit pas être étonné de cette répétition. L’intérêt de ce livre est d’expliquer comment certaines situations critiques en sont arrivées là.

Cela dit, on constate que toutes les intrigues convergent autour de l’amas de Talbot et que les différents protagonistes (Manticore, Havre, la ligue solarienne, la flotte des frontières, Mesa, et la myriade d’agents secrets et comploteurs qui sont autour) risquent fort de s’affronter sur plusieurs champs de batailles dans la même région de la galaxie. On pense évidemment à l’opération Janus, puis baie des huitres menées par Mesa contre Manticore. Mais aussi aux interventions de la ligue solarienne qui se croit tellement supérieure au reste de la galaxie, qu’elle en a oublié que sa technologie est complètement obsolète face à celle de Manticore ou de Havre.

L’alignement mesan fait tout son possible pour faire en sorte que les Manticoriens passent pour des mauvais au sein de la galaxie. Ils organisent des attentats sur plusieurs mondes, jusqu’à utiliser l’arme atomique contre leur propre peuple. Ils font croire que les Manticoriens vont aider tous les peuples qui se révoltent contre la ligne solarienne. La ligue de son côté voit son commerce subir le contrecoup de la guerre économique et militaire menée par Manticore.

On revit la destruction de la base Héphaïstos dans le système de Manticore, la destruction du croiseur Hexapuma et de tout son équipage à l’exception du capitaine Aivars Terekhov. Le vaisseau avait vaillamment combattu et vaincu un ennemi supérieur dans l’amas de Talbot, au point d’en devenir emblématique.

On survole les victoires de Michelle Henke l’amiral du Pic d’or contre les flottes de la ligue solarienne. Ce sont principalement des répétitions d’événements déjà lus dans d’autres livres du cycle, mais vus sous un autre angle. Et puis, Michelle Henke aider par l’amiral Tourville, ce n’est pas courant. Le final de ce livre est assez particulier, l’alignement mesan n’hésite pas à tuer une grande partie de « l’oignon » qui le compose pour cacher la vérité au reste du monde et peut-être renaitre de ses cendres.

Le dénouement s’approche, mais il faudra encore attendre quelques livres (un ou deux) pour enfin voir le bout de ce conflit commencé avec Havre, continué par Mesa et la ligue solarienne, où Havre s’allie à Manticore. C’est grand, c’est gigantesque, c’est presque impossible à résumer tellement il y a des personnages et des intrigues.

Ce livre a un défaut, c’est qu’il y a une pléthore de personnages qu’il est impossible de retenir. L’auteur se perd dans des détails qui ne font pas avancer l’histoire. En fait, David Weber se prend parfois pour Proust. Dans A la poursuite du temps perdu, des dizaines de personnages sont présentés par l’auteur et servent à renforcer l’histoire. Mais tout le monde n’est pas Proust, et David Weber nous noie sous des tonnes de détails inutiles et de personnages qui ne font que passer. La solution la plus simple c’est de lire en diagonale certains chapitres. Les fans d’Honor Harrington sont habitués à ce genre de longueur. Une astuce pour lire ce long roman de science-fiction consiste à s’intéresser principalement à Aivars Terekhov et sa femme, ainsi qu’à Michelle Henke.

Cela reste donc un très bon cycle pour le lecteur de science-fiction qui suit de près le cycle Honor Harrington. Mais il est temps que David Weber se décide à conclure le face à face entre Manticore, Mesa et la ligue solarienne. La fin est proche et ça se sent.

À lire, mais attention aux longueurs !

L’ombre de la victoire T.1 & 2, David Weber, L’Atalante, 2018, 1065 pages

L'ombre de la victoire T1-T2

La maison d’acier – David Weber

Le cycle Honor Harrington écrit par David Weber s’est enrichi d’un guide de l’univers de la série et d’un court roman. J’avais précédemment eu la version anglaise de ce livre, pour pouvoir consulter les informations techniques et historiques de « l’Honorverse ». Mais je ne m’étais pas attelé à la lecture du roman qui précède ce guide. Erreur que je viens de corriger avec la version française publiée par l’Atalante.

Ce livre est uniquement fait pour les fans du cycle. C’est la référence pour toute personne qui veut connaitre les données techniques des vaisseaux, la personnalité des différents acteurs de ce cycle, la politique menée par les différentes puissances spatiales, les différentes technologies utilisées, etc. En somme, tout ce qui a pu être lu précédemment dans ce cycle est ici résumé et classé. Je ne vais donc pas m’appesantir sur ce qui est censé être connu par les fans du cycle.

La maison d’acier est un roman à ne pas négliger. Il précède le cycle Honor Harrington et se focalise sur le roi Roger Winton III, le père de la reine Elizabeth III. On suit l’héritier du trône depuis qu’il est lieutenant de vaisseau dans la flotte royale manticorienne, jusqu’à ce qu’il prenne la succession de sa mère pour devenir roi, puis jusqu’à son décès. L’histoire s’étale sur plusieurs décennies, pendant lesquels Roger assiste lentement à la montée en puissance de la République populaire de Havre, qui annexe petit à petit les systèmes stellaires voisins et devient une menace de plus en plus grande pour Manticore.

À travers des projets mis en place avec l’aide de sa mère, et de Jonas Hadcock (son meilleur ami et son futur beau-frère), Roger va participer à la création d’une force capable de rivaliser avec la RPH. Cela va prendre des décennies. D’abord en intégrant ArmNav et en travaillant avec Hadcock, ensuite en devenant souverain et en infléchissant la politique défensive de Manticore. C’est là que son vœu de créer une maison d’acier pour Manticore prend tout son sens. Roger devra composer avec les rivalités politiques au sein de son propre système solaire, mais aussi en créant des alliances avec les autres systèmes voisins.

En parallèle à ça, Angélique la sœur de Jonas Hadcock devient l’épouse de Roger et quelques années plus tard mettra au monde une petite fille qui deviendra la reine Elizabeth III. Tout semble se dérouler convenablement, jusqu’à ce qu’un accident mette un terme à l’existence de Roger. On découvrira qu’il ne s’agit pas d’un accident, mais d’un assassinat commandité par Havre.

Elizabeth arrivée à l’âge de régner prend la succession de son père, et ne dévoile pas directement que derrière ce meurtre se cache la République Populaire de Havre. Ce n’est qu’avec l’invasion de l’étoile de Trévor par la RPH, qu’Elizabeth a un prétexte pour entrer dans le conflit qui se dessinait depuis plusieurs décennies.

Pas de combats spatiaux dans ce roman, si ce n’est celui qui se passe à la fin de la guerre entre Havre et Manticore (dont à l’époque d’Honor Harrington) et qui est mené par l’amiral Havre-Blanc pour le compte de la reine Elizabeth.

Une préquelle indispensable au lecteur du cycle Honor Harrington, qui permet de comprendre comment Havre a lentement mais surement envahi d’autres systèmes stellaires et comment Manticore a préparé le choc inévitable avec Havre.

On s’attache au roi Roger dans ce roman, et quand on le perd on est heureux qu’Elizabeth prenne sa succession. Jonas Hadcock est certainement une des personnes les plus importantes sur l’évolution la FRM. On comprend mieux comment Gram a abouti à des développements technologiques importants qui feront basculer l’avantage en faveur de Manticore.

Pas d’Honor Harrington dans ce roman, car elle est l’aboutissement de ce qui va suivre. Par contre, quelle planification subtile écrite par David Weber ! On peut faire les mêmes reproches que les autres livres du cycle. C’est-à-dire des longueurs dans certains débats politiques ou stratégiques. Mais au final on se dit que cela renforce la cohérence du roman et de ses suites.

J’ai aimé ce livre autant que ses personnages, car j’avais envie de retrouver un univers qui m’était familier depuis plusieurs années. La partie guide de l’univers est plus à consulter plus qu’à lire. Celui qui aime ce cycle y trouvera son bonheur. À conseiller aux fans d’Honor Harrington.

La maison d’acier/Le guide de l’univers, David Weber, L’Atalante, 618 pages, 2013, illustrations de Thomas Marrone, Couverture de Genkis

La maison d'acier - David Weber

L’ombre de la liberté – David Weber

Troisième tome du cycle Honor Harrington qui se passe dans l’amas de Talbot, L’ombre de la liberté fait suite à L’ombre de Saganami et L’ennemi dans l’ombre.

On est très loin de Manticore dans ce cycle, et pourtant ce qui s’y passe est directement lié aux événements tragiques qui ont lieu dans le système stellaire. C’est Michelle Henke, la meilleure amie d’Honor Harrington, cousine de la reine Elizabeth qui commande les forces manticoriennes dans cette partie de la galaxie.

On pourrait penser que ce troisième tome n’est qu’une suite de péripéties qui s’enchaine à celle des tomes précédents, et que la succession de confrontation qui se passe entre la Ligue Solarienne et l’empire stellaire de Manticore n’est qu’une répétition pour les lecteurs. Il n’en est rien !

On peut pratiquement dire que ce tome se découpe en trois actes différents. Le premier consiste à libérer des ressortissants manticoriens ainsi que leurs vaisseaux, retenus illégalement par des autorités un peu trop zélées qui veulent faire obstacle à la présence manticorienne dans l’amas de Talbot. Mais la technologie de l’empire stellaire est très supérieure à celle que la Sécurité des frontières et la Ligue Solarienne peuvent opposer. Rien ne résiste aux forces manticoriennes.

Le second acte montre qu’une résistance s’organise dans plusieurs systèmes de l’amas de Talbot et dans sa périphérie. Résistance qui serait secrètement soutenue par Manticore. En réalité, il n’en est rien. C’est l’alignement mesan qui fait croire que l’empire stellaire va aider les rebelles. Et lorsque Michelle Henke apprend la nouvelle, elle dépêche des forces pour aider les résistants. Situation qui risque de se reproduite dans d’autres systèmes stellaires de la région, et qui force les manticoriens à agir rapidement.

Le troisième acte consiste à passer à l’offensive, et de ne plus attendre que les Solariens montrent le bout du nez. Michelle Henke planifie la libération du système de Meyers, hors de l’amas de Talbot, dans lequel se trouvent des forces solariennes ainsi que des acteurs de hauts rangs qui ont donné des ordres pour envoyer les flottes de Byng et Crandhall contre celle de la comtesse du Pic d’or. Ici, on entre clairement dans une phase qui est plus proche de celle qu’on a rencontrée avec Honor Harrington, et qui consiste à prendre les devants avant que la ligue solarienne se mette en branle.

Dans un sens, un bon space opera, classique pour les habitués du cycle Honor Harrington. La bonne nouvelle dans ce roman, c’est qu’il tient en un livre, alors qu’on était habitué à en avoir deux pour chaque tome. David Weber aurait-il compris que simplifier ses histoires n’enlevaient rien à leur complexité. On dirait bien que oui, et c’est tant mieux pour le lecteur. Ceci dit, ce roman relate une succession d’événements bien distincts, qui amène à la conclusion que le face à face avec Mesa n’est pas très loin. Et que c’est Michelle Henke, seule, qui prendra cette décision. Mais ça, c’est pour le tome suivant de ce cycle tout aussi passionnant que celui d’Honor Harrington. Il a fallu un certain temps pour que le cycle des ombres/Talbot s’impose. Mais aujourd’hui, il ne fait plus aucun doute que les amateurs du cycle Honor Harrington sont obligés d’inclure dans leur lecture ce cycle qui est étroitement lié.

On a donc avec L’ombre de la liberté un livre uniquement réservé aux amateurs de l’univers d’Honor Harrington. Un livre qui n’apprend rien de neuf au lecteur, mais qui annonce une future confrontation entre Manticore et Mesa. À lire absolument, si comme moi vous êtes passionné par ce cycle.

L’ombre de la liberté, David Weber, L’Atalante, 2014, 542 pages, illustration de Genkis

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House of steel : The honorverse companion – David Weber

Une fois n’est pas coutume, je vais parler d’un livre en anglais qui vient de sortir. Non pas parce que j’ai décidé de lire en anglais, mais simplement pour signaler aux amateurs de Honor Harrington que David Weber a écrit ce que tous attendent avec impatience, c’est-à-dire « The honorverse companion ». La sortie du livre coïncide avec les 20 ans d’existence du cycle Honor Harrington. Pour l’occasion, on a droit à une nouvelle édition de Mission Basilic (On Basilisk station), et le premier des compendiums sur l’univers de Honor Harrington.

Ce livre propose un court roman de 180 pages, « I will build my house of steel », qui se passe avant Honor Harrington et se focalise sur Roger Winton et Edward Janacek, sur l’impact que le jeune roi a eu sur le royaume de Manticore, sur sa politique et sa stratégie. Vu la somme d’informations qui existe sur l’Honorverse, c’est trois livres qui couvriront cet univers : House of steel, House of lies, House of Shadows. Le premier est axé sur Manticore et Grayson, le second devrait se focaliser sur Havre, l’empire Andermien, et Erewhon. On peut supposer que le troisième livre traitera de la ligue terrienne et de Mesa. Mais là, je m’avance un peu trop. Les deux autres livres dépendent du succès du premier livre. Donc, contentons-nous déjà de « House of steel », qui est une bonne nouvelle pour qui sait lire en anglais.

Si comme moi, vous avez acheté les deux fascicules « Jayne’s intelligent review » qui font référence à Manticore et à Haven, vous serez heureux de voir ce premier compendium compléter ceux-ci. Le livre est moins orienté jeu que les deux fascicules, mais il donne beaucoup plus de détails sur l’histoire de Manticore, sur l’astronomie, et surtout sur la flotte qu’à constituer le royaume de Manticore. C’est un vrai catalogue de vaisseaux, comme le sont aujourd’hui les « Jane’s » qui présentent les flottes de navires de toutes les nations.

On y trouve des explications sur les différents trous de vers gérés par Manticore, qui vont vers la confédération Silésienne, Basilic, l’étoile de Trévor, Beowulf, l’amas de Talbot, etc. La famille royale manticorienne est décrite avec des arbres généalogiques. Le gouvernement, le parlement, la politique choisie, le système judiciaire y sont décrits. Une description de tous les personnages principaux est reprise dans ce livre. Le cœur du livre, c’est évidemment la description de tous les types de vaisseaux qu’on rencontre dans le cycle Honor Harrington. Une seconde partie présente les mêmes informations, mais pour Grayson.

Ce livre est donc une bible, l’outil indispensable au lecteur pour mieux comprendre l’univers de Honor Harrington. Le premier d’une série qui devrait en contenir trois. Espérons que l’Atalante se lancera aussi dans l’aventure et traduira ce livre. En attendant, je conseille à tous de ne pas attendre et de déjà s’intéresser à ce premier Honorverse companion.

House of steel : The honorverse companion, David Weber, Baen books, 566 pages, 2013

House of steel

L’orage gronde T. 1 & 2 – David Weber

Le treizième tome du cycle Honor Harrington se présente sous la forme de deux livres. David Weber reste fidèle à lui-même et nous propose de suivre le face à face entre l’empire stellaire et la ligue solarienne. Les solariens ont l’esprit toujours aussi obtus que dans les épisodes précédents, et ne veulent pas admettre qu’un peuple néo-barbare est capable de leur botter le postérieur. Et de l’autre côté, on est bien content de voir Manticore et Havre faire enfin la paix.

Ce nouveau tome reste dans la droite lignée des précédents. Pas de vraies surprises, seulement la confirmation d’événements qu’on devinait dans le tome précédent. On se souvient de l’attaque-surprise des Mésans qui a mis à mal le système manticorien.

Comme d’habitude, on a droit à des longueurs chez David Weber. Il s’agit de chapitres qui n’apportent pas grand-chose à l’histoire. C’est le cas pour les conversations qui traitent de la famille Harrington ou Winton. C’est aussi le cas lorsqu’on se focalise sur les chats sylvestres. Et c’est toujours le cas lorsque des subalternes solariens analysent des situations qui ont déjà été analysées par leurs supérieurs. Je conseille aux lecteurs de lire en diagonale ces paragraphes. Ils n’apportent rien d’important, si ce n’est une perte de temps. Ceci dit, David Weber continue à nous présenter la situation économique et militaire de Manticore sous des angles différents. Et parfois, cela se justifie.

 L'orage gronde 1-500

Reste que ce nouvel opus ne donne pas beaucoup de place à Honor Harrington. Il faut attendre plus de 170 pages pour enfin la voir. Bien que ce ne soit pas vraiment un problème. On est habitué à la voir arriver au moment le plus important de l’histoire, c’est-à-dire avant et pendant une bataille spatiale. Encore une fois, c’est David contre Goliath. Mais lorsqu’on étudie la scène de près dans le système de Manticore, on constate que David dispose étrangement d’une puissance que Goliath n’a pas. Et pour y arriver, l’aide des Havriens est la bienvenue.

La paix entre Manticore et Havre, on y rêvait en tant que lecteur. Elle est en bonne voie et les deux puissances stellaires ont décidé de s’allier face au géant que représente la ligue solarienne. La présence des Mésans s’est faite plus discrète dans ce tome. Mais on sait très bien qu’ils sont à l’origine des misères de l’empire stellaire. Je laisse deviner qui a le dernier mot lorsque Filareta se retrouve avec sa flotte dans le système manticorien. Surprise, surprise…

On reste ébahi devant la mauvaise foi des dirigeants solariens, qui ne veulent pas admettre la vérité. Ils préfèrent masquer la vérité, la transformer de telle manière que les milliards de ressortissants de la ligue solarienne penseront que c’est Manticore qui est la cause de la guerre (non déclarée). Ce sont des abrutis, imbus de leur personne, qui se sont déjà fait botter le cul dans deux tomes précédents. Cette fois-ci, ils y ont mis le paquet et ont envoyé une flotte de plus de 400 supercuirassés dans le système de Manticore, avec à sa tête l’amiral Filareta. Troisième grande confrontation entre les deux nations belligérantes, et son dénouement qui surprendra le lecteur, car il y avait moyen d’éviter d’en arriver là. Je ne vais pas révéler le dénouement de ce moment clé du cycle. Mais encore une fois, on constate que les Solariens sont tout sauf intelligents. Malheureusement pour eux, ils se croient meilleurs que les autres, et lorsqu’ils s’en rendront compte, il sera trop tard.

Ce tome est plus axé sur les problèmes économiques et financier que militaire. Manticore agit en puissance stellaire en ferma les nœuds là où c’est possible, ce qui met à mal la situation financière de la ligue. C’est original, mais est-ce tenable ? Les solariens ne le pensent pas. À terme, ils estiment reprendre le contrôle de la situation.

Enfin, certains analystes comprennent que la situation est critique pour la ligue solarienne. Elle est dépassée techniquement et politiquement par l’empire stellaire. Sa seule riposte, c’est le mensonge et l’envoi d’une flotte de guerre dans le système Manticorien. Si ces analyses sont justes, il reste à convaincre les instances dirigeantes du danger. Et là, rien n’est moins sûr. Ou plutôt, le caractère borné des responsables solariens empêche toute solution.

Un bon Honor Harrington en deux tomes. La suite logique « En mission » et « L’ennemi dans l’ombre ». À ce stade-ci, il est nécessaire de lire en parallèle les deux autres séries focalisées sur Torche et l’amas de Talbot. Encore une fois, c’est réservé aux amateurs du cycle, et uniquement à eux. En space opera militaire, c’est ce qui se fait de mieux. David Weber reste inégalé. Les couvertures de Genkis sont toujours aussi belles, et collent de plus en plus au contenu des livres.

L’orage gronde T. 1 & 2, David Weber, L’Atalante, 620 pages, 2012, illustration de Genkis.

L'orage gronde 2-500

Honor Harrington T. 12 : En mission – David Weber

Voici le douzième tome du cycle Honor Harrington. Celui-ci suit… L’ennemi dans l’ombre ! Et c’est bien dans cet ordre qu’il faut les lire. David Weber nous avait laissés en compagnie de Michelle Henke dans l’amas de Talbot. Voilà que nous la retrouvons toujours face au danger. La ligue solarienne a envoyé l’amiral Byng, qui n’a pas mieux fait que de détruire trois contre-torpilleurs manticoriens en orbite. La riposte de Michelle Henke n’a pas tardé.

Dans ce douzième tome, on retrouve de nouveau des Solariens imbus de leur personne, qui pensent que tous les mondes qui ne font pas partie de la ligue, abritent des néo barbares. Pour eux, Manticore est un royaume qui a les yeux plus grands que son ventre. L’assimilation de l’amas de Talbot, et le royaume qui devient l’empire stellaire, parvient à les convaincre qu’il faut donner une leçon à ses Manties. Cela comment avec l’amiral Byng, puis avec l’amiral Crandall, et prochainement avec l’amiral Filaretta. À chaque fois, les Solariens déploient une force de plus en plus grande. Et à chaque fois, Manticore donne une raclée aux Solariens. Dans le cas de Filaretta, le lecteur n’en sait encore rien parce que la bataille n’aura lieu que dans le tome 13 (qui n’est pas encore paru). Mais on devine que ce nouvel amiral va se faire rétamer de la même manière.

En parallèle à Michelle Henke, on suit Honor Harrington qui se rend dans le système de Havre pour négocier la paix avec la présidente Eloiïse Pritchard. Manticoriens et Havriens commencent à comprendre que depuis des décennies, un troisième larron tire les ficelles et a maintenu un climat de guerre entre les deux puissances stellaires. Heureusement, le bon sens prend le pas sur les autres considérations. En tant que lecteur, on se dit que la guerre entre Manticore et Havre va enfin se terminer, et que dans ce cas Honor Harrington pourra bientôt prendre sa retraite. Mais c’est sans compter sur l’esprit tortueux de David Weber, qui a décidé de complexifier le cycle. Ce n’est plus un adversaire que doit affronter Manticore, mais trois. Havre qui est sur le point de signer la paix depuis qu’elle a été battue lors de la bataille de Manticore, la ligue solarienne qui croit pouvoir donner des leçons à n’importe quelle civilisation dans la galaxie, et Manpower qui avec l’alliance mesane trame dans l’ombre depuis des décennies. C’est ce dernier ennemi qui tire toutes les ficelles. Ce tome nous révèle enfin quels sont les vrais projets de Manpower. La destruction technologique et financière de Manticore n’est que le début d’un plan beaucoup plus machiavélique, qui voit Havre comme seconde cible à abattre. Mais le vrai but, c’est de renverser la ligue solarienne et d’en prendre totalement le contrôle. Mais pour arriver à cela, il faut créer de nouveaux vaisseaux furtifs et déployer un arsenal qui ne peut être détecté, même par les Manticoriens. On le voit, l’intrigue qui s’amenuisait au fil des tomes commence par s’épaissir à nouveau.

Manticore va être la victime du projet « baie des huitres » organisé par Manpower. Ce sera la plus sévère défaite technologique et humaine que connaitra la galaxie. Ce n’est pas à proprement une défaite puisqu’il n’y a pas eu de bataille. Tout au plus un piège, un traquenard, une mission élaborée très longtemps à l’avance, avec un groupe de vaisseaux furtifs et de missiles du même genre qui frapperont au cœur du système de Manticore.

En mission n’est pas sans défauts. Le premier, c’est que les événements de la Pinède et Congo sont souvent relatés, mais que le lecteur que je suis n’a pas encore lu les livres qui relatent ces événements (et qui ne sont pas encore édités en français). Il faut donc se contenter des différentes conversations chez les Manticoriens et les amiraux solariens. De temps en temps, les agents secrets Zilwicki et Cachat font leur apparition et sont interrogés sur les événements de la Pinède, mais surtout sur les découvertes qu’ils ont faites concernant l’implication de Manpower et de Mesa dans tous les malheurs de l’empire manticorien.

Un autre défaut, c’est la répétition des débats qui tournent autour de l’avantage technologique de Manticore en ce qui concerne les missiles embarqués à bord des vaisseaux de guerre. On suit ses débats à tous les niveaux de commandement du côté solarien. En tant que lecteur, on suppose que David Weber les a écrits pour montrer l’arrogance et l’imbécilité de l’amirauté solarienne, ainsi que l’hypocrisie de leur gouvernement. Les Solariens ne veulent pas admettre la supériorité technologique de Manticore. Une flotte comprenant des vaisseaux du mur, c’est-à-dire des supercuirassés, battue par des croiseurs et croiseurs lourds, c’est impossible dans leurs petites têtes. Donc, on assiste à des réflexions et des débats qui montrent l’incompétence des Solariens. Cela fait par moment des longueurs dans le livre. Mais bon, on est habitué avec David Weber.

Est-ce un bon Honor Harrington ? Eh bien oui ! Pas le meilleur, mais plaisant à lire. Il termine sur un conflit tout proche entre Manticore et la ligue solarienne. Et les plans de Manpower commencent à se mettre en place depuis qu’ils sont parvenus à détruire tout le complexe industriel de Manticore. Intéressant. Reste que maintenant il faut attendre le prochain livre, en ce début 2012, qui concerne aussi un cycle parallèle.

Donc, En mission est un livre pour les habitués du cycle Honor Harrington. C’est bien la suite du tome 11 (ce qui est normal), mais c’est surtout la suite de L’ennemi dans l’ombre. En tout cas, L’Atalante a bien fait de mobiliser deux traducteurs pour l’ensemble de ce cycle. Florence Bury se chargeant directement d’Honor Harrington, tandis que Michel Pagel se charge de l’univers d’Honor Harrington, c’est-à-dire de tous les cycles parallèles. Fameux boulot de traduction, très bien réalisé par ce duo.

En dehors du fait qu’il y a toujours trop de personnages, et que David Weber répète un peu trop les mêmes questions dans des cercles différents, cela reste un Honor Harrington de bon niveau. Espérons que la suite ne se fera pas trop attendre.

Genkis fait un travail formidable en tant qu’illustrateur actuel. Ces couvertures sont de loin plus belles que celles d’origine.

En mission T. 1 & 2, David Weber, L’Atalante 2011, 815 pages, Traduit par Florence Bury, Couverture de Genkis.

L’ennemi dans l’ombre – David Weber

L’univers d’Honor Harrington continue de s’étoffer avec ce cycle parallèle qui s’inscrit parfaitement dans la trame dessinée par David Weber. Après L’ombre de Saganami qui nous avait fait découvrir l’amas de Talbot, voici L’ennemi dans l’ombre, sa suite qui ne manque pas d’intrigues et de suspens. Ce deuxième tome, toujours édité chez l’Atalante, est proposé en deux volumes. C’est épais, c’est dense, c’est parfois déroutant par le grand nombre de personnages rencontrés, mais cela reste excellent.

Au lieu de suivre le capitaine de vaisseau Aivar Terekhov, c’est cette fois-ci Michelle Henke, la meilleure amie d’Honor Harrington et cousine de la reine Élisabeth. Je rassure les lecteurs, Honor Harrington y apparait à plusieurs reprises, ainsi que Aivar Terekhov.

Ce deuxième double tome commence lors d’une bataille qui se trouve dans Plaie d’honneur, où Michelle Henke est capturée par les Havriens. Je dirai que les 100 premières pages couvrent Plaie d’honneur et Coute que coute, ce qui va permettre au lecteur de se retrouver dans la trame centrale d’Honor Harrington.

L’intrigue liée à Manpower prend une nouvelle dimension. Les Mesans continuent l’élaboration de leur plan machiavélique contre Manticore. Après avoir essuyé une lourde défaite dans le système de Monica, ils ont imaginé un nouveau piège qui va amener des escadres de la ligue solarienne dans l’amas de Talbot. Cela commence avec de petits incidents lors d’inspections de vaisseaux marchands dans le système de Nouvelle Toscane, puis ce sont des évènements plus graves, qui font perdre la vie à des dizaines de milliers de Toscans. C’est le déclencheur d’un conflit entre l’escadre de Byng, un amiral borné de la ligue solarienne, et les forces spatiales de Manticore représentées par Michelle Henke. L’histoire, bien que complexe est plus proche des premiers Honor Harrington, où les combats spatiaux se faisaient entre croiseurs et torpilleurs, et où les opposants avaient davantage des escadres ou des petites flottes. Le grade d’Honor Harrington ne lui permet plus d’agir où bon lui semble. Il a bien fallu trouver des remplaçants à Honor Harrington. Qui mieux que la meilleure amie pouvait jouer ce rôle. Dans le premier tome, c’était le capitaine Aivar Terekhov (devenu commodore après ses exploits)

David Weber a eu la très bonne idée de confronter Manticore à la ligue solarienne. C’est David contre Goliath. La différence quantitative ne permet pas au royaume de Manticore de combattre dans la même catégorie, mais l’avantage technologique certain de Manticore compense partiellement ce problème. Le royaume stellaire subit une situation qu’il n’a pas demandé. D’un côté, Havre l’ennemi depuis 20 ans qu’il faut mettre définitivement à genoux après la bataille de Manticore. De l’autre côté, Manpower qui tire les ficelles et manipule la Ligue solarienne pour affronter Manticore. Le royaume stellaire est tout simplement entre le fer et l’enclume, dans un inextricable réseau d’intrigues et d’intérêts divergents. C’est excellent. Une fois n’est pas coutume, le livre se termine sur un cliffhanger.

On peut reprocher que les Solariens sont stupides et imbus de leur supériorité numérique, pensant qu’ils possèdent aussi une avance technologique. Mais lorsque certains d’entre eux comprennent que c’est Manticore qui a l’armement le plus sophistiqué, bons nombres de rouages politiques et militaires font tout pour ignorer ces analyses techniques. On se retrouve donc avec des Solariens bornés, orgueilleux et incompétents, à la gâchette trop sensible. Cela donne une situation explosive à tout point de vue.

Les Mesans, et Manpower en particulier, utilisent tous les moyens à leur disposition pour empêcher que la paix ne règne entre Manticore et Havre (qui est déjà décrit dans le cycle principal). Ils ont l’art de ne pas se mouiller, et d’avoir des alliés qui vont faire les sales besognes à leur place. La présence de vaisseaux de la ligue solarienne dans l’amas de Talbot n’est pas fortuite. Manpower a des agents infiltrés dans tous les niveaux de pouvoir.

Le seul point négatif de ce livre c’est le nombre de personnages et certaines scènes qui ne sont pas indispensables. Mais cette critique peut s’appliquer aux livres précédents du cycle Honor Harrington. Donc, ce n’est plus vraiment un point négatif. Tout au plus une caractéristique du style de David Weber.

Par contre, je soulève une remarque concernant la traduction faite par Michel Pagel, excellente au demeurant, mais qui me déroute depuis le premier volume de cette série. Michel Pagel a décidé d’écrire en Manticore, en Havre, en Fuseau alors que Florence Bury qui traduit le cycle principal écrit : à Manticore, à Havre, etc. Sur le fond, Pagel à raison s’il compare des systèmes stellaires à des pays, et sa traduction vaut celle de Bury. Mais j’aurais trouvé normal que Pagel traduise de la même manière que Bury pour rester dans la continuité.

L’ennemi dans l’ombre s’adresse évidemment aux lecteurs qui ont d’abord lu L’ombre de Saganami. La lecture de la ligne principale n’est pas nécessaire, mais est souhaitée pour la bonne compréhension des différents fils de lhistoire. Autant j’avais aimé Coute que coute, autant j’ai aimé L’ennemi dans l’ombre. C’est du très bon David Weber. J’espère qu’il ne faudra pas attendre trop longtemps pour avoir la suite de ce cycle parallèle (qui n’est pas si parallèle que ça en fait).

À consommer sans modération par tout bon amateur de space opera.

L’ennemi dans l’ombre T.1 & 2,  L’Atalante, 2011, 954 page, traduit par Michel Pagel, Illustration de Genkis