Archives de Tag: Aventure

Le monde du fleuve – Philip José Farmer

Mnémos continue les rééditions sous forme d’intégrale des classiques de la science-fiction. Un de ces grands classiques n’est autre que Le monde du fleuve de Philip José Farmer. Livre ambitieux et original qui valut à son auteur le prix Hugo du meilleur roman en 1972. Cette intégrale contient :

  • Le monde du fleuve
  • Le bateau fabuleux
  • Le noir dessein
  • Le labyrinthe magique
  • Les dieux du fleuve

Commencé en 1971 et achevé en 1983, le monde du fleuve n’a fait son apparition en français qu’au début des années 80, dans la collection Ailleurs & Demains dirigée par Gérard Klein. C’était l’époque où les Laffont argentés représentaient ce qu’il y avait de mieux en science-fiction, c’est-à-dire qu’ils proposaient la qualité, l’originalité et un grand nombre de chefs-d’œuvre.

Si le Monde du fleuve m’avait captivé à l’époque, pour autant je n’avais pas enchaîné avec ses suites. Comme je savais que Farmer n’en resterait pas là, j’avais préféré attendre la sortie des cinq tomes pour me lancer dans une lecture complète du cycle.

Le monde du fleuve fait partie des livres-univers qui existent en science-fiction. Il se suffit à lui-même et plonge le lecteur dans des histoires qui tiennent autant de la science-fiction, de l’aventure, de l’histoire, de la science et ses techniques. Mais surtout, il met en valeur un grand nombre de personnages réels et imaginaires qui vont se croiser.

Farmer avait l’embarras du choix à partir du moment où il avait décidé de ressusciter tous les humains qui ont vécu sur Terre depuis l’aube des temps. C’est-à-dire 40 milliards de personnes qui renaissent le long d’un gigantesque fleuve long de trente deux millions de kilomètres. Au début de ce fleuve, il y a une tour géante qui abrite les Ethiques. Ce sont les extraterrestres qui ont conçu ce monde et son long fleuve, qui sont responsables de la réincarnation de toute l’humanité.

Curieusement, le premier tome de ce cycle n’est pas très épais. Il s’arrête à la page 155 de cette intégrale. Ce qui suffit à Farmer pour poser le décor, nous présenter les principaux personnages et nous mettre face à une énigme pour laquelle il faudra les quatre premiers tomes pour la résoudre. C’est davantage un livre d’aventure, un peu comme Jack Vance pouvait le faire avec le cycle de Tschaï. Sauf que Farmer a décidé de tourner son histoire en panoramique et technicolor, avec une distribution inégalée de personnages.

Si Richard Francis Burton et Sam Clemens (Mark Twain) sont les principaux personnages, on y trouve également Alice Liddell (Alice aux pays des merveilles), Jean sans Terre, Hélène de Troie, Cyrano de Bergerac, Mozart, Ulysse, Jésus Christ, Jack London, Hermann Goering, etc. La suite de personnages ne s’arrête pas là. Mais il y a aussi le journaliste Peter Jairus Frigate, qui n’est autre que Philip José Farmer transposé le long de ce fleuve (regardez les initiales communes).

Imaginez tous les hommes et les femmes qui ont vécu sur Terre, qui sont ressuscités dans des corps de 25 ans, dépourvus de pilosité. Ils sont nus et doivent tout réinventer et reconstruire. La seule aide dont ils disposent, ce sont ces sortes de grands champignons métalliques dans lesquels ils vont pouvoir prendre régulièrement des gamelles de nourritures. Mais certaines personnes n’ont pas droit à celles-ci et dépendent des autres personnes. La nourriture est d’ailleurs une source de conflit entre ressuscités, tout comme la découverte et l’exploitation des ressources sur les berges du long fleuve. De plus, les réincarnés ne parlent pas la même langue, n’ont pas les mêmes convictions, les mêmes habitudes, les mêmes modes de vie, ce qui génère des conflits et surtout des convoitises. Les gens qui meurent sont ressuscités quelque part ailleurs sur les rives du fleuve. D’autres ont moins de chance et deviennent esclaves ou tyrans. On le voit, le fleuve de l’éternité commence par un chaos monstrueux. Ceux qui arrivent à recréer un semblant d’humanité se lancent dans une quête gigantesque : remonter aux sources du fleuve et découvrir ce qui se cache dans la grande tour.

J’avoue qu’à l’époque où j’ai découvert ce cycle, je me suis intéressé aux voyages de Richard Francis Burton l’explorateur anglais qui remonta aux sources du Nil et découvrit avec John Hanning Speke les lacs Tanganyika et Victoria. Il s’est déguisé pour pouvoir entrer à la Mecque. On lui doit aussi la traduction des mille et une nuits. C’était aussi l’occasion de découvrir Mark Twain (de son vrai nom Sam Clemens) à qui on doit les aventures de Tom Sawyer et de Huckleberry Finn.

Le deuxième tome « Le bateau fabuleux » est plus axé sur Sam Clemens et son bateau à aube qui est censé remonter le fleuve. Le troisième tome « Le noir dessein » se focalise sur la construction d’un dirigeable et la remontée du fleuve. Avec le quatrième tome « Le labyrinthe magique », c’est l’énigme de cet étrange monde et son fleuve qui va être résolue. Un cinquième tome « Les dieux du fleuve » se passe dans la tour géante. Ce dernier tome n’est pas indispensable pour le lecteur, mais dévoile l’autre côté de ce monde.

On peut facilement imaginer que Mnémos n’en restera pas là avec Philip José Farmer, que le cycle des hommes-dieux (7 tomes) fera aussi l’objet d’une future intégrale (peut-être en deux tomes). Enfin, je l’espère.

Bon nombre de livres sortis dans la collection Ailleurs et Demains de Laffont, puis sortis en format de poche, méritent de renaitre sous une forme omnibus. J’ai toujours été favorable à ces intégrales, même si elles sont lourdes et encombrantes (ce qui est le cas pour le monde du fleuve). C’est certain que vous n’allez pas emporter le livre dans le métro ou le train pour le lire pendant le trajet. Mais l’amateur qui a déjà lu le cycle dans une version précédente (et plus légère) aimera probablement avoir dans sa bibliothèque une version définitive. Le monde du fleuve a pratiquement la même taille et le même poids qu’un Larousse ou un Petit Robert.

Pour rappel, ce cycle avait fait l’objet d’une version Omnibus dans la défunte collection « Bibliothèque » de Laffont. Seuls trois cycles avaient été repris dans cette collection : Dune, Hypérion, Le monde du Fleuve, trois chefs-d’œuvre de la science-fiction.

Avant que le lecteur soit délivré d’un tel pavé, il faudra lire les 1272 pages qui le composent. Impossible de résumer un livre pareil tellement il foisonne d’idées, d’histoires, de personnages. Ce n’est qu’en refermant ce livre, qu’on se rend compte que Philip José Farmer avait vraiment beaucoup d’imagination et qu’il a écrit un chef-d’œuvre de la science-fiction qui mérite amplement le prix Hugo décerné. C’est un peu long, mais excellent et un vrai régal pour ceux qui aiment la science-fiction et l’aventure. Et pour l’occasion, je ne vous cache pas que j’ai adoré et que je le conseille à tout le monde.

Ouf, la chronique est enfin terminée ! En fait, j’avais envie de faire comme Philip José Farmer, écrire une grande chronique pour une grande intégrale.

Le monde du fleuve, Philip José Farmer, Mnémos, 2016, 1272 pages, illustration de Jorge Jacinto, traduit par Guy Abadia, Charles Canet, Bernard Weigel

Le monde du Fleuve - Philip José Farmer

Le secret de Monalisa – Murielle Lona

Nouvelle petite incursion dans la littérature belge avec « Le secret de Monalisa » le roman de Murielle Lona. Au menu, un vent de fraicheur, une pincée d’aventure et de sagesse, de la poésie, et une part de mysticisme.

On pourrait s’attendre à un roman sentimental, mais il n’en est rien. On découvre Lona Sampai, l’héroïne belge de ce roman, en voyage en Inde. Sur son chemin, elle croise le professeur Dharma, un astrologue, un sage érudit qui va la conseiller. Il y a aussi Herschel, ce Sud-Africain qui veut lui donner rendez-vous à Delhi et l’emmener voir le Taj Mahal. Il y a aussi Ngayang, la belle Tibétaine qui achète des coquillages. Et puis il y a la rencontre avec Amma « la mère ». Et il y a enfin Sam le saxophoniste, qui ne lui est pas indifférent.

Le roman est parsemé de rencontres qui vont doucement influencer le comportement de Lona. Par petite touche, pierre après pierre, énigme après énigme, mystère après mystère.

J’ai eu quelques difficultés, car je n’adhérais pas aux jeux de mots et anagrammes qui sont censés former d’autres mots (VER, REV, SILVER, LONA, SAM, MONALISA, 201). En tant qu’informaticien, je ne voulais pas être confronté à une séance de numérologie. Après la lecture d’un livre sur Alan Turing, mon esprit cartésien refusait ces jeux de mots et j’ai souvent passé ceux-ci pour me concentrer sur l’histoire.

La lecture du livre a parfois nécessité de chercher une définition sur Internet. Qu’est-ce qu’un bachert ? Avant de lire ce livre, je n’en avais aucune idée. Heureusement, l’auteur nous explique que c’est l’âme sœur. Le roman est parsemé de détails historiques, philosophiques, religieux liés à l’Inde. On voit que l’auteur aime cette région du monde et la manière de penser qui la caractérise. Cela peut souvent surprendre les lecteurs. Ce n’est pas seulement découvrir une nouvelle histoire, c’est aussi explorer des voies qu’on n’avait jamais empruntées auparavant en tant que lecteur. Il suffit donc de suivre le guide qu’est Murielle Lona. Elle n’hésite d’ailleurs pas à éclaircir chaque détail, chaque concept, chaque idée du roman. De temps en temps, elle fait référence à Wikipédia, ce qui donne un air plus pédagogique à l’histoire. Je me pose des questions sur certaines anecdotes du roman. Je pense par exemple à Lekha qui devient une secrétaire de Gandhi. Est-ce vrai ou Murielle Lona a imaginé la scène ? En tout cas, cela donne envie d’y croire. Il y a aussi des moments inattendus, comme les références à Marc Levy et Guillaume Musso, ou l’interview de Marilyn Monroe. Amusant pour le lecteur que je suis.

Le style de Muriel Lona reste fluide, léger. Les scènes s’enchaînent rapidement, et les échanges épistolaires sont là pour maintenir ce rythme. Pas de lourdeur dans les textes, même lorsque l’auteur se transforme en pédagogue. Le dépaysement permanent peut inciter à parfois relire certains mots ou noms dont la prononciation ne nous est pas familière en Europe.

J’aurais aimé lire ce livre dans de meilleures conditions. Les événements personnels ont fait que la lecture a été morcelée à travers le temps, et qu’il m’a fallu revenir sur certaines parties du livre pour reprendre le cours de la lecture. C’est indépendant du livre et de son auteur. C’est moi qui ai été fréquemment interrompu dans mes lectures. Ce qui fait que la chronique apparait tardivement.

Ceci dit, j’ai aimé ce dépaysement et ce style qui est propre à Murielle Lona. D’un côté, on assiste à une quête du bachert de l’héroïne, et de l’autre l’Inde et ses mystères viennent perturber le lecteur au fil des pages. Pour davantage entrer dans son univers littéraire, Muriel Lona a ajouté plusieurs poèmes. Quand on arrive au bout du roman, on ne peut s’empêcher de penser que l’héroïne n’est autre que la romancière qui a écrit le livre. Il y a tellement de similitudes entre les deux qu’elles ne peuvent faire qu’un. À l’occasion, je poserai la question.

En tout cas, c’est un beau voyage initiatique et un bon moment de lecture. Il me tarde de rencontrer l’auteur lors d’un prochain événement culturel.

Le secret de Monalisa, Murielle Lona, édition Avant-Propos, 320 pages, 2015

Le secret de Monalisa - Murielle Lona

Flash Gordon intégrale 1937-1941 – Alex Raymond

Le deuxième tome de l’intégrale Flash Gordon dessinée par Alex Raymond est sorti aux éditions Soleil. On retrouve notre héros sur Mongo en compagnie de Dale Arden et du professeur Zarkov. Après les hommes-crocs, Flash Gordon se retrouve sur Arboria, au palais du prince Barin. La guerre gronde et Barin semble être le seul à pouvoir arrêter la guerre.

Il y a plus de rebondissements dans ce second tome, où on voit Flash Gordon partir à la poursuite de Grombo qui a failli le tuer, puis être capturé par Ming, avoir un simulacre d’exécution avant de s’échapper. Et plus tard se battre contre l’empereur, le vaincre et en faire son prisonnier. Ce tome est l’occasion de continuer l’exploration de Mongo. Les scènes s’enchainent les unes à la suite des autres, et on ne se rend pas compte que cela ne fait qu’une seule histoire.

C’est toujours superbement dessiné par Alex Raymond. Chaque planche est un vrai délice, un vrai joyau du neuvième art. On peut imaginer qu’à l’époque où cela a été publié pour la première, les lecteurs attendaient patiemment une semaine pour pouvoir lire les planches suivantes.

Le format à l’italienne permet une lecture plus facile, plus claire, ou tout simplement une lecture plus approfondie de ce cycle. Car chaque planche recèle une quantité de détails, d’actions, de décors et de personnages, qui font que le lecteur est en permanence émerveillé par l’ingéniosité et l’imagination d’Alex Raymond. Pas de temps mort dans cette bande dessinée qui a près de trois quarts de siècle.

flash2_p2

Personnellement, je trouve que c’est la référence absolue en matière d’aventure épique, d’action et de science-fiction. Le seul auteur qui s’approche d’Alex Raymond, c’est Edgar P. Jacob un autre grand de la bande dessinée. On retrouve cette même soif d’aventure épique dans le cycle de Mars/Barsoom/Jon Carter d’Edgar Rice Burroughs. La qualité est au rendez-vous de cette version restaurée et ce serait impardonnable pour un amateur de science-fiction et de bande dessinée de ne pas avoir ce classique dans sa bibliothèque, surtout qu’il s’agit d’une très belle version.

L’intégrale contiendra trois tomes. Il n’en manque donc plus qu’un pour terminer ce cycle. En attendant le dernier tome, je conseille au lecteur de savourer ce second tome et de relire le premier. Un classique de la science-fiction et de la bande dessinée, proposée par les éditions Soleil. Une réussite.

On trouvera sur mon blog la chronique du tome 1 ici.

Flash Gordon inégrale tome 2 – 1937-1941, Alex Raymond, Editions Soleil, 2013, 208 pages

Flash Gordon 2

Hauteville House (intégrale T.1) – Duval, Gioux, Quet, Beau

Voici une BD bien représentative du style steampunk, c’est-à-dire de la science-fiction qui mélange intelligemment passé et technologie. Édité par Delcourt, et réalisée par Fred Duval, Thierry Gioux, Christophe Quet, Carole Beau, cette BD se situe au 19ème siècle, en 1864 pour être précis.

Cette intégrale reprend le premier cycle formé par les quatre premiers tomes (Zelda, Destination Tulum, Atlanta, Le streamer fantôme). Elle est sortie en même temps que le tome 10 (Jack Tupper) de la série.

Jusqu’à présent, je n’avais pas abordé le steampunk. En fait, je m’étais laissé tenter par la superbe couverture de Manchu, et en ouvrant la BD, j’ai découvert un récit en cinémascope et technicolor. Une histoire qui tient de l’aventure et de l’espionnage, sur fond de guerre de Sécession, histoire qui se situe en Europe et en Amérique. Lors de sa lecture, j’ai eu l’impression de lire un mélange entre les mystères de l’ouest, Indiana Jones, Blake et Mortimer et James Bond, dans un contexte historique qui tient tout à fait la route.

Avant de parler de la BD, un petit détour historique est nécessaire. Hauteville house, c’est le surnom d’une maison que Victor Hugo a achetée dans la rue Hauteville, sur l’ile de Guernesey en 1856. Dans la BD, cette maison est le quartier général d’une organisation qui combat Napoléon III.

Hauteville house 1

Hauteville house, c’est l’histoire d’un groupe de soldats républicains exilés sur l’ile de Guernesey qui tente de contrer les projets de conquête de l’empereur Napoléon III. Parmi eux, il y a le capitaine Gabriel-Valentin La Rochelle, plus connu sous le nom de code de Gavroche (un clin d’œil aux Misérables de Victor Hugo). Il est envoyé en mission au Mexique, sur les pas de Cortez, pour empêcher une armée française de mettre la main sur une arme d’origine inconnue. Gavroche s’allie à plusieurs reprises à Zelda, une espionne américaine qui travaille pour les nordistes, et qui a les mêmes objectifs que lui, c’est-à-dire empêcher les sudistes de gagner la guerre de Sécession et contrecarrer les plans d’invasion de Napoléon III. En parallèle à leur mission, Églantine, un autre agent de Hauteville House, joue les traductrices et recherche des informations qui permettront à Gavroche de mener à bien sa mission. Les trois personnages se retrouveront à un moment clé de l’histoire. Curieusement, chacune des quatre parties de cette bande dessinée représente un des éléments (terre, air, eau et feu).

La découverte de ce milieu de 19ème siècle est surprenante. Il existe des véhicules blindés, des dirigeables qui sont de vrais vaisseaux aériens, des sous-marins, des exosquelettes qui permettent de voler. Et toutes ces connaissances sont issues du grand chambardement, moment qui correspond à un coup de pouce de la part des extraterrestres. On est donc confronté à une civilisation qui a deux siècles d’avance sur le plan technologique, mais dont les us et coutumes sont bien ceux du 19ème siècle.

Si je dois émettre une critique, elle se fera sur les représentations des ectoplasmes extraterrestres, ou du monstre (page 184) qui ressemble plus à un grand jouet au milieu d’une bataille. Le fait qu’il y a une partie ésotérique avec une médium ne m’a pas dérangé. Au contraire, cela ajoute du danger à l’histoire.

Si vous avez aimé les mystères de l’ouest, alors vous aimerez cette. C’est admirablement bien dessiné, mis en scène et colorisé. L’aventure est au rendez-vous et le dépaysement est assuré.

Delcourt continue à rééditer ses différentes séries en intégrales. On ne peut qu’applaudir cette initiative qui permet de gagner de la place, mais aussi de proposer la BD à un prix plus abordable.

Hauteville House intégrale T. 1 à 4, Duval & Gioux & Quet & Beau, Delcourt, 2013, 200 pages, illustration de Manchu

Hauteville house 0

Le Hobbit (La désolation de Smaug)

Pour cette fin d’année 2013, Peter Jackson nous a concocté un deuxième opus de la trilogie du Hobbit. On pourrait se demander comment Jackson a pu faire pour autant allonger l’adaptation d’un livre qui n’est pas si épais que ça. Mais le résultat est là, et à la hauteur de nos espérances. Qui mieux que lui pouvait adapter le livre qui précède le seigneur des anneaux ?

Avant de voir la désolation de Smaug, je m’étais dit que ce film ne serait qu’une succession de courses poursuites et de batailles. Eh bien, oui et non. Les 161 minutes que dure le film sont passées tellement vite que je ne m’en suis pas rendu compte, tellement j’étais scotché à l’histoire.

smaug-1

Comme dans la précédente trilogie, on a droit à un flashback en début de film. Flashback qui se situe un an avant le premier épisode, dans lequel on voit Gandalf aborder Thorin, et le convaincre de reprendre son royaume d’Erebor en commençant par récupérer l’Arkenstone, une pierre brillante. Pierre qui devra être dérobée au dragon Smaug.

La troupe des nains est capturée par des araignées géantes, puis libérée par Bilbon devenu invisible grâce à l’anneau unique. On voit ici un Bilbon plus entreprenant que ne l’était Frodon dans le seigneur des anneaux. Si Bilbon hésite un moment avant d’utiliser cet anneau, par la suite il en fera un plus grand usage. Bilbon ne s’apitoie pas sur le fardeau que représente l’anneau. Et c’est tant mieux pour l’histoire.

Il était inévitable de retrouver les elfes dans ce second film. Ceux-ci capturent les nains, mais pas Bilbon. Et le roi Thranduil propose d’aider Thorin dans sa quête à condition de partager les trésors d’Erebor. Proposition refusée par Thorin. À ce stade, on retrouve Legolas qui manie aussi bien l’épée que l’arc. Il est secondé par Tauriel une elfe qui tue les créatures qui s’aventurent dans le pays des elfes. Legolas est toujours joué par Orlando Bloom, et c’est Evangeline Lilly (Lost, Smalville) qui joue Tauriel. Personnage ambigu, qui laisse planer le doute sur l’affection qu’elle a. Aime-t-elle Legolas, ou est-elle amoureuse de Kili, le nain ?

Les nains, et surtout Bilbon, sont assez roublards pour s’échapper des elfes, en empruntant des tonneaux qui leur serviront de transport sur un cours d’eau en furie. Ils ont aux trousses d’un côté les elfes et de l’autre les orques, qui s’affronteront. On arrive à une scène où les combats se succèdent les uns après les autres. D’une certaine manière, on sature visuellement, attendant avec impatience de retrouver la quiétude dans ce film.

smaug-3

Lacville fait penser à une sorte de Venise sur un lac. Encore un de ces lieux originaux imaginés par l’équipe du film. Pour le spectateur, c’est le dépaysement complet, c’est l’enchantement de contrées imagniées par J.R.R. Tolkien. L’image de synthèse n’a jamais fait aussi merveille que dans le cycle du seigneur des anneaux et maintenant dans celui de Bilbon.

La suite du film correspond à un nouvel acte de bravoure de Bilbon qui au cœur de la montagne doit dérober l’Arkenstone au dragon Smaug. Pierre qu’il verra mais n’emportera pas, car le dragon perçoit sa présence malgré l’invisibilité que lui procure l’anneau unique.

Dans la version anglaise du film, c’est Benedict Cumberbatch qui donne sa voix et ses expressions au dragon Smaug. Décidément l’acteur non content de jouer un Sherlock Holmes moderne, et un Khan machiavélique dans le dernier Star Trek, se retrouve dans cette trilogie de fantasy où encore une fois il s’impose par son jeu d’acteur sous les traits du dragon Smaug.

Je ne vais pas dévoiler la fin de ce second film, mais je signale qu’il se termine sur un cliffhanger et qu’au cœur de l’action on se retrouve tout d’un coup avec le générique de fin. Le spectateur qui a les yeux rivés sur l’écran se sent soudain dépouillé de la fin de l’histoire. Il faudra attendre un an avant d’avoir la conclusion de celle-ci. C’est un coup de maître de la part de Peter Jackson, qui a savamment étalé cette histoire sur trois films.

Personnellement, je préfère l’histoire du Hobbit plutôt que celle du seigneur des anneaux. Sans doute parce que l’histoire n’est pas parsemée de grands champs de bataille. L’action ne manque pas. Le seul reproche que je fais à l’histoire, mais pas au film, c’est que Gandalf a un rôle mineur. Encore une fois, il quitte les personnages principaux pour se lancer dans une autre quête. On avait déjà eu une situation similaire dans la compagnie de l’anneau. Dommage. Par contre, Bilbon est à la hauteur de ce qu’on attend de lui. C’est-à-dire un Hobbit qui se dévoue pour le groupe de nains. Ce rôle convient à merveille à Martin Freeman.

Un bon moment de cinéma pour ceux qui aiment la fantasy, un très long moment de cinéma qui passe très vite. À voir, et à revoir lorsque la trilogie sera complète. Vraiment excellent.

La chronique du premier film (Le Hobbit : un voyage inattendu) est également disponible sur le blog.

Le hobbit (la désolation de Smaug), réalisé par Peter Jackson, 2013, 161 minutes.

smaug-2

Flash Gordon intégrale 1934-1937 – Alex Raymond

Les éditions Soleil rééditent un classique de la science-fiction, mais aussi de la bande dessinée, Flash Gordon dessiné par Alex Raymond. Ce premier tome reprend les planches de 1934 à 1937. On peut supposer que les éditions Soleil nous sortiront l’intégrale, comme c’est le cas pour Tarzan ou Prince Valiant.

Flash Gordon, c’est l’aventure à l’état pur, avec en toile de fond de la science-fiction et un univers qui va captiver le lecteur par son originalité. Le personnage est créé à une époque où Buck Rogers fait déjà le bonheur des lecteurs. On peut pratiquement dire que Flash Gordon est le concurrent direct de Buck Rogers. Créé à l’époque des pulps,

Flash Gordon, c’est un célèbre joueur de Polo diplômé de Yale, qui va croiser sur sa route Dale Arden, celle qui deviendra sa compagne. Ils vont se rencontrer sur un vol transcontinental, qui en plein vol va être endommagé par une comète. Dans cette première scène, Flash Gordon est déjà le héros qu’on espère voir au fil des pages. Lui et Dale Arden atterrissent dans la propriété du docteur Zarkov, un savant illuminé (pour ne pas dire fou) qui a construit une fusée pour se rendre sur la comète qui perturbe la Terre. Flash et Dale n’ont pas le choix, sous la menace d’une arme, ils doivent monter dans la fusée et accompagner Zarkov dans son périple vers Mongo. Le trio est formé et chaque personnage pourra se reposer sur les deux autres.

136-187-Flash Gordon vol 1 STRIP 1936 27718.indd
Ici commence une aventure dans laquelle Alex Raymond se donne à cœur joie en nous présentant un monde qui mélange technologie et passé, où les personnages ont des empreintes fortes, en particulier l’empereur Ming et sa fille Aura, mais aussi Barin et Vultan. Les dangers sont permanents pour Flash tandis que Dale est l’objet de toutes les convoitises. Les personnages vont de Charybde en Scylla quasi en permanence. Une bande dessinée épique, qui à l’époque se distinguait des autres par son rythme, par ses scènes d’actions, et tout simplement par son imagination.

Flash Gordon a aussi inspiré beaucoup d’auteurs de romans ou de bandes dessinées. Le plus célèbre d’entre eux est certainement Edgar P. Jacobs qui a dessiné le rayon U (qui est presqu’une copie conforme de Flash Gordon), puis qui a créé les personnages de Blake et Mortimer, qui deviendront également une légende dans le domaine de la bande dessinée belge. George Lucas s’est aussi inspiré de Flash Gordon pour créer Star Wars.

Flash Gordon est né à une époque où Edgar Rice Burroughs avec ses cycles de Tarzan et John Carter/Mars/Barsoom transportait le lecteur vers d’autres continents ou d’autres planètes. C’est aussi l’époque où Hugo Gernsback crée Amazing stories, un magazine de science-fiction. Une époque foisonnante où les auteurs et dessinateurs ne manquaient pas d’imagination, où l’histoire et l’action prenaient le pas sur la vérité scientifique. Quelques années après la sortie de Flash Gordon, les comics feront leur apparition (Superman, Batman, Spectre, etc.). Le héros d’Alex Raymond est un modèle pour bon nombre d’auteurs qui s’en inspireront.

Cette réédition (qui n’est pas la première des éditions Soleil) est la bienvenue pour ceux qui ne trouvaient plus la dernière édition, si ce n’est à des prix prohibitifs, et pour ceux qui veulent découvrir une science-fiction épique qui ressort aujourd’hui avec des films comme John Carter.
Flash Gordon est une des bandes dessinées fondatrices de la science-fiction. À notre époque, cela peut paraître simpliste, mais cela reste une des références qui ont permis le développement du genre à travers les romans, les BD ou les films.

Les éditions Soleil proposent une belle version de l’œuvre d’Alex Raymond, dans un format presque carré. Intégrale qui nous explique la légende du personnage ainsi que l’héritage qu’il nous laisse. Des photos et des croquis appuient cette présentation et font de ce livre un vrai collector. Une BD qu’il faut avoir dans sa bibliothèque. Des héros comme Flash Gordon, on en fait plus, car le moule est cassé depuis longtemps !

Flash Gordon intégrale volume 1 – 1934-1937, Alex Raymond, Soleil âge d’or, 208 pages, 2013

 Flash-Gordon-soleil

Le Hobbit (un voyage inattendu)

Après Le seigneur des anneaux, Peter Jackson nous présente l’adaptation de Bilbo le Hobbit de J.R.R. Tolkien. Dix ans se sont écoulés entre la trilogie et ce qu’il faut qualifier de cycle. Et c’est bien ça le paradoxe. Bilbo était un simple livre, dont l’histoire se passait une soixantaine d’années avant le seigneur des anneaux. S’il s’agissait bien du voyage entrepris par Bilbon (qui a pris un « n » en plus pour rester cohérent par rapport à Frodon), Gandalf et les nains jusqu’à la montagne où dort Smaug le dragon, cette histoire était plutôt courte et linéaire. Son adaptation méritait un film, peut-être deux, mais pas davantage.

Ceux qui ont aimé le seigneur des anneaux vont naturellement aimer le Hobbit. D’abord parce que Peter Jackson revient sur des lieux et des personnages connus de la première trilogie, ensuite parce qu’il reste dans l’univers visuel qu’il avait créé. Ce nouveau film ne va pas perturber le spectateur. Au contraire, il va le conforter. Les scènes de bataille et de cascades sont par moment exagérées. Il y a une surenchère d’actions, là où on aimerait plus d’émotions, plus d’histoire. Et comme ces scènes se répètent à intervalle tout le long du film, elles en deviennent parfois lassantes.

bilbo-le-hobbit_portrait_1

Le rôle de Bilbon revient à Martin Freeman, acteur anglais qu’on avait précédemment vu dans l’adaptions cinématographique du livre de science-fiction : Le guide du voyageur galactique (H2G2) de Douglas Adams, qu’on a aussi retrouvé dans Love actually, film aux multiples personnages qui recherchent l’amour. Et plus récemment dans la série Sherlock, sous l’identité du docteur Watson. Acteur qui a été choisi pour jouer le rôle de Bilbon Sacquet, et reprendre celui d’Ian Holmes dans le seigneur des anneaux. Le choix est inattendu, mais judicieux, car l’acteur entre bien dans la peau du personnage.

Et l’histoire ? Elle est conforme à l’idée générale du livre. Bilbon retranscrit ses souvenirs pour les léguer à Frodon. Il narre ce voyage inattendu qui s’est passé 60 ans plus tôt, qui lui a fait croiser la route de Gollum, du dragon Smaug, des nains et de Gandalf, mais surtout qui lui a permis de mettre la main sur l’anneau.

Au départ, Gandalf propose au hobbit de se joindre à lui pour faire un long voyage. Mais Bilbon n’est pas intéressé. Le mage qui se voit une fin de non-recevoir, décide de jouer un mauvais coup au hobbit en apposant sur sa porte un signe distinctif qui permettra à un groupe de nains de venir l’importuner. Bilbon voit donc arriver chez lui des nains qui se sont donné rendez-vous justement chez lui, sans qu’il ait droit au chapitre. S’en suit une joyeuse mise à sac de la maison du hobbit, qui se décide malgré lui à faire partie de ce groupe. Il sera le voleur.

le-hobbit-les-nains

Commence un périple vers Erebor l’ancienne cité des nains, qui les fera rencontrer des trolls, qui les captureront. Puis ce sera la nouvelle d’un nouveau danger : un nécromancien. La troupe arrivera à Fondcombe chez les elfes, où on retrouve Elrond, mais aussi Galadriel et Saroumane. Cette partie du film a des airs de déjà vu avec la communauté de l’anneau. Ce qui est rassurant pour le spectateur.

Le groupe reprend la route, toujours accompagné de Gandalf et Bilbon. Le hobbit semble être le poids mort de ce groupe. Il n’est pas motivé par cette aventure et n’apporte rien aux autres. Mais pendant une nuit, alors que le groupe dort dans une grotte, Bilbon avait l’intention de partir. Il tombe dans un trou qui va l’amener à croiser le chemin de Gollum. Pendant ce temps, les nains sont capturés par des gobelins.

Gollum perd l’anneau, et Bilbon le récupère. En voulant chercher la sortie, et éviter d’être mangé par Gollum, le hobbit découvre que l’anneau peut le rendre invisible. Dehors, les nains et Gandalf sont confrontés à Azog le nécromancien et ses orques. Dans cette bataille entre le bien et le mal, Bilbon agit de manière héroïque en s’interposant entre Azog et Thorin le chef des nains. Cette bataille est interrompue par l’arrivée des aigles auxquels Gandalf a fait appel. Les nains voient soudain en Bilbon un allier plus qu’un poids mort.

Film très beau dans ses décors, dans ces personnages. Un peu trop long (2 h 46), où on a l’impression que le réalisateur allonge la sauce et répète les scènes. Ceux qui verront le film ne seront pas déçus, mais ils n’y trouveront pas l’originalité du seigneur des anneaux. Cela reste néanmoins un bon moment de cinéma.

Le Hobbit, 2012, réalisé par Peter Jackson, 166 minutes.

Le-Hobbit

Nico T3 : Femmes fatales – Berthet & Duval

Au cœur d’une uchronie située dans les années 60, on retrouve Nico dans une intrigue liée à ses parents. On trouvera ma chronique des tomes 1 et 2 ici.

Cette excellente BD de science-fiction de Berthet et Duval se laisse lire très facilement. L’héroïne est toujours aussi belle, et le monde dans lequel elle évolue est à la fois très moderne et rétro. On doit à Berthet, quelques clins d’œil liés à la BD et la science-fiction. Les premières planches de cette BD sont un hommage à Edgar P. Jacobs et à la marque jaune. Les spectateurs d’une salle de cinéma regardent en version 3D l’adaptation en film de la marque jaune. Et puis, les ailes volantes toutes droites sorties du secret de l’espadon d’Edgar P. Jacobs. Plus loin dans cette aventure d’espionnage, on a droit aux sentinelles de l’URSS, qui utilisent le même Thunderbird que la série les sentinelles de l’air. Et puis, dans les savants qui entourent Arthur Rudolf, on retrouve Philip Mortimer.

Mais revenons à l’histoire. Moog invite Helen Von Braun à un déjeuner sur l’herbe au cœur de l’Arizona. La femme supposée être la mère de Nico est en fait un agent secret soviétique qu’il veut démasquer. Mais la femme retourne la situation à son avantage et s’échappe avec son propre véhicule. Pour brouiller les pistes, elle simule sa mort dans une explosion. La CIA qui est à ses trousses fait appel à Nico. Helen Von Braun a pour mission d’éliminer un ancien capitaine qui a exfiltré des savants pendant la Seconde Guerre mondiale. Elle doit aussi aider Arthur Rudolf à quitter ses geôliers américains.

La BD est l’occasion de revenir sur le passé de Moog qui a aidé à libérer les savants, et qui a aussi connu le père de Nico avant de jouer le rôle de tuteur. On a donc droit à une seconde intrigue qui concerne directement Nico et qui est liée à l’intrigue principale. On découvre ainsi qu’Arthur Rudolf est un extraterrestre et que le père de Nico est un des geôliers des savants retenus depuis vingt ans dans un ancien hôtel américain. Sous celui-ci se cachent des laboratoires de recherche. Si on se doute que la soi-disant mère de Nico n’est autre qu’une femme fatale extrêmement dangereuse (un videur du bloc de l’Est), on découvre qu’Arthur Rudolf n’est pas aussi transparent qu’il en a l’air et qu’il a ses propres plans. Pour Nico, ce face à face avec Helen Von Braun va lui permettre de retrouver son père.

Une BD qui avance à du cent à l’heure, où l’on n’a pas le temps de s’ennuyer, qui se dévore une fois qu’on la commence. Une histoire bien ficelée, avec une intrigue qui se dévoile au fil des pages. Cette Terre des années soixante a décidément bien des attraits. La confrontation est-ouest est le moteur de l’intrigue principale. On se retrouve en pleine guerre froide avec des éléments futuristes qui vont attirer le lecteur. Berthet nous emmène dans des décors qui tiennent des aventures de Blake et Mortimer ou Harry Dickson.

On connaissait Berthet pour son excellente série Pinup, et Duval pour sa facilité à nous plonger dans une uchronie avec sa série Hauteville House. Ici, on découvre ce que ces deux auteurs peuvent nous concocter ce qu’il y a de meilleur à travers les aventures d’une jeune femme belle et dangereuse. Une série qui pourrait s’achever sur ce troisième tome, mais que j’espère voir continuer. Par sa qualité graphique et scénaristique, cette série plaira à tous ceux qui aiment l’espionnage, l’action et l’uchronie.

Une fois plongé dans la lecture de cette BD, je n’ai pas pu décrocher avant la fin. Et lorsque la dernière page était enfin lue, j’avais comme un manque, car il n’y a pas encore de quatrième tome. Phénomène que je n’avais pas ressenti en lisant dans la foulée les tomes 1 et 2. Femmes fatales est donc une excellente BD, qui nécessite d’avoir lu les deux tomes précédents.

Nico T3 : Femmes fatales, Berthet & Duval, Dargaud, 2012, 64 pages

Véronique Biefnot : Meet & Greet avec Marc Bailly

Dans le cadre du « Meet & Greet » proposé par Marc Bailly (Phénix Mag, le prix Masterton, le prix Bob Morane, Les imagineurs belges) dans l’auditorium de l’ONSS, Véronique Biefnot était son invitée le 19 juin 2012. Elle venait présenter son dernier livre Les murmures de la terre. Livre qui précède deux autres livres fantastiques qui paraitront encore en 2012. Cette rencontre avec Marc Bailly et les lecteurs présents ne se résumait pas seulement à l’événement littéraire du moment, mais aussi à une présentation plus personnelle de la carrière de la romancière, qui est également comédienne, metteur en scène, animatrice et chroniqueuse à la RTBF et ARTE et peintre. Au théâtre elle s’occupe aussi des décors et des costumes. C’est donc une femme aux multiples talents, à la carrière bien remplie, qui est venue se dévoiler un peu plus au public. Et en matière de révélation, ce moment a été particulièrement touchant lorsque Véronique Biefnot a offert la lecture d’une de ces nouvelles (Le fauteuil) qui faisait référence à son enfance et à sa grand-mère. Lecture pendant laquelle elle n’a pas pu s’empêcher de laisser s’exprimer ses émotions à deux reprises. Derrière un beau sourire, des yeux pétillants, un esprit vif et un don certain pour la communication, se cache aussi une femme sensible, émotive, et très attachante.

A 16 ans, Véronique Biefnot était déjà à l’université. Avec une agrégation à l’ULB en philo et lettres en poche, elle y ajoute le conservatoire en art dramatique et les beaux-arts en peinture. C’est donc une jeune femme très éclectique, qui a ajouté depuis 2011 une nouvelle facette à son profil en devenant également romancière. Et en matière de roman, elle n’a pas choisi la facilité. Son premier livre Comme des larmes sous la pluie à des allures de roman sentimental, mais en le lisant on se rend vite compte qu’il tient davantage du thriller et du drame.

Lorsque Marc Bailly lui demande quel est le rôle qui l’a le plus marqué dans sa carrière, Véronique Biefnot répond en faisant référence à Scandaleuse de Jean-Marie Piemme. Puis, de son rôle de Susanneke dans Le Mariage de mademoiselle Beulemans. Un classique du théâtre belge dans lequel elle avait le premier rôle féminin au côté de Jacques Lippe. Non contente d’être sur les planches, elle est aussi metteur en scène. On lui doit les adaptations de Garbo n’a plus le sourire ou Les combustibles d’Amélie Nothomb. Elle a joué et foulé la plupart des scènes de théâtre belges. On l’a vue dans Le dieu du carnage, Tartuffe, La guerre de Troie, Beaucoup de bruit pour rien, Les Troyennes. Pour de plus amples informations sur sa biographie, je suggère de visiter son blog dont voici le lien.

Véronique écrivait des nouvelles, des poèmes, des aphorismes, des adaptations théâtrales, jusqu’au jour où un metteur en scène lui a fait remarquer qu’elle écrivait très bien. À la question « Pourquoi n’écrirais-tu pas un roman ? », en parallèle à son métier de comédienne, elle s’est lancée dans l’écriture sans avoir d’idée sur la façon de se faire éditée. Les pages s’accumulaient et formaient petit à petit un roman, qu’elle fit lire par le metteur en scène avec qui elle travaillait. Il a aimé le roman, et pour être certaine que ce n’était pas un avis subjectif, Véronique l’a fait lire à des spectateurs du théâtre qui ne savaient pas qu’elle en était l’auteur. La suite, c’est une copie du livre remise chez Filigranes par un des lecteurs, puis la rencontre avec Héloïse d’Ormesson. Et ce qui était un rêve s’est soudain concrétisé en livre. Livre écrit dans un style personnel, qui oscille entre Guillaume Musso et Jean-Christophe Grangier, comme le souligne Marc Bailly.

Au cœur de ce premier livre, on trouve deux personnages principaux. Naëlle, jeune femme perturbée, avec une enfance compliquée et une amnésie pour les douze premières années de sa vie. Et Simon Bersic, romancier qui connait le succès, mais qui n’est pas heureux depuis qu’il a perdu sa femme. Il vit un deuil en compagnie de son fils. Comme des larmes sous la pluie, raconte la rencontre improbable de ces deux personnages. À travers ce livre, Véronique Biefnot voulait montrer comment surmonter les problèmes lorsqu’on n’a pas de chance dans la vie. Le contexte rappelle certaines affaires qui ont ébranler la Belgique. Le roman contient des coup de tonnerre qui perturbent les lecteurs.

Le deuxième roman Les murmures de la terre  fait suite à Comme des larmes sous la pluie, mais il peut se livre de manière indépendante. On retrouve les mêmes personnages. Il s’agit davantage d’un parcours initiatique en Bolivie, où Naëlle disparait et est censée recouvrir sa mémoire à travers des pratiques chamaniques. Simon Bersic part à sa recherche, sans savoir ce qui l’attendra. Le livre tient de l’aventure et du fantastique à travers les voyages spirituels de Naëlle et le paysage amazonien.

Véronique a lu plusieurs extraits des deux livres. Et lorsque Marc Bailly a fait référence aux rituels chamaniques, on a eu droit à une description détaillée de la part de la romancière. Elle a découvert ceux-ci dans des circonstances personnelles et tragiques. Le texte est fluide et s’écoute autant qu’il se lit. Un des secrets de cette fluidité, c’est justement qu’elle se relit à haute voix lors de l’écriture.

Lorsqu’on aborde le sujet du blog, Véronique explique que c’est un moyen pour elle d’être en contact avec ses lecteurs. Il y avait déjà sa page Facebook, mais il faut être inscrit sur le réseau social pour pouvoir la suivre. De son côté, le blog permet à n’importe qui de la suivre et de la contacter. Je voudrais signaler que Véronique intervient aussi sur mon propre blog (Le blog science-fiction de Marc). Elle maintient un contact étroit avec ses lecteurs.

En plus du troisième tome de sa trilogie qu’elle est en train d’écrire, elle a aussi d’autres livres en cours. Le premier est un conte fantastique dont le titre est Animalter. Le second livre Sous les ruines de Villers se passe à Villers la ville et contient également une part de fantastique. Les deux livres s’adressent à des publics différents et sont publiés en 2012.

Pendant la rencontre, Marc Bailly a imposé une liste de noms plus saugrenus les uns que les autres, que Véronique Biefnot a dû glisser dans ses réponses. Cela a parfois donné lieu à des crises de fou rire. La rencontre s’est terminée par une séance de dédicaces et un contact plus rapproché avec ses lecteurs.

Rencontre enrichissante, où on découvre Véronique Biefnot en tant que romancière. Elle est talentueuse et nous réserve dans l’avenir encore de belles pages de lecture.

Le blog de Véronique Biefnot.

La légende de Tarzan – Edgar Rice Burroughs

Après nous avoir sorti le premier tome de l’intégrale John Carter de Egar Rice Burroughs, Omnibus nous propose La légende de Tarzan. Le livre comprend les cinq premiers tomes du cycle. C’est-à-dire :

  • Tarzan, seigneur de la jungle
  • Le retour de Tarzan
  • Tarzan et les fauves
  • Le fils de Tarzan
  • Tarzan et les joyaux d’Opar

On pourrait penser qu’il s’agit d’opportunisme de la part d’Omnibus, suite au film John Carter sorti cette année, déjà disponible en DVD. Tarzan ne fait pour l’instant l’objet d’aucun film. Les seuls à se consacrer au personnage sont les éditions Soleil, qui rééditent l’intégrale de Tarzan en bande dessinée. Omnibus, de son côté se focalise davantage sur Edgar Rice Burroughs.

Et Tarzan dans tout ça, qui se balade de liane en liane ? Eh bien, il ne rajeunit pas. Le personnage d’Edgar Rice Burroughs est né à une époque où l’aventure avait la prédominance. Une aventure saupoudrée de fantastique, dans laquelle de vieilles cités sont redécouvertes. On retrouve dans cet omnibus la trame principale des histoires liées à Tarzan. C’est-à-dire, son enfance dans la jungle et son autoéducation (bien que je me suis toujours demandé comment il pouvait apprendre l’anglais tout seul), la découverte de ses origines en tant que Lord Greystoke, la rencontre avec Jane qu’il épousera, la naissance du petit jack issu de leur union, qui deviendra Korak, et enfin le retour à la cité d’Opar. Que du classique, que de l’aventure, que de l’épique. Il y a des similitudes entre les deux personnages d’Edgar Rice Burroughs. Tarzan comme John Carter combat l’injustice avec les moyens dont il dispose.

Les textes qui composent ce tome datent de 1912 à 1916, soit un siècle. Le style de l’auteur est parfois un peu naïf, mais il faut le remettre dans le contexte de l’époque. Le personnage est tellement ancré dans notre inconscient collectif, qu’il n’a pas pris une ride. Il reste un des personnages préférés malgré le fait qu’il ne fait appel à aucune technologie. Il s’inscrit dans un groupe de héros qui nous faisait découvrir des contrées imaginaires, des peuples disparus, ou des trésors perdus. Il y avait Alan Quatermain de Henry Rider Haggard, le professeur Challenger de Arthur Conan Doyle, et il y avait Tarzan de Edgard Rice Burroughs. Tarzan est sans doute le personnage qui a le mieux passé le siècle écoulé. Entretemps, il a été copié bon nombre de fois, mais jamais égalé. Le roi de la jungle, c’est lui !

Format pratique, cet Omnibus. Il va allègrement remplacer les dernières éditions de poche toujours incomplète. Oui, mais, est-ce que Omnibus va aller jusqu’au bout du cycle ? Si ce n’est pas le cas, il faudra bien que ce livre se retrouve à côté des Néo, Édition spéciale, 10/18 existants. Des formats différents pour un seul héros, ce n’est pas ce qu’il y a de mieux. Le dernier tome Tarzan et les jumeaux est paru en 1991 dans une publication amateur. Est-ce que Omnibus ira jusqu’à cette ultime aventure ? Je l’espère.

Concernant cet Omnibus, je dirai « très bien, continuez ». Ce format est justement l’idéal pour une vraie intégrale. En cinq tomes, il y a moyen de sortir tout Tarzan. À noter qu’on a droit à une excellente préface de Claude Aziza et d’un abécédaire qui ne vaut pas l’encyclopédie de Michel Vannereux (voir une de mes précédentes chroniques), mais qui est pas mal.

En un peu moins de 1200 pages, on a donc droit à une réédition des cinq premiers Tarzan. À conseiller, à tout lecteur qui recherche de l’aventure et qui ne se soucie pas de technologie.

La légende de Tarzan, Edgar Rice Burroughs, Omnibus, 2012, 1162 pages

John Carter (le film)

Je me souviens avoir lu le cycle de Mars dans sa version Lefrancq. C’est-à-dire en deux tomes qui reprennent l’intégrale du cycle. L’image que j’avais des deux personnages principaux, John Carter et Dejah Thoris, n’était pas exactement celle du film d’Andrew Stanton. John Carter m’avait l’air un peu plus intelligent, et Dejah Thoris un peu moins guerrière. Le scénario du film n’a pas grand-chose à voir avec les livres écrits par Edgar Rice Burroughs. On oublie l’usine atmosphérique au profit d’un mariage obligatoire pour Dejah Thoris. Soit, c’est une autre histoire. Seuls l’aller et retour de John Carter et la rencontre avec Dejah Thoris et les Tharks correspondent au livre.

Le film qui fait 2h06 se révèle être un agréable moment de cinéma. Aventure et batailles au programme, avec en fond un soupçon d’amour bien caché par le fracas des armes (mais pas une romance). John Carter se retrouve projeté sur Mars dans un lointain passé, sur un monde hostile qui oscille entre fantasy et science-fiction. Dirais-je de la science-fantasy ? Eh bien, oui ! Mais sur cette planète Mars plus petite que la Terre, que les autochtones appellent Barsoom (qui est bien plus joli à prononcer), John Carter, voit sa force décuplée. Il peut faire des bonds qui le rendent presque insaisissable. Avant de pouvoir maitriser cet avantage lié à la gravitation d’une planète plus petite, John Carter se retrouve prisonnier des Tharks. Lors d’une bataille aérienne entre Helium et Zadanga, la princesse Dejah Thoris est sauvée par Carter et capturée par les Tharks. Elle fera comprendre à Carter qu’il est sur Barsoom (Mars) et que lui vient de Jasoom (la Terre). Le fait que ce n’est pas à la même époque, mais dans un lointain passé de Mars, est complètement oublié dans le film.

John Carter n’a qu’un but, revenir sur Terre. Il va donc s’échapper avec Dejah Thoris, mais aussi avec Sola qui n’est autre que la fille de Tars Tarkas le jeddak des Tharks. Sur le chemin qui mène à Helium, ils sont attaqués et sauvés par une barge venue d’Helium. C’est à ce moment-là que Dejah Thoris apprend par son père Tardos Mors le jeddak d’Helium qu’elle a été promise en mariage à Sab Than le jeddak de Zodanga, qui est l’ennemi d’Helium. C’est le moyen qu’il a trouvé pour instaurer la paix. Contrainte et forcée, Dejah Thoris va se préparer pour ce mariage tandis que Carter va s’enfuir pour trouver de l’aide auprès des Tharks.

Histoire classique, qui mêle aventure et embuches en tout genre, servie dans un décor grandiose, où le temps court contre les deux personnages principaux qui ont enfin compris qu’ils tenaient l’un à l’autre.

Un bon moment de cinéma où on ne s’ennuie jamais. Il n’y a pas de temps mort dans ce film. L’action est l’élément principal, au point même d’éclipser les rapports entre personnages. C’est le point fort pour les spectateurs qui ne s’attendaient qu’à de l’action, tandis que c’est le point faible pour ceux qui espéraient un peu plus de développement des personnages.

Les effets spéciaux sont à la hauteur de Star Wars ou le seigneur des anneaux. Rien à dire de ce côté-là, si ce n’est qu’on nous propose des décors et paysages de plus en plus grandioses. Par certains côtés, je trouve que Star Wars a même lorgné du côté du cycle d’Edgar Rice Burroughs. La princesse Leia dans Star Wars a curieusement beaucoup de points communs avec Dejah Thoris. Cette dernière est plus jolie et ne porte pas de macarons sur la tête. Dans la foulée, je me demande si le « Ilium » de Dan Simmons n’est pas inspiré par la cité d’Hélium qu’il y a dans le cycle de Mars. C’est certain qu’avec son antériorité (1912) aux autres œuvres citées, le cycle de Burroughs a donné pas mal d’idées aux autres.

Pour revenir aux effets spéciaux, en dehors du désert, les lieux sont magnifiques. Les barges à ailes sont originales et font penser à des galions aériens (devrais-je aussi dire à la barge de Jabba dans Star Wars). Les costumes tiennent de la fantasy et de l’Empire romain. Le seul qui n’en bénéficie pas, c’est tout simplement John Carter. Il faut dire qu’il est tellement souvent jeté au sol, que ce serait du gaspillage.

Le personnage de John Carter m’a paru léger. Difficile de croire que ce gars-là a été capitaine sur Terre. C’est une bonne chose d’avoir choisi quelqu’un d’inconnu (Taylor Kitsch) du grand public, mais va-t-on se rappeler de l’acteur après le film ? Pour Dejah Thoris la princesse d’Helium (Lynn Collins), le problème ne se pose pas. L’actrice laisse une très belle empreinte visuelle dans les souvenirs du spectateur. Difficile aussi de croire qu’à la fin du film, John Carter demande la main de Dejah Thoris. Cela tient plutôt des stéréotypes de l’époque à laquelle Burroughs a écrit l’histoire. Aujourd’hui, on veut d’abord en savoir plus sur l’autre avant de s’engager.

À noter qu’on retrouve Willem Dafoe méconnaissable dans le rôle de Tars Tarkas (qu’on avait précédemment vu dans le premier Spiderman). J’ai aussi remarqué la présence de Ciaran Hinds (Tardos Mors, le père de Dejah Thoris) et James Purefoys (Kantos Kan). Les deux acteurs jouaient César et Marc-Antoine dans l’excellente série Rome. Et plus discret, il y avait Polly Walker (Sarkoja), qui jouait Atia la nièce de César dans la série Rome.

Je ne sais pas si les producteurs du film se lanceront dans la suite du cycle d’Edgar Rice Burroughs. En tout cas, il y a de la matière laissée par l’auteur. Le film se suffit à lui-même et, comme dans le roman (La princesse de Mars), laisse une porte ouverte à une suite. Encore une fois, on constate qu’une œuvre écrite il y a au moins un demi-siècle est adaptée sur grand écran. Ce qui était réservé à des lecteurs à cette époque convient parfaitement à des spectateurs aujourd’hui. La fantasy est particulièrement à l’honneur sur grand écran.

Voici le site Web officiel du film : John Carter

Donc, un bon film, qui 6 mois après sa sortie cinéma, est proposé en DVD. On a droit à un petit bonus qui retrace le siècle qui s’est écoulé entre l’œuvre écrite et l’œuvre cinématographique. Peut-être aurait-on voulu davantage sur ce DVD ?

John Carter, réalisé par Andrew Stanton, produit par Disney, sorti en 2012, avec Taylor Kitsch, Lynn Collins, Samantha Morton et Willem Dafoe, 126 minutes

Voyages extraordinaires – Jules Verne

La sortie d’un coffret Jules Verne à la Pléiade est une grande première. Comment un auteur aussi connu que lui a-t-il mis autant de temps avant d’entrer dans cette collection ? Sans doute était-il trop étiqueté jeunesse. L’erreur est réparée, et la Pléiade ne nous propose pas un seul livre, mais un coffret en comprenant deux.

Sous la direction de Jean-Luc Steinmetz, on trouve un coffret comprenant quatre romans :

  • Les enfants du capitaine Grant
  • Vingt mille lieues sous les mers
  • L’île mystérieuse
  • Le Sphinx des glaces

Ces quatre romans sont accompagnés de près de cinq cents illustrations provenant des éditions Hetzel.

Pour moi, Jules Vernes c’est avant tout un bon nombre d’adaptations cinématographiques. En commençant par le tour du monde en quatre-vingts jours, Vingt mille lieues sous les mers, et L’île mystérieuse. Je n’ai d’ailleurs lu que les deux derniers dans un omnibus jadis édité par Lefrancq. Je ne vais donc pas commenter le choix fait par la Pléiade. Je pense que ce choix est bon et qu’il est représentatif de l’œuvre de Jules Verne. Bien sûr, on aurait aimé davantage. Mais rien n’empêche la Pléiade d’ajouter un livre dans le futur.

Pourquoi faudrait-il opter pour cette énième édition de quatre romans de Jules Verne ? Parce qu’ici ce n’est pas la raison qui l’emporte, mais le cœur et la passion. Cette version ne s’adresse pas à toutes les bourses, mais savoir qu’il s’agit d’un coffret d’une collection prestigieuse devrait rassurer l’acheteur. Les livres de cette collection tiennent une vie entière si l’on en prend soin. De plus, ils prennent de la valeur au fil du temps. Donc, si on oublie l’aspect spéculatif, ce coffret s’adresse directement aux collectionneurs et amateurs de Jules Verne ou de la Pléiade.

Cette édition représente un événement non négligeable car la Pléiade n’est pas réputée pour accueillir des auteurs de science-fiction ou de fantastique. Si l’on fait abstraction de Voltaire, on y trouve Edgar Alan Poe et Jorge-Luis Borges. C’est très peu, c’est même trop peu. Jules Verne vient donc renforcer les auteurs de l’imaginaire. Espérons que l’éditeur de cette collection envisage un jour de publier un volume consacré H.G. Wells, qui est le pendant de Jules Verne (dont il existe déjà un omnibus), ou à des auteurs plus modernes comme Frank Herbert ou Robert Heinlein.

Mais la sortie de ce coffret n’est pas la seule chose intéressante. En parallèle, un album sort également dans cette collection. Album iconographique dirigé par François Angelier, qui reprend la biographie de l’auteur et ses principales œuvres sur un peu plus de 300 pages. Ce livre aurait dû faire partie du coffret. Ce n’est pas le cas. La Pléiade a préféré l’offrir à toute personne qui achète trois volumes de la collection. C’est un peu décevant. Sachant que les deux volumes Jules Verne peuvent s’acheter indépendamment, il suffisait de l’offrir à toute personne qui achetait le coffret. Ou mieux, encore, l’intégrer dans le coffret. Dommage !

Reste que l’ensemble (coffret plus album) est une référence, ou le deviendra rapidement. Les anciens lecteurs apprécieront la qualité du coffret. Les nouveaux lecteurs resteront peut-être dubitatifs, d’abord par son prix, ensuite par les personnages de Jules Verne (Nemo, Phileas Fogg, ou le capitaine Grant ne correspondent peut-être plus tout à fait aux héros d’aujourd’hui).

Voilà donc un coffret à ne pas rater (ou deux tomes à acheter séparément) si vous êtes collectionneur. Et évidemment un album à rechercher.

Voyages extraordinaires, Jules Verne, Éditions Gallimard, Collection Pléiade, 2644 pages, 2012
Album Jules Verne, Éditions Gallimard, Collection Pléiade, 320 pages, 2012

L’encyclopédie Tarzan – Michel Vannereux

La tribune des amis d’Edgar Rice Burroughs nous propose une encyclopédie sur Tarzan. Il s’agit d’un livre exhaustif sur tout ce qu’Edgar Rice Burroughs a écrit depuis 1912 sur le personnage. Michel Vannereux a ici fait un travail de fond remarquable, reprenant chaque texte dans la langue d’origine et en français. Pour chaque texte, on a droit aux différentes éditions qui l’on intégré. On constate que Tarzan a été édité par bon nombre d’éditeurs, mais qu’aucun n’est parvenu à sortir l’intégrale en français. Les différents textes sont disséminés, et il est particulièrement difficile de les retrouver.

Michel Vannereux accompagne chaque livre ou texte d’un résumé, en indiquant à quel moment le texte original a été édité. Un chapitre se consacre à toutes les particularités du personnage, son apparence, son cri, son humour, ses rapports avec la civilisation, les langues qu’il parle, etc.

Un long chapitre reprend tous les personnages du cycle, les peuples, les lieux, les termes. Le livre se termine par un dictionnaire Mangani. C’est évidemment le travail d’un passionné de Tarzan, et on ne peut que féliciter Michel Vannereux pour s’être lancé dans ce travail de fourmi.

Une remarque à faire sur ce livre ? Pas sur son contenu, qui est vraiment excellent. Mais plutôt sur le contenant, le livre qu’on aurait aimé plus souple. En dehors de ce détail, je me demande s’il existe des cartes géographiques imaginées par Edgar Rice Burroughs.

Pour profiter pleinement de ce livre, il serait bien qu’un éditeur nous sorte enfin une intégrale Tarzan sous forme d’omnibus (en français, je précise). J’aimerais bien que Michel Vannereux  nous fasse une seconde encyclopédie, mais cette fois-ci consacrée à la BD de Tarzan, car si le personnage se lit encore facilement, il se lit aussi sous forme BD.

Ces dernières années, Tarzan a pris un peu de recul par rapport aux héros doués de pouvoir. Son point fort c’est l’aventure, le mystère, l’exploration. Dans un monde où le temps et la distance ne font que se réduire grâce à l’invention et la technologie, il devient de plus en plus difficile de trouver un coin de terre qui nous dépaysera. Et là, Tarzan reste une référence littéraire, bande dessinée ou cinématographique.

 L’encyclopédie Tarzan trouvera naturellement sa place chez tous les fans du personnage. À conseiller, évidemment.

 L’encyclopédie Tarzan, Michel Vannereux, Editions Mangani, 2011, 276 pages

 

Les murmures de la terre – Véronique Biefnot

Petite escapade en  littérature belge avec une de mes auteures préférées !

Après « Comme des larmes sous la pluie », Véronique Biefnot nous propose « Les murmures de la terre » son deuxième roman qui fait suite au premier. Roman toujours édité par Héloïse d’Ormesson. Il s’agit toujours d’une romance, mais le thriller a laisser la place à l’aventure et au mystère.

On y retrouve Naëlle toujours perturbée par son passé, et l’écrivain Simon Bersic toujours aussi amoureux d’elle. Cette fois-ci, le lieu où se passe l’histoire a changé. Ce n’est plus Bruxelles en toile de fond, mais la Bolivie. À travers les deux personnages principaux, Véronique Biefnot nous fait visiter ce pays étrange et mal connu des lecteurs. Telle une ethnologue, elle nous fait découvrir la Bolivie profonde, emprunte de vieilles croyances, où le chamanisme à sa raison d’être. Un pays où la technologie n’a pas sa place, et où les autochtones vivent à un autre rythme que celui de notre civilisation occidentale. C’est l’endroit idéal pour Naëlle pour pouvoir se reconstruire, pour aller au tréfonds de son âme. En tant que lecteur, au début du livre on en est pas persuader, et les deux personnages principaux aussi. C’est d’ailleurs tout l’intérêt de cette histoire.

Plus épais d’une centaine de pages, que le premier tome, « Les murmures de la terre », est aussi l’occasion d’un peu plus explorer l’autre couple de cette histoire. Céline, Grégoire et leurs enfants. Leur couple est en péril après avoir suivi le naufrage de celui d’amis proches.

Depuis Comme des larmes sous la pluie, Véronique Biefnot nous fait découvrir toutes ses préoccupations sur les sentiments, sur le couple, sur le bonheur, sur les doutes qui s’installent au fil du temps, sur la manière d’envisager une vie à deux avec des enfants. Elle en profite aussi pour nous parler du coup de foudre, nous expliquer le mythe du prince charmant ou les différences entre hommes et femmes à la façon de John Gray.

Avec le couple Céline et Grégoire, j’ai particulièrement aimé leurs joutes orales, surtout lorsqu’ils se lancent à la tête des tirades d’Alfred de Musset. Là, je remarque que l’auteure est une vraie comédienne (je le savais déjà) qui prend plaisir à nous conter cette histoire parsemée de métaphores.

Avec ce deuxième tome, la romancière (toujours comédienne, metteur en scène et peintre), confirme tout le bien qu’on dit d’elle depuis Comme des larmes sous la pluie. En reprenant ses personnages principaux là où ils s’étaient arrêtés, elle montre au lecteur une autre facette de son talent. Une de plus, devrais-je dire. Dès la sortie du premier livre, elle avait annoncé une trilogie. Sur fond d’aventure et de mysticisme, elle nous propose toujours une histoire sentimentale compliquée pour ses personnages principaux. Une situation qui entrainera le lecteur au pays des condors et des curanderos.

Ce livre peut se lire indépendamment du premier. Il n’est pas nécessaire de connaitre ce qui précède pour lire ce roman. Mais je conseillerais tout de même au lecteur qui ont aimé ce livre-ci de lire le premier tome. Non pas parce qu’il est indispensable à la bonne compréhension de l’histoire, mais tout simplement parce qu’il explique comment Naëlle et Simon se sont rencontrés et en sont arrivés à la situation du début du livre.

Dès les premières pages du livre, on remarque le travail de recherche que Véronique Biefnot a accompli pour nous décrire de manière exhaustive la Bolivie et sa culture. On pourrait penser qu’elle y a séjourné. Il n’en est rien. Par son travail très élaboré, la belle est capable de bluffer ses lecteurs les plus fidèles. La Bolivie est un pays qui nécessite une bonne condition physique pour les visiteurs. On y passe des hauts plateaux et déserts de sel, à la forêt amazonienne, avec des écarts de température et des conditions atmosphériques fonction de l’altitude. L’auteure nous fait ici partager sa vision de la Bolivie. Une vision mystérieuse et colorée, presque un travail d’ethnologue.

Dans ce second opus, on découvre le chamanisme à travers la quête de Naëlle. Pour retrouver les douze ans de son existence qui ont disparu de sa mémoire, elle se lance dans un périple, qui est une lente descente au fond d’elle-même, à travers des pratiques chamaniques, parsemée d’animaux de pouvoir. Mais rien n’est simple pour elle. Malgré sa volonté de découvrir qui elle est réellement, le parcours est semé d’embuches. Pour Simon Bersic, ce parcours est également compliqué. Il veut retrouver Naëlle, quitte la Belgique pour la Bolivie, et avec l’aide de Manko, traverse une partie ce pays.

Dans Comme des larmes sous la pluie, on avait droit à la petite voie qui parsemait chaque chapitre. Dans Les murmures de la terre, c’est principalement les pensées de Naëlle qui vont parsemer chaque chapitre. La belle ténébreuse nous semble soudain un peu moins mystérieuse (mais vraiment un peu). On plonge dans ses rêves, dans ses cauchemars, et on l’accompagne sur le chemin qui doit l’amener à se retrouver. Derrière un aspect très littéraire, ce roman a aussi une part importante de fantastique. Chaque titre de chapitre situe le personnage, le lieu et l’heure. Parfois, l’auteur laisse des points de suspension pour nous laisser dans le doute, ce qui n’est pas plus mal.

Encore un sans faute pour Véronique Biefnot, qui sur sa lancée s’affirme de plus en plus comme une grande romancière, avec un style qui lui est propre et qui est très agréable à lire. On a droit à des chapitres courts, qui permettent de progresser plus vite dans la lecture du roman. C’est fluide, c’est évident pour le lecteur, jusqu’au moment où Véronique Biefnot décide de nous faire des révélations qui vont mettre à mal nos idées préconçues. On peut facilement se mettre dans la peau des personnages, sauf de Naëlle, et les lecteurs comprendront pourquoi. On retrouve chez Véronique Biefnot ce malin plaisir à perturber le lecteur, à lui faire découvrir une réalité toute différente de celle qu’il imaginait. C’est tellement bien écrit, qu’on en redemande. Difficile de croire qu’il s’agit seulement du deuxième livre, surtout avec une telle maitrise de l’écriture dans la langue de Molière.

Les murmures de la terre va évidemment donner envie au lecteur de connaitre la fin de cette romance. Pour l’instant, Véronique Biefnot n’a pas encore divulgué beaucoup d’informations sur la suite et fin de cette envoutante histoire, si ce n’est qu’il y aura un retour en Belgique des personnages principaux. A l’heure où j’écris ces lignes, l’histoire doit être en cours d’écriture. Je ne crois pas me tromper en disant que dans un an, on aura droit à la fin de l’histoire. Son éditeur, Héloïse d’Ormesson, ne manquera pas de publier la fin.

Voilà encore un livre que j’ai beaucoup aimé et un auteur que je continue à suivre de très près.

Les murmures de la terre, Véronique Biefnot, éditions Héloïse d’Ormesson, 2012, 480 pages

Présentation et interview de Véronique Biefnot chez Filigranes pour la sortie du livre : ici.

Et voici l’interview à la librairie Mollat :

Je signale qu’il existe un blog officiel : Le blog officiel de Véronique Biefnot

Mémoires – Henri Vernes

Les mémoires de Bob Morane… pardon, d’Henri Vernes ! Ce livre de 490 pages est édité par les éditions Jourdan. On pourrait penser qu’il s’agit d’un livre de mémoire de plus parmi une myriade d’autres. C’est vrai, mais celui-ci apporte son lot d’informations sur un auteur qui nous a transportés aux quatre coins du monde lorsqu’on était adolescent. Bob Morane, c’est toute notre jeunesse. Et le temps passant, on est resté fidèle au personnage. En tout cas, je le suis resté. Je n’irai pas dire que j’ai lu tous les Bob Morane, mais plus d’une centaine c’est certain.

Né à la fin de la guerre 14-18 à Tournai la ville aux six tours (qui n’en a que cinq et un beffrois), Henri Vernes va connaitre une enfance partagée entre des parents séparés. Il sera envoyé chez les Jésuites, sans être convaincu de l’existence de Dieu. Au début de l’adolescence, il connaitra sa première fois avec une femme qui avait l’âge de sa mère. Puis à un âge où il parait plus vieux que son âge réel, il part pour Anvers, et accompagne une certaine madame Lou en Chine (ce qui nous rappelle miss Ylang-Ylang). L’aventure est au rendez-vous et est parsemée de conquêtes. On va ainsi suivre Henri Vernes sur plusieurs décennies. On le voit militaire, puis résistant entre la France et la Belgique. C’est un personnage haut en couleur qui va devenir un écrivain prolifique.

Et Bob Morane dans tout ça ? Il faut attendre la 400ème page pour faire allusion à lui. En fait, notre héros de BD et de roman est loin d’être le sujet principal du livre. C’est la vie d’Henri Vernes qui est au premier plan, pas celle de son personnage principal.

Ces mémoires sont un bon livre, qui se laisse lire. Les chapitres courts se succèdent les uns après les autres, sans que le lecteur se perde dans des lourdeurs. La vie d’Henri Vernes est loin d’être une sinécure. Et à travers ses péripéties, on a une vision du vingtième siècle et de la seconde guerre mondiale en particulier à travers son regard. Cela englobe évidemment l’histoire de Belgique.

Mais si comme moi, le lecteur a acheté le livre pour en savoir plus sur la genèse de Bob Morane, il risque fort d’être un peu sur sa faim. Seules les cent dernières pages du livre vont aborder l’écriture et l’édition (Marabout entre autres). On va surtout découvrir l’amitié qui lit Henri Vernes à Jean Ray (autre monument de la littérature populaire belge, et fantastique en particulier). Une amitié de vingt ans lie les deux hommes. En lisant les mémoires, on constate que Vernes est pour beaucoup dans la réédition des œuvres de Jean Ray chez Marabout. Il en est même le principal initiateur.

Cette partie du livre est particulièrement intéressante. On comprend mieux les relations qu’avait Henri Vernes avec Marabout. On comprend aussi pourquoi cette collaboration n’a pas continué. Le livre s’arrête abruptement à l’année 1977. C’est très dérangeant pour le lecteur que je suis et qui a grandi avec Bob Morane en roman et en bande dessinée. Mais que sont devenus les rééditions en volumes chez Lefrancq, ou celles chez Ananké ? Pourquoi ne parle-t-on pas de la relève ? Simple question qu’Henri Vernes aurait pu élucider en ne s’arrêtant qu’à la date de fin du livre, c’est à dire le 3 avril 2011. 34 ans ont ainsi été escamotés, comme si plus rien ne s’était passé. C’est vrai que si l’auteur a davantage espacé l’écriture de roman, il n’en reste pas moins que les rééditions, le dessin animé, et la bande dessinée ont occupé cette période. Un oubli de 34 ans pour un livre de mémoires, ça ne fait pas très sérieux. J’espère que lors d’une réédition, un complément viendra combler cette période manquante.

En dehors de ça, c’est un livre très intéressant qui nous montre un auteur qui s’est inspiré de lui-même pour créer Bob Morane. Les aventures (parfois sentimentales) font partie de la vie de ce baroudeur qui a été très prolifique et a commis quelques grands moments du livre d’aventure. Mais attention, ce n’est pas seulement l’aventure. Dans les Bob Morane, on trouve du fantastique, de la science-fiction, du thriller, de l’épouvante. Tout le panel des genres existe, à l’exception du sexe. Ce qui est parfaitement compréhensible à l’époque (1953) car l’auteur voulait toucher un grand public

Un livre à conseiller, car c’est la première fois qu’Henri Vernes se dévoile autant. Un livre qui trouve sa place entre Bob Morane, Miss Ylan-Ylang et l’ombre jaune.

Je propose aux lecteurs d’acquérir en complément Henri Verne l’album de Jacques Dieu aux éditions L’âge d’or.

Mémoires, Henri Vernes, éditions Jourdan, 2012, 488 pages

El Borak – Robert E. Howard

Bragelonne a presque édité tous les Robert E. Howard. Avec l’intégrale El Borak, on approche petit à petit de la fin des textes encore disponibles. Patrice Louinet a dirigé ce recueil de textes, comme il l’avait fait pour les précédents tomes parus chez Bragelonne.

El Borak, ce n’est ni de la science-fiction, ni de la fantasy, ni du fantastique. C’est simplement de l’aventure, celle de Francis Xavier Gordon, un aventurier texan qui sillonne le moyen orient au début du dernier siècle, surnommé El Borak, le rapide. Et Gordon est effectivement rapide. Ce n’est pas le plus grand, ce n’est pas le plus fort, mais son intelligence lui permet de prendre le dessus sur ses adversaires. Premier vrai personnage créé par Howard, El Borak ne fait pas dans la dentelle. Le personnage est une légende qui sillonne le Proche-Orient, l’Afrique subsaharienne, l’Afghanistan, l’Inde. Il manie les armes à feu et les armes blanches comme peu d’hommes savent le faire.

Personnage créé à l’époque de John Carter (Edgard Rice Burroughs), de l’homme de bronze (Lester Dent), ou de Flash Gordon (Alex Raymond), El Borak est un concurrent sérieux pour ceux-ci. Mais à la lecture de ce recueil, on constate que ce n’est pas du niveau de Conan. C’est de l’aventure, parsemée de batailles, de combats, de fureur. Si le rythme imposé par Howard est soutenu tout au long du livre, les histoires très stéréotypées lasseront le lecteur, car trop répétitives. El Borak correspond à un genre d’aventure qui ne colle plus avec notre époque. Même Lawrence d’Arabie passerait mieux.

L’édition présentée par Bragelonne ne reprend pas les textes de jeunesses de Howard, mais ceux qu’il a écrits bien plus tard (Les épées des collines, La fille d’Erlik Khan, Le faucon des collines, La mort à triple lames, Le sang des dieux, Les fils de l’aigle, Le fils du loup blanc). A noter que cette édition propose un appendice comprenant une version courte de La mort à triple lames, ainsi qu’une postface de Patrice Louinet sur les nombreuses vies d’El Borak.

Livre indispensable pour le lecteur qui veut l’intégrale de Robert E. Howard. Pour les autres, il s’agira d’une curiosité proposant des aventures d’une autre époque.

El Borak, Robert E. Howard, recueil élaboré par Patrice Louinet, Bragelonne 2011, 521 pages, couverture et illustrations de Jim et Ruth Keegan et Tim Bradstreet

Aldébaran (intégrale) – Leo

À la fin de l’année, les éditeurs de bandes dessinées sortent souvent des intégrales. J’ai profité de l’occasion pour lire celle d’Aldebaran dessinée et scénarisée par Leo et éditée chez Dargaud.

L’intégrale reprend les cinq albums suivants :

1.       La catastrophe
2.       La blonde
3.       La photo
4.       Le groupe
5.       La créature

Pour une raison que j’ignore, ce cycle m’avait échappé ainsi que ceux qui suivent. Mais comme j’avais envie de combler cette lacune, j’ai fait le pas vers ce premier cycle des mondes d’Aldebaran. Et je ne le regrette pas ! Cette intégrale a été dévorée en une journée, le jour de l’an. Et quand j’en suis ressorti, j’étais triste de devoir quitter les personnages de celle-ci. Dans la foulée j’ai acheté les cycles Betelgeuse et Antares, que je dois encore lire. Tout comme je suivrai également Survivants, un nouveau cycle qui se raccroche à Aldebaran. Mais ça, c’est une autre histoire.

Tout ça pour dire que ce cycle de science-fiction  est très bien dessiné et imaginé par Leo. Les décors sont splendides. La faune et de la flore nous dépaysent vraiment et la qualité du dessin est exceptionnel. Ce qui ne gâche rien, c’est que Leo nous présente des personnages à fortes personnalités, qui vivent une aventure à laquelle on adhère en tant que lecteur. Aldebaran, c’est un monde et un univers cohérent qui piègent le lecteur, car une fois que ce dernier a commencé, il ne sait plus s’en détacher.

Et l’histoire dans tout ça ? A la fin du 22e siècle la colonie établie sur Aldebaran n’a plus aucun contact avec la Terre depuis près d’un siècle. Elle a évolué et essaimé sur un continent de la planète. L’histoire commence lorsqu’un Nestor échoue sur une plage et qu’en pleine mer se produit un événement inhabituel. On découvre les personnages de Kim Keller (13 ans) et Marc Sorensen (17 ans), qui vont être confrontés à l’apparition étrange de la mantrisse. L’arrivée de Driss un étranger qui met en garde le village contre la mantrisse, puis d’une journaliste, qui veut l’interviewer,  va précipiter les choses. La mantrisse va détruire le village et les habitants des deux jeunes adolescents. Ils vont devoir entamé un long périple qui devrait les mener jusqu’à Anatolie la capitale. Ce long périple s’étale sur les cinq tomes de cette intégrale et prendra cinq ans. Avec des péripéties inattendues pour les deux adolescents qui vont beaucoup murir. En chemin ils rencontreront Alexa, la compagne de Driss, qui comme ce dernier partage un secret concernant la mantrisse, mais aussi un secret lié à leur passé.

À travers de merveilleux paysages habités par des animaux plus étranges les uns que les autres, on découvre une colonie qui n’est pas vraiment libre. L’autorité a des allures de dictature et une forme de fanatisme existe dans les instances policières. Le fait d’aider Alexa et Driss fait des deux adolescents des personnes recherchées par les instances policières. Ils seront traqués, trahis, emprisonnés, libérés et courront des dangers.

Alexa et Driss ne sont pas originaires d’Aldebaran. On découvre qu’il s’agit de deux terriens qui ont une durée de vie supérieure à celle des colons. Cette longévité est liée au mystère de la mantrisse. Ce que nous révèle le cinquième et dernier tome du cycle. C’est aussi le moment où un vaisseau terrien arrive sur Aldebaran.

De la science-fiction de qualité et une aventure palpitante. Une très belle histoire avec des personnages hauts en couleur, et une intrigue soutenue tout au long de cette intégrale. Je comprends mieux l’engouement pour ce cycle. J’espère qu’en 2011 Beltelgeuse, sera aussi réédité en intégrale.

À tout lecteur qui voudrait s’essayer à ce cycle, je lui conseille de directement acheter l’intégrale plutôt que les cinq tomes séparément, car après avoir lu le premier il aura de toute manière envie de lire les quatre autres. Ce cycle est vraiment excellent.

Aldébaran intégrale, Leo, Dargaud, 2010, 264 pages


Jungle girl – Adriano Batista, Frank Cho, Doug Murray

Milady continue à nous étonner dans le domaine de l’imaginaire. Après les grands et petits formats fantasy, science-fiction, fantastique, thriller et aventure, voilà que la bande dessinée fait son apparition dans un format intermédiaire, très pratique à lire.

Jungle Girl est le premier tome d’une série. Il est principalement dessiné par Adriano Batista. Frank Cho y a dessiné quelques planches intercalaires, et Doug Murray est le scénariste. Avant de commencer à lire cette BD, on constate en la feuilletant qu’elle est très rythmée, que les angles de vue sont proches de ceux du cinéma. Le dessinateur a prit un malin plaisir à nous montrer son héroïne sous tous les angles. Jungle girl c’est Jurassique Park version sexy et gore. Jana n’a pas grand-chose à voir avec Sheena ou Tarzan (qui sont beaucoup plus gentils). Ici on rencontre une grande blonde qui manipule les lances, couteaux et épées aussi bien qu’un Conan ou une Red Sonja. Une femme sculpturale qui tue un ours, un dinosaure ou qui se bat contre une peuplade. Et qui par moment se soucie de ses vêtements (si on peut dire).

Jungle Girl commence avec le crash d’un petit avion sur une île où vivent des dinosaures. Curieusement cette grande blonde parle la même langue que les explorateurs qui se sont crashés. Mais elle ne connait pas la civilisation, ce qui par moment est assez cocasse.

Une bande dessinée à laquelle on accroche rapidement, car elle est rythmée.  Même si elle est prévisible, c’est un agréable moment de lecture. Les courbes de la belle y sont certainement pour quelque chose, mais au-delà de ce fait, c’est bien dessinée, l’histoire tient la route, et on reste sur sa fin.

Personnellement j’ai beaucoup aimé, parce que cette BD sort des sentiers battus en nous proposant une héroïne « naturelle », qui n’a pas besoin de masque et de cap pour agir. C’est de l’aventure, mais la présence de dinosaures fait basculer cette BD dans la science-fiction.

Si Milady pourrait sortir la suite rapidement, ce serait une bonne chose car  l’histoire est inachevée avec ce premier tome.

Jungle Girl, Adriano Batista, Frank Cho, Doug Murray, Milady, 2009