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Les flammes de l’empire – John Scalzi

Deuxième tome du cycle sur l’interdépendance de John Scalzi. L’Atalante continue l’édition de cette trilogie. Le premier tome donnait l’impression d’être dans un vrai space opera pur et dur, avec des intrigues qui tournent autour de la disparition du Flux. Ce second tome revient sur les problèmes du Flux et accentue les intrigues de palais. L’attentat contre Griselda II, les éternelles rivalités entre Nohamapetan et Lagos, et une église de l’interdépendance aux abonnés absents forment la toile de fonds de ce tome 2.

Griselda, l’emperox toute récente manque de personnalité et doit fréquemment faire appel aux souvenirs des emperox précédents, qu’elle peut consulter sous la forme d’IA holographiques dénués d’émotions. Si l’idée de sauvegarder les souvenirs et la personnalité des anciens empereurs est originale, elle diminue d’autant la personnalité de Griselda qui doit toujours s’y référer.

Curieusement, les bons manquent de personnalité, alors que les mauvais en ont beaucoup trop. Une exception avec Kiva Lagos qui semble le lien entre les deux parties et tient un langage châtié entremêlé de fréquentes scènes de sexe.

Lorsque Griselda annonce ses (soi-disant) visions concernant le flux, c’est peu crédible pour son entourage, même si elles s’appuient sur des faits scientifiques fournis par Marce Claremont. Des flux vont disparaitre et de nouveaux vont s’ouvrir. Ces modifications perturberont l’empire et certains mondes vont se retrouver coupés des autres.

La mission d’exploration entreprise par Marce Claremont va apporter des informations importantes sur la coupure du flux avec la Terre. Cette découverte va être confirmée par un avatar qui n’est pas un ancien emperox, mais simplement une IA qui gère tous les souvenirs et données.

Les Nohamapetan intriguent en permanence pour placer un des leurs sur le trône impérial. Ils n’ont aucun scrupule à tuer tous ceux qui se dressent sur leur chemin. Mais à un moment, la gouaille de Lady Kiva, les visions et le discours de l’emperox pas convaincante, l’église de l’interdépendance qui fait de la figuration, c’est léger pour une histoire qui mérite mieux.

Ce deuxième tome va plaire à ceux qui ont lu le premier. J’ai moins aimé ce second tome que le premier. Je le conseille aux amateurs de John Scalzi. Mais je ne suis toujours pas tombé dans la marmite de cet auteur. Peut-être qu’un jour ce sera le cas.

Les flammes de l’empire, John Scalzi, L’Atalante, 2020, 282 pages, illustration :  Sparth

 

Cœur d’acier — H. Paul Honsinger

Premier tome d’une trilogie nommée « De haut bord », ce cycle de space opera écrit par H. Paul Honsinger et édité chez l’Atalante a attiré mon attention. En fait, j’ai d’abord attendu d’avoir les trois tomes avant de lire le premier. Sans doute parce que la quatrième de couverture faisait référence à des cycles comme Honor Harrington et La flotte perdue. N’est pas David Weber ou Jack Campbell qui veut. C’est le genre d’argument de la part de l’Atalante qui ne m’incite pas à donner la priorité à ce cycle de SF, même s’ils éditent ces deux cycles.

Cœur d’acier, c’est le premier tome d’un space opera qui se passe en 2315. La séquence d’ouverture donne le ton en présentant un abordage spatial. Le lecteur est directement mis dans le bain et se retrouve dans un space opera aux allures militaires.

On suit Max Robichaux qui vient d’être promu capitaine de corvette et reçoit le commandement d’un destroyer nommé Cumberland. C’est un vaisseau relativement récent, dont le commandant précédent était un vrai tyran. Robichaux hérite d’un vaisseau dont l’équipage est plus habitué à astiquer les cuivres qu’à combattre. Il découvre rapidement que l’équipage manque d’entrainement, que celui-ci doit faire ses preuves au combat. Robichaux doit donc motiver ses hommes pour qu’ils forment un bon équipage.

La mission du Cumberland c’est d’aller en territoire ennemi pour saboter et détruire le trafic spatial. En somme, jouer les pirates.

Pour éviter le combat, certains membres d’équipage préparent un sabotage. Le vaisseau a fui le combat à deux reprises. Une partie de l’équipage se drogue, car trop stressé. Ce qui entraine des réactions trop lentes lors de phases importantes. On assiste à une restauration du matériel, comme le retour de la machine à café dans le carré des officiers. C’est très important pour le moral !

Il y a des éléments qui m’ont profondément dérangé dans ce livre. Par exemple dans la guerre que l’Union de la Terre et des mondes colonisés mène contre les Krags, il y a eu dans le passé un virus qui a tué la majorité des femmes (mais pas toutes). Donc, les équipages sont uniquement constitués de personne du sexe masculin. Il y a des cadets à bord, âgés d’une dizaine d’années qui s’entrainent avec des couteaux. On a l’impression que ce livre est écrit pour une histoire qui se passe au XVIII ou XIVe siècle, à bord de grands navires à voile. Jack Aubrey a certainement influencé l’auteur, ce qui ne devait pas être le cas pour Horatio Hornblower. C’est trop facile d’éliminer la gent féminine, à croire que l’auteur est misogyne. Peut-être n’a-t-il jamais vu un épisode de Star Trek où l’équipage est constitué des deux sexes ?

La première rencontre avec un vaisseau extraterrestre fait comprendre que le Cumberland n’a rien de dangereux pour une race largement supérieure aux humains. C’est donc par le dialogue que Robichaux parvient à continuer sa mission. Un peu plus tard, son destroyer arraisonne un vaisseau qui a dans ses soutes une vingtaine de tonnes d’or. Oh miracle, on est riche ! Je pensais que dans l’avenir la technologie avait plus de valeur que des métaux.

Autre curiosité de ce space opera, c’est la modification de la silhouette du Cumberland avec des pièces contenues dans ses soutes. Alors que le destroyer navigue à une fraction de la vitesse de la lumière, l’équipage va lui ajouter des excroissances en métal et en bois.

D’abord la vitesse… Je peux imaginer que certains travaux sur la coque se faisaient sans arrêter le navire. Mais ici on ne navigue pas à quelques nœuds comme au XVIII ou XIV siècle, mais à des vitesses relativistes.

Ensuite… C’est un vrai magasin ce navire, le Brico du coin. On y trouve du bois, comme s’il y avait une forêt juste à côté. Ce qui m’incite à penser que ce livre a d’abord été écrit pour la marine à voile d’il y a deux ou trois siècles, et a été transformé en livre de science-fiction.

Un destroyer qui se paie le luxe de détruire un cuirassé ! Encore une absurdité qui était possible à l’époque de la marine à voile, où à bord d’un cotre les pirates pouvaient s’emparer d’un galion. Oui, mais à technologie égale, un destroyer ne détruira jamais un cuirassé, sauf dans le cycle Honor Harrington ! Oui, mais David Weber explique dans ses romans comment y arriver. Ici, c’est un peu simpliste.

Cela reste un livre qui se lit facilement, mais qui ne joue pas dans la même catégorie que Honor Harrington ou la flotte perdue. Trop d’invraisemblances dans ce premier tome. Je n’envisage pas de lire la suite. Peut-être, que d’autres lecteurs auront un avis différent du mien.

De haut bord : Cœurs d’acier, H. Paul Honsinger, L’Atalante, 460 pages, 2016, illustration Gene Mollica,

Coeurs d'acier - Paul Honsinger

Sans concession – David Weber

Le quatorzième dans le cycle Honor Harrington, « Sans concession » est fidèle aux tomes précédents. C’est-à-dire, mélange intrigues politiques et militaires, et contient un certain nombre de batailles spatiales. L’Atalante continue à publier ce cycle de space opera qui fait le bonheur des fans du genre.

Plusieurs mois se sont écoulés depuis l’attaque de Yawata où plusieurs millions de personnes ont péri dans le système de Manticore, et où une partie des infrastructures spatiales ont été détruites. Manticore se relève lentement avec l’aide de ses alliés Graysoniens, mais aussi Havriens devenus des alliés.

La Ligue solarienne met en œuvre son plan Boucanier qui consiste à détruire les infrastructures des systèmes qui veulent quitter la ligue, et qui ont des liens commerciaux avec Manticore, ou qui sont aux marches de la fédération. C’est de l’intimidation qui consiste à réduire les échanges commerciaux que Manticore pourrait avoir avec d’autres systèmes stellaires. Mais les mandarins solariens (le groupe de personnalités politiques et militaires qui tirent les ficelles) doivent éviter que les allégations de Manticore concernant un ennemi qui agit dans l’ombre soient vraies. En élaborant « boucanier », ils espèrent intimider une bonne partie de la galaxie pour ne pas se soumettre à Manticore qui va de victoire en victoire.

Boucanier s’exécute dans plusieurs systèmes solaires, dans lesquels parfois il existe une force manticorienne. Les forces en présence sont disproportionnées en nombre de vaisseaux. Il ne fait aucun doute que la Ligue solarienne peut aligner des flottes entières face à de simples escadres manticoriennes. Mais la technologie est à l’avantage de Manticore. Comme d’habitude, les Solariens sous-estiment l’intelligence des Manticoriens. À plusieurs reprises, ils vont subir des échecs cuisants. Mais Manticore et ses alliés ne peuvent être partout à la fois. Et la ligue solarienne le sait très bien et exécute Boucanier chaque fois que c’est possible.

On a donc droit a de grandes batailles de vaisseaux, où David se bat contre Goliath. Parfois, les Manticoriens se sacrifient pour sauver des millions de personnes appartenant à d’autres systèmes stellaires, parfois la Ligue solarienne n’a aucune difficulté à appliquer son plan Boucanier. C’est une course contre la montre pour la ligue qui a des vaisseaux, mais pas les moyens financiers pour moderniser son armement. C’est aussi une course contre la montre pour Manticore qui doit retrouver son niveau de production d’avant l’attaque de Yawata.

J’ouvre une parenthèse ici, en faisant remarquer que les Solariens passent vraiment pour des imbéciles, trop imbus de leur personne, toujours en train de déformer les faits dans les médias, et surtout d’une mauvaise foi exemplaire. Tous les systèmes stellaires qui veulent l’indépendance sont considérés comme des traitres, tandis que les Manticoriens et leurs alliés sont des néo-barbares. C’est lourd de le lire au fil des pages.

Honor Harrington n’interviendra dans cette histoire que dans le deuxième volume. Dans le premier, elle se consacre plutôt à des mondanités. Mais dès qu’elle sera exaspérée par une attaque de la Ligue solarienne, et une seconde attaque sournoise initiée par l’alignement Mesan, elle va enfin utiliser la grande flotte et mettre fin à la menace de la ligue. Désolé de révéler l’info ici, mais ça se devine depuis longtemps, et en tant que lecteur on ne pouvait pas attendre indéfiniment ce moment. Sans concession, donne bien son titre à ce tome. Honor Harrington siffle la fin de la récréation et met fin à la partie. Et dans ce bras de fer direct avec la grande alliance, la ligue ne fait pas le poids.

Est-ce la fin du cycle ? Pas vraiment. Les grandes batailles ne sont plus à l’ordre du jour puisque la ligue solarienne a été défaite par Honor Harrington. La Terre et le système solaire sont relégués à un rôle de système stellaire qui a perdu la majorité de ses infrastructures militaires. Mais l’alignement Mesan n’a pas été vaincu et reste tapi quelque part dans la galaxie. C’est la chasse au lapin, comme le dit Honor Harrington. Reste à trouver le terrier. Est-ce que David Weber va l’écrire ? Probablement, mais cela n’inclut pas nécessairement Honor Harrington. Comme elle deviendra le premier Lord de l’empire de Manticore, elle n’a plus à commander un vaisseau ou une flotte. Elle devra dorénavant déléguer ses pouvoirs à des officiers de confiance et donner les ordres depuis un quartier général.

J’aurais donc tendance à dire qu’un tome 15 devrait voir le jour pour résoudre le problème de l’alignement Mesan. Ce sera probablement beaucoup de discussions et peu de batailles, voire pas de bataille du tout. Alors là le cycle serait vraiment terminé.

Quand on observe cette fin provisoire, on constate que le reste de la galaxie est loin d’être apaisé. Plusieurs systèmes stellaires veulent quitter la ligue solarienne, et cela ne se fera pas nécessairement dans le calme. Des dirigeants locaux vont probablement prendre le contrôle de leur système stellaire en utilisant la manière forte. Donc, il y aura des soulèvements qui mèneront à l’indépendance, mais tous ne prendront pas les armes. Reste à voir si ce seront des démocraties ou des dictatures. Est-ce que Manticore, Havre et Grayson vont jouer les gendarmes de la galaxie ? Cela se pourrait bien. Mais si David Weber décide d’écrire d’autres histoires dans l’univers de Honor Harrington, celles-ci n’auront jamais l’ampleur de celle qui vient de se terminer.

Je rappelle qu’on attend toujours la suite de « La maison d’acier » qui se passe avant Honor Harrington, et qui doit faire deux tomes de plus. Si David Weber pouvait s’y atteler, ce serait bien…

J’ai bien aimé ce quatorzième opus, mais en le lisant parfois de travers, comme je l’ai fait pour les tomes précédents. Les histoires de chats sylvestres ne font pas avancer l’histoire, tout comme les réunions des Mandarins (solariens). Ces chapitres peuvent donc être lus en diagonale pour accélérer la lecture. Il faut juste de temps en temps retenir l’un ou l’autre mot qui a une incidence sur le reste de l’histoire ! Ce roman aurait pu faire 600 ou 700 pages plutôt que 1104 pages !

Ce tome 14 ne manque pas de batailles spatiales. Mais au-delà de celles-ci, on remarque que Manticore et ses alliés ne cherchent pas à les provoquer, au contraire. C’est toujours la ligue solarienne qui la déclenche, et c’est toujours l’alignement Mesan qui pratique des génocides comprenant plusieurs millions de personnes. Le coupable idéal, c’est Manticore, c’est ce que la ligue veut faire croire pendant qu’elle le peut encore. Mais les médias ne sont pas dupes et comprennent que Manticore est le bouc émissaire d’un ennemi qui se cache.

Restent les batailles spatiales qui sont le cœur de tout livre du cycle, et qui nécessitent d’avoir une bonne calculatrice sous la main, ou une feuille Excel. David Weber prend un malin plaisir à détailler chaque bataille, mais ici ce ne sont pas quelques missiles qui sont largués, mais des centaines de milliers. Par moment, en tant que lecteur, on a envie de connaitre le résultat d’une bataille, et pas nécessairement tout son développement.

Dans la lignée des derniers tomes, « Sans concession » plaira aux fans du cycle. Ils devront lire les 1104 pages que contiennent les deux tomes. Ceci n’est pas vraiment une fin. David Weber l’explique mieux que moi à la fin du deuxième tome.

Sans concession, David Weber, L’atalante, 2020, 569 + 535 pages, illustration de Genkis

David Weber - Sans concession

Plaies d’honneur – David Weber


Trop long, trop de personnages et trop lent. Voilà ce que je reprocherai à ce dixième opus de Honor Harrington. Bien que j’adore ce cycle, je dois constater que David Weber n’a pas pensé à ses lecteurs en écrivant ce livre. Il aurait pu faire 300 pages de moins sans nuire à l’histoire. Non, malheureusement il faut lire plus de 1200 pages pour se rendre compte que c’est reparti pour un tour.

Depuis l’attentat contre le précédent gouvernement Manticorien, cinq ans se sont écoulés et le nouveau gouvernement de Haute-Crète n’a pas cru bon de maintenir les investissements militaires, tout comme il n’a pas signé de traité de paix avec Havre, et par la même occasion il n’a pas restitué les systèmes stellaires conquis. La FRM (flotte royale manticorienne) ne peut pas protéger convenablement tous les systèmes conquis depuis la dernière guerre. Mais pendant ces cinq années de trêve, la république a reconstruit sa flotte.

Honor Harrington et Havre-Blanc sont dans l’opposition et constituent la vraie opposition contre le gouvernement de Haute-Crète. Mais Honor Harrington est envoyée en Silésie pour prendre le commandement de la base de Sidemore. Elle est aux commandes d’une flotte de vaisseaux qui ne sont pas de dernière génération. Heureusement une flotte Graysonienne constituée de bâtiments modernes accompagne sa flotte Manticorienne. On assiste à des échanges diplomatiques entre le gouvernement Manticorien qui est incompétent et le gouvernement Havrien qui veut la paix, mais prépare la guerre si le traité de paix n’est pas signé rapidement. Un vrai paradoxe.

Seul le Protecteur Benjamin Maihew semble rester lucide. Tandis que les relations entre Manticore et Grayson semblent se détériorer à cause de l’incompétence du gouvernement Haute-Crète, Maihew n’a pas hésité à renforcer la flotte de son meilleur officier et à renforcer le détachement Manticorien qui protège le trou de ver de l’étoile de Trévor.

Ce livre est moins guerrier que les précédents. David Weber s’est focalisé sur les différents protagonistes (en trop grand nombre) et nous fait suivre toutes leurs élucubrations et tergiversations jusqu’au point de non-retour. On peut pratiquement dire qu’il ne se passe rien dans le premier des deux tomes, et que l’histoire ne démarre qu’après 200 pages dans le second tome. C’est beaucoup de temps perdu pour le lecteur. Les scènes de bataille sont bien présentes, mais elles sont coupées, comme si David Weber n’avait plus envie de nous les raconter jusqu’à leur dénouement. Souvent c’est au chapitre suivant qu’on apprend que la bataille a été gagnée par un des adversaires.

Après lecture de ce tome 10 beaucoup trop gros, on comprend que Manticore se retrouve à la case départ et que David Weber a placé ses personnages dans une situation qui permettrait d’écrire encore plusieurs livres.

À lire absolument pour les inconditionnels d’Honor Harrington (dont je suis), mais ce n’est pas le meilleur livre du cycle. Tout au plus le plus épais. C’est plus un vrai exercice d’endurance qui met à rude épreuve la patience du lecteur. Je me demande parfois si ce livre n’a pas été écrit tout simplement pour vérifier la fidélité des fans de la série. Oui, je sais, j’en fais partie !

Plaies d’honneur T.1 & 2, David Weber, L’Atalante poche, 2019, 1258 pages, couverture de Genkis

Plaies d'honneur - David Weber

L’effondrement de l’empire – John Scalzi

L’effondrement de l’empire de John Scalzi ne laisse planer aucun doute, c’est du space opera, mais pas militaire. Le premier chapitre qui se focalise sur une mutinerie d’un vaisseau pourrait laisser croire que tout le livre ne sera que batailles. Eh bien non ! C’est beaucoup plus subtil que ça en a l’air et c’est très bien amené au lecteur. Le premier chapitre donne simplement le ton et le rythme.

L’interdépendance représente un empire d’un peu moins d’une cinquantaine de systèmes stellaires qui s’est constitué au fil des siècles. Chacun des systèmes est relié au flux, sorte de courant hyperspatial (ou de couloir) emprunté par les vaisseaux pour se déplacer plus vite que la lumière. Ce flux varie, se déplace au fil du temps. À un moment donné, une colonie peut être connectée à l’interdépendance, et à un autre moment se retrouve isolée, car le flux s’est déplacé. Jusqu’à présent, le flux était relativement stable, mais voilà qu’il change, provoquant des effondrements dans certaines parties de l’interdépendance. L’humanité n’a pas rencontré sur son passage de race extraterrestre, elle a donc essaimé au fil du temps. La plupart des colonies se sont construites en orbite autour de planète. Elles accueillent des millions de personnes. Seule la colonie « du bout » se trouve sur une vraie planète. Cet empire était jadis connecté à la planète mère la Terre. Mais les changements du flux ont fait que la liaison avec la planète a disparu. Les grandes familles marchandes ont donc instauré un système de castes dirigées par un empereur (appelé emperox).

Au moment où commence le roman, l’emperox Batrin est sur le point de décéder et c’est sa fille Cardenia qui doit reprendre le flambeau. À la suite du décès accidentel de son frère ainé, elle est obligée de prendre le pouvoir. Elle n’a pas demandé à être emperox, mais les circonstances ne lui laissent pas le choix. Heureusement, elle a la tête sur les épaules. Après deux tentatives de meurtre sur sa personne, et après avoir appris que l’effondrement du flux risquait de changer les rapports de forces au sein de l’empire, elle tente de limiter les dégâts de la crise qui se profile.

Le Bout est aussi le théâtre d’enjeu lié à la modification du flux. Un ami de l’emperox, le comte de Claremont aussi scientifique a fait une étude sur le flux. Il envoie son fils Marce remettre le dossier à l’emperox Dossier qui intéresse la maison Nohamapetan qui fait tout pour que ce dossier n’arrive pas.

Pour ne rien gâcher, lady Kiva Agos, plus intéressée par les affaires commerciales de sa famille, se retrouve également mêlée aux événements du bout. C’est son vaisseau qui doit ramener le fils du scientifique auprès de l’emperox. Elle connait très bien les Nohamapetan et la rivalité qui existe avec sa propre famille. Derrière un langage châtié et une férocité en affaire, elle se débrouille pour récupérer l’argent que lui a fait perdre les événements et les intrigues du bout.

Sur la colonie du Bout, une révolution prend cours, alimentée en secret par les Nohamapetan. Tout est une question d’argent et de pouvoir pour destituer ou tuer le duc qui y règne. Le frère et la sœur qui sont plus proches de l’emperox cherchent à lier leur famille grâce à un mariage impérial. Mais ça ne se fait pas aussi simplement que cela, surtout si l’emperox n’éprouve aucun sentiment pour le frère ainé. La sœur devine que le bout deviendra une colonie stratégique pour l’empire et tient à disposer ses pions sur l’échiquier politique avant que l’effondrement du flux se produise. C’est certainement la personne la plus dangereuse de ce roman. Mais quel délice pour le lecteur qui découvre des personnages vraiment mauvais, auquel on a envie de botter le cul.

Un premier tome bien construit, pas trop épais qui ravira les lecteurs, car le rythme est soutenu, le tempo est rapide, les personnages bien dessinés, et une histoire facile à suivre. En un mot, excellent !

Reste plus qu’à attendre la suit, car j’ai adoré !

L’effondrement de l’empire, John Scalzi, l’Atalante, 2019, 335 pages, illustration de Sparth

Ascendant – Jack Campbell

Trois ans se sont écoulés depuis les derniers événements de « Avant-garde ». Rob Geary est toujours à Glenlyon, mais il ne commande plus un vaisseau spatial. Il doit gérer la station spatiale qui orbite autour de la planète principale. Le gouvernement a préféré laisser les forces armées dans les mains de terriens, plus aguerries pour gérer la situation. Mais la destruction d’un transport par les forces de Scatha va tout remettre en question.

C’est un homme capable de prendre des initiatives, quelqu’un qui a déjà connu le feu et qui est capable de former et commander des hommes et des femmes qui défendront Glenlyon. Ça ne semble pas être le cas des terriens qui ont pris la relève.

Pendant ces trois années passées, Rob Geary a eu plus de temps à consacrer à sa femme « Ninja » et à son enfant. Mele Darcy, qui est toujours une amie fidèle, fait aussi partie de sa famille.

Quand on demande à Rob Geary de reprendre du service actif en commandant le destroyer Sabre, il sait que si on fait appel à lui c’est pour protéger Glenlyon et venger la destruction du transporteur. La tâche ne sera pas facile et Rob Geary compte bien sur Mele Darcy pour l’épauler. Elle a pour rôle de former de nouveaux fusiliers qui embarqueront sur le Sabre.

Glenlyon doit aussi se trouver des alliés dans cette région dangereuse de la galaxie. Scatha leur ennemi de toujours s’est allié à deux autres systèmes stellaires et a toujours comme objectif de s’emparer de Glenlyon. Il est nécessaire de renforcer les défenses du système et en parallèle d’envoyer des émissaires vers les systèmes les plus proches.

Lors d’un déplacement du Sabre, Rob Geary à une intuition. Plutôt que de retourner vers Glenlyon, il décide d’envoyer le Sabre dans le système de Kozatka. Ce n’est pas clairement les ordres qu’il a reçus du gouvernement. Mais aider Kozatka permettrait de se faire un allié de plus.

Ce tome 2 est calqué sur le même schéma que le premier tome. C’est-à-dire sur une situation de crise, d’un combat spatial et d’un combat au sol en parallèle, avec l’incertitude de la victoire des deux côtés. Des pertes sont à déplorer, mais les choix de Rob Geary et de Mele Darcy sont finalement les bons. Curieusement, comme gratification Rob Geary se voit écarté du commandement d’un vaisseau dans les deux livres. Il est remercié pour ce qu’il a accompli, car les politiques n’apprécient pas trop ses initiatives qui sont pourtant les bonnes.

Les personnages principaux sont de plus en plus attachants au fil du temps, mais il manque encore quelque chose pour qu’ils aient suffisamment de charisme pour convaincre l’ensemble de la classe politique de Glenlyon. Je pense que Jack Campbell tient à ce que ses personnages doutent toujours de leur avenir, car ralentis dans leur progression par des esprits obtus.

Le cycle de la flotte perdue de Jack Campbell n’atteint pas en intensité celui d’Honor Harrington de David Weber, mais il se démarque par une histoire plus fluide, sans lourdeur, sans description trop technique. Cela donne des romans qui contiennent deux fois moins de pages.

Au final un bon deuxième tome. Mais espérons que le troisième ne soit pas sur le même canevas, car le lecteur aurait l’impression de relire la même chose. J’ai bien aimé ce second tome, mais il m’a moins surpris que le premier. Reste que j’attends le troisième avec impatience.

Peut-être que plus d’intrigues politiques viendraient casser cette image de space opera militaire, ce qui ne serait pas pour déplaire. Mais qui nécessiterait de s’intéresser à d’autres personnages capables de favoriser ou de faire échouer les plans des différents systèmes stellaires.

C’est un space opera de bonne facture chez L’Atalante, en attendant la sortie du prochain Honor Harrington.

Ascendant, Jack Campbell, L’Atalante, 396 pages, 2018, illustration de David Demaret

Ascendant - Jack Campbell

Les cendres de la victoire – David Weber

Sorti en deux tomes chez L’Atalante poche, cette aventure d’Honor Harrington fait 900 pages. Il s’agit du neuvième livre du cycle écrit par David Weber. Le livre précédent La disparue de l’enfer nous avait appris que Honor Harrington s’était évadée de la planète prison située dans le système Cerbère, au cœur de la république de Havre. Elle s’est échappée, emmenant avec elle plus de quatre cents mille personnes.

Comme elle avait été torturée par les Havriens, elle avait perdu l’usage d’une partie de son visage, d’un œil et d’un bras (qui était déjà des prothèses). On pourrait penser que le dernier livre parle de la longue convalescence de Honor Harrington. Mais le livre ne s’arrête pas là. Le royaume de Manticore comme la république populaire de Havre ont arrêté momentanément leur progression et fourbissent leurs armes en vue d’une prochaine offensive. On suit donc les préparatifs de guerre des deux côtés, tout comme les intrigues politiques qui risquent de déstabiliser les différents gouvernements.

Honor Harrington est devenue duchesse de Manticore, et a enfin le grade d’amiral manticorien qu’elle avait déjà dans la flotte graysonienne. Elle dirige l’école militaire de Saganami et donne des conférences sur la tactique et la stratégie.

David Weber ne pouvait pas se contenter de rester focaliser sur son héroïne. Il nous montre les préparatifs de guerre, puis nous emmène dans de nouvelles batailles, qui cette fois-ci représentent un tournant important dans le conflit entre l’alliance manticorienne et la république populaire de Havre. Il ajoute a cela une intrigue secondaire où Honor Harrington doit agir très rapidement, sans quoi l’alliance manticorienne pourrait très bien se trouver décapitée pour de bon.

Un bon livre dans son ensemble, avec certaine longueur qui deviennent  fréquente chez David Weber. Un chapitre entier sur la manière d’apprendre le  langage des signes à Nimitz, le chat de Honor Harrington, c’est le genre de digression auquel on doit toujours s’attendre en lisant ce cycle. Par contre le chapitre 23 qui parle de tactique et stratégie est parfaitement valable pour toutes les armées du monde à notre époque.

Un livre qui s’achève sur un cliffhanger qui donne envie de lire sa suite : Plaies d’honneur. Un livre pour les habitués du cycle, qui ne peut pas se lire sans avoir lu les tomes précédents.

Les cendres de la victoire T.1 & T.2, David Weber, L’Atalante poche, 2019, 900 pages

les cendres de la victoire

Conquêtes : Islandia

Avec Islandia, Jean-Luc Istin, Zivorad Radivojevic, Eber Evangelista nous proposent une bande dessinée de science-fiction qui oscille entre space opera et planet opera.

En voyant cette BD sur les présentoirs d’une grande librairie, j’avais envie de découvrir cette nouveauté. Islandia est le premier tome du cycle « Conquêtes », cycle de 5 histoires qui représentent chacune une des colonies qui a quitté la Terre. On aura donc : Islandia, Deluvenn, Decornum, Uranie et Adonaï. Ce seront d’autres scénariste et dessinateurs qui réaliseront les autres tomes.

La couverture laisse deviner qu’on a dans les mains un space opera militaire. C’est bien le cas, mais l’exploration y a toute sa place. Les premières planches sont un clin d’œil à 2001 l’odyssée de l’espace avec son monolithe noir. Mais ça ne va pas plus loin. Je pensais lire un clone d’avatar, mais ce n’était pas le cas.

En termes d’exploration spatiale, ma référence BD est plutôt Leo avec ses cycles Aldebaran, Betelgeuse ou Antares, qui donnent une grande part à l’exploration et la découverte d’autres civilisations. J’avais été déçu par la lecture de « Colonisation » de Filippi et Cucca, où je trouvais que le scénario était faible et ne donnait pas envie de lire la suite. Heureusement, avec Islandia Jean-Luc Istin propose un scénario intéressant à plus d’un titre. D’abord ses personnages sont bien campés, surtout Kirsten Konig qui est l’héroïne de cette histoire de science-fiction. Ensuite l’intrigue sur les mystérieuses explosions est bien amenée.

C’est très bien dessiné. La qualité du dessin de Zivorad Radivojevic m’incite à lire ses autres bandes dessinées. Reste que les détails, les expressions des personnages, les paysages et lieux sont originaux et collent parfaitement à la science-fiction actuelle. Sans oublier la colorisation faite par Eber Evangelista qui dramatise chaque scène et apporte une palette de couleurs qui détermine l’ambiance générale. BD vraiment excellente sur le plan artistique.

Je me pose la question de savoir si Kirsten Konig n’aurait pas dû avoir un grade plus élevé dans cette histoire. Un lieutenant qui s’adresse directement à un amiral et qui dirige une mission d’exploration ou un assaut contre des extraterrestres, c’est plutôt du ressort d’un capitaine ou d’un major, et les responsabilités sont plutôt celles d’un colonel. Un autre détail qui m’avait intrigué, une fois la BD lue entièrement, c’était le fait que les 50 cobayes auraient pu exploser dès leur sortie du cryo-sommeil. Curieusement, ce n’est pas le cas.

Reste une histoire dans laquelle on suit une des cinq flottes d’exploration qui ont quitté la Terre pour coloniser d’autres mondes. Islandia semble être un monde viable pour l’humanité, avec comme principal inconvénient d’être plutôt froide. Mais ce climat polaire n’empêchera pas la colonisation et la découverte d’autochtones de formes humanoïdes. Il y a tellement d’intérêts en jeu dans cette colonisation que certains n’ont pas hésité à faire sortir de leur cryo-sommeil une partie des futurs colons. L’empressement à s’établir sur Islandia est tel que le sort des autochtones n’a pas beaucoup d’importance pour une flotte de vaisseaux qui dispose de toute la technologie nécessaire pour rayer de la carte toute forme de vie extraterrestre. C’est là que le lieutenant Kirsten Konig est pris entre deux feux, et doit d’un côté établir le contact avec les autochtones et de l’autre éliminer la menace qu’ils représentent, suite à une explosion. Car les autochtones sont évidemment les premiers coupables pour un amiral sans scrupule. Si l’histoire parait simple à ce stade, elle l’est moins lorsqu’on découvre que les autochtones ont des pouvoirs, et que parmi les colons cinquante personnes ont subi une mutation génétique lorsqu’ils étaient encore en cryo-sommeil. Et une de ces personnes n’est autre que le lieutenant Kirsten Konig.

Et là, le scénariste s’en donne à cœur joie en distillant les informations au lecteur, et fait alterner les scènes entre la planète et la colonie de vaisseaux. C’est une vraie intrigue policière qui s’ensuit et une course poursuite qui a pour enjeu l’extinction des autochtones.

Je n’ai vraiment aucune critique à formuler, si ce n’est que j’aurais aimé des vignettes plus grandes sur certaines pages. Mais alors la BD aurait fait 90 ou 100 planches au lieu de 76 déjà proposées. C’est déjà très gentil de la part des auteurs d’être sorti des 48 pages habituelles.

Ce premier tome est réussi et j’attends avec curiosité les autres tomes de ce cycle, en espérant qu’ils ne sont pas trop militaires, mais plus tourner vers l’exploration et la découverte. Reste une BD qui m’a beaucoup plu. J’espère que les autres scénaristes et dessinateurs de ce cycle feront aussi bien. On mélange BD et science-fiction, avec un scénario bien ficelé et un excellent dessin.

Donc, à conseiller évidemment.

Conquêtes : Islandia, Jean-Luc Istin, Zivorad Radivojevic, Eber Evangelista, Soleil, 2018, 76 pages

Islandia

L’ombre de la victoire – David Weber

Avec L’ombre de la victoire en deux tomes, l’univers d’Honor Harrington de David Weber continue à se développer avec ce cycle annexe qui fait parfois intervenir les personnages principaux, mais qui se concentre sur les événements qui sont parallèles au cycle principal.

Honor Harrington n’apparait pas dans ce livre qui se passe principalement dans l’amas de Talbot. Mais les événements qui y sont relatés ne sont pas inconnus aux lecteurs du cycle. En fait, on revit les mêmes moments que les autres cycles, mais étalés dans le temps, et depuis une région de la galaxie où les intrigues contre Manticore se trament. Donc, le lecteur ne doit pas être étonné de cette répétition. L’intérêt de ce livre est d’expliquer comment certaines situations critiques en sont arrivées là.

Cela dit, on constate que toutes les intrigues convergent autour de l’amas de Talbot et que les différents protagonistes (Manticore, Havre, la ligue solarienne, la flotte des frontières, Mesa, et la myriade d’agents secrets et comploteurs qui sont autour) risquent fort de s’affronter sur plusieurs champs de batailles dans la même région de la galaxie. On pense évidemment à l’opération Janus, puis baie des huitres menées par Mesa contre Manticore. Mais aussi aux interventions de la ligue solarienne qui se croit tellement supérieure au reste de la galaxie, qu’elle en a oublié que sa technologie est complètement obsolète face à celle de Manticore ou de Havre.

L’alignement mesan fait tout son possible pour faire en sorte que les Manticoriens passent pour des mauvais au sein de la galaxie. Ils organisent des attentats sur plusieurs mondes, jusqu’à utiliser l’arme atomique contre leur propre peuple. Ils font croire que les Manticoriens vont aider tous les peuples qui se révoltent contre la ligne solarienne. La ligue de son côté voit son commerce subir le contrecoup de la guerre économique et militaire menée par Manticore.

On revit la destruction de la base Héphaïstos dans le système de Manticore, la destruction du croiseur Hexapuma et de tout son équipage à l’exception du capitaine Aivars Terekhov. Le vaisseau avait vaillamment combattu et vaincu un ennemi supérieur dans l’amas de Talbot, au point d’en devenir emblématique.

On survole les victoires de Michelle Henke l’amiral du Pic d’or contre les flottes de la ligue solarienne. Ce sont principalement des répétitions d’événements déjà lus dans d’autres livres du cycle, mais vus sous un autre angle. Et puis, Michelle Henke aider par l’amiral Tourville, ce n’est pas courant. Le final de ce livre est assez particulier, l’alignement mesan n’hésite pas à tuer une grande partie de « l’oignon » qui le compose pour cacher la vérité au reste du monde et peut-être renaitre de ses cendres.

Le dénouement s’approche, mais il faudra encore attendre quelques livres (un ou deux) pour enfin voir le bout de ce conflit commencé avec Havre, continué par Mesa et la ligue solarienne, où Havre s’allie à Manticore. C’est grand, c’est gigantesque, c’est presque impossible à résumer tellement il y a des personnages et des intrigues.

Ce livre a un défaut, c’est qu’il y a une pléthore de personnages qu’il est impossible de retenir. L’auteur se perd dans des détails qui ne font pas avancer l’histoire. En fait, David Weber se prend parfois pour Proust. Dans A la poursuite du temps perdu, des dizaines de personnages sont présentés par l’auteur et servent à renforcer l’histoire. Mais tout le monde n’est pas Proust, et David Weber nous noie sous des tonnes de détails inutiles et de personnages qui ne font que passer. La solution la plus simple c’est de lire en diagonale certains chapitres. Les fans d’Honor Harrington sont habitués à ce genre de longueur. Une astuce pour lire ce long roman de science-fiction consiste à s’intéresser principalement à Aivars Terekhov et sa femme, ainsi qu’à Michelle Henke.

Cela reste donc un très bon cycle pour le lecteur de science-fiction qui suit de près le cycle Honor Harrington. Mais il est temps que David Weber se décide à conclure le face à face entre Manticore, Mesa et la ligue solarienne. La fin est proche et ça se sent.

À lire, mais attention aux longueurs !

L’ombre de la victoire T.1 & 2, David Weber, L’Atalante, 2018, 1065 pages

L'ombre de la victoire T1-T2

Space O Matic – Manchu

Après Starship[s] et Science[Fiction], Delcourt nous propose Space O Matic, troisième livre consacré à l’œuvre de Manchu.

J’ai toujours considéré Manchu comme le plus grand illustrateur en matière d’imaginaire. Cela à commencer dans les années quatre-vingt avec l’encyclopédie galactique en deux volumes de François Nedelec. Comme j’ai toujours adoré la science-fiction depuis un demi-siècle, j’ai parfois été déçu de ne pas trouver davantage de couvertures de livres qui collent aux l’histoires. Mais voilà, Manchu est arrivé et cela a changé beaucoup de choses.

Cela m’a aussi donné l’envie de voir une de ses expos à Paris. Pour moi, il n’y a pas de meilleur illustrateur dans le domaine de la science-fiction. Suivre son œuvre n’est pas aisée car il y a tellement de livres consacrés à l’imaginaire ou tellement de bandes dessinées auxquels il a participé, que c’est difficile de recenser toute sa production.

En dehors du livre Manchu Sketchbook sorti en 2008, on peut avoir une vision de sa production à travers Starship[s] sorti en 2004 et introuvable, Science[Fiction] sorti en 2010, et Space O Matic sorti en 2017.

Quand on regarde la qualité des détails de chaque illustration, on se demande si elles sortent uniquement de l’esprit de Manchu, ou s’il a régulièrement trouvé le moyen de sillonné la galaxie et l’univers à la recherche de mondes étranges, d’artefacts mystérieux et de vaisseaux aux lignes épurées ou de taille démesurée. C’est tellement réaliste, que cela devient une référence graphique.

Pour prendre un exemple de présence de Manchu dans la science-fiction, je suis en train de lire Vestiges de Laurence Suhner. Que ce soit la couverture grand format ou celle du livre de poche, cette dernière est faite par Manchu, et pour les deux éditions ce sont bien deux illustrations différentes.

Pour un amateur de science-fiction, de fantasy ou de BD, Manchu est une vraie bénédiction. Ses illustrations représentent fidèlement ce que les auteurs ou lecteurs imaginent d’une scène d’un livre. Et si ce n’est pas le cas, elles aident le lecteur à mieux entrer dans le roman ou la BD, voire même à terminer la lecture d’un livre lorsque ce dernier à quelques faiblesses. C’est un peu comme si Manchu jouait le rôle de locomotive pour certains livres et bandes dessinées.

Certaines illustrations vont même donner envie aux lecteurs de lire ou relire des livres qu’on peut parfois considérer comme juvéniles. Je pense par exemple à la trilogie de l’espace d’Arthur C. Clarke, parue en 2001 chez Bragelonne, qui comprend Iles de l’espace, Les sables de Mars, Lumière cendrée. Cette mise à jour graphique apporte un plus à des livres qui ne manquent pas d’intérêt, mais qui ont parfois un peu été oubliés par de nouveaux lecteurs.

La première partie du livre est un florilège d’illustrations qui mêlent science-fiction, exploration spatiale, rencontres avec d’autres civilisations, mais aussi fantasy et aventures. La finesse des détails est saisissante, les couleurs sont chatoyantes et les décors laissent rêveurs. Une mission sur Mars devient soudain plus compréhensive pour le lecteur. Bon nombre de ces illustrations sont accompagnées de roughs (maquettes) qui montrent parfois la même scène sous des angles différents.

Ce sont des auteurs tels que Poul Anderson, Robert Silverberg, Laurent Genefort, Olivier Paquet, Laurence Suhner, Arthur C. Clarke, Iain M. Banks ou Isaac Asimov qui sont mis à l’honneur avec les couvertures de Manchu. On pourrait même dire que toutes ses illustrations pourraient donner naissances à de nouvelles histoires.

Une seconde partie du livre se focalise sur les participations de Manchu dans le domaine de la bande dessinée. Bon nombre de couvertures de BD lui sont imputables. C’est par exemple le cas pour les séries Hauteville House, Jour J, L’homme de l’année et Artica. J’ai moins été tenté par ces cycles BD. C’est probablement parce que j’espérais trouver la patte de Manchu chaque fois que je tournais une page.

Une dernière partie du livre est consacrée au steam punk et a une steam car en particulier, dont on peut admirer les croquis, mais aussi une maquette du véhicule dans un environnement victorien.

En attendant, je conseille cet Art book à tout amateur d’imaginaire qui a envie de retrouver une grande partie des illustrations les plus récentes de Manchu. Personnellement, je suis un inconditionnel de l’illustrateur, donc la présence de ce livre dans ma bibliothèque est une obligation que je m’impose. Il rejoint ses autres livres. J’espère qu’il y aura un quatrième, voire cinquième volume dans les années qui viennent. Je me dis qu’un jour la bannière de mon blog de science-fiction serait inspirée par Manchu.

Un livre à conseiller aux amateurs d’imaginaires, mais aussi à toute personne qui aime les arts books.

Space O Matic, Manchu, éditions Delcourt, 2017, 96 pages.

Manchu Space O Matic

L’empereur de l’espace – Edmond Hamilton

Voici la première aventure écrite en 1940 du cycle Capitaine Futur de Edmond Hamilton. C’est les éditions du Bélial qui nous font découvrir (ou redécouvrir pour ceux qui l’ont lu en anglais), les aventures du capitaine Futur. Un deuxième tome est sorti en même temps que L’empereur de l’espace, c’est A la rescousse. Pour ceux qui l’ignorent, le Capitaine Futur a été adapté en dessin animé en 1979 sous le nom de Capitaine Flam.

On doit cette nouvelle traduction à Pierre-Paul Durastanti, qui a l’habitude de nous proposer des classiques oubliés de la science-fiction (Les vandales du vide, Miro Hertzel, etc.) pour notre plus grand bonheur.

Edmond Hamilton est un pionnier du space opera et de l’aventure spatiale. On lui doit Les rois des étoiles, Les loups des étoiles, Hors de l’univers, Les voleurs d’étoiles, pour ne citer que quelques livres de l’auteur. C’est de la science-fiction épique dans laquelle l’action et l’aventure priment sur la véracité scientifique. Ce qui correspond à nos lectures de notre enfance ou adolescence. Le principal, c’était de lire un bon roman de science-fiction, et pas de savoir si Jupiter était une planète viable pour l’homme.

Ce premier tome des aventures du Capitaine Futur, alias Curt Newton, permet de découvrir les origines du personnage. On pourrait presque le comparer à Flash Gordon, mais en plus posé, plus intelligent, mieux entouré, dont la vocation est de protéger le système solaire.

On découvre que Roger Newton était un brillant biologiste qui travaillait avec Simon Wright. Les deux hommes travaillaient sur des intelligences artificielles et la possibilité d’en faire des créatures intelligentes et artificielles. Mais Wright était trop vieux et pour le garder en vie, Newton a dû transférer son cerveau dans une sorte de boite métallique transparente. Pour se soustraire aux menaces externes, Newton et sa femme, ainsi que Wright ont continué leurs expériences sur la Lune. D’abord ils ont créé Grag le robot, et ensuite Otho qui avait une apparence plus humaine, mais qui a la capacité de prendre d’autres apparences. Au même moment, l’épouse de Newton mettait au monde un petit garçon qui s’appelait Curt, et qui deviendrait plus tard le capitaine Futur. Lorsque Newton et sa femme furent tués, les deux robots s’occupèrent de l’enfant, assistés par Simon Wright. Ils lui apprirent tout ce qu’ils savaient et le formèrent dans plusieurs domaines. C’est là que Curt Newton deviendra petit à petit le capitaine Futur.

Lorsqu’il y a un nouveau danger dans le système solaire, le président de la Terre envoie un signal au capitaine Futur pour lui demander son aide. Vous ne trouvez pas que ça fait un peu bat-signal ? Sauf qu’ici le signal est envoyé vers la Lune. Et le Capitaine Futur sort de sa bat-cave… pardon de son labo lunaire, accompagné de Simon Wright, de Grag et Otho.

Suite à une épidémie inconnue qui fait régresser les humains au point de redevenir des animaux, le président découvre que c’est l’œuvre de l’empereur de l’espace. Un être dont personne ne sait rien, qui se cache derrière un déguisement sombre et qui a la capacité de se dématérialiser. Il n’a d’autre solution que de demander l’aide du capitaine Futur, qui va directement se mettre à la recherche de cet empereur de l’espace. Lui et son équipe vont aussi essayer de trouver un antidote à ce fléau qui se répand dans le système solaire. Voilà dans les grandes lignes le début de ce roman.

J’ai évité de faire le parallèle entre le livre et le dessin animé Capitaine Flam. L’empereur de l’espace correspond aux premiers épisodes et suit presque le livre. Grag est devenu Crag, Otho est devenu Mala, le vaisseau Comète est devenu le Starlabe. Le dessin animé situe l’histoire sur Mégara alors que dans le roman c’est sur Jupiter. Comme on fait abstraction des lieux et de la technologie, cela n’a pas une très grande importance.

En tant que lecteur, il faut juste se familiariser avec des termes qui ont parfois un charme désuet : voiture-fusée, avion-fusée, lunettes fluoroscopiques, rayon protonique, immatérialiseur, foudroyants.

Je ne sais pas si le Bélial envisage d’éditer l’ensemble des histoires liées au Capitaine Futur. Si c’est le cas, c’est une belle initiative que je suivrai de près, car à l’adolescence les livres de Edmond Hamilton m’ont marqué comme beaucoup de lecteurs de ma génération. Je pense qu’un format Omnibus qui reprend 5 ou 6 aventures serait préférable. Le cycle comprend 17 histoires précédemment sorties dans Captain Future Magazine, et 10 autres histoires dans Startling Stories. Il y a donc assez de matière pour en faire des omnibus, comme chez Haffner Press.

Ceci dit, c’est une belle initiative d’éditer enfin en français ce héros de science-fiction qui nous avait échappé dans la langue de Molière, si ce n’est sous forme de dessins animés. À notre époque, on peut cataloguer cette science-fiction dans la catégorie jeunesse. Mais au milieu du vingtième siècle, ces histoires faisaient le bonheur des lecteurs de pulps. Il faut donc lire avec un certain recul ce premier tome du capitaine Futur, se mettre dans la peau du lecteur de l’époque qui était plus émerveillé qu’aujourd’hui.

Et puis, n’oublions pas que Edmond Hamilton a contribué de manière significative à la science-fiction d’aujourd’hui. Star Wars en est un bon exemple. Il faut se souvenir que Leigh Brackett, l’épouse de Edmond Hamilton était aussi auteur de science-fiction et on lui doit le scénario de L’empire contre-attaque.

Donc, si l’envie vous vient de découvrir les auteurs de science-fiction qui sont à l’origine du genre, en voici un bon exemple. L’empereur de l’espace de Edmond Hamilton se laisse lire. Belle initiative du Bélial et de Pierre-Paul Durastanti en particulier.

L’empereur de l’espace, Edmond Hamilton, Le Bélial, 2017, 203 pages, traduit par Pierre-Paul Durastanti, illustration de Philippe Gady

L'empereur de l'espace - Edmond Hamilton

 

La maison d’acier – David Weber

Le cycle Honor Harrington écrit par David Weber s’est enrichi d’un guide de l’univers de la série et d’un court roman. J’avais précédemment eu la version anglaise de ce livre, pour pouvoir consulter les informations techniques et historiques de « l’Honorverse ». Mais je ne m’étais pas attelé à la lecture du roman qui précède ce guide. Erreur que je viens de corriger avec la version française publiée par l’Atalante.

Ce livre est uniquement fait pour les fans du cycle. C’est la référence pour toute personne qui veut connaitre les données techniques des vaisseaux, la personnalité des différents acteurs de ce cycle, la politique menée par les différentes puissances spatiales, les différentes technologies utilisées, etc. En somme, tout ce qui a pu être lu précédemment dans ce cycle est ici résumé et classé. Je ne vais donc pas m’appesantir sur ce qui est censé être connu par les fans du cycle.

La maison d’acier est un roman à ne pas négliger. Il précède le cycle Honor Harrington et se focalise sur le roi Roger Winton III, le père de la reine Elizabeth III. On suit l’héritier du trône depuis qu’il est lieutenant de vaisseau dans la flotte royale manticorienne, jusqu’à ce qu’il prenne la succession de sa mère pour devenir roi, puis jusqu’à son décès. L’histoire s’étale sur plusieurs décennies, pendant lesquels Roger assiste lentement à la montée en puissance de la République populaire de Havre, qui annexe petit à petit les systèmes stellaires voisins et devient une menace de plus en plus grande pour Manticore.

À travers des projets mis en place avec l’aide de sa mère, et de Jonas Hadcock (son meilleur ami et son futur beau-frère), Roger va participer à la création d’une force capable de rivaliser avec la RPH. Cela va prendre des décennies. D’abord en intégrant ArmNav et en travaillant avec Hadcock, ensuite en devenant souverain et en infléchissant la politique défensive de Manticore. C’est là que son vœu de créer une maison d’acier pour Manticore prend tout son sens. Roger devra composer avec les rivalités politiques au sein de son propre système solaire, mais aussi en créant des alliances avec les autres systèmes voisins.

En parallèle à ça, Angélique la sœur de Jonas Hadcock devient l’épouse de Roger et quelques années plus tard mettra au monde une petite fille qui deviendra la reine Elizabeth III. Tout semble se dérouler convenablement, jusqu’à ce qu’un accident mette un terme à l’existence de Roger. On découvrira qu’il ne s’agit pas d’un accident, mais d’un assassinat commandité par Havre.

Elizabeth arrivée à l’âge de régner prend la succession de son père, et ne dévoile pas directement que derrière ce meurtre se cache la République Populaire de Havre. Ce n’est qu’avec l’invasion de l’étoile de Trévor par la RPH, qu’Elizabeth a un prétexte pour entrer dans le conflit qui se dessinait depuis plusieurs décennies.

Pas de combats spatiaux dans ce roman, si ce n’est celui qui se passe à la fin de la guerre entre Havre et Manticore (dont à l’époque d’Honor Harrington) et qui est mené par l’amiral Havre-Blanc pour le compte de la reine Elizabeth.

Une préquelle indispensable au lecteur du cycle Honor Harrington, qui permet de comprendre comment Havre a lentement mais surement envahi d’autres systèmes stellaires et comment Manticore a préparé le choc inévitable avec Havre.

On s’attache au roi Roger dans ce roman, et quand on le perd on est heureux qu’Elizabeth prenne sa succession. Jonas Hadcock est certainement une des personnes les plus importantes sur l’évolution la FRM. On comprend mieux comment Gram a abouti à des développements technologiques importants qui feront basculer l’avantage en faveur de Manticore.

Pas d’Honor Harrington dans ce roman, car elle est l’aboutissement de ce qui va suivre. Par contre, quelle planification subtile écrite par David Weber ! On peut faire les mêmes reproches que les autres livres du cycle. C’est-à-dire des longueurs dans certains débats politiques ou stratégiques. Mais au final on se dit que cela renforce la cohérence du roman et de ses suites.

J’ai aimé ce livre autant que ses personnages, car j’avais envie de retrouver un univers qui m’était familier depuis plusieurs années. La partie guide de l’univers est plus à consulter plus qu’à lire. Celui qui aime ce cycle y trouvera son bonheur. À conseiller aux fans d’Honor Harrington.

La maison d’acier/Le guide de l’univers, David Weber, L’Atalante, 618 pages, 2013, illustrations de Thomas Marrone, Couverture de Genkis

La maison d'acier - David Weber

Universal War Two, tome 2 – Denis Bajram

Le tome 2 d’Universal War 2 sort en librairie. Ce second cycle est bien une suite de UW1, qui se passe dans le futur. Inutile de signaler que si vous n’avez pas lu le premier cycle, celui-ci vous paraitra par moment compliqué. Denis Bajram a mis plusieurs années avant de se décider à écrire et dessiner la suite de sa bande dessinée de science-fiction, mais cela valait la peine, car ce nouveau cycle est à la hauteur de nos espérances.

Il faut savoir que Universal War devrait comprendre trois cycles de six tomes, consacré à du pur space opera mâtiné de voyages dans le temps. Espérons que Bajram mènera à bien un projet d’une telle ampleur. Le premier cycle est déjà une BD culte, et ce deuxième cycle risque de le devenir également.

Je pensais chroniquer individuellement le tome 1 et le tome 2. Mais après réflexion, j’ai décidé de présenter mentionné le tome 1 dans cette chronique. Comme l’action est relativement lente et planifiée sur 6 tomes, il est difficile de parler d’un tome sana aborder le précédent.

Après la destruction de la Terre par les C.I.C dans le premier cycle, une nouvelle menace se présente dans le système solaire. Des triangles noirs font leur apparition et s’assemblent pour former une carapace autour d’un astre. C’est d’abord au tour du soleil de disparaitre définitivement. Son absence perturbe les planètes du système solaire, qui ne suivent plus une orbite stable. Elles deviennent des astres erratiques qui se dirigent vers l’extérieur du système. Les colonies humaines sont en danger, et espèrent trouver de l’aide chez les descendants de Kalish qui se trouvent dans le système de Canaan. Mais cette aide n’aura pas le temps d’arriver.

On suit l’histoire à travers une jeune héroïne, Théa, descendante de Kalish, un peu rebelle, qui a une vision différente de la situation. Elle veut aider les humains restés dans le système solaire, et pour y arriver elle tente de convaincre son oncle qui fait partie du conseil du Sanhédrin de Canaan. Malheureusement, elle n’y arrivera pas. La planète Mars va être détruite, ainsi que toute trace de civilisation dans le système.

De retour sur Canaan, elle va être obligée de faire une incursion dans le passé pour contacter Kalish et lui demander son aide. Lorsqu’elle revient à son époque avec lui, c’est pour constater que son propre monde est aussi attaqué par ce qui a détruit la Terre et le système solaire. Mais qui est derrière cette invasion ?

C’est du grand Bajram, en cinémascope et en technicolor. C’est une bande dessinée entièrement faite sur ordinateur, découpée comme un film de science-fiction, avec une mise en scène irréprochable. C’est grandiose.

Le seul reproche que je fais à cette bande dessinée, c’est qu’il faudra encore attendre quatre ans pour connaitre le dénouement de cette histoire, qui à mon avis est supérieure au premier cycle.

Universal War Two comprendra les six tomes suivants :

  • Le Temps du désert
  • La Terre promise
  • L’Exode
  • La Chute du temple
  • Les Prophètes
  • L’Inscription sur le mur

Une histoire excellente, avec des personnages bien campés, et un langage parfois châtié. Mais un drame humanitaire à l’échelle du cosmos. Reste plus qu’à savoir comment faire un bond dans le futur pour pouvoir acquérir les quatre volumes manquants de ce second cycle.

Vraiment une excellente bande dessinée de science-fiction.

Universal War Two, tome 2, Denis Bajram, 48 pages, Casterman, 2014

UW2-T2

L’ombre de la liberté – David Weber

Troisième tome du cycle Honor Harrington qui se passe dans l’amas de Talbot, L’ombre de la liberté fait suite à L’ombre de Saganami et L’ennemi dans l’ombre.

On est très loin de Manticore dans ce cycle, et pourtant ce qui s’y passe est directement lié aux événements tragiques qui ont lieu dans le système stellaire. C’est Michelle Henke, la meilleure amie d’Honor Harrington, cousine de la reine Elizabeth qui commande les forces manticoriennes dans cette partie de la galaxie.

On pourrait penser que ce troisième tome n’est qu’une suite de péripéties qui s’enchaine à celle des tomes précédents, et que la succession de confrontation qui se passe entre la Ligue Solarienne et l’empire stellaire de Manticore n’est qu’une répétition pour les lecteurs. Il n’en est rien !

On peut pratiquement dire que ce tome se découpe en trois actes différents. Le premier consiste à libérer des ressortissants manticoriens ainsi que leurs vaisseaux, retenus illégalement par des autorités un peu trop zélées qui veulent faire obstacle à la présence manticorienne dans l’amas de Talbot. Mais la technologie de l’empire stellaire est très supérieure à celle que la Sécurité des frontières et la Ligue Solarienne peuvent opposer. Rien ne résiste aux forces manticoriennes.

Le second acte montre qu’une résistance s’organise dans plusieurs systèmes de l’amas de Talbot et dans sa périphérie. Résistance qui serait secrètement soutenue par Manticore. En réalité, il n’en est rien. C’est l’alignement mesan qui fait croire que l’empire stellaire va aider les rebelles. Et lorsque Michelle Henke apprend la nouvelle, elle dépêche des forces pour aider les résistants. Situation qui risque de se reproduite dans d’autres systèmes stellaires de la région, et qui force les manticoriens à agir rapidement.

Le troisième acte consiste à passer à l’offensive, et de ne plus attendre que les Solariens montrent le bout du nez. Michelle Henke planifie la libération du système de Meyers, hors de l’amas de Talbot, dans lequel se trouvent des forces solariennes ainsi que des acteurs de hauts rangs qui ont donné des ordres pour envoyer les flottes de Byng et Crandhall contre celle de la comtesse du Pic d’or. Ici, on entre clairement dans une phase qui est plus proche de celle qu’on a rencontrée avec Honor Harrington, et qui consiste à prendre les devants avant que la ligue solarienne se mette en branle.

Dans un sens, un bon space opera, classique pour les habitués du cycle Honor Harrington. La bonne nouvelle dans ce roman, c’est qu’il tient en un livre, alors qu’on était habitué à en avoir deux pour chaque tome. David Weber aurait-il compris que simplifier ses histoires n’enlevaient rien à leur complexité. On dirait bien que oui, et c’est tant mieux pour le lecteur. Ceci dit, ce roman relate une succession d’événements bien distincts, qui amène à la conclusion que le face à face avec Mesa n’est pas très loin. Et que c’est Michelle Henke, seule, qui prendra cette décision. Mais ça, c’est pour le tome suivant de ce cycle tout aussi passionnant que celui d’Honor Harrington. Il a fallu un certain temps pour que le cycle des ombres/Talbot s’impose. Mais aujourd’hui, il ne fait plus aucun doute que les amateurs du cycle Honor Harrington sont obligés d’inclure dans leur lecture ce cycle qui est étroitement lié.

On a donc avec L’ombre de la liberté un livre uniquement réservé aux amateurs de l’univers d’Honor Harrington. Un livre qui n’apprend rien de neuf au lecteur, mais qui annonce une future confrontation entre Manticore et Mesa. À lire absolument, si comme moi vous êtes passionné par ce cycle.

L’ombre de la liberté, David Weber, L’Atalante, 2014, 542 pages, illustration de Genkis

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Le rêve de l’exilé – Alain le Bussy

Alain Le Bussy fait partie de ces auteurs belges qui m’ont échappés. Je l’ai rencontré une fois, lors d’un Trolls et Légendes à Mons. À l’époque, je me demandais ce qu’il pouvait bien écrire comme science-fiction. Puis, je me suis dit qu’il fallait absolument combler cette lacune. D’abord parce que c’est un compatriote, et que depuis un certain temps je fais découvrir des auteurs belges sur mon blog, tous domaines confondus. Ensuite parce que j’en ai tellement entendu parler autour de moi et surtout dans le fandom, qu’il m’était impossible de ne pas le lire.

J’ajouterai que ce premier tome de l’anthologie consacrée à Alain le Bussy est paru chez Rivière Blanche, et est dirigée par Marc Bailly. Donc, cette anthologie devenait incontournable pour moi, surtout si je ne voulais pas mourir idiot. C’est donc avec un regard neuf que j’ai abordé cet auteur très prolifique et très actif dans le domaine de l’imaginaire. Il a écrit une centaine de romans et deux fois plus de nouvelles.

En commençant la lecture de cette anthologie, je n’ai pas eu l’impression d’être confronté à des textes obsolètes. Les nouvelles qui la constituent sont toujours d’actualité, et le style de Le Bussy fait que ses textes restent intemporels.

La première de ces nouvelles donne le ton de l’anthologie. Dans Un don inné paru en 1966, qui est le premier texte d’Alain le Bussy, on aborde le space opera, et de manière plus classique, le planet opera. Ce qu’on découvre, c’est un extraterrestre naufragé sur Terre, qui doit attendre que le niveau technologique de la civilisation lui permette de réparer son vaisseau ou d’en reconstruire un , capable de le ramener chez lui. Mais après les siècles passés, l’extraterrestre doit bien s’intégrer au reste de l’humanité, et l’identité qu’il prend est révélée dans les dernières lignes de la nouvelle, et est assez amusante.

La cité des tours mélancoliques reprend le thème du voyageur solitaire qui explore d’autres mondes. Thème qu’on retrouve souvent dans les nouvelles d’Alain le Bussy. L’auteur est à l’aise avec les histoires de planet et space opera.

Le rêve de l’exilé, nouvelle qui donne son titre à cette anthologie, fait référence au dieu endormi, à l’extraterrestre qui un jour a atterri sur Terre pour ne plus repartir. On peut considérer que cette nouvelle est une variante de « Un don inné ».

Les autres nouvelles sont du même niveau, et se passent parfois à notre époque. Alain le Bussy, passant facilement de la science-fiction au fantastique.

On retrouve dans l’écriture d’Alain le Bussy, une forme toujours très épurée, très facile de ses histoires. L’auteur a le mérite d’avoir de très bonnes histoires, bien pensées, mais racontées simplement, avec l’envie pour le lecteur d’aller jusqu’au bout de celles-ci. Dans certaines des nouvelles, on dénote même une forme de poésie chez l’auteur.

Marc Bailly préface cette anthologie dont il a choisi les textes. Il précise que ce premier tome correspond à une période spécifique de l’écrivain qui va de 1966 à 1991. Deux autres anthologies devraient suivre. Dominique Warfa préface la première nouvelle de Alain le Bussy, tandis que George Bormand, Serena Gentihomme, Christian Martin et Jeremy Sauvage ajoutent un hommage en guise de postface. On le voit, l’auteur ne laisse pas indifférent. Au cours de ses cinquante années d’activités dans l’imaginaire, il a tissé un réseau impressionnant d’amis et de lecteurs.

Sur 350 pages, le lecteur trouvera déjà un excellent panel de la productivité en imaginaire d’Alain le Bussy. Ce premier tome devrait être suivi par deux autres, et réjouira les lecteurs qui ont aimé celui-ci, mais aussi ceux qui veulent découvrir en détail l’auteur. Une anthologie qui rend hommage à un excellent auteur de science-fiction d’origine belge.

Le rêve de l’exilé, Alain le Bussy, Anthologie dirigée par Marc Bailly, Rivière Blanche, 350 pages, illustration de Grillon

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Galactica (1978)

Battlestar Galactica, c’est dans une salle de cinéma que j’ai découvert ce film en 1978. Il utilisait un système Sensurround qui devait faire trembler les sièges des spectateurs. Je ne me souviens pas avoir ressenti de tremblement, mais seulement un effet sonore. Par contre, sur l’écran j’ai vu un film avec de bonnes idées à exploiter. L’histoire se défendait et les effets spéciaux étaient à la hauteur des moyens investis. Enfin presque… car les trajectoires des chasseurs étaient toujours les mêmes (merci John Dykstra), et les explosions se répétaient. Ce film qui était en fait le pilote d’une série, il annonçait le retour de la science-fiction sur le petit écran. Depuis Star Trek, il n’y avait plus grand-chose qui montrait des vaisseaux spatiaux. L’âge de cristal ou la planète des singes restaient sur Terre, Cosmos 1999 et UFO étaient les seules séries qui prenaient l’espace comme décor. Il faudra attendre le milieu des années 80 pour que Star Trek redémarre, et que V les visiteurs marquent leurs empreintes sur le petit écran, et on en était encore loin.

Glen A. Larson, le producteur de Galactica, avait mis les moyens pour cette série. Chaque épisode dépassait le million de dollars. C’était la première série de science-fiction à couter aussi cher. Les trois premiers épisodes correspondaient au film pilote sorti en salle sous le titre « Galactica, la bataille de l’espace ». En réalité, Galactica n’était rien d’autre qu’un téléfilm de science-fiction que les producteurs essayaient de faire passer pour un grand film. Malheureusement, la différence de qualité s’est rapidement remarquée, et ce film n’eut pas l’impact de Star Wars ni les recettes qui l’accompagnaient. Un deuxième téléfilm vit le jour : Les Cylons attaquent, qui lui aussi était la concaténation de plusieurs épisodes. Bonne ou mauvaise idée pour l’époque ? En tout cas, une tentative de faire passer des épisodes mis bout à bout pour des films. Les spectateurs ne furent pas dupes, et Galactica dût se contenter d’une série télé de deux saisons (1978-1979), qui comprend un total de 24 épisodes de 45 minutes. Après ces deux saisons, Glen A. Larson n’en resta pas là, il produisit la série Buck Rogers au 25ème siècle, série qui s’étala également sur deux saisons, et dont les deux premiers épisodes furent présentés comme un seul film dans nos salles obscures. Là aussi, les mêmes déboires furent au rendez-vous. Mais que raconte Galactica exactement ?

galactica 1

C’est bel et bien du space opera. Dans un secteur galactique très éloigné de la galaxie, douze colonies ont été fondées par la race humaine. Un jour, ces douze colonies sont attaquées par les Cylons, robots créés par une race de reptiles qui ont disparu. La totalité des colonies est détruite et une partie des survivants s’est réfugiée à bord de vaisseaux qui fuient les Cylons. Ces vaisseaux forment une flotte autour du Galactica, seul vaisseau de guerre qui a survécu à l’attaque des Cylons. La sécurité du convoi de fortune est donc assurée par ce seul Galactica commandé par l’amiral Adama, un homme prudent et intelligent. Il faut assurer le ravitaillement d’une flotte hétéroclite de 400 vaisseaux, il faut soigner et nourrir tous les réfugiés embarqués, et il faut surtout trouver du combustible pour le long voyage qui attend cette flotte hétéroclite. Avec l’aide des membres d’équipage du Galactica, Adama doit déjouer les plans des Cylons et éviter de les rencontrer sur le chemin qu’il fait prendre à la flotte. Une fois le traitre découvert (le comte Baltar), les fugitifs doivent se donner un objectif, une destination qui les mettrait à l’abri des Cylons. Adama propose de partir à la recherche de la treizième colonie qui serait sur une planète qui s’appelle la Terre.

En dehors de cette course poursuite entre humains et Cylons, on suit plusieurs personnages différents dont les vies se croisent. Cela va de fugitifs en passant par les enfants de l’amiral Adama, qui sont également militaires à bord du Galactica. On découvre ainsi le capitaine Apollo, fils ainé d’Adama qui est aussi le chef d’escadrille des chasseurs du Galactica. Il est secondé par Starbuck, un pilote très doué, qui a une propension au jeu et aux femmes. C’est le séducteur de service. Boomer, un troisième larron, les accompagnes. Athena, la fille de l’amiral, assure la surveillance et les communications à bord du vaisseau de guerre, et le colonel Tigh est le second de l’amiral qui veille au bon fonctionnement du Galactica. Une belle brochette de personnalités entourée par celle d’un enfant et d’une ancienne prostituée, un chien qui tient plus du jouet technologique, et quelques personnages qui passent comme des guest stars.

On retrouve un vieux Briscard comme Lorne Greene dans le rôle de l’amiral Adama. On l’avait précédemment vu dans la série Bonanza. Richard Hatch et Dirk Benedict jouent Apollo et Starbuck, les deux pilotes principaux de la série. On reverra Richard Hatch en 2004 dans la nouvelle série Battlestar Galactica, mais il n’aura pas le même rôle. Quant à Dirk Benedict, il enchainera avec L’agence tous risques dans laquelle il sera Futé. À noter que Jane Seymour (Serina) apparait dans le pilote et les premiers épisodes de la série, mais comme elle n’avait pas envie de continuer l’aventure son personnage a disparu. On retrouvera aussi Patrick McNee (Chapeau melon et bottes de cuir) dans la seconde saison. John Colicos a le rôle ingrat d’entrer dans la peau du comte Baltar, le traitre de service qui a permis aux Cylons de détruire les colonies et une partie de leur flotte. On avait précédemment vu l’acteur dans Le facteur sonne toujours deux fois.

galactica 2

Chaque épisode de cette série de science-fiction sera l’occasion de découvrir de Nouveaux Mondes, de nouveaux espoirs, de nouveaux pièges à déjouer. Les Cylons continuant d’étendre leur toile pour capturer les fugitifs. Si on oublie le côté clinquant des années 70, cette série mérite mieux que ce qu’elle a eu. Avec le recul du temps, elle a très mal vieilli et seuls les deux téléfilms valent encore la peine d’être vus. Les amateurs se dirigeront vers la série de 2004 qui est beaucoup plus intelligente et qui fait appel à des effets spéciaux du meilleur tonneau.

Dans la deuxième saison, le Galactica découvre enfin la 13ème colonie. Il s’agit de la Terre de la fin du 20ème siècle, une Terre dépassée technologiquement par la flotte de fugitifs qui arrive. Surprise pour les héros de cette série autant que pour les spectateurs qui s’attendaient davantage à voir une Terre du futur. Les producteurs ont sans doute trouvé moins onéreux de situer la série à l’époque où elle a été tournée. Bon, c’est un choix qui ne changeait rien au déclin de la série.

En dehors des costumes dignes d’un cirque, et des décors qui donnent l’impression d’être à Las Vegas, cette série avait des effets sonores qui tapent sur le système des spectateurs. Effets repris dans la série Buck Rogers. Le synthétiseur des lasers ou le “By your command” des Cylons est lourd. Il ne manquait plus que les drôles de dames pour faire un concours de brushing avec les actrices de la série. Ceci dit, il y avait beaucoup d’idée dans cette série. À voir, mais pas nécessairement à revoir.

Battlestar Galactica, créé par Glen A. Larson, 1978-1979, 24 épisodes et 2 téléfilms.

Casting : Richard Hatch (Captaine Apollo), Dirk Benedict (Lieutenant Starbuck), Lorne Greene (Amiral Adama), Herb Jefferson Jr. (Lieutenant Boomer), Laurette Spang (Cassiopeia), Terry Carter (Colonel Tigh), John Colicos (comte Baltar), Tony Swartz (Flight Sergent Jolly), Maren Jensen (Athena), Noah Hathaway (Boxey), David Greenan (Omega)

Galactica la bataille de l'espace  1978

Les enfers virtuels – Iain M. Banks

Précédemment sorti en deux tomes chez Laffont Ailleurs & Demains, ce livre appartenant au cycle Culture de Iain M. Banks est enfin disponible en poche. Et quel livre de poche ! Plus de 850 pages pour une histoire qui nous plonge dans un univers bien familier pour les amateurs du cycle. On a droit ici à une excellente traduction de Patrick Dusoulier et à une couverture de Lauren Panepinto.

Je n’ai eu aucun problème à rentrer dans cette histoire. Une fois découverts les quelques personnages principaux, l’univers de la Culture est tout à fait familier. Les mentaux y jouent une place importante, comme d’habitude. La seule vraie nouveauté, c’est l’apparition des enfers virtuels, qui sont finalement des réalités virtuelles dans lesquelles les morts ont encore une existence. Mais quelle existence ? Un enfer, un vrai enfer, qu’ils revivent souvent. En matière de torture intellectuelle, on atteint un sommet dans les civilisations proches de la Culture.

Le personnage principal de cette histoire est Lededje, qui est une intaillée (tatouée dehors et dedans), qui est devenue esclave sexuelle de l’homme le plus riche de Sichulte. Sa mort dès le début de l’histoire devrait nous plonger dans l’embarras. Eh bien non ! Banks nous montre ce que la Culture est capable de faire, et Lededje sera reventée à bord d’un vaisseau. Pour l’amateur de la Culture que je suis, je ne pouvais pas mieux demander.

Tous les personnages de l’histoire ne sont pas indispensables. Par exemple Prin et Chay. Cette dernière en particulier. Ils vont vivre l’enfer dans toute sa splendeur. Ils souffriront, en quête d’une porte de sortie dans chaque enfer, mais ils tomberont sur un autre enfer. Ils seront la proie des démons. À travers Chay, on va vivre cet enfer perpétuel de manière plus explicite. Au-delà de la souffrance, c’est aussi l’espoir de mettre un terme à celle-ci qui prédomine chez elle. Et Chay va passer de proie à prédateur. Elle libérera les âmes à travers sa propre faim et sa propre souffrance. C’est beau et c’est horrible. Les chapitres qui sont consacrés à Chay n’apportent rien à l’histoire principale, et n’ont pour but que de nous faire vivre les enfers à travers les yeux de deux personnages. J’aurais envie de dire que Banks aurait pu garder ces chapitres pour nous faire un vrai livre d’horreur. Mais bon, ne gâchons pas notre plaisir, cela reste excellent.

En parallèle à Lededje, on suit aussi Yime, agent de la Culture, qui ne sait pas qu’elle fait partie de Contact Spécial. Elle est chargée d’empêcher Lededje de se venger en assassinant Veppers, et d’arrêter ce dernier pour meurtre. Personnage en demi-teinte, qui manque un peu de charisme et qui est tributaire du mental qui dirige le vaisseau dans lequel elle se trouve.

Et puis il y a la confliction. La guerre larvée qui règne dans les enfers, et que le camp anti-enfers veut transposer dans la réalité. Et pour ce faire, ils mettent en production des millions de vaisseaux sur le disque Tsungariel, composé de frabricats. C’est démesuré, comme seul sait le faire Banks. Mais les plans du camp anti-enfers vont être perturbés par le vaisseau de la Culture qui amène Lededje à proximité de son tortionnaire.

Ce livre est davantage un space opera que ne l’était Trames. Les vaisseaux de la Culture y ont un plus grand rôle, soit sous leur forme primitive de vaisseaux, soit sous la forme d’avatar. Dans la deuxième partie du livre, ils prennent même le dessus sur les personnages humains. Ce n’est pas foncièrement dérangeant, mais on a l’impression que Banks a changé la logique de son histoire en cours de route.

Malgré le fait que j’adore toujours autant ce cycle, j’ai quelques remarques à faire. Oh, rien de grave pour un auteur comme Banks. Le livre contient quelques longueurs. Curieusement, les batailles spatiales sont racontées de manière sommaire, à travers l’avatar d’un vaisseau. Cela fait un peu « Bing, bang, j’ai refilé une raclée à l’ennemi ! ». On aurait bien voulu avoir une longue description de l’événement, comme sait le faire David Weber par exemple. Et puis, il y a le caractère de Veppers, homme le plus riche de sa planète, qui a hérité comme dette de famille de Lededje, une intaillée. L’homme en fait une esclave sexuelle et la tue dès le début de l’histoire. C’est très original puisqu’elle est le personnage principal. Mais grâce au lacet neural, la mémoire et la personnalité peuvent être sauvegardées et réimplantées dans un corps au sein même de la Culture. C’est ce qui s’appelle être reventée. Mais c’est très étrange de voir un monstre comme Veppers, prendre le parti des anti-enfers alors qu’il en détient 70 pour cent dans la galaxie. Cet étrange retournement ne colle pas vraiment avec la personnalité de l’homme qui n’a aucune considération pour la vie d’autrui.

Un dernier point concerne Vateuil, militaire qui va combattre dans des enfers virtuels et acquérir une longue expérience de la guerre. On a l’impression que ce personnage n’a pas vraiment sa place dans cette histoire. Mais la dernière ligne du livre (j’ai bien dit la dernière ligne) fait le lien avec L’usage des armes, un autre livre du cycle.

Les enfers virtuels restent un très bon livre de la Culture. Banks continue à développer son univers et à nous étonner. L’habituer du cycle se retrouvera comme un poisson dans l’eau. Le nouveau lecteur qui veut aborder ce cycle ferait mieux de commencer par L’homme des jeux ou L’usage des armes.

Voici donc encore un très bon Banks, toujours aussi original. L’auteur ne déçoit pas, et encore une fois arrive à nous captiver.

Les enfers virtuels, Iain M. Banks, Poche, 2013, 861 pages, traduction de Patrick Dusoulier, Illustration de Lauren Panepinto.

les enfers virtuels

Heris Serrano – Elizabeth Moon

Voici la réédition chez Bragelonne des trois premiers tomes du cycle Heris Serrano de Elizabeth Moon. Le cycle contient en fait sept tomes. Trois consacrés à Heris Serrano, trois consacrés à Esmay Suiza, et un dernier qui vient conclure le cycle. Bragelonne n’a pas continué le cycle des familles régnantes (titre qui colle mieux). Les trois premiers tomes forment donc « The Serrano legacy », une trilogie axée sur Heris Serrano.

Pour comparer Heris Serrano, on fait souvent référence à Honor Harrington écrit par David Weber ou Miles Vorkosigan écrit par Lois McMaster Bujold. En fait, ce n’est pas tout à fait la même chose, même si Elizabeth Moon a décidé de présenter une femme de tête, capitaine d’un vaisseau spatial, ancienne militaire qui se met au service de noble. La seule certitude, c’est que c’est bien du space opera. À l’époque où est sorti le premier tome du cycle (Partie de chasse) en 1993, les lecteurs découvraient aussi le premier tome d’Honor Harrington (Mission Basilic). David Weber a préféré laisser son héroïne dans la flotte royale manticorienne, tandis qu’Elizabeth Moon fait quitter l’armée à Héris Serrano. Les deux approches sont totalement différentes. De plus, Elizabeth Moon sortait d’un autre cycle écrit en collaboration avec Anne McCaffrey (Sassinak, Generation warriors) qui était déjà une tentative de créer une héroïne au passé militaire, dans un space opera.

Heris Serrano 1-3 (Elizabeth Moon)

Heris Serrano quitte l’armée suite à un différend avec un supérieur hiérarchique. Elle est issue d’une famille d’illustres officiers. Mettre fin à sa carrière militaire revient à stopper complètement sa carrière. Et pourtant, ce ne sera pas le cas, car elle retrouve le commandement d’un yacht appartenant à lady Cecelia. Après avoir fait connaissance de la propriétaire du vaisseau, de ses proches et de l’équipage, Heris Serrano va rapidement se retrouver face à des ennemis qui n’ont rien à envier à ceux qu’elle a rencontrés lorsqu’elle commandait un vaisseau de guerre. La différence principale, c’est que cette fois-ci, elle ne dispose pas de l’arsenal qu’elle avait l’habitude d’utiliser. Ce premier tome pose le décor et les personnages principaux.

Dans Partie de chasse ce sont des hommes qui sont les proies. Parmi les chasseurs il y a un prince qui pense que les proies sont des criminels qui sont volontaires. Double jeu est la suite logique du premier tome. La patronne de Serrano, lady Cecelia a été empoisonnée et est dans le coma. Au cœur de plusieurs complots, Heris Serrano doit tout faire pour sauver sa patronne, mais aussi le prince qui est le neveu de celle-ci. Le livre est plus axé sur les complots proches du pouvoir. Le commanditaire de ces complots est d’ailleurs dans l’entourage direct du prince. Couleurs gagnantes, troisième tome de la trilogie semble être le meilleur. Heris Serrano va se retrouver aux commandes d’un croiseur et aussi du yacht de lady Cecelia pour combattre la mafia. Un space opera avec une vraie bataille. Ce ne ressemble pas à de l’Honor Harrington, car c’est un peu trop fleur bleue, mais cela conclut bien cette trilogie.

Dans l’ensemble, cette trilogie est un space opera très peu militaire, qui devrait parfaitement trouver son public. Une héroïne comme on les aime dans ce genre très précis. C’est-à-dire, capable de prendre des décisions importantes et de peser sur les événements en agissant rapidement et efficacement.

Personnellement, j’ai bien aimé lire cette trilogie, sans avoir de préjugés. L’omnibus proposé par Bragelonne ne laisse plané aucun doute. À ce prix, il existe peu de space opera en trilogie. Donc, à conseiller.

Heris Serrano, Elizabeth Moon, Bragelonne, 2013, 587 pages

Heris Serrano 1-3

Destination Mars – Marc Bailly

Pour Destination Mars, Marc Bailly avait contacté plusieurs auteurs. Comme il avait déjà lu plusieurs de mes nouvelles, il m’a proposé d’en écrire une, qui plus tard a été retenue. Par la suite, Marc Bailly m’a demandé d’écrire un essai sur Mars dans la littérature imaginaire, avec une contrainte sur le nombre de signes. J’aurais certainement voulu écrire un essai beaucoup plus long et exhaustif, mais les impératifs de l’édition ne le permettaient pas. J’ai dû faire des choix. Curieusement, une partie du texte s’est perdu dans les méandres du Web. Partie qu’on retrouvera si les éditions du Riez rééditent le livre. En attendant, je propose la partie manquante à la fin de cet article (avec la bénédiction de Marc Bailly et des éditions du Riez).

Pour cette anthologie, Marc Bailly a fait appel à des auteurs connus comme à des nouveaux, gardant ainsi un juste équilibre dans le choix des textes. Tous sont francophones. Il a sélectionné 12 nouvelles qui vont du thriller en passant par la politique, l’écologie ou la hard science. C’est très diversifié.

Les douze nouvelles sont accompagnées de deux essais qui permettront aux lecteurs d’approfondir leur connaissance littéraire ou filmographique sur Mars. Ils ne sont pas exhaustifs, mais suffisamment documentés pour que le lecteur y trouve de quoi continuer son exploration de la planète rouge.

Une chose que j’aime bien dans les anthologies de Marc Bailly, c’est qu’avant chaque nouvelle il présente chaque auteur. Présentation suivie d’un court chapitre sur les raisons qui ont poussé l’auteur à écrire le texte qui suit (je peux affirmer qu’il n’avait pas un phaser sur la tempe pour écrire).

Les nouvelles

Brice Tarvel Le Syndrome martien – Des terriens découvrent les martiens, sorte de grandes cocottes roses, qui les forceront à se jeter dans la lave. Étrange nouvelle, dont l’écriture fait penser aux chroniques martiennes de Ray Bradbury. Brice Tarvel continue à m’étonner en passant indifféremment d’un genre à un autre.

Jean-Louis TrudelLes sculpteurs de Mars – Sauvetage sur Mars et sculpture martienne.

Dominique DouayCelui qui attend – Exploration qui commence à quatre et qui finit à un. Les pensées d’un rescapé.

Jean-Pierre AndrevonLe caillou de Mars – À la fois triste et ironique, cette nouvelle parle de l’épidémie mortelle qui décima la population sur Terre après la première expédition martienne.

Gulzar JobyMars l’ancienne – Nouvelle qui nous parle d’un projet d’envoyer des personnes sur Mars, mais sans possibilité de retour. C’est bien écrit, un peu trop long, et cela met en scène deux vieux couples qui vont se rendre sur la planète rouge, ce qui servira les politiques restés sur Terre.

Jonas LennLe Gaucho de Mars – Un artéfact découvert, et un personnage principal contaminé par une entité extraterrestre. Premier contact, mais sur la planète rouge.

Hugo Van Gaert118 heures avant la fin – Très courte nouvelle qui propose un dialogue entre un capitaine de vaisseau et son ordinateur de bord. N’est pas capitaine celui qui croit l’être. Fort éloigné du sujet martien.

Marc Van BuggenhoutRestez chez vous – Et si Mars était une station balnéaire dans une grande confédération galactique ? Les images que nous recevons sur Terre sont falsifiées de telle sorte que nous ne cherchons pas à nous y rendre. Le problème c’est qu’au 21ème siècle, deux missions européennes et asiatiques font route vers Mars, et dès qu’elles poseront un pied, tout ce qui a été construit appartiendra aux terriens.

Jean-Jacques GirardotLes chants de Mars – Les chants de Mars mélange plusieurs genres : le steampunk et le space opera, mais étalé sur des milliards d’années. On dirait qu’Olaf Stapledon est passé par là, mais avec une connaissance culturelle plus approfondie, car on y parle aussi de Mozart et de Chris Rea.

Thierry Di RolloAube dernière – Mars fantasmé par Di Rollo, prétexte pour nous parler de la mort d’une mère.

Frank RogerCiel rouge, sable rouge – Entre politique et terrorisme, cette nouvelle nous relate des événements sur Mars qui ressemblent étrangement à ceux que la Terre a déjà connus. Les colons répèteraient-ils les erreurs du passé faites sur Terre. Sur Mars, un président du Conseil et sa fille qui milite pour retrouver une planète Mars d’avant la colonisation. Pas mal !

Daniel WaltherOlympus Mons – L’ascension du mont Olympe par John Carter. Oui, mais fallait-il qu’il meure d’une crise cardiaque à la fin ? À moins que ce ne soit pas le vrai John Carter.

Essais

Marc Van BuggenhoutMars dans la littérature – Cet essai reprend les livres ou cycles les plus représentatifs concernant la planète Mars. Cela va du 19ème siècle à notre époque. Les livres sont regroupés par thème (expéditions, invasions, les martiens).

Jean-Pierre AndrevonMars au cinéma – C’est une visite guidée que nous propose Jean-Pierre Andrevon. D’abord avec un historique des adaptations cinématographiques concernant Mars, ensuite avec une filmographie très détaillée.

J’ai bien aimé cette anthologie (pas parce que je suis dedans). La planète Mars a toujours été une des destinations favorites des auteurs de science-fiction. La planète rouge fait rêver. Marc Bailly et les éditions du Riez ont eu la bonne idée de faire une anthologie sur ce qui sera le prochain défi technologique et humain de ce siècle.

Une seule critique à formuler sur cette anthologie, l’absence de numéros de page dans le sommaire. Ce n’est pas grand-chose, mais cela simplifierait la vie aux lecteurs qui ne veulent pas lire les textes dans l’ordre qu’a choisi Marc Bailly.

Belle couverture de Pierre le Pivain qui colle parfaitement à l’anthologie.

Destination Mars est une bonne anthologie, très variée. Inégale à plus d’un titre, avec une brochette d’auteurs qui avaient un point commun : nous présenter leur vision de la planète Mars. J’espère que d’autres anthologies du même genre verront le jour.

Destination Mars, anthologie de Marc Bailly, Éditions du Riez, 2013, illustration de Pierre Le Pivain, 339 pages

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Voici la partie manquant dans l’anthologie de l’essai  Mars dans la littérature :

Le gouffre financier que représente une mission martienne à l’heure où bon nombre de pays subissent la crise économique fait reculer l’événement qui devrait être le plus important du siècle. Le premier pas de l’homme sur Mars est sans cesse postposé, faute d’argent et de volonté politique. Le défi est à la fois technologique et psychologique. Technologique, car il faut construire un vaisseau capable de faire l’aller-retour entre la Terre et Mars. Il devra accueillir un équipage qui devra y vivre six mois à l’aller et au retour. Psychologique, car la promiscuité des membres d’équipage ne doit pas engendrer de dissensions, mais une collaboration étroite. Quant au vaisseau, il devra contenir un module d’atterrissage et probablement l’un ou l’autre satellite qui permettra une meilleure communication et géolocalisation sur la planète rouge. Et puis, il faudra déployer assez de matériel pour construire une base pour les astronautes. On ne sait pas encore combien de temps ils passeront, ni combien ils seront sur la planète rouge, mais ce sera sans commune mesure avec ce qu’on a vu lors des missions Apollo. La mission d’exploration sur le sol de la planète rouge durera certainement plusieurs semaines, voire quelques mois. Il faut rentabiliser le coût d’un tel projet. Les astronautes qui un jour fouleront le sol rouge ne pourront pas se contenter de faire quelques pas et quelques expériences. On peut supposer que l’investissement intellectuel et financier aura des retombées économiques et technologiques importantes pour l’humanité.

Si les différentes agences spatiales étudient la question, ce sont surtout les auteurs de science-fiction qui développent le mieux les idées fondamentales pour un projet qui consiste à amener un homme sur Mars. On doit à plusieurs auteurs de hard-science une vision réaliste de ce que sera cette mission. On compte parmi ces auteurs, Arthur C. Clarke, Kim Stanley Robinson, Ben Bova et Stephen Baxter.

Arthur C. Clarke, dans son livre Les sables de Mars nous montre une des premières colonies installées. Sur Mars. Un journaliste est envoyé pour y relater le quotidien des explorateurs. Il découvre une colonie martienne où l’amabilité n’est que façade. En fait, il est l’intrus et est toléré par les colons. Lors d’une exploration, il va découvrir l’existence de martiens, sorte de petits kangourous à l’intelligence similaire. L’un d’entre eux va devenir son ami, ce qui rendra le journaliste plus populaire au sein de la colonie. Tandis qu’il participe au travail quotidien de la colonie, on va lui révéler qu’une des lunes est en train d’être adaptée pour devenir soleil artificiel autour de la planète rouge. La colonie veut son indépendance par rapport à la Terre. Le livre Les sables de Mars est le premier du genre. C’est une approche pas trop naïve de la colonisation de Mars, qui date tout de même de 1951.

On retrouve la planète rouge chez Arthur C. Clarke dans Maelstrom, le tome 2 de son cycle Base Vénus. Cycle qui est en fait une concaténation de plusieurs nouvelles de Clarke, adaptées par Paul Preuss. Dans ce livre, après la découverte d’un morceau de métal, vieux de plus d’un milliard d’années, dans les sables de Mars, on retrouve son héroïne Sparta, à la poursuite d’un ami d’enfance. Mars n’est ici qu’un décor parmi d’autres. Car avec ce cycle, Clarke nous fait visiter tout le système solaire.

Kim Stanley Robinson va plus loin que Arthur C. Clarke. Il nous propose une trilogie sur Mars (Mars la rouge, la verte, la bleue), qui va de la colonisation de la planète rouge à sa terraformation. Un quatrième tome Les martiens est un recueil de nouvelles qui complète la trilogie.

La trilogie montre un futur où l’homme a déjà posé son pied sur la planète rouge. L’Arès, un grand vaisseau emmène cent colons vers Mars, et à son bord se trouve l’homme qui a marché sur Mars. Le voyage durera un an et il sera à sens unique. Ils ne reviendront pas et il leur faudra s’adapter à la planète Mars, ou adapter la planète Mars à eux. Mais cette dernière solution ne plait pas à tout le monde et engendre des conflits. Commence alors un long travail de construction, poussé par l’exode d’autres colons qui fuient une Terre surpeuplée. Cette colonisation aiguise évidemment l’intérêt des multinationales terriennes, qui y voient une manne financière importante.

Tandis que Mars se terraforme et cherche son indépendance, la Terre connait la surpopulation et des catastrophes naturelles. Une chaine de volcans en éruption a fait monter le niveau des eaux.

Cette trilogie est longue et aborde tous les aspects, que ce soit humain, technologique, politique, écologique. Elle est suivie d’un recueil de nouvelles qui se passe dans les blancs laissés libres de la trilogie. Un cycle de référence.

Avec Mars, Ben Bova propose une science-fiction plus classique, plus hard science. Il présente la première expédition humaine vers la planète Mars. Ce qu’elle devrait être encore ce siècle-ci. L’histoire est parsemée de flashbacks qui concernent la sélection des membres d’équipage. En dehors de son aspect technique, ce livre se focalise davantage sur l’aspect psychologique ou humain d’une telle expédition. Ce livre est sorti avant la trilogie de Kim Stanley Robinson, mais a été publiée en français bien après celle-ci.

Ben Bova écrira une suite Retour sur Mars qui se passera six ans plus tard. L’histoire est davantage calquée sur le projet Mars Direct présenté à la NASA par Robert Zubrin en 1981.

Voyage de Stephen Baxter est une uchronie qui se passe dans les années 70 et 80. Kennedy n’a pas été abattu à Dallas, et la NASA ne se contente pas de mettre un pied sur la Lune. Plutôt que d’explorer le système solaire avec des sondes, l’humanité se focalise sur Mars. La prochaine étape spatiale sera la planète rouge et l’année de cet événement sera 1986.

Baxter nous conte une mission spatiale dans ces moindres détails, depuis la conception de la mission, en passant par le choix des technologies, l’incertitude de la mission, l’inquiétude du lancement, l’ennui du voyage, l’exaltation de l’objectif enfin atteint, et le retour sur Terre. C’est un roman de hard science comme Baxter sait le faire. Le livre, assez épais, reste très cohérent avec la technologie de l’époque. Il n’est pas certain qu’à notre époque on s’y prendrait de la même manière. En tout cas, Baxter reste en phase avec les programmes spatiaux de l’époque. Une référence, un livre à comparer avec celui de Ben Bova.

Références littéraires

Plutôt que de donner une liste de livres de science-fiction sur la planète Mars, je donne ici quelques références que le lecteur pourra approfondir.

  • Mars & SF (http://gotomars.free.fr/marsintro.html)
    Ce site est une vraie mine d’informations consacrée à la planète rouge et à la science-fiction. Les références que je pourrais donner sont pratiquement toutes sur ce site. Donc, commencez par-là votre exploration de la planète rouge.
  • Guerre des mondes ! de Jean-Pierre Andrevon (Les moutons électriques)
    Essai consacré au livre de H.G. Wells et à toutes ses adaptations littéraires, illustrées et cinématographiques. Cet essai est vraiment exhaustif sur la guerre des mondes.
  • Destination Mars de Alain Dupas (Solar)
    Livre de vulgarisation scientifique entièrement consacré à Mars. Cela va de la mythologie jusqu’aux futures missions d’explorations spatiales.
  • L’homme sur mars de Charles Frankel (Dunod)
    Un livre consacré à la préparation et à la réalisation d’une mission humaine sur Mars. Une mission, comme si on y était.

Il était impossible d’être exhaustif en écrivant cet article. J’ai donc dû me résoudre à parler des auteurs qui ont écrit des livres et pas des nouvelles sur Mars. J’ai par exemple éliminé Les sables de Mars d’Isaac Asimov, Total recall de Philip K. Dick. J’ai également fait l’impasse sur des livres comme Les conquérants de l’univers de Richard Bessiere, Roi de l’espace de Captain W.E. Johns, Ilium et Olympos de Dan Simmons, L’envol de Mars de Greg Bear ou Le grand livre de Mars de Leigh Brackett. On le voit, ce n’est pas les livres de science-fiction qui manquent sur Mars.

Mars reste pour l’instant un rêve inaccessible pour l’homme, mais pas pour l’humanité. Les sondes et les robots sont les seuls à pouvoir s’y rendre. Le premier homme, et pourquoi pas la première femme, devra encore attendre quelques décennies avant de pouvoir poser le pied sur Mars. En attendant, la science-fiction représente le seul moyen pour chacun de se rendre sur la planète rouge.

Marc Van Buggenhout

Prélude à Fondation – Isaac Asimov

Fondation d’Isaac Asimov est un classique de la science-fiction. Écrit entre 1951 et 1953, il s’est d’abord décliné sous la forme d’un cycle composé de Fondation, Fondation et empire, Seconde fondation. Il s’agit d’une suite de nouvelles qui retrace la chute d’un empire galactique, et sa lente reconstruction au fil des siècles. On peut comparer cette chute à celle de l’empire romain.

Tout démarre sur Trantor lorsque Hari Seldon un mathématicien de génie propose la psychohistoire, une science capable de prédire les évènements futurs. L’effondrement de l’empire ne fait plus aucun doute, et des millénaires de barbarie vont accompagner cet effondrement. Pour raccourcir cette période d’obscurantisme, Seldon met au point un plan qui devrait permettre à l’humanité entière de retrouver le même niveau de civilisation que celui de l’empire en un millénaire. Pour cela, il crée une fondation sur Terminus, qui au fil du temps va aider les différents peuples à retrouver un niveau de civilisation comparable. En parallèle à cette fondation, Seldon en a créé une seconde restée secrète, qui a pour rôle de veiller à ce que le plan qu’il a établi se réalise bien.

Il a fallu 30 ans à Isaac Asimov pour ajouter deux tomes qui font le lien entre le cycle des robots et Fondation (Fondation foudroyée, Terre et Fondation). Et encore une dizaine d’années supplémentaires pour ajouter deux tomes qui précèdent Fondation et qui sont axés sur Hari Seldon (Prélude à Fondation, L’aube de Fondation) et sur le développement de la psychohistoire.

Sur Trantor, Hari Seldon invente la psychohistoire, une science qui tient des statistiques et de l’histoire, science qui n’avait pas encore fait ses preuves. Mais lorsque celle-ci fut dévoilée au public lors d’un colloque, certaines personnes comprirent qu’elle permettrait d’accroitre son pouvoir sur la population. Un des premiers intéressés n’est autre que l’empereur Cléon, qui espère connaitre les évènements futurs grâce à cette science. Mais pour Seldon, appliquer cette science à la totalité de l’empire est impossible et trop complexe. L’empereur qui n’apprécie pas cette réponse négative veut faire tuer Seldon par l’intermédiaire de son premier ministre Demerzel.

Seldon s’enfuit, accompagné par l’historienne Dora Venabili. Ils traversent les différents secteurs de Trantor et découvrent que l’empire est en pleine décadence. Seldon n’a pas besoin d’étudier d’autre monde pour finaliser son invention. Trantor lui fournit les éléments nécessaires pour mettre au point la psychohistoire. On apprend que Demerzel est en fait R. Daneel Olivaw, un robot qui ressemble à un humain.

Ce livre fait le lien avec le cycle des robots d’Asimov. Cycle qui n’est pas indispensable à lire, mais qui peut être intéressant pour le lecteur. Je ne conseillerai pas de commencer par les robots.

Prélude à Fondation est un vrai roman, contrairement aux tomes précédents qui sont constitués de nouvelles. Les chapitres sont courts et commencent par un extrait de l’encyclopédie galactique. Si ce livre est le premier chronologiquement et montre la genèse de la psychohistoire, il ne peut se lire qu’après avoir lu la trilogie de base. Il faut d’abord avoir vécu la chute de l’empire galactique, et comprendre le rôle de la Fondation (ainsi que la deuxième) pour s’attaquer ensuite à ce prélude à Fondation qui trouve sa suite dans l’Aube de Fondation.

Il ne s’agit pas d’un livre de plus dans un cycle important. Même s’il y a été écrit plusieurs décennies après la première trilogie, il trouve parfaitement sa place dans le cycle. Hari Seldon n’est plus un hologramme qui se manifeste à des périodes précises de l’histoire galactique. C’est un brillant mathématicien qui a inventé une science qui prédit l’avenir. Écrit il y a 25 ans, ce livre est toujours d’actualité.

Prélude à Fondation, Isaac Asimov, 447 pages, Pocket

Prélude à Fondation