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La stratégie Ender : Ecole de guerre – Yost, Ferry, D’Armata

Adaptée du roman d’Orson Scott Card, cette bande dessinée reprend cinq comics américains qui forment les années passées à l’école de guerre par Ender Wiggins. Elle ne correspond pas à la totalité du roman, mais seulement à une partie de celui-ci. C’est un détail important pour ceux qui voudraient découvrir l’histoire qui a reçu le prix Hugo.

Aux commandes, on trouve Christopher Yost au scénario, Pasqual Ferry au dessin, et Frank d’Armata pour la couleur. Cette suite de cinq comics a été publiée chez Marvel de décembre 2008 à juin 2009. Elle devrait normalement être suivie par plusieurs suites de cinq comics : Ender’s shadow :Battle school, Ender’s game :Command school, Ender’s shadows :Command school. D’autres comics suivent…

Reste que cette version montre l’apprentissage d’Ender au sein de l’école de guerre. On le voit évolué avec d’autres enfants surdoués. Ender va petit à petit prendre l’ascendant sur les autres. La BD est facile à suivre, l’adaptation de Christopher Yost est plaisante et garde un certain rythme. Pasqual Ferry est à l’aise dans les scènes de bataille et de simulation dans l’école de guerre. Et Frank D’Armata propose des jeux de couleurs qui donnent un côté moderne à cette adaptation.

Cette BD a le même défaut que le roman d’Orson Scott Card, c’est-à-dire que les réflexions des enfants sont celles d’adultes. C’était la seule remarque que j’avais faite lors de la chronique du livre, et c’est la même que je réitère ici. En dehors de cela, cette édition chez Panini n’est pas un pur hasard. L’adaptation cinéma avec Harrison Ford sort effectivement avant la fin de cette année. À lire, mais ne vous attendez pas à avoir l’histoire complète. Il s’agit donc du tome 1 d’un cycle.

J’indique le lien de ma précédente chronique : La stratégie Ender.

La stratégie Ender :  École de guerre, Christopher Yost, Pasqual Ferry, Frank d’Armata, Panini Comics, 2013

La stratégie Ender-300

La stratégie Ender – Orson Scott Card

Le premier tome du cycle Ender de Orson Scott Card nous est proposé dans une nouvelle traduction chez J’ai lu Millénaire. Le Livre qui date de 1985 et a raflé le Nebula la même année, puis le Hugo l’année suivante, avait précédemment édité par L’Atalante, puis par J’ai lu en format de poche. Cette réédition coïncide avec l’adaptation cinéma qui sort à la fin de cette année. Harrison Ford et Ben Kingsley font partie du casting. Il faut savoir que ce roman est dérivé d’une nouvelle d’Orson Scott Card qui date de 1977.

Ender Wiggin est un enfant de six ans qui est surdoué et méprisé par les autres. Seuls deux enfants par couple sont autorisés par l’Hégémon, et pourtant on a autorisé les parents à concevoir un troisième. Les deux ainés, pourtant à fort potentiel intellectuel, ont raté les examens d’entrée à l’école militaire, c’est donc sur Ender que tout repose au sein de la famille Wiggin.

L’Hégémon est face à un ennemi extraterrestre qui a l’apparence d’insectes, les Doryphores, qui a tenté d’éliminer l’humanité. Elle cherche à reproduire un être humain capable de contrer les Doryphores, comme cela a été le cas quatre-vingts ans plus tôt avec Mazer. Des enfants surdoués sont entrainés dans une école militaire pour devenir des stratèges et commander les forces militaires contre l’envahisseur extraterrestre.

On suit donc un enfant surdoué, Ender, qui va faire ses classes dans une station orbitale militaire, qui va être tancé par les autres enfants, et qui devra se surpasser pour devenir le grand stratège qu’on attend de lui. Un scénario qu’on a mainte fois rencontré (Harry Potter) où l’adversité va développer chez Ender des talents insoupçonnés de stratège. À travers des jeux où l’antigravité à son importance, ainsi que l’esprit d’équipe, Ender va évoluer et prendre l’ascendant sur les autres enfants. Et c’est encore à travers le jeu que la vraie bataille contre les Doryphores aura lieu. Très original.

Par moment, lors de la lecture, on a l’impression que les réflexions d’Ender ne collent pas toujours avec un enfant cet âge. Mais heureusement, on suit l’enfant au fil des année. C’est le seul reproche qu’on peut faire au livre. En dehors de cela, c’est excellent et le livre mérite les prix qui lui ont été décernés. À noter que le titre en anglais est « Ender’s game », qui fait référence au jeu auquel participe Ender, alors qu’en français le titre devient « La stratégie Ender » qui fait davantage référence à une notion militaire.

Le livre se suffit à lui-même et ne nécessite pas de lire la suite (qui se découpe en trois cycles distincts et représente quinze livres). Bien que j’aie lu le tome 2, La voix des morts, j’ai préféré en rester là, car celui-ci n’égale pas le premier tome et se focalise davantage sur la communication entre races. Donc, pour en garder une bonne image, je conseille aux lecteurs d’en rester à ce livre qui est vraiment excellent, et qu’Orson Scott Card considère comme un livre orphelin.

La stratégie Ender, Orson Scott Card, J’ai lu Nouveaux Millénaires, 380 pages, 2012, traduit par Sébastien Guillot.

La strategie Ender

Farhenheit 451 – Ray Bradbury et Tim Hamilton

Voici un classique de la science-fiction adapté en bande dessinée. S’agit-il vraiment de science-fiction ? Plutôt d’une vision d’un futur pas si improbable que ça où le livre n’a plus sa place et est remplacé par les médias. Roman sorti en 1953 (prix Hugo en 1954), adapté au cinéma par François Truffaut en 1966, Fahrenheit 451 nous revient scénarisé par Ray Bradbury lui-même et dessiné par Tim Hamilton.

Avant de lire la BD, je me suis demandé si ce n’était pas paradoxal de voir Ray Bradbury retravaillé son propre roman. Peut-être pensait-il que son livre serait plus accessible sous forme BD que sous forme de roman ? Peut-être n’avait-il pas envie d’être oublié ? En tout cas cette version sombre et réaliste et est très bien dessinée par Tim Hamilton.

L’histoire est celle de Guy Montag, un pompier incendiaire, qui depuis dix ans brûle les livres. Il vit dans une ville où lire est punissable par la loi. La société est très superficielle et dominée par les médias (principalement représenté par des murs-écrans). Lorsque les pompiers sont appelés, ils fouillent systématiquement les maisons et appartements des suspects jusqu’à ce qu’ils trouvent des livres. Une fois trouvés, ils les brûlent et parfois ils brulent également la maison. Un jour en rentrant chez lui, Montag rencontre Clarisse McClellan, une adolescente de 17 ans qui lui posent des questions pertinentes, qui lui font prendre conscience qu’il a toujours agi sans réfléchir, qu’il a brulé sans chercher à connaitre le contenu de ces livres. Clarisse l’a suffisamment titillé que pour vouloir jeter un coup d’œil aux livres qu’il a soustrait et caché pendant toutes ces
années. Incapable d’aller travailler, Montag se fait passer pour malade. Il en profite pour lire les livres qu’il possède. Sa femme Mildred ne le voit pas du même œil. Elle veut bruler les livres. Montag décide alors de contacter Faber, un vieux professeur qu’il n’a jamais dénoncé, chez qui il espère trouver des réponses à toutes les questions qui le hante depuis qu’il a rencontré Clarisse. Montag propose au professeur de réimprimer certains livres. Malheureusement pour Montag, sa femme Mildred endoctrinée par le système, veut non seulement brûler les livres, mais en plus elle le dénonce à Beatty son supérieur. Lorsque
Montag part en mission, il découvre que c’est chez lui que les pompiers se rendent. De pompier il devient soudain fugitif. Un limier robot est lancé à ses trousses. Montag n’a qu’une seule solution : plonger dans le fleuve et fuir la ville. La chance lui fait rencontrer un groupe de vieux universitaires qui mémorisent les livres avant de les bruler. La bande dessinée se termine sur le début de la guerre et la destruction de la ville.

Le roman a été écrit en plein Maccarthisme, période pendant laquelle les communistes étaient traqués aux Etats-Unis. Il fait penser au moyen-âge à la période noire de l’inquisition où l’autodafé était monnaie courante. Posséder un livre ou le lire était un crime. Bradbury a transposé cette situation dans un futur incertain.

Cette métaphore est accompagnée d’une préface de Bradbury. Dans celle-ci il pose une intéressante question au lecteur : quel livre souhaiterait-il protéger de tout pompier et pour quelle raison ? Personnellement je répondrai Dune de Frank Herbert, parce que c’est un livre-univers où les enjeux sont à la fois politiques, économiques et écologiques. Et vous lecteur ? Que répondriez-vous ?

Je n’ai jamais lu la version originale de Fahrenheit 451 et je me souviens vaguement du film. Donc c’est plutôt avec un regard neuf que j’ai lu cette bande dessinée. C’est très bien fait et très actuel. Il ne faut pas être amateur de science-fiction pour la lire. Si cette version est d’abord dédiée aux amateurs de bande dessinée, elle offre aux autres lecteurs une nouvelle vision d’un classique du genre, toujours supervisé par son véritable auteur.

A lire et même à relire pour ceux qui ont lu le roman.

Farhenheit 451, Ray Bradbury et Tim Hamilton, Casterman, 2010, 160 pages

Spin – Robert Charles Wilson

Dans un avenir proche, le Spin, une fine membrane entoure la Terre et cache le soleil, la Lune et les étoiles. Au-delà de cette membrane le temps s’écouler beaucoup plus vite. Des centaines de milliers d’années s’écoulent alors que sur Terre seules quelques décennies ont passé. Pendant la journée une illusion de soleil apparait tandis que la nuit devient totalement obscure. C’est ce phénomène qui pendant une nuit va bouleverser la vie de trois enfants. Le livre les suit sur une période de trente ans. Il y a Jason et Diane, jumeaux du couple E.D. et Carole Lawton, et puis il y a Tyler Dupree, le fils de la bonne. C’est par ses yeux que le lecteur suit toute l’histoire.

Comme les satellites ne sont plus d’aucune utilité, E.D. Lawton qui est un scientifique, propose d’utiliser des ballons stratosphériques pour assurer les communications terrestres. Il met en chantier un réseau de ballons qui remplacera les satellites. En parallèle il participe à la création de Périhélie, un parastatal américain qui se charge du réseau mais qui a aussi pour fonction d’analyser le Spin. Il s’agit d’un équivalent à la NASA qui travaillera avec cette administration.

Jason, le fils d’E.D. est également un scientifique, voir un vrai génie, qui dirige Périhélie et qui supervise les missions d’exploration de Mars des sondes, puis l’envoi de bactéries pour terraformer la planète rouge, et enfin l’envoi de colons. Cent mille ans s’écoulent pendant lesquels une nouvelle civilisation verra le jour. Jason et E.D. s’affrontent sur la voie scientifique à suivre à Périhélie, pendant que Diane se marier et suit son mari dans une secte religieuse. Pendant ce temps Tyler devient médecin et rejoint Périhélie.

A chaque chapitre Robert Charles Wilson nous dévoile un peu plus d’informations sur les recherches entreprises pour comprendre le Spin. Il nous fait suivre pas à pas, les cogitations des scientifiques de Périhélie. En parallèle, il
nous dévoile les problèmes psychologiques de ses principaux acteurs (Tyler, Jason et Diane). Ce n’est pas une saga, mais c’est une vision très subjective des tourments des différents protagonistes. On est autant intéressé par les problèmes de conscience de Tyler que des projets scientifiques de Jason ou des difficultés qu’à Diane dans sa vie de couple. Le Spin est là, en toile de fond, et représente la première préoccupation du livre. Cette génération qui a grandi avec le Spin n’est pas vraiment optimiste sur son avenir, et l’anarchie et le chaos est de plus en plus présent sur Terre. Seul Jason semble être en mesure de voir un avenir radieux, et il s’y emploi du mieux qu’il le peut. Les martiens et les réplicateurs ont une grande importance dans l’avenir de l’humanité car  ils permettent de mieux comprendre notre univers. Seul l’existence des Hypothétiques (ceux qui ont créé le Spin) reste un mystère.

Tyler en temps que médecin assiste aux évènements les plus importants et nous  révèlent les plans de Jason ou de E.D. son père (la terraformation de Mars avec des bactéries, l’envoi de colons vers Mars, l’envoi des réplicateurs dont la technologie provient de Mars). Tyler, c’est le personnage central de l’histoire, qui n’est pas à proprement parlé un héros, mais plutôt un excellent médecin généraliste, qui se trouve au bon moment au bon endroit et qui aura à plusieurs occasions à faire preuve d’un sang froid professionnel pour sauver la vie de ses proches.

On ne peut s’empêcher d’avoir les mêmes craintes que lui tout au long de l’histoire. On vit ses moments de joie, de peine, ses aspirations ou le moindre de ses doutes. C’est en décrivant cet aspect humain plus que l’aspect technique, que Robert Charles Wilson a écrit un livre qui mérite largement son prix Hugo. Spin peut paraitre dramatique pour le lecteur. C’est probablement l’effet recherché par l’auteur. Mais quand on arrive à la fin du livre, on est heureux d’avoir vécu l’histoire à travers les yeux de Tyler Dupree et déçu de devoir quitter ce livre.

Spin est un excellent roman de science-fiction, qu’il faut lire absolument. On retrouve dans celui-ci un point commun avec certains autres livres de Robert Charles Wilson :  un évènement vient perturber le quotidien (voir les Chronolites ou Darwinia par exemple), Espérons que Axis, la suite de Spin, ne tardera pas à sortir chez Denoël Lunes d’encre.

Spin – Robert Charles Wilson (Denoël Lunes d’encre)

L’homme démoli – Alfred Bester

En 2007, la réédition de L’homme démoli et Terminus les étoiles de Alfred Bester chez Lunes d’encre m’a incité à lire cet auteur.

Dans un premier temps je me suis focalisé sur L’homme démoli, un roman de science-fiction sorti en 1953, qui a emporté le premier prix Hugo. Roman policier situé au vingt-quatrième siècle dans lequel on suit le richissime Ben Reich qui a la tête d’une multinationale va échafauder un plan machiavélique pour redresser la situation financière de sa compagnie. Il propose à son concurrent direct de fusionner les deux compagnies. Mais la réponse attendue n’est pas celle qu’il espérait, et il doit alors planifier le meurtre de son concurrent à une époque où le meurtre a disparu. La police est constituée de télépathes à qui il est presque impossible de cacher un crime. Ben Reich doit donc imaginer un moyen de contourner ce problème en s’adjoignant les services d’autres télépathes. L’homme n’a pas le moindre scrupule et est prêt à éliminer tous ceux qui se présenteraient sur son chemin. Mais voilà, le jour où il veut rencontrer son concurrent, celui-ci est tué par quelqu’un d’autre. Et Ben Reich est le premier suspect. On assiste à une course poursuite entrecoupée de rebondissements entre Ben Reich et Lincoln Powell le préfet de police.

La démolition, c’est la perte de son identité, qui sera plus tard suivie par l’insertion d’une nouvelle identité. C’est ce que Ben Reich veut éviter à tout prix. Les télépathes se divisent en trois catégories d’extrapers (expert en perception extrasensorielle)

En re-visionnant la série Babylon 5, je me rends compte que le créateur de celle-ci, pour définir son corps-psi, s’est vraiment inspiré du roman de Alfred Bester. Un des personnages les plus emblématiques s’appelle d’ailleurs Bester. Et dans un des épisodes, on fait également mention de la démolition. Babylon 5 est donc un bon clin d’œil au roman. L’homme démoli peut donc se lire comme un roman policier. Après plus d’un demi-siècle d’existence, si on fait exception des fusées, le roman n’a pas pris une ride. Un roman court à conseiller autant aux amateurs de SF que de policier. J’ai vraiment passé un bon moment avec ce livre, et je vais certainement continuer avec Terminus les étoiles.

L’homme démoli, Alfred Bester, Denoël Lunes d’encre


Double étoile – Robert Heinlein

Je viens de lire Double étoile de Robert Heinlein , la version révisée par Folio. Un roman écrit il y a plus d’un demi-siècle et qui se lit toujours aussi facilement aujourd’hui. Il y a encore quelques vieilleries qui trainent dedans, comme les vaisseaux qui sont des fusées, ou les martiens qui ressemblent… à des martiens.
Mais en dehors de ces petits détails le roman n’a pas perdu de son attrait.

L’histoire est racontée par Lawrence Smith, acteur de son état, plus connu sous le pseudonyme de Grand Lorenzo ou Lorenzo Smythe. Un jour deux hommes lui proposent de jouer un rôle temporairement. Lorenzo accepte et se retrouve rapidement embarqué dans un vaisseau qui se dirige vers Mars. Il apprend en chemin qu’il doit prendre la place de John Bonforte un homme politique important qui vient d’être kidnappé. Pendant que Lorenzo joue la doublure, Bonforte est relâché par ses ravisseurs, mais amoindri il n’est plus en mesure d’apparaître en public. Heureusement, Lorenzo est un homme consciencieux faisant preuve d’initiative, qui continue de remplacer Bonforte.

L’histoire est apparemment simple. En un peu moins de 300 pages, Heinlein arrive à nous captiver sans chercher à nous imposer une vision politique. Son personnage principal est attachant et les situations rencontrées ne sont pas très éloignées de ce qui pourrait arriver aujourd’hui. La chute du gouvernement, la rencontre avec l’empereur, la compagne électorale, la formation du gouvernement intermédiaire nous sont familiers. Même les désaccords et coups bas au sein du parti de Bonforte ressemblent à ce qu’on peut voir dans la presse. De ce côté-là le livre n’a pas pris une ride. Il nous dévoile simplement les
coulisses qui mènent au pouvoir. Double étoile n’est pas dénué d’humour, ce qui renforce encore un peu plus le ton léger emprunté par Heinlein. On retrouve son style déjà rencontré dans Révolte sur la Lune, mais à un moindre niveau. Ce livre a eu le prix Hugo en 1956 et il le mérite.

J’espère que Folio éditera rapidement En terre étrangère et Révolte sur la Lune. Voilà donc encore un Heinlein de bonne facture qui se lit sans déplaisir.

Double étoile, Robert Heinlein, Folio 294


Révolte sur la Lune – Robert A. Heinlein

Je continue ma lecture de classiques de la science-fiction que j’ai volontairement laissés au fond de ma bibliothèque au fil du temps. Et pour le centième  anniversaire de la naissance de Robert A. Heinlein, j’ai décidé de lire Révolte sur la Lune ce classique de la SF se justifie pleinement. 

« Voici l’histoire d’une révolution ». C’est par ces quelques mots que commence le 4ème de couverture de l’édition Terre de Brume de ce classique de la science-fiction écrit par Robert Heinlein en 1966. Le livre a obtenu le prix Hugo l’année suivante. Cela aurait pu être la révolution de n’importe quelle nation sur Terre, mais aussi de n’importe quelle civilisation dans l’univers.

A travers un personnage très attachant, Manuel Garcia O’Kelly (plus familièrement appelé Mannie ou Man) qui est technicien en informatique, on découvre comment un peuple va se libérer du joug des Nations Fédérées qui se trouvent sur Terre. Mannie est monsieur tout le monde. Mais le jour où il va réparer l’ordinateur de l’autorité lunaire, il va se rendre compte que celui-ci a une conscience, s‘appelle Mike, et fera de lui son meilleur ami. Mike est comme un grand enfant un peu naïf, qui possède des ressources exceptionnelles, qu’il mettra au service de son ami humain. Au fil du temps son intelligence se développe au point de la confondre réellement avec celle d’un humain. On peut se demander ce qui se serait passé si Mike avait été mauvais. Mais pour le bien de l’histoire, Heinlein nous montre une image très humaine d’un ordinateur.

En 2075 la Lune possède 3 millions de ressortissants appelés « lunatiques », principalement composé des déportés que la Terre n’a plus voulu, puis de leurs descendants. Six villes (ou terriers devrait-on dire) rassemblent cette population composée à deux tiers par des hommes et un tiers par des femmes. Les familles ne sont plus composées par de simples couples.

La lune abrite en sous-sol de grandes exploitations agraires qui exportent leur production vers la Terre. Une autorité terrienne contrôle cette population en même temps que les échanges commerciaux. Et la population est de plus en plus exploitée par les terriens qui ne voient en eux que des travailleurs qui n’ont pas droit à la parole (presque des esclaves). La colère gronde et un mouvement de révolte s’organise, surtout que les ressources de la Lune ne sont pas inépuisables et qu’un avenir catastrophique se profile si rien ne change. C’est dans ce contexte que Mannie se retrouve par hasard, en compagnie de la jolie Wyoming et du professeur de La Paz, dans une réunion politique clandestine. A trois, avec l’aide de Mike, ils vont mettre en place un réseau qui va bouleverser l’avenir de la Lune. Heinlein nous décrit minutieusement comment un réseau de résistants va se mettre en place. A travers les yeux de Mannie, on voit la résistance neutraliser l’autorité et prendre le contrôle de la Lune. Et on ne peut pas s’empêcher de donner raison aux insurgés.

Mais les choses ne s’arrêtent pas là. Mannie et le professeur sont envoyés sur Terre comme émissaires de la nouvelle nation. Leur mission est de convaincre les peuples de la Terre que la Lune a droit à son indépendance et est une nation à part entière. C’est ici qu’on constate que les médias et les politiques perçoivent les choses différemment et ne voient en la Lune qu’une colonie qui doit continuer à produire les aliments que la Terre consommera. Malheureusement pour nos héros, les choses ne tournent pas aussi rond que prévu. Et quand ils retournent sur la Lune, c’est pour se préparer à faire la guerre. Mais comment faire la guerre quand on n’a pas d’arme et pas de vaisseaux ?

Heureusement Heinlein va nous raconter une fin héroïque qui ne sera pas sans sacrifices de part et d’autres. Du très grand Heinlein, qui se lit avec beaucoup de plaisir et qui n’a pas pris une ride quatre décennies plus tard. J’avais beaucoup aimé Une porte sur l’été ou Double étoile, mais j’ai encore plus adoré Révolte sur la Lune.