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100.000 visites

Je viens seulement de me rendre compte que le cap des 100.000 visites à été dépassé pendant le mois de février 2014. C’est sympa de l’apprendre, surtout que j’avais créé ce blog pour m’amuser et qu’au fil du temps il a trouvé ses lecteurs (qui sont aussi ceux de Phénix Mag ou de Véronique Biefnot).

Avec la foire du livre de Bruxelles qui vient de s’achever, j’ai un peu oublié d’écrire des chroniques. Par contre, j’ai fait le plein de livres ! Donc, il y aura dans les prochaines semaines des chroniques !

Et puis il y a l’écriture qui est dévoreur de temps. Un roman qui n’avance pas vite car il faut perpétuellement chercher de la documentation. Un space opera toujours chez un grand éditeur (qui n’a pas encore donné sa réponse), et de temps à autre une nouvelle écrite pour m’amuser. Une anthologie dans laquelle je devrais me trouver qui n’est toujours pas sortie, pour des raisons qui m’échappent. Et un essai sur un livre très connu, que je dois encore écrire. Tout ça donne un retard de lecture assez conséquent.

J’ai de temps en temps besoin qu’on me botte le postérieur (psychologiquement s’entend) pour faire avancer les choses. Et le blog, à sa manière est une forme de satisfaction qui me motive à l’étoffer au fil du temps. Mais n’hésitez pas à me le rappeler !

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Sire Cédric en Belgique

Sire Cédric a achevé sa semaine belge avec l’équipe Phénix. Il a été encadré par Marc Bailly, Frédéric Livyns et Christophe Courthouts/Collins lors de ses déplacements à la bibliothèque de Waremme, la Licorne et Filigranes à Bruxelles. Lors du dernier diner étaient présents Marc Bailly, Adriana Lorusso, Frédéric Livyns, Véronique De Laet, Bruno Peeters et Marc Van Buggenhout.

Sire Cédric et l'équipe Phénix

Moment de détente avant le retour vers la France, passé dans un restaurant indien aux alentours de la gare du midi à Bruxelles. C’était l’occasion une dernière fois de profiter de la venue de Sire Cédric en Belgique. Et ce moment a été très intéressant et très détendu. C’était aussi l’occasion de poser des questions à l’auteur sur ses choix littéraires, sur son actualité future, ou tout simplement sur le monde de l’édition et de l’écriture. Et les réponses ne se sont pas fait attendre, car Sire Cédric aborde les différentes questions de manière calme, avec un certain humour et beaucoup de franchise.

Personnellement, je découvrais l’auteur, car le thriller est plus la spécialité d’autres membres de l’équipe Phénix. Dans le courant de la semaine, j’étais passé chez Filigranes, et j’en avais profité pour acheter un des thrillers de Sire Cédric. N’ayant jamais lu ses livres, je n’ai pas pris le premier tome de son cycle qui met en scène une héroïne. Mais ce détail sera corrigé dans un proche avenir, puisque j’envisage de lire tous ses thrillers.

Sire Cédric n’avait pas envie de quitter la capitale sans découvrir nos gaufres de Bruxelles. On a donc fait une escapade dans un lieu qui en proposait Vraiment très amusant.

Sire Cédric, c’est avec Franck Thilliez et Maxime Chattam la tendance actuelle du thriller et polar. Un auteur à découvrir, une production de livres à découvrir, et surtout un homme à connaitre. Car il ne faut pas se fier aux apparences, Sire Cédric est d’une gentillesse, d’une amabilité, d’une sympathie qui font regretter de devoir le quitter à un certain moment. Il est accessible à tout le monde, et fait preuve d’une grande patience et prend le temps d’écouter ses lecteurs.

A découvrir, ou à approfondir pour ceux qui ont déjà lu un de ses romans. En tout cas, a ne pas oublier.

Annette Luciani/Amy Shark – Interview

Suite à la sortie de son livre Jour de chance pour les salauds, et dans le cadre du magazine Phénix, j’ai proposé une interview à Amy Shark alias Annette Luciani.

Annette Luciani

Il est difficile de croire que la personne qui a écrit « La Corse, l’enfance » ou « L’enfant du lac » est aussi celle qui a écrit « Jour de chance pour les salauds ». Ce sont des genres totalement différents. Dans quel genre te sens-tu le plus à l’aise pour écrire ?

Je dirais que les genres se complètent ! J’ai d’abord écrit beaucoup de poésie avant d’en venir à la prose, et la poésie reste pour moi le moyen d’expression le plus parfait, capable de concentrer tout ce qu’un écrivain recherche – le rythme, la musicalité, la couleur, l’émotion, le sens… — dans un minimum d’espace.

Et puis j’ai écrit des nouvelles policières ou fantastiques, mais toujours très courtes, ce qui fait que les revues les refusaient souvent. C’est Joel Champetier qui le premier m’a décidée à faire « du long » : il avait accepté quelques-uns de mes textes pour Solaris, tout en leur reprochant d’être « trop courts ». Donc, c’est en essayant d’« allonger » mes textes que j’ai versé dans le polar, et en m’efforçant d’« allonger » mes polars, que Jérôme Camilly trouvait lui aussi trop courts, que je suis retombée dans le fantastique, pour ne plus en sortir ! C’est comme si l’un menait naturellement à l’autre, la poésie liant le tout.

Par contre, je n’ai jamais vraiment été tentée par la SF : c’est un genre dont les risques de longueur m’effraient. Même dans le long, je reste une adepte du court, ne serait-ce que parce que j’ai peu le temps d’écrire, et que c’est le temps pour moi le plus précieux de ma journée. Une fois lancée, je cours vers la fin. Finalement, le genre qui me tente le plus, l’idéal auquel j’aspire, c’est l’image. Je le dis dans mon tout premier texte, L’esprit de chair ; c’est peut-être pourquoi je suis proche des peintres, des photographes, des cinéastes… Je les admire, parce qu’ils parviennent à un absolu qui reste pour moi, en littérature, du domaine de la recherche, de l’expérimentation, du tâtonnement. Un texte en prose n’est jamais complètement abouti.

Le titre de ton dernier livre « Jour de chance pour les salauds » est un peu sur le même ton que « Journal d’un vieux dégueulasse » de Charles Bukowski. Y a-t-il eu une influence de Bukowski dans le choix du titre ?

Pas dans le choix du titre, non, mais j’apprécie la référence à Bukowski ! J’aime particulièrement ses poèmes, et il a marqué mon parcours américain. Ceci dit, mon Salaud n’est pas un vieux dégueulasse du tout ; il est jeune, il est beau, et il a de la tenue. Et c’est un flic, en plus ! Ce n’est pas une cloche ! Donc, le titre de Bukowski ne conviendrait pas du tout !!! Même si les femmes, au fond, aiment tout autant les vieux dégueulasses que les salauds, comme le prouve l’histoire de Bukowski. Et celle de Kowinski !

Pourrais-tu nous dire quelles sont tes préférences en imaginaire et pourquoi ? Quels sont les livres ou les auteurs qui t’ont marqué ?

Ouf ! La liste est longue. Tout Rimbaud. Nerval, Novalis, Goethe, Hugo, Poe, Baudelaire pour les classiques. En vrac, ensuite, Cortazar, Borges, Buzzati, Jean Ray, Owen, Bradbury, Clive Barker, S. King, G. Masterton, Ellroy, J.Thompson, P.Highsmith, R.Rendell, la Bible et les Évangiles.

Y a-t-il un roman dont tu aurais voulu être l’auteur ? Si oui, pourquoi ?

J’aurais bien voulu écrire la Bible, j’aurais pu y apporter quelques modifications…

Comment t’est venue l’idée de cette trilogie qui tient du fantastique et un peu de la science-fiction ? Y a-t-il eu un élément marquant qui t’a donné envie d’écrire l’histoire d’un salaud tel que Kowinski ?

Il n’y a pas vraiment d’idée, rien qu’une immense vague de dégoût et une révolte inutile pour ce que la réalité nous offre au quotidien : le meurtre et mensonge, qui ont toujours pignon sur rue. L’inutilité de cette révolte qui continue pourtant à s’affirmer, à crier sa présence, c’est cela pour moi le « fond » du fantastique, son origine et son ressort. D’ailleurs, c’est sans doute la raison d’exister de toute la littérature, dans tous ses genres. Disons que le fantastique est pour moi le meilleur angle d’approche.

Est-ce que Kowinski est inspiré d’un personnage réel ?

Même de plusieurs. On y reconnaît facilement un récent tueur en série, pilote de ligne, militaire haut gradé, au parcours impeccable, qui à côté de ça démolissait les femmes… On peut y reconnaître les fantasmes de toute-puissance et la perversité de certains chefs d’entreprise qui ne valent pas mieux que des tueurs en série. Inutile de citer des noms, regarde autour de toi et dis-moi si nous ne sommes pas cernés par un tas de salauds !

Dans ton roman, la ville est omniprésente. Que ce soit Maskette, Petipas ou Vignole, elles occupent une place importante dans l’histoire, et tu vas même jusqu’à qualifier la première de ville-cube, ville-monstre, ville-mouroir. Penses-tu que nos villes actuelles prennent cette direction ?

Oui. J’envie les grands écrivains de SF de les avoir si bien décrites, d’avoir si bien perçu notre avenir urbain.

Dans la préface, Jérôme Camilly dit qu’on ne fait pas de bonne littérature avec de bons sentiments. On a l’impression que tu as appliqué ce principe et proposé à tes lecteurs un personnage qu’on a envie d’étrangler tellement il est mauvais. Dirais-tu que les lecteurs sont plus attirés par les âmes sombres plutôt que par les personnages sans reproches ?

Disons que toute histoire ne peut se nouer qu’autour de deux personnages, un bourreau et une victime. Pour aimer la victime qu’est le capitaine Vince dans cette histoire, il faut ressentir et apprécier, même si on la déteste, la cruauté de Kowinski. S’il n’y avait que des innocents vertueux, ce serait le Paradis, et on n’écrit pas au Paradis, on ne raconte pas, on contemple ; c’est très ennuyeux. Un roman avec des personnages, et surtout des héros sans reproches, ce serait une utopie littéraire !

Si un tel personnage que Kowinski, qui est censé représenter l’ordre, en arrive à de tels actes, n’est-ce pas parce qu’il a une image négative de la société ? Est-ce qu’à ses yeux, l’humanité n’est pas vouée à la pourriture ? Et les zombies en sont le bon exemple ?

Je partagerais alors la vision intime de Kowinski sur ce point ! L’humanité est certainement vouée à la pourriture, depuis toujours, puisqu’elle est vouée à la mort, vivante ou non. Le seul moyen d’échapper à la morsure des vers, au grouillement de la vermine, à la zombification, c’est l’incinération évidemment. Le grand incendie purificateur ! Mais attention, c’est là ma vision personnelle, ce n’est pas celle de Kowinski. Kowinski n’est pas un anarchiste, ce n’est pas un justicier, il ne souffre aucunement de l’injustice. C’est un fonctionnaire égoïste, mesquin, lâche et pantouflard, un survivant qui ne songe qu’à assouvir ses instincts, qui lui-même est mené par des pulsions animales qu’il ne s’explique pas. Il ne se comprend pas, il ne comprend rien ; son raisonnement est très limité…

Sans dévoiler la suite de l’histoire, peux-tu nous dire où tu en es dans la suite de l’écriture ?

Les trois tomes sont finis, je ne veux rien révéler ! Mais évidemment, le polar s’achève dans le plus pur fantastique, puisqu’il s’agit de savoir au fond si cette société pourrie a une possibilité de se racheter, de renaître sous une autre forme, ou de disparaître à jamais…

Pourrais-tu nous en dire plus sur tes projets littéraires ?

J’ai une série de douze nouvelles policières qui devrait paraître (dont certaines sont mélangées de fantastique), et un gros thriller en préparation. « Gros » pour moi, c’est à dire presque 200 pages !

Merci, Marc, merci Phenix, j’ai passé un bon, agréable moment à répondre à ces questions !

Interview de Christophe Collins

Dans le cadre de la sortie du nouveau livre de Christophe Collins, L’équerre et la croix, je lui ai demandé de répondre à quelques questions. Voici l’interview.

La sortie de « L’équerre et la croix » propose au lecteur de retrouver Sam Chappelle dans une seconde aventure. Après « L’étoile de l’Est », comment a été accueilli le personnage par le public ?

Dans l’ensemble, les lecteurs que j’ai pu croiser se sont beaucoup amusés. Et je pense qu’il apprécie Sam Chappelle. Certains, qui me connaissent, y trouvent une expression de ma propre personnalité. D’autres y voient plutôt un « concentré » de quelques personnages classiques du cinéma et de la littérature de genre. Mais, tous s’accordent pour penser que Sam à une « voix » et c’est cela le plus important à mes yeux !

Comment t’est venue l’idée de créer Sam Chappelle ? Est-ce une simple émanation de toi ? Ou bien est-il ce que tu aurais voulu être ?

Au départ, Sam est né d’une demande du webmaster du premier site Internet du Télémoustique. Il voulait un personnage récurrent pour un feuilleton… Ensuite, Sam s’est réincarné lorsque Max Rensonnet, l’éditeur aux commandes de 3Cinq7, m’a demandé de songer à un personnage de polar. Mais c’est vrai que Sam concentre pas mal de mes traits de caractère… Et de ma vision de la vie…

As-tu hésité un moment avant de proposer un policier franc-maçon au public ? Est-ce que cela a soulevé de la curiosité de la part des lecteurs ?

Hésitez non, puisque l’idée était là dès le départ… Je pense que le public balance entre curiosité et… indifférence. Certes, son parcours d’initié a de l’importance dans sa manière d’aborder la vie et ses enquêtes… Mais je ne voulais pas non plus que sa « maçonnerie » bâtisse un mur entre lui et les lecteurs « non-initiés ». Il faut que tout le monde y trouve son compte… Mais si les aventures de Sam poussent certaines personnes à s’informer sur la franc-maçonnerie, tant mieux. Contrairement à ce que l’on pense, la curiosité n’est pas un vilain défaut.

La dernière dizaine de Bob Morane ont été écrits sous ta plume. Y a-t-il un lien secret entre Bob Morane et Sam Chappelle (en dehors du fait que tu les écris) ? Ou bien les deux personnages n’ont rien en commun ?

Il y a surtout une énorme différence… Bob Morane est un mythe… Sam Chappelle un petit gars qui débute dans le métier ! Je dois dire que mon écriture est très différente de l’un à l’autre. Bob Morane demande de la discipline, de la structure, une certaine rigueur… Bob Morane possède des milliers de lecteurs qui attendent quelques choses des aventures de leur héros. Avec Sam, c’est davantage moi qui mène la danse. Et je peux agir à ma guise… Ce sont des plaisirs différents, mais tout aussi intenses.

Est-ce un choix personnel d’écrire des romans qui ne sont pas des « pavés », comme beaucoup d’auteurs le font actuellement ? Te sens-tu plus à l’aise avec des romans courts ?

En fait… Je ne pense pas que je décide de la longueur des romans que j’écris. L’Étoile de l’Est était relativement court… L’Équerre et la Croix est un peu plus long… En fait, l’écriture en « je », avec le style que j’adopte pour les Sam Chappelle, je crains que sur un magnum opus de 1000 pages cela devienne un peu pénible non ? Sans faire de comparaison hasardeuse avec un dieu de la littérature populaire, Frédéric Dard n’allongeait jamais trop la sauce de ses San Antonio. Vu que l’humour est un élément essentiel de la « dynamique » de Sam Chappelle, je me dis toujours que les blagues les plus courtes sont les meilleures. Mais qui sait, un jour, Sam prendra peut-être un peu de bouteille et je pourrais me lancer dans la version maçonnique du Trône de Fer !

Quels sont tes projets d’écriture ? D’autres Bob Morane ? D’autres Sam Chappelle ? Des nouvelles ?

Dans un avenir assez proche, c’est Bob Morane qui prendra le devant de la scène. D’une part avec Piège infernal : « Contre-Attaque », qui sera en vente en janvier, et puis « La Malédiction de Michel-Ange » qui sera publié en mars. Là, il sera sans doute temps de revenir vers Sam Chappelle… Pour une aventure un peu moins polardesque et peut-être un peu plus historique… Mais je n’en dis pas plus… Liège a un passé d’une telle richesse…

Comptes-tu revenir au fantastique prochainement ?

J’y songe. J’ai même entamé l’écriture de quelques chapitres… D’une histoire qui prend clairement son inspiration du côté de Graham Masterton. Mais nous verrons, à chaque jour suffit sa peine !

Y a-t-il un livre ou un projet d’écriture dans lequel tu as hésité à te lancer, et sur lequel tu reviendrais plus tard ?

J’ai un péché mignon. Ce sont les comédies romantiques à l’anglaise. J’avoue, je suis un excellent client. Et je rêve, depuis plusieurs années, d’en écrire une. Un roman qui se trouvera à la croisée des chemins entre espionnage, humour et sentiment. J’ai même un bon pitch. Le souci ? Le dosage… Comment ne pas être trop ceci, ou trop cela ? Et surtout, ne pas basculer dans une mer de cynisme… D’humour qui griffe… Je me dis que j’y arriverai peut-être un jour…

Pourrais-tu dire un mot sur les imaginaires belges ? L’idée n’a pas été jusqu’au bout en 2012. Mais ressortira-t-elle dans un avenir proche ?

Je ne sais si j’y reviendrais… J’avais espéré, peut-être un peu naïvement, que l’idée de réunir des auteurs belges sous une sorte de « chapeau » pour que l’on partage des expériences, des rencontres, des projets, serait une bonne idée. J’ai juste oublié que l’écriture est un travail solitaire. Qui prend du temps. Et l’écrivain n’est peut-être pas aussi sociable que je l’imaginais. Et puis… Je pense que pour un projet pareil, il faut une vraie locomotive. Et là, mea culpa, je n’ai pas le temps de l’être cette loco…

Mais où son passé les Sam Chappelle Girls ? Les verra-t-on dans le prochain opus du policier ?

Il y a toujours de nouvelles girls dans les aventures de Sam. Même si, dans l’Équerre et la Croix, il semble se calmer un peu… Mais ce type est incorrigible… Dès qu’une créature callipyge pointe le bout d’une rondeur, il se met à l’arrêt, façon chien de chasse. Parfois, franchement, il me fait honte…

Que peut-on te souhaiter sur le plan littéraire en 2013 ?

J’espère qu’avec Bob et Sam, nous allons rencontrer un nombre croissant de lecteurs, tant via les sorties, que via des salons, des émissions, des rencontres… C’est la partie du boulot que je préfère. La rencontre. J’en profite pour lancer un appel aux organisateurs qui liraient cette interview. Appelez-moi ! Je ne suis pas cher du tout !

Christophe Collins

L’équerre et la croix – Christophe Collins

Le commissaire Sam Chappelle avec deux « p » est de retour. Cette fois-ci, il doit élucider le meurtre d’un prêtre, attaché nu à une table, avec une croix dans le postérieur (pour rester gentil) et ce qui ressemble à une morsure de vampire. On retrouve le personnage cynique et ironique créé par Christopher Collins dans « L’étoile de l’Est ». Chappelle a toujours une Lotus Esprit qui ne se transforme pas en sous-marin et il est toujours membre d’une loge maçonnique. L’histoire est racontée à la première personne et on suit facilement les pensées du personnage sympathique à l’humour corrosif. Pour une fois, il fait profil bas mais son entourage ne peut s’empêcher d’avoir des préjugés parce qu’il est franc-maçon. Ces préjugés assimilent les francs-maçons à des anticléricaux qui « cassent du curé » à longueur de temps.

Oui, bon ! Étant athée et pas franc-maçon, je n’ai pas d’avis sur la question. Par contre, je sais que la franc-maçonnerie, ce n’est pas Facebook avant la lettre !

Mais dans cette histoire, cela handicape fortement Sam Chappelle qu’on accuse à tort d’être à l’origine des problèmes qui se posent dans cette nouvelle enquête. Il attire les problèmes comme le fait un paratonnerre avec la foudre. Lorsqu’il veut interroger l’évêque de Liège, il est directement pris à partie à cause de ses convictions personnelles. Ce qui finalement ne l’aidera vraiment pas dans son enquête. On retrouve la ville de Liège qui était déjà le théâtre de la première histoire du commissaire Chappelle, ville où vit l’auteur du livre. Quand on connait un peu Christophe Collins, on constate que Sam Chappelle et lui ne font qu’un. Ce dernier est une transposition romanesque de l’auteur (qui curieusement appartient aussi à une loge maçonnique). Il a le même sens des réparties, la même façon de s’exprimer, le même humour décalé, la même personnalité. Sam Chappelle est un bon flic, qui fait honnêtement son boulot. Sur le plan professionnel, on ne peut rien lui reprocher. Son chef lui réclame sans cesse les rapports liés aux dernières affaires sur lesquelles il travaille. Ses collègues ne sont pas des plus sympas, surtout lorsqu’ils viennent d’autres services de police.

Le curé mort semble avoir une vie sexuelle très active et rapidement Chappelle découvre que celui-ci avait une maitresse. Un second curé est assassiné et l’enquête se dirige vers une bande de casseurs qui en veulent à l’Eglise. Alors qu’une jeune journaliste veut remettre à Chappelle le résultat de ses recherches, ils sont la cible de malfaiteurs qui n’ont pas réussi à les éliminer. S’en suit une poursuite à travers Liège où le commissaire au volant de sa Lotus Esprit qui ne se transforme pas en sous-marin (si, si !) va la transformer en tas de ferraille (si, si !). Chappelle a oublié qu’il n’était pas Ralf Schumacher. En contrepoint à cette histoire de meurtres, une seconde affaire occupe le commissaire. Un « frère » qu’il n’a jamais vu auparavant, appartenant à une autre loge maçonnique, l’informe que la jeune fille qu’il paye sur Internet pour des galipettes virtuelles est en fait la fille du maître de sa loge maçonnique et elle n’a que 15 ans. Celle-ci lui apprend qu’elle est contrainte et forcée de dévoiler ses charmes sur le Web. On est ici dans une fiction bien proche du réel, où on découvre une facette pas toujours glorieuse de notre société. Les « affaires » belges de ces dernières décennies ne sont pas étrangères au contenu du livre, même si il n’y est pas fait référence. Par le curieux des hasards, les deux affaires sont reliées entre elles.

Le livre se laisse lire très facilement. L’intrigue se dévoile petit à petit et l’enchainement des événements ne laisse pas de temps mort au lecteur. Quelques chapitres se terminent par des cliffangers, obligeant le lecteur à continuer la lecture. Merci Christophe Collins !

Reste que « L’équerre et la croix » est une bonne suite à « L’étoile de l’Est ». Encore une fois, c’est une histoire qui pourrait facilement être adaptée sur le petit ou le grand écran. Et j’espère pour Christophe Collins qu’un jour on le lui propose. L’auteur n’en est pas à son coup d’essai. Il avait précédemment écrit du fantastique sous son vrai nom (Christophe Courthouts) et on lui doit aussi l’écriture des 10 derniers Bob Morane ! Donc, c’est un écrivain qui connait bien la matière, qui est familier des intrigues policières. À travers « L’équerre et la croix », il nous propose un personnage qui lui ressemble comme deux gouttes d’eau et qui plaira à bon nombre de lecteurs.

Y a-t-il des défauts à ce polar ? Non, pas vraiment. J’ai trouvé que Christophe Collins ne pouvait pas s’empêcher de faire référence dans chaque chapitre à des films, des livres, de la musique, etc. C’est une vraie encyclopédie vivante. Ce sont souvent des passages que j’ai lus rapidement pour rester focalisé sur l’intrigue. Ceci dit, on apprend pas mal de choses avec Chappelle. J’aurais aimé qu’un soupçon de fantastique plane sur ce roman. Les morsures de vampires découvertes dès les premières pages du livre auraient pu envoyer le lecteur sur une fausse piste. « L’équerre et la croix » est à conseiller pour les amateurs de polar ou à tous les lecteurs qui veulent découvrir une autre facette de Christophe Collins. Il y a aussi une certaine démystification de la franc-maçonnerie qui apparait dans le livre, comme c’était déjà le cas dans le livre précédent. Ceux qui ont aimé « L’étoile de l’Est » vont retrouver la même ambiance caractéristique, un héros plus vrai que nature et des lieux connus de Liège. Un polar sympa à lire.

Je ne voudrais pas oublier de signaler la postface de Christophe Courthouts. Une chose est certaine, Sam Chappelle reviendra !

J’ai lu une préversion électronique du livre. C’est la première fois que je lis un livre sous forme électronique. J’ai mis trois fois plus de temps que d’habitude et je précise que ce n’est pas dû à l’histoire qui est intéressante, mais au support utilisé qui ne me convenait pas du tout. En fait, j’aurais dû attendre la version papier pour le lire !

L’équerre et la Croix de Christophe Collins, éditions 3Cinq7, 2012, 348 pages

L'equerre et croix

Deux ans !

Le 27 septembre, mon blog fête sa deuxième année d’existence. Lentement mais sûrement, le nombre de visites s’accroit, et pourtant je chronique certainement moins que d’autres blogueurs, et pas nécessairement au moment où les livres sortent. On devrait approcher les 50.000 visites en deux ans. Pour l’occasion, j’ai ajouté une page contact au blog.

Mes chroniques sont aussi disponibles sur le site de Phénix Mag qui reçoit certainement de 10 à 20 fois plus de visiteurs que mon blog. Je poste les articles en même temps des deux côtés. Exceptionnellement, une chronique échappe au blog ou à Phénix. Bien que faisant partie de la blogosphère, je ne me suis pas inscrit sur les sites agrégateurs en imaginaires. Non pas que je ne le veux pas, mais simplement par déontologie (oui, ça existe). Étant membre de l’équipe Phénix, c’est le magazine qui bénéficie de mes chroniques. Il y a aussi un éditeur qui bénéficie de cette priorité, mais pour lequel je ne lis qu’un ou deux livre par an.

Pour les deux ans d’existence du blog, j’ai décidé de faire une nouvelle bannière. J’aime bien l’ancienne faite par Paul Barbieux (et j’espère qu’il m’en fera d’autres), mais j’ai besoin de changer légèrement le look du blog.

Quels sont les sujets qui ont le mieux marché ? On trouve ma page sur l’écriture et l’édition, la liste des librairies et bouquineries à Bruxelles, et ma liste de livres à lire. Concernant les articles, Dune fait toujours le plein quel que soit le livre chroniqué, alors que la qualité des suites se dégrade de plus en plus. Comme des larmes sous la pluie reste une valeur sûre en littérature. On trouve aussi le film Iron Sky qui a intrigué beaucoup de personnes parce qu’il a tardé à sortir. Et enfin Le trône de fer (Game of thrones) dont j’avais chroniqué la saison un (et la deux dès que le coffret DVD est disponible), qui représente le meilleur de la fantasy à l’heure actuelle. Il y a toujours Honor Harrington, dont je suis un inconditionnel, ou les anthologies de Marc Bailly consacrées à Masterton avec des textes d’auteurs français. Je reste orienté auteurs classiques avec Clifford D. Simak, Jean Ray, Edgar Rice Burroughs, Arthur C. Clarke, Robert Heinlein ou Jules Vernes.

L’année passée, j’avais comme projet de faire une section imaginaire belge et une section littérature générale, mais je ne l’ai pas fait faute de temps. Par contre, j’ai créé le blog de Véronique Biefnot. C’est une amie et qui intervient de temps en temps sur mon propre blog. Ses livres seront toujours chroniqués et accompagnés de photos, vidéo et interviews. Véronique alimente régulièrement le blog que je lui ai créé en m’envoyant des infos à mettre en ligne. Et elle répond personnellement aux lecteurs et visiteurs qui souhaitent la contacter. Je me charge du côté documentation et informatique. Avant l’existence de ce blog, je postais régulièrement sur sa page Facebook. Aujourd’hui, les billets sont d’abord mis sur le blog,  puis les liens sont repris sur son mur. Les sujets sont ainsi visibles par tout le monde. Ce blog est toujours dans sa période de rodage et va se développer en fonction de l’actualité de Véronique.

Mais revenons à la science-fiction, la fantasy et le fantastique. Question lecture, j’ai fait le pas vers le livre électronique en faisant l’acquisition d’une liseuse et j’en ai profiter pour acheter une douzaine de livres de science-fiction et de fantasy (chez Bragelonne et ActuSF). Je viens de convertir mes propres textes sur ce support. Je pense que l’utilisation de la liseuse restera anecdotique, car je préfère de loin le livre papier. J’avais précédemment essayé de lire sur ma tablette et j’avais trouvé cela pénible. La liseuse ne sera vraiment utilisée que si je n’ai pas le choix du support, ou si je pars en vacances sans vouloir prendre une pile de livres papier.

Depuis la création du blog, il y a eu une évolution. La science-fiction reste prioritaire, mais le fantastique et la fantasy ont refait leur apparition. J’ai aussi ajouté une page concernant l’écriture, qui contient des références à bons nombres de livres qui peuvent aider à l’élaboration d’un livre, une nouvelle, un conte, un scénario, etc. Je confirme que ceux qui sont mentionnés sont bel et bien dans ma bibliothèque. Je ne parle pas de livre que je n’ai pas. Il m’arrive de temps en temps d’y jeter un coup d’œil pour un sujet bien particulier. J’aimerais développer cette page  en fonction du feedback des visiteurs. J’aimerais aussi que les éditeurs concernés me tiennent au courant de leurs sorties. Le paradoxe, c’est qu’il y a peut de commentaires, mais que cette page a un grand nombre de visiteurs.

Avant, je n’étais pas trop orienté sur les recueils de nouvelles. Aujourd’hui, j’ai corrigé le tir et j’aime entrecouper la lecture de romans par des recueils de nouvelles. Parfois, ce sont les auteurs de ces nouvelles qui se manifestent sur le blog et qui sont encouragés à renouveler leurs textes. C’est le côté sympa de la chose. Bien que parlant aussi anglais, je ne lis jamais de roman dans cette langue (sauf dans le cadre du boulot). Je reste profondément attaché au français et j’attends toujours que les livres soient traduits dans la langue de Molière avant de les lire. Il y a assez de livres en français que pour ne pas devoir les acheter dans leur version originale. Cela me fait toujours rire quand j’entends certains lecteurs qui ne savent pas attendre la traduction d’un livre. Oui, bon !

Dans mes choix de lecture, je reste profondément ancré vers la science-fiction et le space opera en particulier. J’aime bien de temps en temps revisité un auteur classique ou une œuvre qui date. La fantasy recommence à me plaire (grâce au trône de fer), le fantastique reste mineur chez moi, mais j’aime de temps en temps en lire. Le thriller est parfois présent avec Christophe Courthouts. La littérature me prend de plus en plus de temps, mais je ne veux pas encore me lancer dans des chroniques. En dehors de Véronique Biefnot, j’aimerais chroniqué Haruki Murakami, Yasmina Reza, Delphine de Vigan, Sofi Oksanen, Mo Hayder, Alessandro Barrico, Anna Gavalda, Eric-Emmanuel Schmitt, Katerine Pancol, Marc Levy, Guillaume Musso, Yoko Ogawa, Véronique Olmi, Jonathan Safran Foer, etc. Et oui, je sors aussi du cadre de la science-fiction, de la fantasy et du fantastique. La littérature, tout comme la philosophie, la vulgarisation scientifique et l’histoire (époque napoléonienne), est présente dans ce que j’aime. Et puis, je ne dois pas oublié la bande dessinée, qui est aussi une de mes passions.

Mes prochaines chroniques correspondent aux livres qui sont sur ma PAL. Je trouve que cette liste s’allonge dangereusement !

Depuis un an, j’aurais aimé parler de ce que j’écris. Mais j’attends pour cela que l’un ou l’autre éditeur qui a reçu mes textes m’indique si oui ou non ils sont retenus. À l’heure actuelle, il y a cinq ou six nouvelles qui sont en attente chez plusieurs éditeurs. Mon space opera est également chez un éditeur. Mais vu le nombre de livres que ce dernier reçoit, je ne m’attends pas à une réponse rapide. Et puis, la taille du livre (3.3 millions de signes), fait peur aux éditeurs. Cela me rappelle un certain Pierre Bordage qui n’avait pas non plus trouver d’éditeur pour Les guerriers du silence. J’ai donc découpé mon livre arbitrairement en trois parties égales de 1.1 millions de signes. Attention, je n’ai pas changer une ligne de texte pour y arriver. Ce n’est qu’une seule histoire, un peu comme l’était L’aube de la nuit de Peter F. Hamilton ou Hyperion de Dan Simmons. L’allusion à ces deux livres n’est d’ailleurs pas fortuite.

Donc, pour l’instant, je me concentre sur d’autres histoires à développer. Et des histoires  il y en a plusieurs. Voici quelques idées que je dois développer :

  • Un roman de science-fiction qui parle de voyage dans le passé (le 17ème siècle de Louis XIV). La manière de traiter le sujet sera soit SF, soit littéraire avec un soupçon de SF. C’est pour l’instant ma préoccupation principale. Le roman fait suite à une nouvelle que j’ai écrite en 2004, qui traitait de la période napoléonienne. C’est davantage un travail de recherche documentaire sur le 17ème siècle qui m’empêche de me lancer pleinement dans son écriture. Par contre, le script est totalement bouclé. L’auteur qui s’en rapproche le plus, c’est Connie Willis.
  • Un space opera qui s’appelle momentanément « les deux lunes » (car je n’ai pas encore trouvé le titre définitif). Roman qui se passerait dans trois siècles, où la Terre serait confrontée à une faction dangereuse d’un empire galactique. Dans sa construction, le deuxième chapitre du livre pourrait se lire comme une nouvelle et tromperait à coup sûr les lecteurs.
  • Un livre de fantasy qui parle d’une quête à travers un monde artificiel. J’en ai écrit 180 pages, mais j’ai momentanément mis le texte de côté. La fantasy a fortement évolué ces dernières années, et je devrai certainement revoir mon approche de l’histoire le jour où je m’y remettrai.
  • Il y a aussi plusieurs nouvelles de science-fiction encore à écrire, qui parlent de clones perdus sur une planète étrangères, de voyageur galactique égaré sur Terre, de cités maritimes. Les idées sont notées, mais pas encore développées.
  • Un essai sur un cycle de science-fiction connu. Le début de l’écriture devrait se situé en 2013. C’est probablement ma plus grande crainte, car je ne suis pas du tout dans mon élément. Cela dépend aussi de mon emploi du temps. Je pense qu’il faudra une année pour le réaliser, et certainement l’aide d’autres personnes.
  • Un article sur un thème de la science-fiction. C’est déjà fait, ainsi qu’une nouvelle qui se passe dans le même contexte. Reste à savoir quand ce sera publié.
  • Dans mon space opera , j’ai laissé beaucoup de questions en suspens. Je pense donner les réponses dans une suite. Mais je ne me lancerai dans l’écriture de celle-ci que si le roman actuel est accepté. Le synopsis n’est pas encore écrit, par contre les idées s’accumulent dans un carnet. Je m’attends à écrire une histoire aussi volumineuse. Donc, deux à trois ans d’écriture seront nécessaires.
  • Reste aussi une nouvelle qui est un clin d’œil à un ami déjà cité. Elle est en cours d’écriture, et pourrait trouver une suite auprès d’autres chroniqueurs et écrivains. J’ai encore du temps avant d’en dire plus à ce sujet.

Je présenterai les textes au fur et à mesure qu’ils sont acceptés. Peut-être dans une page spécifique du blog. J’ai toujours aimé les préfaces à chaque nouvelle dans les recueils.

Voilà les grandes lignes. Le blog science-fiction de Marc va donc continuer sur sa lancée, ainsi que celui de Véronique Biefnot.

 Marc

Les mondes de Masterton – Marc Bailly

Après les enfants de Masterton, voilà que Marc Bailly nous propose les mondes de Masterton. Nouvelle anthologie qui rend hommage à l’auteur anglais de fantastique. Cette fois-ci, ce ne sont pas les vainqueurs du prix Masterton qui présentent les nouvelles, mais une kyrielle d’auteurs qui aiment l’auteur et les univers qu’il a créés. Il y a une certaine logique dans cette démarche entreprise par Marc Bailly et Rivière Blanche. Les deux livres consacrés à Masterton sont un pendant du prix du même nom. De plus, ils ont été faits avec la bénédiction de l’auteur. Que peut-on rêver de mieux ?

Lorsque j’ai entrepris la lecture des enfants de Masterton, je n’avais jamais lu le moindre livre de Masterton. Avec les mondes de Masterton, ma situation ne s’est pas améliorée, si ce n’est que la première anthologie m’a donné envie de lire la seconde. Lors de la lecture de certaines nouvelles, il y a des références qui m’ont échappées à cause de cette lacune. Je m’en excuse à l’avance.

Avec une préface de Marc Bailly, suivie d’une préface de Graham Masterton en personne, cette anthologie propose treize nouvelles inédites, qui vont emmener les lecteurs dans les univers et enfers de l’auteur britannique. Pour chaque nouvelle, Marc Bailly nous propose une brève description de l’auteur, et donne à celui-ci la parole pour présenter sa nouvelle et le contexte dans lequel il l’a écrite.

Jean-Christophe Chaumette –  Emet (Vérité)
Le professeur Serge Delacour est venu faire des recherches au Québec. Il est historien et ne croit pas à l’Holocauste. Ses théories négationnistes lui ont valu des déboires et seul un musée au Canada accepte de le laisser continuer ses recherches. Dans le musée, il va rencontrer un enfant qui va lui poser des questions indiscrètes et le mettre en difficulté. Cette rencontre lui sera d’ailleurs fatale. Pas mal du tout ! Une bonne entrée en matière pour cette anthologie qui démarre sur les chapeaux de roue.

Estelle Valls de Gomis –  Gimme Shelter
Doug et son fils adoptif Timmy, deux survivants, sont à la maison, cernés par des zombies. Doug est chevalier depuis plusieurs siècles, tandis que Timmy s’est réincarné à plusieurs reprises. Il est âgé de neuf ans, et son père vient de lui donner Macuahuitl, une arme qui peut trancher les têtes des morts-vivants. Histoire classique de morts-vivants et de vivants qui font tout pour éviter la mort. Estelle connait ses classiques et nous propose une nouvelle qui pourrait très bien être une séquence d’un film de George Romero, ou être inspirée d’un livre de Stephen King. Les deux personnages s’en sortent et partent vers de nouvelles aventures. En tant que lecteur, on aimerait bien savoir lesquelles ? La seule critique à formuler, c’est que la nouvelle aurait pu être plus longue. Reste un texte agréable à lire, pour lequel il n’est pas nécessaire de connaitre la chanson des Rolling Stones.

Jess KaanChute d’une damnée
Un tableau qui semble vivant attire l’attention d’un caporal pendant la Première Guerre mondiale. L’auteur de ce tableau va révéler une étrange histoire sur l’origine de celui-ci. Histoire sombre et captivante qui rappelle la légende de Dorian Gray. Le caporal en question deviendra plus tard le plus grand bourreau du vingtième siècle, c’est-à-dire Hitler. Excellent.

Annette LucianiLa Maison amoureuse
En corse, un inspecteur doit mener une enquête autour d’une histoire de rançon. Une vieille femme prétend être menacée si elle ne verse pas d’argent aux ravisseurs de sa fille. Dès le départ, on est plongé dans l’ambiance fantastique de la maison hantée de cette vieille femme. Au fur et à mesure que l’enquête avance, on découvre que l’intrigue est plus complexe que prévu. Bravant les dangers, et avec un brin d’humour, l’inspecteur va démêler cette macabre histoire. J’ai beaucoup apprécié, surtout la fin où on découvre qu’on ne connaissait pas tous les tenants et aboutissant de l’histoire.

Franck FerricLe Serpent à Collerette
Univers carcéral ou milieu hospitalier. Sang et sexe, Violence et langage châtié sont au menu de cette nouvelle racontée à la première personne. C’est davantage la relation entre un tortionnaire et sa victime qui est racontée ici. Après la première lecture, j’avais un avis négatif sur celle-ci, mais en la relisant j’ai changé d’avis et j’ai finalement bien aimé. De l’horreur dans toute sa splendeur et une fin qui fait Ssssshhhhh !

Freddy FrançoisLe Mangeur de Rêves
Étrange histoire d’exorcisme mené par un prévôt et un dormeur contre le mangeur de rêves, une créature surnaturelle qui se nourrit des rêves des autres. Face à face entre le bien et le mal, dans lequel des vies sont sacrifiées. Le dormeur y laissera d’ailleurs sa peau. Ambiance glauque et sanglante pour une histoire très linéaire.

Christophe CollinsL’Ombre du Titanic
L’histoire nous ramène au début du siècle dernier. Pour se débarrasser d’un monstre, on fait couler le Titanic avec le monstre à bord. Histoire bien ficelée, qui met en avant un écrivain contemporain (Maxime Chattam), mais qui ne serait que l’hôte du monstre. Si j’ai trouvé l’histoire horrible (dans le bon sens du terme), je me suis aussi demandé pourquoi couler un tel bateau. À la limite, voler un chalutier ou n’importe quel bateau pouvant prendre la mer aurait fait l’affaire. Ceci dit, encore une excellente nouvelle dans cette anthologie.

Lucie ChenuLa Cité des Rebelles
Étrange histoire se passant à la fois à New York, rempli de démons, et dans une cité souterraine, un monde de fantasy où les femmes ne pensent qu’à se transformer en… autre chose. On passe d’un monde à l’autre, sans comprendre ce qui peut unir les personnages. Mais à la fin, on assiste au passage d’un monde à l’autre. Très belle nouvelle, très bien écrite, de Lucie Chenu.

Boris & François DarnaudetLa Voie des Yamabushi
En 1978, Nancy Shiranuka, une Japonaise, veut se faire exorciser. Pendant trois semaines, elle va rêver d’Oda, un lointain ancêtre qui était Ninja. Comme je n’ai pas lu Tengu, et n’y connaissant rien en japonaiseries, je suis passé à côté du sujet. Peut-être qu’avec un dictionnaire français-japonais…

Brice TarvelLes Chiens Noirs
Un couple et leur fille roulent en voiture sur une petite route. Suite à une tempête et à un chien noir, la voiture va avoir un accident, ce qui va les contraindre à suivre un vieux fermier dans sa maison. L’homme a trois chiens noirs très dangereux. Le couple va se rendre compte que l’homme n’a pas toute sa raison et que les chiens noirs sont immatériels. Après avoir pris la place du vieil homme, ils vont à leur tour ramener des personnes pour les terroriser. Très bonne nouvelle, avec une ambiance glauque, un soupçon d’horreur, qui fait froid dans le dos. Brice Tarvel donne ici un des meilleurs textes de l’anthologie. J’ai adoré, car jusqu’à la fin il faut s’accrocher.

Michel RozenbergMetaplasia
Deux femmes meurent mystérieusement et une troisième est envoutée, possédée par quelque chose d’étrange. Ces trois femmes sont d’une manière ou d’une autre liées à un voyant qui s’intéresse à Manitou (livre que je n’ai pas lu). Une quatrième femme doit accoucher, mais pas d’un enfant… Nouvelle gore, qui m’a fait penser aux nuits blanches que j’ai passées au BIFFF à regarder des films d’horreur. Un peu long, mais excellent, qui donne envie de lire Manitou. Le seul défaut de cette nouvelle, c’est le dialogue en anglais.

Patrick RaveauLe Puits
Une petite fille parle à sa sœur jumelle qui est morte. Mais s’agit-il bien de sa jumelle ? Est-elle réelle ou imaginaire ? La fin de cette nouvelle est un peu trop prévisible, alors que le lecteur attend à être surpris par l’histoire. C’est bien écrit, mais c’est trop court.

Daniel WaltherMoisson de Chair
Dans cette nouvelle on suit un détective privé poursuivi par la grande faucheuse. Sur son passage des morts, du sang, du sexe. Une poursuite impitoyable où notre héros va se retrouver dans la peau du coupable. Cette dernière nouvelle est excellente et termine en beauté l’anthologie.

Cette anthologie vaut la précédente. Je n’ai pas remarqué de différence quant à la qualité des textes. Je devrais même dire que cette anthologie est remarquablement bien équilibrée. Les treize auteurs nous emmènent bel et bien dans des contrées où notre perception des choses est altérée par des histoires plus fantastiques les unes que les autres. Le fantastique et l’horreur n’ont pas dit leur dernier mot, et cette anthologie en est la preuve.

Les mondes de Masterton, Marc Bailly, Rivière Blanche, 340 pages, 2012, Illustration de Nick Tripiciano

Alain Walsh (librairie Malpertuis) – L’interview

Phénix Mag n’a pas voulu clore le chapitre Malpertuis sans une dernière fois interviewer Alain Walsh dans son rôle de libraire. Marc Bailly et moi-même avons concocté un questionnaire auquel Alain Walsh a bien voulu se soumettre. Certaines questions sont impertinentes, d’autres feront sourire. Un peu plus d’une heure d’interview a été résumée dans la transcription qui suit. L’interview s’est faite un samedi matin chez Malpertuis, qui était ouvert aux clients. Connaissant le personnage depuis plusieurs années, Marc et moi avons mis Alain Walsh sur le gril, dans une ambiance bon enfant, parfois agrémentée d’éclats de rire. Je ne cache pas que je n’aimerais pas répondre à ce questionnaire. Parfois, cela fait du bien de ne pas être la victime ! En tout cas, nous espérons que cette interview vous donnera une idée du personnage qu’est Alain Walsh.

En plus de cette interview, on trouvera ci-dessous deux témoignages d’habitués de longue date de la librairie Malpertuis. Paul Barbieux, informaticien et musicien, et Philippe Vanhauwermeiren également connu sous le nom de Daidin qui tient un blog consacré à la science-fiction, mais plus axé sur l’uchronie.

Paul Barbieux.

Nous sommes en 1981, j’ai 14 ans et découvre la littérature SF au hasard des belles couvertures de Chris Foss sur les livres J’ai Lu… et des fascicules « Inexpliqué » ! Car à ce moment-là les éditions Atlas publient une nouvelle encyclopédie consacrée au « monde de l’étrange, de l’insolite et du mystère ». Et la dernière page de chaque fascicule est consacrée à un auteur incontournable de la littérature de l’imaginaire : je découvre ainsi Tolkien, Poe, Lovecraft… et Jean Ray ! Il était écrit qu’il fallait absolument lire « Malpertuis », alors me voilà en route pour un petit magasin au centre-ville qui, je ne sais plus quel copain de classe me l’a dit, ne vend que cette sorte de littérature.

Me voilà dans cette librairie à la devanture peinte en bleu, vraie caverne d’Alibaba ! Précisons que j’y entre sans voir le nom du magasin – et c’est là un détail important, qui nous vaut cette anecdote. J’y suis donc pour acheter « Malpertuis »… et enchaîne plusieurs bêtises qui ne perturbent pas monsieur Walsh, gardant son flegme britannique ! D’abord,je lui demande s’il connait ce livre, « Malpertuis », écrit par un célèbre écrivain belge. Oui, il connait (…), et il me montre le livre, en J’ai Lu. Je l’ai en main et je lui demande…si c’est vraiment bien ?!… Sic !

Mon premier livre de chez Malpertuis fut donc « Malpertuis », acheté suite à une conversation un peu décalée, pour ne pas dire de la 4ème dimension : peut-être que monsieur Walsh a oublié cet adolescent maladroit, mais moi j’y repense souvent en me disant que, heureusement, avec l’âge on mesure mieux ses paroles…

Daidin (Philippe Vanhauwermeiren)

Quand mon ami Marc m’a demandé d’écrire un mot sur la seule librairie spécialisée en SF, Fantasy, Fantastique, Esotérique… de Bruxelles à l’occasion de la fermeture de cette institution, je n’ai pas hésité.

Client de Malpertuis depuis des temps immémoriaux (à une époque où toutes les maisons d’édition réunies publiaient à peu près autant de bouquins que les seules éditions Bragelonne aujourd’hui), j’ai beaucoup fréquenté la librairie à une époque où je forgeais ma collection de bouquins de SF. Par la suite, mes passages se sont un peu espacés parce que je fréquentais beaucoup moins le quartier et que plusieurs concurrents sérieux ont vu le jour (pour les nouveautés uniquement) : la Fnac, Filigranes… qui présentaient l’avantage de proposer aussi d’autres médias (jeux, CD, DVD…), mais pendant toutes ces années, Malpertuis est restée la référence lorsqu’on cherchait une information ou un livre épuisé.

Malpertuis, c’était une petite (au sens propre, elle devait faire une douzaine de mètres carrés) librairie sise non loin de la grand place de Bruxelles. Ne payant pas de mine de prime abord, on pouvait cependant y trouver l’essentiel de la littérature SF-Fantasy… dans un cadre somme toute prestigieux. La maison où était situé le magasin aurait elle-même pu se retrouver dans une anthologie fantastique ou dans un dessin de Smit-le-Bénédicte.

Malpertuis, c’était l’endroit où l’on pouvait trouver toutes les nouveautés bien sûr, mais aussi tomber sur le bouquin épuisé que l’on cherchait depuis des années (vous savez, ce Philip K. Dick paru chez « Le Masque » sous deux couvertures différentes…, vous n’auriez pas celui avec la deuxième couverture ?!?).

Malpertuis, c’était surtout Alain Walsh, un personnage en soi. Plein d’enthousiasme et incollable sur les bouquins parus en Français (La vraie langue comme il dit, ne lui parlez surtout pas de l’autre…), Alain pouvait être bourru par moment, avec des idées bien ancrées sur certains sujets et les défendant parfois avec vigueur. On pouvait cependant compter sur lui pour essayer de vous procurer ce bouquin paru chez un petit éditeur obscur du fin fond de la Bretagne.

Je suis passé chez Malpertuis il y a quelques jours et pour la première fois depuis des années, j’ai vu des rayons incomplets, une table des nouveautés qui ne présentait plus de nouveautés… Triste spectacle !

Au moment où j’écris ces lignes, Malpertuis est sans doute fermée, aucun repreneur sérieux ne s’étant manifesté à ma connaissance. J’espère qu’une autre librairie spécialisée renaîtra à Bruxelles pour reprendre le flambeau et représenter les littératures de l’imaginaire.

Lors de notre discussion ce jour-là, Alain m’a confié qu’il avait de nombreux projets (dont certains concernaient la science-fiction) et notamment des voyages. Alors So Long Alain, bon voyage sur des routes qui ne sont pas toutes imaginaires et qui sait, on se reverra peut-être au bar du coin des temps !

Interview Alain Walsh le 12 novembre 2011

L’aventure Malpertuis touche gentiment à sa fin. Quel bilan fais-tu de ces 35 ans d’activités ?

Beaucoup de plaisir. C’est le bilan numéro un. Sans compter, plein de gens intéressants. J’ai vécu de la manière dont je voulais. Si c’était à refaire, je recommencerais. On peut dire que c’est positif !

Comment est née l’idée d’ouvrir une librairie de science-fiction, fantasy et fantastique à Bruxelles(sans oublier l’ésotérisme et la bande dessinée) ?

Et bien je suis passé dans la rue, j’ai vu que la maison était vide, remplie de brol. Je me suis dit depuis quelque temps que j’avais envie d’ouvrir une librairie. Ça me semblait un bon endroit. J’ai trouvé le propriétaire, on s’est mis d’accord, et j’ai ouvert. C’est aussi simple que ça.

Pourquoi as-tu envie d’ouvrir une librairie ? Qu’est-ce qui t’attirait là-dedans ?

J’aimais la science-fiction, j’aimais le livre. Je me suis dit : pourquoi pas ?

Directement la science-fiction ?

Science-fiction, fantastique, fantasy, c’est le même type de pensée. L’ésotérisme, car cela complétait le fantastique au point de vue documentaire. La BD est venue six mois plus tard. Au départ, je ne pensais pas faire la BD, mais on m’a demandé. Comme en BD il y a beaucoup de science-fiction, fantasy et fantastique… J’ai fait un peu de BD aussi.

Est-ce que le nom Malpertuis est un hommage au livre de Jean Ray ? Ou y a-t-il une autre explication au nom de la librairie ?

J’aimais bien l’œuvre de Jean Ray. Et comme la maison du magasin semblait vaguement bizarre. À l’époque tout était encombré de manière pas possible, je me suis dit que « Malpertuis » cela allait bien.

Mais comme tu préfères la science-fiction, tu aurais pu prendre un nom lié à la science-fiction ?

J’aurais pu, mais je ne l’ai pas fait !

Pourquoi ? Qu’est-ce qui t’intéressait dans l’œuvre de Jean Ray ?

Je trouvais que c’était d’abord un auteur belge. Je l’ai toujours trouvé très intéressant. J’ai lu tous les Marabouts à l’époque. Toute son œuvre était éditée par Marabout, y compris les Harry Dickson. Et je trouvais que dans le fantastique, avec Thomas Owen, il était le plus marquant de l’époque.

Et maintenant, 40 ans après ?

Il est toujours aussi bon. On a maintenant le plaisir de lire quelque chose qui se passe à une époque un peu révolue. C’est un autre type de plaisir, mais les ressorts fantastiques y sont. Le fantastique est souvent axé sur le passé. C’est la raison pour laquelle je trouve que c’est un bon auteur.

Ouvrir une librairie spécialisée dans l’imaginaire, était-ce un risque calculé ? Ou bien le désir l’a emporté sur la raison, et tu t’es lancé dans cette aventure sans trop réfléchir ?

Je me suis lancé rapidement. Je n’ai jamais envisagé que cela ne marche pas. Je me suis dit que si le chiffre d’affaires progressait, j’étais dans le bon. Cela a commencé très doucement, avec peu de bouquins. J’ai eu de plus en plus de clients. Je me suis fait connaitre, et de fil en aiguille Malpertuis est devenu ce que vous connaissez. De manière assez naturelle.

C’était en 1976 ?

C’était en 1976.

Et tu lisais déjà à l’époque ?

J’ai toujours lu. Je ne me souviens pas d’une période où je n’ai pas lu. La science-fiction a toujours été ce que j’aimais.

Malpertuis est situé derrière la Grand Place de Bruxelles. As-tu un jour pensé à déménager la librairie pour un endroit plus grand ou plus facile d’accès ?

J’y ai parfois pensé, mais je me suis dit que si Malpertuis s’agrandissait, je devrais prendre du personnel et je ne m’en sortirais pas tout seul. Donc, je ne serais plus libraire, mais gestionnaire. Cela ne m’intéresserait pas du tout !

Malpertuis, ce n’est pas simplement des lecteurs. C’est aussi de belles rencontres avec des acteurs du domaine (auteurs, éditeurs, etc.). Y en a-t-il qui t’ont marqué plus que d’autres ?

Je dirai Jacques Van Herp, qui était quelqu’un d’extrêmement cultivé dans le domaine et qui avait son franc-parler.

Y en a-t-il que tu aurais aimé recevoir chez Malpertuis ? (indifféremment de la langue qu’il parle)

Il y en a beaucoup que j’aime. Si on commence maintenant la liste, on peut la terminer demain.

Bon nombre de clients de Malpertuis venaient aussi pour être conseillés. En tant que libraire tu t’es beaucoup plus investi que bon nombre de confrères. Était-ce un choix délibéré ? Penses-tu que cela fait partie du rôle d’un libraire ?

Je pense que c’est rigoureusement indispensable. Le travail du libraire est de conseiller son client. Également conseiller dans ce qu’on estime qu’il ne doit pas acheter, car cela ne lui plaira pas. C’est très important. Il y a à conseiller les livres qu’il va apprécier, mais il y a également à déconseiller. Bien entendu, il s’agit de faire cela avec des clients qu’on connait bien. La personne qui rentre, qu’on n’a jamais vu, c’est assez difficile.

Est-ce que la découverte de nouveaux auteurs, telle que Adriana Lorusso, s’inscrit dans la même démarche ?

Oui, parce qu’un libraire est sensé lire énormément, et lire les nouveaux auteurs en priorité. Et dans le cas d’un manuscrit, pourquoi pas, bien que ce ne soit pas le travail du libraire. Si l’occasion se présente, il n’y a pas de raison.

Et tu en as eu d’autres comme cela ?

Publié ? Non. J’ai lu, j’ai conseillé. Cela suit son petit bonhomme de chemin.

Que penses-tu du niveau actuel en imaginaire ? Est-ce mieux qu’il y a 35 ans ? Ou bien les livres se sont simplement épaissis au fil du temps ?

Il y a toujours d’excellents bouquins qui sortent, mais il y a une pléthore de sorties, qui fait qu’on n’a plus l’occasion de tout connaitre. Et évidemment, cela amène les éditeurs à sortir des textes un peu plus faciles. Mais, étant donné qu’il sort beaucoup, il y a toujours d’excellents textes qui sortent. On parle de manière récurrente de crise dans tel ou tel domaine de l’imaginaire. Je ne l’ai jamais ressenti. J’ai toujours trouvé qu’il y avait pas mal de textes qui sortaient. Je lis encore des nouveautés qui sont réellement intéressantes, qui sont originales, surtout en science-fiction. La science-fiction, c’est le domaine numéro un de l’imaginaire. La fantasy et le fantastique sont basés sur des archétypes plus connus. Donc, pour se renouveler, ce n’est pas toujours évident.

Malpertuis, c’est aussi un grand nombre de discussions, de débats, qui se créaient spontanément et qui débordaient parfois du domaine de l’imaginaire. Y a-t-il une explication à ce phénomène ?

Je crois que pas mal de gens se sentaient bien à Malpertuis. Lorsqu’on se sent bien quelque part et qu’on rencontre des gens qu’on trouve sympathiques, on parle avec eux. Pas plus compliqué que cela.

Est-ce qu’Alain Walsh est un grand psychologue ?

Je n’en sais fichtre rien !

Quels sont les livres qui t’ont marqué dans le genre qui nous intéresse ?

Il y en a tellement… Certains classiques : Les Fondation d’Asimov, Dune de Frank Herbert. Au fil du temps on découvre d’autres auteurs. David Weber avec la série Honor Harrington qui est de la bonne science-fiction. D’un côté traditionnelle, mais bien renouvelée. C’est la question épouvantable ! Il y a Peter Hamilton également.

Y a-t-il des livres qui a tes yeux sont incontournables ? Et pourquoi ?

Il y a des livres incontournables, mais ils ne sont pas incontournables pour tout le monde. C’est une question de gout. Il est tout à fait légitime de ne pas aimer Hypérion de Dan Simmons qui est l’œuvre que j’adore. Donc, on ne peut jamais dire qu’une œuvre est incontournable. C’est un peu comme si on imposait la lecture à quelqu’un. Ce n’est pas logique. On peut sortir une bibliothèque d’une centaine de volumes dans lesquels un amateur trouvera toujours d’excellents auteurs qu’il va apprécier, mais il y a peu de chance qu’il aime les cent auteurs en question, qui sont considérés chacun comme extrêmement importants par beaucoup de gens.

Mais comment peut-on dire qu’un auteur est devenu un classique ? Ses chiffres de ventes ?

Oui, en quelque sorte.

Mais quels ont été les meilleurs chiffres de vente chez toi ?

Étant donné que je n’ai jamais tenu de statistiques de ce genre, c’est très difficile à dire. Cela varie un peu au fil du temps. Par exemple John Scalzi a sorti son premier bouquin (Le vieil homme et la guerre), c’était la découverte. J’ai fait énormément de vente de Scalzi.

Il y en a eu d’autres comme ça ?

Oui. Il est incontestable que la publicité d’éditeur ou de critique joue. Dans la publicité d’éditeur, il y a parfois à boire et à manger.

Y a-t-il des livres qui n’ont pas eu le succès escompté, mais qui méritaient un plus grand intérêt de la part des lecteurs ?

C’est purement personnel. Chacun va estimer cela. Tout amateur va dire : « Tiens, j’ai adoré ce bouquin et on n’en parle pas ».

Et l’inverse ? Les éditeurs annoncent qu’un livre va cartonner et finalement cela a été un flop ?

Oui, c’est arrivé, mais je n’ai pas mémorisé.

Un bouquin dont tu attendais beaucoup ? Même toi en le lisant tu te disais « ou là là ».

Lorsque je suis déçu, je ne m’appesantis pas sur le livre et j’oublie. Ce n’est pas tellement important. Tant pis, on a perdu un peu de temps et c’est tout.

La science-fiction, la fantasy et le fantastique ont évolué et les lecteurs aussi. Quel regard as-tu sur le domaine de l’imaginaire depuis que tu as créé Malpertuis jusqu’à aujourd’hui ? Et quelle sera l’évolution du genre ?

L’évolution du genre est difficile à déterminer étant donné qu’un auteur de science-fiction se base à la fois sur les nouvelles découvertes technologiques et également sur ce qui se passe dans la société en général, et d’éventuelles prospectives ou non, où il extrapole par rapport à un phénomène particulier. Et donc, c’est en perpétuelle évolution. Mais depuis le début, ça se passe comme cela. Donc, au total la science-fiction va continuer à évoluer, mais en suivant ce même type de schéma : essayé d’être toujours en avance et imaginative.

Y a-t-il encore une grande différence entre ce que les auteurs anglo-saxons et francophones produisent en imaginaire ? Va-t-il un jour y avoir une convergence dans la manière d’écrire ou de présenter des sujets ?

Étant donné, que les auteurs francophones lisent beaucoup d’auteurs anglo-saxons, il est évident qu’ils sont malgré tout imprégnés par la science-fiction anglo-saxonne en général. Et donc, oui, il y a une certaine convergence. Mais les types d’écriture, de sujet, de préoccupation sont assez différents en règle générale.

Et comment tu expliques ça ?

C’est culturel. Si on prend un européen, Eschbach par exemple, qui est un excellent auteur, il est différent des auteurs anglo-saxons et francophones. Il y a une différence culturelle et c’est fort heureux. C’est ce qui fait la richesse évidemment.

Y a-t-il des choses que tu aurais aimé faire dans le cadre de ton activité, mais que tu n’as pas pu concrétiser ?

J’aurais aimé faire un peu plus de tout. Mais étant donné qu’il n’y a que 24 heures dans une journée… Disons que pour être un libraire correct, il faut que la librairie soit ouverte. Et cela nécessite une plage horaire très importante. Donc, aller à des conventions, oui, une fois de temps en temps. Je ne peux pas me le permettre tout le temps parce qu’il faut fermer le magasin. Rencontrer des auteurs, oui le soir. Mais ce serait plus gai de la rencontrer pendant la journée. J’aurais aimé rencontrer plus d’auteurs, parler plus longuement avec certains auteurs. J’aurais aimé lire encore plus !

Peux-tu nous dévoiler un coin du voile sur ton propre avenir, car on peut supposer que l’imaginaire restera une de tes préoccupations principales ?

Je vais avoir le temps de lire. C’est merveilleux ! Je vais peut-être essayer d’écrire quelque chose, et je verrai bien si ça vaut le coup après l’écriture du premier chapitre. Il est vraisemblable que j’écrirai quelques chroniques. Je parlerai à l’occasion de quelques bouquins que j’aime bien.

As-tu un genre de prédilection ?

Vraisemblablement la science-fiction.

Peut-on s’attendre à avoir de tes nouvelles sur le Web ou à travers un autre média ?

C’est possible !

Quel est ton auteur de littérature général préféré ?

Je n’en ai pas. J’en lis de temps en temps, mais franchement je n’ai pas d’auteur particulier. J’achète plutôt les bouquins sur un sujet donné. Je préfère lire de la science-fiction et du fantastique. Il n’y a pas d’auteur qui m’enthousiasme. Pas au point de délaisser la science-fiction et le fantastique.

Quel est ton film préféré dans le domaine imaginaire ?

Alien.

Pourquoi Alien ?

Parce que j’ai trouvé le film intéressant à l’époque où il est sorti. C’était la première fois qu’on voyait une technologie utilisée. Ce n’est pas des vaisseaux rutilants qui sortaient d’usine. C’est la première fois qu’on voyait de vieux vaisseaux, qui n’étaient pas des prototypes, pas clinquants. J’ai trouvé que le scénario était excellent et que c’était une bonne idée.

Et les suites ?

Les suites sont des suites !

Quels sont les derniers livres que tu as lus et que tu recommanderais ?

La trilogie du vide de Peter F. Hamilton.

Quel est ton principal trait de caractère ?

Ce n’est pas une question facile. Je crois que j’aime le contact avec les autres. La communication.

Qu’est-ce qui t’énerve ?

L’imbécile.

Quel est le don que tu regrettes de ne pas avoir ?

Être plus doué en langue pour apprendre l’Espagnol. Cela permet de voyager en Amérique du Sud, ce qui m’intéresse. J’aurais bien aimé connaitre la physique quantique. Tout ce que l’on ne connait pas est intéressant. Le dessin, peut-être. Le dessin permet une certaine représentation. On doit magnifier ce que l’on sait bien faire plutôt que se lamenter sur ce qu’on ne fait pas bien.

Quel est ton rêve de bonheur ?

C’est avoir du temps pour faire tout ce dont j’ai envie. Je crois que le bonheur c’est de faire ce dont l’on a envie. Pouvoir le faire longtemps. Et plus on vit, plus on connait de choses. Plus on connait de choses, plus on a envie de faire des choses.

Par quoi es-tu fasciné ?

Par l’imagination, lorsqu’un auteur a une nouvelle idée.

Cela devient difficile aujourd’hui de trouver des nouvelles idées ?

Je crois que cela a toujours été difficile. Mais les nouvelles idées sont toujours la suite d’autres. Dans les connaissances humaines, toutes les découvertes sont les suites d’autres découvertes. Et l’imagination même dans le domaine littéraire s’appuie sur ce qui a déjà été fait.

Et la première pensée de l’être humain s’appuie sur quoi ?

L’être humain a eu envie de quelque chose. Manger, attraper un animal, se chauffer. Et il a commencé à réfléchir comment l’avoir.

Tes héros dans la vie réelle ?

Bill Gates. Il a réellement une pensée sur l’informatique, qu’il a mise en application. Et c’est également quelqu’un qui a décidé, et qu’il le fait, de donner 95 pour cent de sa fortune, les 5 pour cent restants allant à ses enfants. Il donne plus que les états pour la recherche médicale sur le SIDA. Pour ce que j’en sais, c’est un excellent patron.

Si tu rencontrais le génie dans la lampe, quels seraient tes trois vœux ?

1. Que nous puissions tous être immortels, 2. En excellente santé, 3. Que l’on puisse facilement atteindre les autres planètes du système solaire, car sinon cela nous poserait un sérieux problème de surpopulation !

Tu penses qu’on pourrait être immortel ? Est-ce que tu crois que c’est une bonne chose ?

Pour l’être humain, oui. Pour la race humaine, non, car elle ne se développerait plus. Mais avec les thérapies géniques, nous pourrions nous améliorer.

Ne dit-on pas que l’être humain peut avancer, peut innover justement parce qu’il est mortel ?

C’est peut-être le vieillissement qui empêche les gens d’être aussi productifs et imaginatifs dans le développement de la pensée. Un scientifique qui a émis des idées novatrices pourrait peut-être continuer à en avoir tout le temps. Mais c’est relativement rare.

Si tu avais la possibilité d’utiliser la machine à remonter le temps, à quelle époque irais-tu ?

D’abord je vérifierais de pouvoir revenir ! Il est certainement intéressant de vivre à l’époque victorienne, à condition d’être dans les classes supérieures de la société, et de ne pas devoir passer chez le dentiste ! Je pense que j’irais voir l’époque de la république ou de l’Empire romain. C’est une période historique qui m’a toujours intéressé. J’irais également, volontiers, à l’époque napoléonienne. Allez en Chine à l’époque des sept royaumes, ça doit être fascinant.

Si tu pouvais revenir en 1976, qu’est-ce que tu dirais au jeune Alain Walsh qui passe dans la rue ?

Vas-y !

Est-ce que ta vie est à l’image que tu espérais ?

Il y a évidemment des choses que l’on changerait. J’ai commis des erreurs, j’ai souvent fait un mauvais choix. Bien sûr, il y a des choses que je ne ferais plus. Mais globalement, je ferais la même chose, parfois autrement.

Pourrais-tu citer cinq choses qui te plaisent ?

La randonnée, voyager, la lecture, les jeux (mais pas d’argent), être en compagnie d’amis

Pourrais-tu citer cinq choses qui te déplaisent ?

Les gens qui croient tout savoir et qui hélas savent peu, les gens méprisant vis-à-vis des gens censés être inférieurs à eux, les abats, je n’aime pas que les Anglais occupent toujours l’Irlande, les gens bruyants qui dérangent les autres.

Le premier livre que tu as aimé ?

Je ne me rappelle absolument pas mes premiers livres d’enfants. Je me souviens d’un livre d’illustrations qui représentait le futur.

Quelle illustration t’a marqué ?

Des illustrations de Christopher Foss, des vaisseaux spatiaux

Une lecture que tes parents t’ont interdit ?

Mon père ne m’interdisait pas, mais plutôt me dirigeait vers des livres. C’était : regarde ce qui te plait, et prends-le !

Une vision ou illustration effrayante que tu n’as jamais oubliée ?

J’étais enfant, et c’était un film avec une momie. La momie m’a totalement terrorisé. À l’époque, c’était à l’école dans la salle de gymnastique.

Un livre dont tu aimerais écrire la suite ?

Il n’y en a pas ! La question ne se pose pas.

Ton personnage de fiction préféré ?

Honor Harrington.

Es-tu présent dans le livre d’un autre ?

C’est une bonne question ! Dans une nouvelle de Jacques Van Herp, je pense. Je sais que Baronian a parlé de la librairie.

Quelle œuvre classique n’as-tu pas aimée ?

Émile Zola. Peut-être relirais-je Zola, germinal par exemple. Mais d’un point de vue historique.

Quel est le dernier livre que tu as offert ?

Une histoire qui se passe à une époque victorienne, dans une réalité alternative : Sans âme.

Que ne lis-tu jamais ?

Des précis de philosophie bantous !

Le texte absolu à tes yeux, et pourquoi ?

Il n’y a pas de texte absolu.

Le principal trait de ton caractère ?

Le contact

Celui dont tu es le moins fier ?

Je peux m’énerver, m’agacer.

Que changerais-tu chez toi si tu le pouvais ?

J’essayerais d’être plus patient.

Ton remède contre le stress ?

Un bon bouquin.

Qu’as-tu le mieux réussi dans ta vie ?

Au vu des réactions que je vois maintenant, je n’ai pas été un mauvais libraire. Vu le nombre de gens qui ont l’air malheureux, je pense que j’ai dû atteindre le but qui était le mien, qui était de donner du plaisir de lecture aux gens qui sont rentrés chez Malpertuis. J’ai toujours essayé que la personne qui sort d’ici reparte avec des livres qu’elle va lire avec agrément.

Un souvenir d’enfance ?

Quand j’ai été avec mon père au planétarium.

Que sont devenus tes rêves ?

Les rêves, soit ils se réalisent, soit ils se modifient, soit on les envisage pour un peu plus tard. Comme je ne suis pas encore mort, j’espère qu’il y a encore pas mal de choses, qui j’espère, vont se réaliser.

Le meilleur souvenir professionnel ?

J’en ai beaucoup. Lorsque Van Vogt est venu ici, via la convention. En 1971. C’était un grand de la science-fiction.

Le casting d’un diner idéal chez toi ?

Avec des amis.

Ton livre de chevet ?

Il change tout le temps ! Je relis souvent du Lovecraft.

Pourquoi du Lovecraft ?

Je trouve merveilleux qu’il soit arrivé à construire au fil de nouvelles tout un univers. Le monde de Cthulhu avec ses dieux. C’est assez exceptionnel.

Acteurs et actrices préférés ?

Je regarde des films pour me divertir. Je n’ai pas d’acteur ou d’actrice préféré. Je ne vais jamais regarder un film pour un acteur ou une actrice donné.

Qu’est-ce que tu aimes qu’on dise de toi ?

Il est sympa.

Que préfères-tu dans ce métier ?

Chaque fois qu’il y a des nouveautés et que j’ouvre les caisses, c’est comme si je recevais des cadeaux. C’est la découverte.

Ta madeleine de Proust ?

J’aimerais bien me retrouver avec des amis chez mon oncle Pat.

Les enfants de Masterton – Marc Bailly

L’anthologie présentée par Marc Bailly chez Rivière Blanche reprend neuf nouvelles fantastiques qui ont remporté le prix Masterton. Le prix a été créé en 2000 par Marc Bailly, et est décerné chaque année par un jury de professionnels francophones de la littérature. Le prix est attribué à trois catégories distinctes : un roman francophone, un roman étranger traduit en français, et une nouvelle.

Personnellement, je n’ai pas lu le moindre livre de Graham Masterton. Cette anthologie est donc pour moi une occasion de me familiariser au genre de prédilection de cette auteur. On peut voir cette anthologie de nouvelles comme un hommage à l’auteur. Et le fait qu’on n’y trouve que les gagnants de chaque année est un gage de qualité. La lecture des différents textes m’a agréablement surpris, dans le sens où il n’y a aucune nouvelle qui n’a pas sa place dans ce livre. Le sommaire est le suivant :

Préface de Graham Masterton
Présentation du Prix Masterton par Marc Bailly
Michel Pagel : La Roche aux Fras
Anne Duguël (Gudule) : Cadavres Exquis
Sylvie Miller : Un choix réfléchi
Armand Cabasson : Dragons, Renards et Papillons
Francis Berthelot : Le Serpent à Collerette
Michel Rozenberg : Les Maléfices du Temps
Sylvie Miller & Philippe Ward : Le survivant
Mélanie Fazi : Notre-Dame aux Écailles
Richard D. Nolane : Séparation de corps

Avec La roche au Fras, on nous emmène sur l’ile d’Yeu lors d’une tempête. On y découvre des fadets et surtout que l’invincibilité n’est pas de ce monde.

Cadavre exquis, est plutôt macabre puisqu’on suit les pensées d’une morte en train de se faire enfourcher par un nécrophile.

Un choix réfléchi nous parle des aléas de la vie, et de l’incapacité de prendre de bonnes décisions de son personnage principal. Heureusement, son reflet dans la glace se dissocie de lui au moment où il fait le grand saut.

Dragon, renard et papillon se passe au moyen-âge japonais et nous compte l’histoire d’un seigneur qui va faire confiance à celle qu’il croit être sa concubine. Que les apparences sont trompeuses dans cette nouvelle qui porte bien son nom.

Le serpent à Collerette est un conte admirablement écrit, où des enfants sont persécutés par un étrange serpent et son maître.

Les maléfices du temps nous font rencontrer un clown qui dirige une femme vers un magasin très bizarre. À coup sûr, la nouvelle qui déroute le plus le lecteur, une fois qu’on est dans le magasin. Surtout lorsqu’il y a des livres qu’on ne peut pas lire et des boites qu’on ne peut pas ouvrir. Excellent.

Le survivant nous apprend qu’un joueur de blues doit son succès et sa longévité au diable.

Notre-Dame aux écailles est plus onirique et nous entraine en pleine nuit auprès de statues de pierre. C’est beau.

Séparation de corps commence avec un site Web porno et se termine par la douleur. Je n’en dirai pas plus.

A noter également qu’à la fin du livre le lecteur trouvera une présentation de chaque auteur.

Cette anthologie est bien équilibrée, sans réelle faiblesse. Tous les textes sont préfacés par les auteurs ou par Marc Bailly. La nouvelle de Francis Berthelot a reçu un second prix, celui de la meilleure nouvelle de ces dix dernières années. A la lecture, j’ai effectivement trouvé qu’elle était excellente. Mais ce n’était pas ma préférée. J’ai davantage été attiré par Les maléfices du temps de Michel Rozenberg. Sans doute était-ce parce que ma sensibilité plus « fantastique belge » correspondait à ce texte.

En voyant la couverture, je pensais être tombé sur un livre gore, dans lequel les différents personnages se faisaient tronçonner au fil des pages, ou des clones du comte Dracula sévissaient à chaque coin de rue. En réalité, il n’en est rien. On a droit à tout le panel du fantastique, avec des scènes parfois d’horreur, mais avec des histoires qui mériteraient d’être plus développées sous la forme de romans. Auteurs, traducteurs, éditeur s’y trouvent, révélant leur talent pour un genre qui fait frissonner le lecteur. Pas besoin de vampire ou de magicien pour dépayser le lecteur et lui faire passer un bon moment de lecture. En fait, quand on arrive à la fin de l’anthologie, on a comme un gout de trop peu. Tiens, c’est déjà fini ? Ah, il faut attendre la prochaine anthologie ? Tant pis, j’attendrai !

Je pense que Rivière Blanche n’en restera pas là, et renouvellera ce genre d’initiative. Tout comme Marc Bailly, qui nous proposera certainement d’autres nouvelles liées au prix Masterton.

Voici une anthologie, qui démontre que les francophones n’ont rien à envier aux Anglo-saxons en matière de fantastique. Des textes réunis autour d’un prix, qui se laissent lire sans déplaisir. À coup sûr, un livre qui fera passer un bon moment au lecteur.

Les enfants de Masterton, Marc Bailly, Rivière Blanche, 2011, 241 pages, illustration de Nick Tripiciano

Interview de Laurent Genefort pour Phénix Mag

Lors de la foire du livre de Bruxelles, Bragelonne était présent par l’intermédiaire de Laurent Genefort et Adriana Lorusso. Pour Phénix Mag j’ai fait l’interview de Laurent Genefort qui était là en temps que directeur de la collection Trésors de la SF chez Bragelonne, mais aussi en temps qu’auteur de science-fiction et de fantasy. Il n’y avait pas vraiment de lieu adéquat pour faire cette interview, mais après quelques péripéties elle a pu se faire. Laurent Genefort s’est gentiment prêté au jeu des questions et réponses, et je l’en remercie beaucoup. On trouvera donc cette interview sur le lien suivant : Phénix Mag

Phénix Mag

Marc Bailly m’a invité à rejoindre l’équipe de Phénix, ce qui me fait grandement plaisir. On retrouvera donc certaines chroniques sur Phénix. Trames de Iain M. Banks devrait être la première.