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Les conquérants de l’univers – Richard-Bessière & Raoul Giordan

Tirée d’un roman de F. Richard-Bessière (pseudonyme de François Richard et Henri Bessière), cette adaptation en bande dessinée mérite le détour. Elle était initialement sortie dans la collection Sidéral en 1968. Dessinée par Raoul Giordan, cette adaptation du roman du même nom paru en 1951 est assez fidèle.

Les conquérants de l’univers était le premier livre de la collection fusée au Fleuve Noir. Il a quatre suites, toutes éditées dans la même collection. Plus tard, Aredit a commencé sa collection Sidéral par ce cycle de science-fiction.

Cette BD m’a fait découvrir Richard-Bessière. J’avais 10 ans, et j’achetais régulièrement Sidéral. Plus récemment, le cycle en romans a été réédité au format omnibus chez Eons. Un seul livre contient les cinq romans et est sorti en 2006. Plutôt que de rechercher les cinq livres originaux, j’ai préféré acheter cet omnibus qui contient :

1 — Les Conquérants de l’univers
2 — À l’assaut du ciel
3 — Retour du Météore
4 — Planète vagabonde
5 — Sauvetage sidéral

C’est donc avec un certain plaisir que je vois cette réédition BD en grand format chez Ananké. Plaisir de retrouver une histoire que j’avais presque oubliée, car lue pendant mon enfance. Surtout de retrouver les dessins de Raoul Giordan. Le dessinateur a un style très caractéristique qui se marie très bien avec le noir et blanc de l’époque. Ses mondes, ses cités, ses extraterrestres correspondent à une science-fiction qui peut paraitre naïve aujourd’hui, mais qui avait son charme à l’époque. Les fusées se posent debout sur leurs ailerons. Les cités mélangent l’acier et le verre, et sont séparées par de grandes esplanades. Les extraterrestres sont fréquemment humanoïdes. Giordan a un gout prononcé pour les femmes aux belles formes, correspondant aux standards de l’époque. Dommage qu’elles n’avaient pas un plus grand rôle dans chaque histoire. Dans les conquérants de l’univers, c’est Mabel, membre de l’équipage qui apporte une touche de féminité (ce qui n’est pas le cas dans la série Météor du même dessinateur).

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J’avoue que je n’ai pas lu grand-chose d’autre de Richard-Bessière. À l’époque, je préférais lire un Jimmy Guieu, un André Caroff ou le cycle Perry Rhodan, tous trois aussi au Fleuve Noir. Je me suis davantage tourné vers les adaptations BD tirées des romans Richard-Bessière. Donc, cela reste un auteur à découvrir lors de réédition en omnibus.

L’histoire de ce premier tome des conquérants de l’univers est assez simple. Le professeur Bénac a mis au point un vaisseau spatial, le Météore. À son bord, il compte explorer le système solaire. Trois personnes sont censées l’accompagner : Jeff Dickson le journaliste, Richard Beaumond son filleul, et Mabel Peterson qui l’a convaincu qu’une femme devait faire partie du voyage. Lors du décollage, Ficelle, le mécanicien du professeur, va se retrouver enfermé sur le vaisseau en même temps que Don Alfonso, un ingénieur aux intentions pas très nettes. Le voyage commence avec une halte sur Deimos, un des satellites de la planète Mars, avant de prendre la direction de Mars. Mais le Météore accélère soudain vers la planète rouge. L’équipage découvre rapidement que le vaisseau est contrôlé à distance par les Martiens. Le professeur Bénac et son équipage vont faire la connaissance des Martiens et découvrir que ceux-ci sont incapables de quitter leur planète. Il va résoudre scientifiquement ce problème, et repartir pour continuer son périple.

Ce premier tome ne va pas plus loin. Cela peut paraitre totalement dépassé comme science-fiction, mais ça se laisse lire malgré les incohérences par rapport à nos connaissances actuelles en astronomie. Il faut donc lire cette BD avec l’esprit de l’époque, sans se focaliser sur l’aspect technique. C’est de la science-fiction d’un autre âge.

Je voudrais attirer l’attention sur cette nouvelle édition, car deux grands illustrateurs et dessinateurs en font partie. Giordan qui a dessiné l’histoire de Richard-Bessière, et surtout Brantonne qui signe la couverture. Ce dernier a d’ailleurs signé la plupart des couvertures de la collection fusée chez Fleuve Noir. La couverture de cette BD correspond bel et bien à celle du roman de 1951. C’est un petit détail que j’apprécie beaucoup en tant qu’amateur de science-fiction.

J’ai une seule critique à formuler concernant cette BD, c’est son prix vraiment dissuasif. En 1968, la version Sidéral coutait deux francs français. Aujourd’hui, presque un demi-siècle plus tard, elle dépasse les quarante euros. C’est indécent, même pour un tirage limité à 230 exemplaires. Apparemment, l’éditeur est habitué à pratiquer de tels tarifs avec ses autres cycles.

En dehors de cela, j’espère qu’Ananké continuera de réédité les Sidéral, mais pourquoi pas tous les Giordan ? Le cycle Météor dessiné aussi par Giordan sort à intervalle irrégulier chez le même éditeur. J’espère qu’il sera plus régulier pour les conquérants de l’univers.

BD clairement pour amateur de science-fiction et nostalgique d’une époque où l’aventure prenait le dessus sur la véracité scientifique. Histoire d’un autre temps, qui peut faire sourire aujourd’hui, mais quelle belle imagination de la part de Richard-Bessière, et quel très beau trait de crayon de Raoul Giordan. Un classique de la science-fiction ressuscité.

Les conquérants de l’univers, F. Richard-Bessière & Raoul Giordan, Editions Ananké, 2014, 108 pages, illustration de Brantonne

Les conquérant de l'univers

L’opéra de Shaya – Sylvie Lainé

Curieusement, j’ai eu des difficultés à écrire cette chronique. Cela tient au fait que l’interview qui se trouve dans le recueil de nouvelles reprend une bonne partie de mes propres conclusions sur ce recueil. J’aurais l’impression de répéter ce que Sylvie Lainé répond à Jean-Marc Ligny. Donc, je vais prendre le problème par l’autre bout en étant très subjectif (oh oui !) sur ce quatrième recueil de nouvelles proposé par ActuSF.

Sylvie Lainé, c’est la littérature dans la science-fiction, ou la science-fiction dans la littérature. Elle a une façon d’écrire qui fait d’elle un auteur à part entière, qui navigue entre les deux genres littéraires. Le format nouvelle lui convient à merveille. Nouvelles longues ou courtes, Sylvie est dans son élément et nous amène dans des coins de l’univers qui ne semblent pas être ce qu’ils laissent croire. Le dépaysement est toujours au rendez-vous, même pour un lecteur de la première heure. Sylvie propose un de ses thèmes favoris, la rencontre, le contact avec l’autre, avec l’étranger, avec l’extraterrestre, avec une forme de vie insoupçonnée, où la communication a tout son sens, mais ne s’établit pas dès le départ. Les sentiments des différents personnages viennent enrichir chaque histoire, au point d’en faire des textes uniques.

Quatre nouvelles forment ce recueil. Nouvelles inattendues, qui souvent commencent par une situation idyllique qui lentement révèle un danger, avant de basculer vers l’étrange tinté de cruauté. Car derrière l’apparente quiétude de chaque histoire se cachent des histoires complexes et sombres.

Le paradis, c’est les autres ? Le recueil commence par une excellente préface de Jean-Marc Ligny, qui nous rappelle que les textes tournent autour de trois axes : les rencontres, les échanges et les sentiments. Le titre de cette préface fait sourire, car c’est un clin d’œil à L’enfer c’est les autres, une citation de Jean-Paul Sartre qui apparait dans Huis clos.

L’opéra de Shaya – Nouvelle qui donne son nom au recueil. La plus longue et la plus belle nouvelle de ce recueil, dans lequel on découvre So-Ann qui recherche une planète idyllique sur laquelle elle peut passer un moment. Lorsqu’elle découvre cette planète, elle est assurée de pouvoir y passer deux ans. Le maitre mot de cette nouvelle, c’est imprégnation. Tout est contact physique, tout est sujet à assimilation des fluides, de l’ADN, ou des organes des autres. Que ce soit les habitants de Shaya, ses animaux ou ses plantes, ils sont tous capables de changer leur apparence en fonction de l’ADN des êtres qu’ils touchent.

So-Ann pense être sur une planète qui tient du paradis, car loin de la technologie et du stress de la civilisation. Elle va découvrir une étrange culture qui évolue en fonction de ses propres visiteurs. C’est une histoire très étrange, admirablement bien écrite. Mais derrière cette image de beauté et de plénitude se cache un secret beaucoup plus terrible. Lorsque So-Ann découvre celui-ci, elle met un terme à son séjour et se fixe comme objectif de retrouver la personne qui a imprégné son compagnon sur Shaya. C’est à la fois beau et cruel.

Grenade au bord du ciel – Et si tous les cauchemars, les vilaines pensées, les doutes, les envies qui traversent notre esprit étaient stockés sur un astéroïde et oubliés du commun des mortels. Jusqu’au jour où une mission spatiale retrouve celui-ci et découvre son contenu. Ces souvenirs et ses pensées deviennent tout d’un coup une marchandise, une drogue, qui va faire le bonheur des humains. Étrange nouvelle.

Petits arrangements intra-galactiques – Un vaisseau en panne obligé de se poser sur un monde inconnu, et un pilote qui est pressé de retrouver la civilisation, mais qui doit d’abord penser à trouver de la nourriture. Mais quelle nourriture sur cette planète ? Nouvelle caustique, humoristique, qui fait un peu penser aux histoires de Robert Sheckley.

Un amour de sable – Nouvelle très originale, dans laquelle les humains découvrent un monde de sable. Ils prélèvent des échantillons (de grands échantillons) de différentes couleurs. Mais ils n’imaginent pas que ce sable est vivant, pense, et aime être en contact avec les humains. Une histoire où les sentiments ont un grand rôle à jouer, mais seulement pour une des deux parties de cette étrange rencontre.

Interview de Sylvie Lainé par Jean-Marc Ligny – Avec cette interview, Sylvie Lainé se dévoile un peu plus pour le grand bonheur des lecteurs. Curieusement, je ne m’appesantirai pas sur son contenu, préférant que les lecteurs la découvrent. C’est le point d’orgue de ce recueil. Il mérite bien sa place.

Je suis un inconditionnel de Sylvie Lainé. C’est toujours un plaisir de lire ses textes. Et pourtant, je n’ai pas toujours été un adepte du format nouvelle. Mais au fil du temps, Sylvie m’a fait changer ma vision de l’imaginaire et des textes courts en particulier. C’est aussi pour ça que j’ai préféré chroniquer ce recueil avec un certain retard par rapport à sa date de publication.

Un livre de Sylvie, c’est comme un grand vin. Cela se mérite, cela se déguste, cela s’apprécie, et surtout cela nécessite une lecture plus attentive. Pas besoins de demander d’écrire un roman à Sylvie. Toutes ses nouvelles contiennent les éléments nécessaires à de grandes histoires. La différence, c’est que chaque nouvelle se focalise sur les individus, sur leurs pensées, sur ce qu’ils éprouvent, sur la difficulté à communiquer. Le décor une fois planté et l’histoire lancée, c’est au lecteur de prolonger celle-ci une fois la dernière ligne de texte lue. En fait, les nouvelles de Sylvie Lainé sont de petites perles. Au fur et à mesure que ses recueils sont édités par ActuSF, on rencontre un nombre de plus en plus grand de lecteurs qui ont été convaincus par sa plume.

Je conseille ce recueil à tous ceux qui veulent découvrir la science-fiction à travers des nouvelles de qualité, mais aussi aux habitués de Sylvie Lainé qui attendent avec impatience ses histoires. Je suis certain que lire ce recueil donnera envie de lire les précédents à ceux qui découvrent l’auteur. Encore une fois, un recueil excellent pour lequel je ne peux que remercier Sylvie Lainé de l’avoir écrit et avec lequel j’ai passé un agréable moment de lecture.

L’opéra de Shaya, Sylvie Lainé, ActuSF, 2014, 178 pages, illustration de Gilles Francescano

L'opéra de Shaya

Le rêve de l’exilé – Alain le Bussy

Alain Le Bussy fait partie de ces auteurs belges qui m’ont échappés. Je l’ai rencontré une fois, lors d’un Trolls et Légendes à Mons. À l’époque, je me demandais ce qu’il pouvait bien écrire comme science-fiction. Puis, je me suis dit qu’il fallait absolument combler cette lacune. D’abord parce que c’est un compatriote, et que depuis un certain temps je fais découvrir des auteurs belges sur mon blog, tous domaines confondus. Ensuite parce que j’en ai tellement entendu parler autour de moi et surtout dans le fandom, qu’il m’était impossible de ne pas le lire.

J’ajouterai que ce premier tome de l’anthologie consacrée à Alain le Bussy est paru chez Rivière Blanche, et est dirigée par Marc Bailly. Donc, cette anthologie devenait incontournable pour moi, surtout si je ne voulais pas mourir idiot. C’est donc avec un regard neuf que j’ai abordé cet auteur très prolifique et très actif dans le domaine de l’imaginaire. Il a écrit une centaine de romans et deux fois plus de nouvelles.

En commençant la lecture de cette anthologie, je n’ai pas eu l’impression d’être confronté à des textes obsolètes. Les nouvelles qui la constituent sont toujours d’actualité, et le style de Le Bussy fait que ses textes restent intemporels.

La première de ces nouvelles donne le ton de l’anthologie. Dans Un don inné paru en 1966, qui est le premier texte d’Alain le Bussy, on aborde le space opera, et de manière plus classique, le planet opera. Ce qu’on découvre, c’est un extraterrestre naufragé sur Terre, qui doit attendre que le niveau technologique de la civilisation lui permette de réparer son vaisseau ou d’en reconstruire un , capable de le ramener chez lui. Mais après les siècles passés, l’extraterrestre doit bien s’intégrer au reste de l’humanité, et l’identité qu’il prend est révélée dans les dernières lignes de la nouvelle, et est assez amusante.

La cité des tours mélancoliques reprend le thème du voyageur solitaire qui explore d’autres mondes. Thème qu’on retrouve souvent dans les nouvelles d’Alain le Bussy. L’auteur est à l’aise avec les histoires de planet et space opera.

Le rêve de l’exilé, nouvelle qui donne son titre à cette anthologie, fait référence au dieu endormi, à l’extraterrestre qui un jour a atterri sur Terre pour ne plus repartir. On peut considérer que cette nouvelle est une variante de « Un don inné ».

Les autres nouvelles sont du même niveau, et se passent parfois à notre époque. Alain le Bussy, passant facilement de la science-fiction au fantastique.

On retrouve dans l’écriture d’Alain le Bussy, une forme toujours très épurée, très facile de ses histoires. L’auteur a le mérite d’avoir de très bonnes histoires, bien pensées, mais racontées simplement, avec l’envie pour le lecteur d’aller jusqu’au bout de celles-ci. Dans certaines des nouvelles, on dénote même une forme de poésie chez l’auteur.

Marc Bailly préface cette anthologie dont il a choisi les textes. Il précise que ce premier tome correspond à une période spécifique de l’écrivain qui va de 1966 à 1991. Deux autres anthologies devraient suivre. Dominique Warfa préface la première nouvelle de Alain le Bussy, tandis que George Bormand, Serena Gentihomme, Christian Martin et Jeremy Sauvage ajoutent un hommage en guise de postface. On le voit, l’auteur ne laisse pas indifférent. Au cours de ses cinquante années d’activités dans l’imaginaire, il a tissé un réseau impressionnant d’amis et de lecteurs.

Sur 350 pages, le lecteur trouvera déjà un excellent panel de la productivité en imaginaire d’Alain le Bussy. Ce premier tome devrait être suivi par deux autres, et réjouira les lecteurs qui ont aimé celui-ci, mais aussi ceux qui veulent découvrir en détail l’auteur. Une anthologie qui rend hommage à un excellent auteur de science-fiction d’origine belge.

Le rêve de l’exilé, Alain le Bussy, Anthologie dirigée par Marc Bailly, Rivière Blanche, 350 pages, illustration de Grillon

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La saga de madame Atomos 7 – Michel Stephan

Après avoir édité l’intégrale du cycle madame Atomos d’André Caroff, Rivière Blanche propose ici « Madame Atomos sème la tempête » écrit par Michel Stephan. On retrouve la Japonaise dans le désert du Nevada dans les sixties. À ses trousses, l’éternel Smith Beffort, agent du FBI qui n’a de cesse de mettre définitivement hors d’état de nuire la malfaisante Japonaise.

Le livre comprend le roman, trois nouvelles et une chronologie des aventures de madame Atomos. Si on retrouve effectivement l’ambiance qu’André Carroff avait imposée lors de la parution au Fleuve Noir, on doit lire ce livre avec le regard de l’époque.

Le roman est classique, et pourrait aussi bien correspondre à une aventure de Bob Morane ou d’Harry Dickson. L’ombre jaune, Miss Yalang-Ylang ou Georgette Cuvelier la fille de Flax, joueraient très bien le rôle de madame Atomos. Dans ce roman, le héros c’est évidemment Smith Beffort, qui court derrière Kanoto Yoshimuta (alias madame Atomos) qu’on aperçoit à de rares occasions dans cette histoire.

En fait, on suit d’abord Danny le neveu de Beffort, policier qui est parvenu à s’infiltrer dans une communauté qui vit en bordure du désert de Mojave. Un trafic d’armes de haute technologie est découvert, et un policier a été tué. Danny a été accepté par la communauté et découvre un étrange cimetière. Pendant ce temps, son oncle pense avoir rencontré madame Atomos en la personne de Loris Adams. Il ne lui révèle pas ses soupçons pour l’emmener dans le désert à la recherche de son neveu.

Étrange histoire qui montre que des activités illégales existent dans le désert, et que madame Atomos y a une base secrète enfuie sous le sol. Lorsque Smith Beffort et Lori Adams sont sauvés d’une mort certaine dans le désert, ils se retrouvent dans la base secrète de madame Atomos. Cette dernière qui voue une haine aux Américains a planifié la mort des enfants de Los Angeles. Beffort va découvrir que la base secrète est en fait un grand vaisseau spatial qui fait route vers la cité des anges. Comme à son habitude, les plans de madame Atomos sont perturbés et elle n’est pas capturée.

À ce stade-ci, il y a une petite erreur dans le livre à la page 163. On apprend qu’un énorme engin sphérique d’un diamètre d’un kilomètre était stationné au-dessus de la ville. Et puis plus loin, l’engin est une soucoupe volante qui se jettera dans la mer. Une petite relecture du texte aurait été la bienvenue.

Curieusement, c’est la nouvelle qui suit « Une écharpe de soie rouge » qui m’a le plus plu. Elle est racontée par Tom Wills, l’adjoint d’Harry Dickson. Dans les années 30, le plus grand des détectives a rencontré Kanoto Yoshimuta au Japon. Lors d’un moment de relaxation, elle lui a inoculé quelque chose dans l’organisme qui le paralysera un an plus tard s’il ne vient pas au rendez-vous qu’ils se sont fixé. Amusant comme nouvelle, où on voit Harry Dickson à la merci de la belle Japonaise.

La nouvelle suivante « Avec les compliments de Nestor ! » met en scène Nestor Burma qui accepte de remettre des documents à un homme pour le compte de Leni Riefenstahl. Nouvelle dans laquelle on retrouve Bob Morane, OSS 117 et Mister Bean qui combattent l’organisation de madame Atomos.

Avec « La maitresse du haut château », on retrouve madame Atomos à la tête d’un asile psychiatrique dans lequel elle a une conversation avec Hawthorn Abendsen l’écrivain créé par Philip K. Dick dans Le maître du Haut Château.

Ce tome 7  se termine par une chronologie des aventures de madame Atomos. Dans l’ensemble, un livre qui se lit sans nécessairement avoir lu les précédents. C’est un moment de lecture plutôt réservé aux fans de la Japonaise. Rivière Blanche continue la saga commencée par André Carroff. Aux commandes, Michel Stephan qui s’en tire pas si mal que ça. À lire.

La saga de madame Atomos T.7, Michel Stephan, 214 pages, Rivière Blanche, 2013, illustration de Jean-Michel Ponzio

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Quantex T.1 Le songe des immortels – Ludovic Albar

Avec Le songe des immortels, Ludovic Albar nous propose le premier tome d’un space opera se passant au 30ème siècle, space opera qui se nomme Quantex. Le livre est précédemment sorti en grand format chez Mnémos, la trilogie ressort en format de poche chez le même éditeur.

Quantex, c’est un réseau de communication quantique instantané qui a été déployé à travers tout le système solaire. C’est en quelque sorte l’internet du futur. Ce premier tome nous présente une intrigue politique et stellaire, qu’un espion martien, Lewis Khandra, va devoir démêler. Au départ, son rôle est d’infiltrer un mouvement révolutionnaire et religieux (tiens, tiens, ça fait penser au 11 septembre 2001 tout ça). Mouvement qui s’oppose à des dirigeants terriens qui sont qualifiés d’immortels, car ils possèdent la technologie nécessaire pour cloner leurs corps, mais aussi leurs consciences. Mais notre espion va se rendre compte que l’ennemi n’est peut-être pas celui qui a été désigné au départ.

Dans ce livre, on sent l’intérêt que l’auteur porte à Dune. Cela ne ressemble pas de près ou de loin à l’œuvre de Frank Herbert, mais il y a des idées qui font penser à ce dernier. Par exemple la similitude entre l’épice et le marsenium, le premier est une drogue indispensable aux navigateurs de la guilde, et le second permet de voyager sans se déplacer. Tiens, tiens !

En voulant se projeter neuf siècles dans l’avenir, l’auteur nous décrit un monde qui est proche de celui que nous connaissons aujourd’hui. Les dictatures, royaumes, républiques existent toujours, et l’appât du gain est toujours omniprésent. Le capitalisme vit ses heures de gloire. Des personnes sont asservies pour le bien d’autres. L’esclavage n’a pas disparu. C’est simplement transposé à une échelle plus grande que celle que nous connaissons actuellement.

Ce qui est bien dans ce premier tome, c’est que Ludovic Albar alterne les intrigues et permet ainsi aux lecteurs de ne pas s’ennuyer dans cette histoire complexe. Les personnages sont parfois trop caricaturaux et manquent de charisme, mais comme il s’agit d’une trilogie, on peut espérer que ce défaut soit gommé dans les tomes suivants.

Le jargon de Ludovic Albar peut parfois déranger le lecteur tout comme cette pseudoscience dont les théories sont inexplicables (voir la tête de chapitre de la page 30 dans la version de poche). C’est plutôt les trop nombreuses similitudes avec les événements mondiaux de ce début de 21ème siècle qui sont le point faible de ce livre.

Plutôt que de considérer ce livre comme un space opera, je préfèrerais plutôt dire un thriller futuriste à l’échelle du système solaire. Ceci reste néanmoins un bon livre. Il ne faut pas bouder un nouvel auteur qui propose un univers cohérent qui vaut la peine d’être développé. À lire, et à surveiller de près évidemment. La suite arrive !

Quantex T.1 Le songe des immortels, Ludovic Albar, Mnémos, 2013, 444 pages, illustration de David Lecossu.

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Destination Mars – Marc Bailly

Pour Destination Mars, Marc Bailly avait contacté plusieurs auteurs. Comme il avait déjà lu plusieurs de mes nouvelles, il m’a proposé d’en écrire une, qui plus tard a été retenue. Par la suite, Marc Bailly m’a demandé d’écrire un essai sur Mars dans la littérature imaginaire, avec une contrainte sur le nombre de signes. J’aurais certainement voulu écrire un essai beaucoup plus long et exhaustif, mais les impératifs de l’édition ne le permettaient pas. J’ai dû faire des choix. Curieusement, une partie du texte s’est perdu dans les méandres du Web. Partie qu’on retrouvera si les éditions du Riez rééditent le livre. En attendant, je propose la partie manquante à la fin de cet article (avec la bénédiction de Marc Bailly et des éditions du Riez).

Pour cette anthologie, Marc Bailly a fait appel à des auteurs connus comme à des nouveaux, gardant ainsi un juste équilibre dans le choix des textes. Tous sont francophones. Il a sélectionné 12 nouvelles qui vont du thriller en passant par la politique, l’écologie ou la hard science. C’est très diversifié.

Les douze nouvelles sont accompagnées de deux essais qui permettront aux lecteurs d’approfondir leur connaissance littéraire ou filmographique sur Mars. Ils ne sont pas exhaustifs, mais suffisamment documentés pour que le lecteur y trouve de quoi continuer son exploration de la planète rouge.

Une chose que j’aime bien dans les anthologies de Marc Bailly, c’est qu’avant chaque nouvelle il présente chaque auteur. Présentation suivie d’un court chapitre sur les raisons qui ont poussé l’auteur à écrire le texte qui suit (je peux affirmer qu’il n’avait pas un phaser sur la tempe pour écrire).

Les nouvelles

Brice Tarvel Le Syndrome martien – Des terriens découvrent les martiens, sorte de grandes cocottes roses, qui les forceront à se jeter dans la lave. Étrange nouvelle, dont l’écriture fait penser aux chroniques martiennes de Ray Bradbury. Brice Tarvel continue à m’étonner en passant indifféremment d’un genre à un autre.

Jean-Louis TrudelLes sculpteurs de Mars – Sauvetage sur Mars et sculpture martienne.

Dominique DouayCelui qui attend – Exploration qui commence à quatre et qui finit à un. Les pensées d’un rescapé.

Jean-Pierre AndrevonLe caillou de Mars – À la fois triste et ironique, cette nouvelle parle de l’épidémie mortelle qui décima la population sur Terre après la première expédition martienne.

Gulzar JobyMars l’ancienne – Nouvelle qui nous parle d’un projet d’envoyer des personnes sur Mars, mais sans possibilité de retour. C’est bien écrit, un peu trop long, et cela met en scène deux vieux couples qui vont se rendre sur la planète rouge, ce qui servira les politiques restés sur Terre.

Jonas LennLe Gaucho de Mars – Un artéfact découvert, et un personnage principal contaminé par une entité extraterrestre. Premier contact, mais sur la planète rouge.

Hugo Van Gaert118 heures avant la fin – Très courte nouvelle qui propose un dialogue entre un capitaine de vaisseau et son ordinateur de bord. N’est pas capitaine celui qui croit l’être. Fort éloigné du sujet martien.

Marc Van BuggenhoutRestez chez vous – Et si Mars était une station balnéaire dans une grande confédération galactique ? Les images que nous recevons sur Terre sont falsifiées de telle sorte que nous ne cherchons pas à nous y rendre. Le problème c’est qu’au 21ème siècle, deux missions européennes et asiatiques font route vers Mars, et dès qu’elles poseront un pied, tout ce qui a été construit appartiendra aux terriens.

Jean-Jacques GirardotLes chants de Mars – Les chants de Mars mélange plusieurs genres : le steampunk et le space opera, mais étalé sur des milliards d’années. On dirait qu’Olaf Stapledon est passé par là, mais avec une connaissance culturelle plus approfondie, car on y parle aussi de Mozart et de Chris Rea.

Thierry Di RolloAube dernière – Mars fantasmé par Di Rollo, prétexte pour nous parler de la mort d’une mère.

Frank RogerCiel rouge, sable rouge – Entre politique et terrorisme, cette nouvelle nous relate des événements sur Mars qui ressemblent étrangement à ceux que la Terre a déjà connus. Les colons répèteraient-ils les erreurs du passé faites sur Terre. Sur Mars, un président du Conseil et sa fille qui milite pour retrouver une planète Mars d’avant la colonisation. Pas mal !

Daniel WaltherOlympus Mons – L’ascension du mont Olympe par John Carter. Oui, mais fallait-il qu’il meure d’une crise cardiaque à la fin ? À moins que ce ne soit pas le vrai John Carter.

Essais

Marc Van BuggenhoutMars dans la littérature – Cet essai reprend les livres ou cycles les plus représentatifs concernant la planète Mars. Cela va du 19ème siècle à notre époque. Les livres sont regroupés par thème (expéditions, invasions, les martiens).

Jean-Pierre AndrevonMars au cinéma – C’est une visite guidée que nous propose Jean-Pierre Andrevon. D’abord avec un historique des adaptations cinématographiques concernant Mars, ensuite avec une filmographie très détaillée.

J’ai bien aimé cette anthologie (pas parce que je suis dedans). La planète Mars a toujours été une des destinations favorites des auteurs de science-fiction. La planète rouge fait rêver. Marc Bailly et les éditions du Riez ont eu la bonne idée de faire une anthologie sur ce qui sera le prochain défi technologique et humain de ce siècle.

Une seule critique à formuler sur cette anthologie, l’absence de numéros de page dans le sommaire. Ce n’est pas grand-chose, mais cela simplifierait la vie aux lecteurs qui ne veulent pas lire les textes dans l’ordre qu’a choisi Marc Bailly.

Belle couverture de Pierre le Pivain qui colle parfaitement à l’anthologie.

Destination Mars est une bonne anthologie, très variée. Inégale à plus d’un titre, avec une brochette d’auteurs qui avaient un point commun : nous présenter leur vision de la planète Mars. J’espère que d’autres anthologies du même genre verront le jour.

Destination Mars, anthologie de Marc Bailly, Éditions du Riez, 2013, illustration de Pierre Le Pivain, 339 pages

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Voici la partie manquant dans l’anthologie de l’essai  Mars dans la littérature :

Le gouffre financier que représente une mission martienne à l’heure où bon nombre de pays subissent la crise économique fait reculer l’événement qui devrait être le plus important du siècle. Le premier pas de l’homme sur Mars est sans cesse postposé, faute d’argent et de volonté politique. Le défi est à la fois technologique et psychologique. Technologique, car il faut construire un vaisseau capable de faire l’aller-retour entre la Terre et Mars. Il devra accueillir un équipage qui devra y vivre six mois à l’aller et au retour. Psychologique, car la promiscuité des membres d’équipage ne doit pas engendrer de dissensions, mais une collaboration étroite. Quant au vaisseau, il devra contenir un module d’atterrissage et probablement l’un ou l’autre satellite qui permettra une meilleure communication et géolocalisation sur la planète rouge. Et puis, il faudra déployer assez de matériel pour construire une base pour les astronautes. On ne sait pas encore combien de temps ils passeront, ni combien ils seront sur la planète rouge, mais ce sera sans commune mesure avec ce qu’on a vu lors des missions Apollo. La mission d’exploration sur le sol de la planète rouge durera certainement plusieurs semaines, voire quelques mois. Il faut rentabiliser le coût d’un tel projet. Les astronautes qui un jour fouleront le sol rouge ne pourront pas se contenter de faire quelques pas et quelques expériences. On peut supposer que l’investissement intellectuel et financier aura des retombées économiques et technologiques importantes pour l’humanité.

Si les différentes agences spatiales étudient la question, ce sont surtout les auteurs de science-fiction qui développent le mieux les idées fondamentales pour un projet qui consiste à amener un homme sur Mars. On doit à plusieurs auteurs de hard-science une vision réaliste de ce que sera cette mission. On compte parmi ces auteurs, Arthur C. Clarke, Kim Stanley Robinson, Ben Bova et Stephen Baxter.

Arthur C. Clarke, dans son livre Les sables de Mars nous montre une des premières colonies installées. Sur Mars. Un journaliste est envoyé pour y relater le quotidien des explorateurs. Il découvre une colonie martienne où l’amabilité n’est que façade. En fait, il est l’intrus et est toléré par les colons. Lors d’une exploration, il va découvrir l’existence de martiens, sorte de petits kangourous à l’intelligence similaire. L’un d’entre eux va devenir son ami, ce qui rendra le journaliste plus populaire au sein de la colonie. Tandis qu’il participe au travail quotidien de la colonie, on va lui révéler qu’une des lunes est en train d’être adaptée pour devenir soleil artificiel autour de la planète rouge. La colonie veut son indépendance par rapport à la Terre. Le livre Les sables de Mars est le premier du genre. C’est une approche pas trop naïve de la colonisation de Mars, qui date tout de même de 1951.

On retrouve la planète rouge chez Arthur C. Clarke dans Maelstrom, le tome 2 de son cycle Base Vénus. Cycle qui est en fait une concaténation de plusieurs nouvelles de Clarke, adaptées par Paul Preuss. Dans ce livre, après la découverte d’un morceau de métal, vieux de plus d’un milliard d’années, dans les sables de Mars, on retrouve son héroïne Sparta, à la poursuite d’un ami d’enfance. Mars n’est ici qu’un décor parmi d’autres. Car avec ce cycle, Clarke nous fait visiter tout le système solaire.

Kim Stanley Robinson va plus loin que Arthur C. Clarke. Il nous propose une trilogie sur Mars (Mars la rouge, la verte, la bleue), qui va de la colonisation de la planète rouge à sa terraformation. Un quatrième tome Les martiens est un recueil de nouvelles qui complète la trilogie.

La trilogie montre un futur où l’homme a déjà posé son pied sur la planète rouge. L’Arès, un grand vaisseau emmène cent colons vers Mars, et à son bord se trouve l’homme qui a marché sur Mars. Le voyage durera un an et il sera à sens unique. Ils ne reviendront pas et il leur faudra s’adapter à la planète Mars, ou adapter la planète Mars à eux. Mais cette dernière solution ne plait pas à tout le monde et engendre des conflits. Commence alors un long travail de construction, poussé par l’exode d’autres colons qui fuient une Terre surpeuplée. Cette colonisation aiguise évidemment l’intérêt des multinationales terriennes, qui y voient une manne financière importante.

Tandis que Mars se terraforme et cherche son indépendance, la Terre connait la surpopulation et des catastrophes naturelles. Une chaine de volcans en éruption a fait monter le niveau des eaux.

Cette trilogie est longue et aborde tous les aspects, que ce soit humain, technologique, politique, écologique. Elle est suivie d’un recueil de nouvelles qui se passe dans les blancs laissés libres de la trilogie. Un cycle de référence.

Avec Mars, Ben Bova propose une science-fiction plus classique, plus hard science. Il présente la première expédition humaine vers la planète Mars. Ce qu’elle devrait être encore ce siècle-ci. L’histoire est parsemée de flashbacks qui concernent la sélection des membres d’équipage. En dehors de son aspect technique, ce livre se focalise davantage sur l’aspect psychologique ou humain d’une telle expédition. Ce livre est sorti avant la trilogie de Kim Stanley Robinson, mais a été publiée en français bien après celle-ci.

Ben Bova écrira une suite Retour sur Mars qui se passera six ans plus tard. L’histoire est davantage calquée sur le projet Mars Direct présenté à la NASA par Robert Zubrin en 1981.

Voyage de Stephen Baxter est une uchronie qui se passe dans les années 70 et 80. Kennedy n’a pas été abattu à Dallas, et la NASA ne se contente pas de mettre un pied sur la Lune. Plutôt que d’explorer le système solaire avec des sondes, l’humanité se focalise sur Mars. La prochaine étape spatiale sera la planète rouge et l’année de cet événement sera 1986.

Baxter nous conte une mission spatiale dans ces moindres détails, depuis la conception de la mission, en passant par le choix des technologies, l’incertitude de la mission, l’inquiétude du lancement, l’ennui du voyage, l’exaltation de l’objectif enfin atteint, et le retour sur Terre. C’est un roman de hard science comme Baxter sait le faire. Le livre, assez épais, reste très cohérent avec la technologie de l’époque. Il n’est pas certain qu’à notre époque on s’y prendrait de la même manière. En tout cas, Baxter reste en phase avec les programmes spatiaux de l’époque. Une référence, un livre à comparer avec celui de Ben Bova.

Références littéraires

Plutôt que de donner une liste de livres de science-fiction sur la planète Mars, je donne ici quelques références que le lecteur pourra approfondir.

  • Mars & SF (http://gotomars.free.fr/marsintro.html)
    Ce site est une vraie mine d’informations consacrée à la planète rouge et à la science-fiction. Les références que je pourrais donner sont pratiquement toutes sur ce site. Donc, commencez par-là votre exploration de la planète rouge.
  • Guerre des mondes ! de Jean-Pierre Andrevon (Les moutons électriques)
    Essai consacré au livre de H.G. Wells et à toutes ses adaptations littéraires, illustrées et cinématographiques. Cet essai est vraiment exhaustif sur la guerre des mondes.
  • Destination Mars de Alain Dupas (Solar)
    Livre de vulgarisation scientifique entièrement consacré à Mars. Cela va de la mythologie jusqu’aux futures missions d’explorations spatiales.
  • L’homme sur mars de Charles Frankel (Dunod)
    Un livre consacré à la préparation et à la réalisation d’une mission humaine sur Mars. Une mission, comme si on y était.

Il était impossible d’être exhaustif en écrivant cet article. J’ai donc dû me résoudre à parler des auteurs qui ont écrit des livres et pas des nouvelles sur Mars. J’ai par exemple éliminé Les sables de Mars d’Isaac Asimov, Total recall de Philip K. Dick. J’ai également fait l’impasse sur des livres comme Les conquérants de l’univers de Richard Bessiere, Roi de l’espace de Captain W.E. Johns, Ilium et Olympos de Dan Simmons, L’envol de Mars de Greg Bear ou Le grand livre de Mars de Leigh Brackett. On le voit, ce n’est pas les livres de science-fiction qui manquent sur Mars.

Mars reste pour l’instant un rêve inaccessible pour l’homme, mais pas pour l’humanité. Les sondes et les robots sont les seuls à pouvoir s’y rendre. Le premier homme, et pourquoi pas la première femme, devra encore attendre quelques décennies avant de pouvoir poser le pied sur Mars. En attendant, la science-fiction représente le seul moyen pour chacun de se rendre sur la planète rouge.

Marc Van Buggenhout

Annette Luciani/Amy Shark – Interview

Suite à la sortie de son livre Jour de chance pour les salauds, et dans le cadre du magazine Phénix, j’ai proposé une interview à Amy Shark alias Annette Luciani.

Annette Luciani

Il est difficile de croire que la personne qui a écrit « La Corse, l’enfance » ou « L’enfant du lac » est aussi celle qui a écrit « Jour de chance pour les salauds ». Ce sont des genres totalement différents. Dans quel genre te sens-tu le plus à l’aise pour écrire ?

Je dirais que les genres se complètent ! J’ai d’abord écrit beaucoup de poésie avant d’en venir à la prose, et la poésie reste pour moi le moyen d’expression le plus parfait, capable de concentrer tout ce qu’un écrivain recherche – le rythme, la musicalité, la couleur, l’émotion, le sens… — dans un minimum d’espace.

Et puis j’ai écrit des nouvelles policières ou fantastiques, mais toujours très courtes, ce qui fait que les revues les refusaient souvent. C’est Joel Champetier qui le premier m’a décidée à faire « du long » : il avait accepté quelques-uns de mes textes pour Solaris, tout en leur reprochant d’être « trop courts ». Donc, c’est en essayant d’« allonger » mes textes que j’ai versé dans le polar, et en m’efforçant d’« allonger » mes polars, que Jérôme Camilly trouvait lui aussi trop courts, que je suis retombée dans le fantastique, pour ne plus en sortir ! C’est comme si l’un menait naturellement à l’autre, la poésie liant le tout.

Par contre, je n’ai jamais vraiment été tentée par la SF : c’est un genre dont les risques de longueur m’effraient. Même dans le long, je reste une adepte du court, ne serait-ce que parce que j’ai peu le temps d’écrire, et que c’est le temps pour moi le plus précieux de ma journée. Une fois lancée, je cours vers la fin. Finalement, le genre qui me tente le plus, l’idéal auquel j’aspire, c’est l’image. Je le dis dans mon tout premier texte, L’esprit de chair ; c’est peut-être pourquoi je suis proche des peintres, des photographes, des cinéastes… Je les admire, parce qu’ils parviennent à un absolu qui reste pour moi, en littérature, du domaine de la recherche, de l’expérimentation, du tâtonnement. Un texte en prose n’est jamais complètement abouti.

Le titre de ton dernier livre « Jour de chance pour les salauds » est un peu sur le même ton que « Journal d’un vieux dégueulasse » de Charles Bukowski. Y a-t-il eu une influence de Bukowski dans le choix du titre ?

Pas dans le choix du titre, non, mais j’apprécie la référence à Bukowski ! J’aime particulièrement ses poèmes, et il a marqué mon parcours américain. Ceci dit, mon Salaud n’est pas un vieux dégueulasse du tout ; il est jeune, il est beau, et il a de la tenue. Et c’est un flic, en plus ! Ce n’est pas une cloche ! Donc, le titre de Bukowski ne conviendrait pas du tout !!! Même si les femmes, au fond, aiment tout autant les vieux dégueulasses que les salauds, comme le prouve l’histoire de Bukowski. Et celle de Kowinski !

Pourrais-tu nous dire quelles sont tes préférences en imaginaire et pourquoi ? Quels sont les livres ou les auteurs qui t’ont marqué ?

Ouf ! La liste est longue. Tout Rimbaud. Nerval, Novalis, Goethe, Hugo, Poe, Baudelaire pour les classiques. En vrac, ensuite, Cortazar, Borges, Buzzati, Jean Ray, Owen, Bradbury, Clive Barker, S. King, G. Masterton, Ellroy, J.Thompson, P.Highsmith, R.Rendell, la Bible et les Évangiles.

Y a-t-il un roman dont tu aurais voulu être l’auteur ? Si oui, pourquoi ?

J’aurais bien voulu écrire la Bible, j’aurais pu y apporter quelques modifications…

Comment t’est venue l’idée de cette trilogie qui tient du fantastique et un peu de la science-fiction ? Y a-t-il eu un élément marquant qui t’a donné envie d’écrire l’histoire d’un salaud tel que Kowinski ?

Il n’y a pas vraiment d’idée, rien qu’une immense vague de dégoût et une révolte inutile pour ce que la réalité nous offre au quotidien : le meurtre et mensonge, qui ont toujours pignon sur rue. L’inutilité de cette révolte qui continue pourtant à s’affirmer, à crier sa présence, c’est cela pour moi le « fond » du fantastique, son origine et son ressort. D’ailleurs, c’est sans doute la raison d’exister de toute la littérature, dans tous ses genres. Disons que le fantastique est pour moi le meilleur angle d’approche.

Est-ce que Kowinski est inspiré d’un personnage réel ?

Même de plusieurs. On y reconnaît facilement un récent tueur en série, pilote de ligne, militaire haut gradé, au parcours impeccable, qui à côté de ça démolissait les femmes… On peut y reconnaître les fantasmes de toute-puissance et la perversité de certains chefs d’entreprise qui ne valent pas mieux que des tueurs en série. Inutile de citer des noms, regarde autour de toi et dis-moi si nous ne sommes pas cernés par un tas de salauds !

Dans ton roman, la ville est omniprésente. Que ce soit Maskette, Petipas ou Vignole, elles occupent une place importante dans l’histoire, et tu vas même jusqu’à qualifier la première de ville-cube, ville-monstre, ville-mouroir. Penses-tu que nos villes actuelles prennent cette direction ?

Oui. J’envie les grands écrivains de SF de les avoir si bien décrites, d’avoir si bien perçu notre avenir urbain.

Dans la préface, Jérôme Camilly dit qu’on ne fait pas de bonne littérature avec de bons sentiments. On a l’impression que tu as appliqué ce principe et proposé à tes lecteurs un personnage qu’on a envie d’étrangler tellement il est mauvais. Dirais-tu que les lecteurs sont plus attirés par les âmes sombres plutôt que par les personnages sans reproches ?

Disons que toute histoire ne peut se nouer qu’autour de deux personnages, un bourreau et une victime. Pour aimer la victime qu’est le capitaine Vince dans cette histoire, il faut ressentir et apprécier, même si on la déteste, la cruauté de Kowinski. S’il n’y avait que des innocents vertueux, ce serait le Paradis, et on n’écrit pas au Paradis, on ne raconte pas, on contemple ; c’est très ennuyeux. Un roman avec des personnages, et surtout des héros sans reproches, ce serait une utopie littéraire !

Si un tel personnage que Kowinski, qui est censé représenter l’ordre, en arrive à de tels actes, n’est-ce pas parce qu’il a une image négative de la société ? Est-ce qu’à ses yeux, l’humanité n’est pas vouée à la pourriture ? Et les zombies en sont le bon exemple ?

Je partagerais alors la vision intime de Kowinski sur ce point ! L’humanité est certainement vouée à la pourriture, depuis toujours, puisqu’elle est vouée à la mort, vivante ou non. Le seul moyen d’échapper à la morsure des vers, au grouillement de la vermine, à la zombification, c’est l’incinération évidemment. Le grand incendie purificateur ! Mais attention, c’est là ma vision personnelle, ce n’est pas celle de Kowinski. Kowinski n’est pas un anarchiste, ce n’est pas un justicier, il ne souffre aucunement de l’injustice. C’est un fonctionnaire égoïste, mesquin, lâche et pantouflard, un survivant qui ne songe qu’à assouvir ses instincts, qui lui-même est mené par des pulsions animales qu’il ne s’explique pas. Il ne se comprend pas, il ne comprend rien ; son raisonnement est très limité…

Sans dévoiler la suite de l’histoire, peux-tu nous dire où tu en es dans la suite de l’écriture ?

Les trois tomes sont finis, je ne veux rien révéler ! Mais évidemment, le polar s’achève dans le plus pur fantastique, puisqu’il s’agit de savoir au fond si cette société pourrie a une possibilité de se racheter, de renaître sous une autre forme, ou de disparaître à jamais…

Pourrais-tu nous en dire plus sur tes projets littéraires ?

J’ai une série de douze nouvelles policières qui devrait paraître (dont certaines sont mélangées de fantastique), et un gros thriller en préparation. « Gros » pour moi, c’est à dire presque 200 pages !

Merci, Marc, merci Phenix, j’ai passé un bon, agréable moment à répondre à ces questions !

Total recall

Réalisé par Len Wiseman, ce remake de Total recall propose une version plus moderne de la nouvelle de Philip K. Dick. Il n’y a pas beaucoup de points communs entre le Douglas Quaid interprété par Arnold Schwarzenegger et Colin Farrell. Les deux acteurs jouent dans des registres différents, et il est difficile de les départager.

total recall 2

Cette nouvelle version reprend la même histoire. La seule exception, c’est que tout se passe sur Terre… ou sous terre devrais-je dire. Les voyages spatiaux ont laissé la place aux voyages à travers le centre de la Terre. Ce sont les bâtiments eux-mêmes qui se transforment en moyen de transport et recomposent un paysage urbain inattendu. Le concept est original, mais complètement irréaliste. L’homme ne traversera jamais le noyau de la planète, sauf dans les livres et les films de science-fiction. Ceci dit, cette fin de 21ème siècle est très réaliste. Les humains possèdent plusieurs moyens de transport. Des voitures comme on les connait aujourd’hui, d’autres véhicules qui flottent sur des autoroutes magnétiques au-dessus des buildings, et enfin des ascenseurs qui se déplacent dans les trois directions. Comme spectateur, on met un petit temps à faire la différence entre un ascenseur classique, et ceux du film qui montent, descendent, vont à l’avant, à l’arrière, à gauche ou à droite.

Et l’histoire dans tout ça ? Pas de planète Mars, pas de turbinium comme c’était le cas dans le premier film. Heureusement, on n’en a pas besoin ! On retrouve la Terre dans un siècle, sorte de vaste métropole planétaire, multicouches qui abrite une humanité qui connait les mêmes problèmes qu’aujourd’hui. Des colonies demandent leur indépendance, et un gouvernement dirigé par un dictateur fait passer les autonomistes pour des terroristes. Et au milieu de tout cela, Douglas Quaid, qui au fond de sa mémoire possède des informations vitales pour la survie des colonies. Derrière ce secret se cache un plan machiavélique dans lequel Quaid n’est qu’un appât. Mais les événements ne se déroulent pas comme c’était prévu. Quaid veut vivre une grande aventure à travers le voyage virtuel proposé par la société Rekall. Et lorsqu’il se lance dans ce projet, on découvre qu’il a déjà été conditionné précédemment. Sa vie sans histoire devient soudain très dangereuse. La femme qu’il croit être son épouse veut le tuer, il est pourchassé par la police pour les meurtres qu’il a commis en voulant se défendre chez Rekall.

total recall 3

Le film devient une vraie course poursuite dans laquelle le héros va de Charybde en Scylla. Jusqu’à tomber dans de nouveaux pièges tendus par le président en personne, et exécutés par celle qui était sa compagne. Heureusement, Quaid retrouve celle qu’il a réellement aimée et avec laquelle il a déjà partagé le danger.

Pour ceux qui ont vu le premier film, il n’y aura pas de surprise. Simplement une suite de scène d’actions, d’explosions et d’effets spéciaux. Le personnage, interprété par Colin Farrell, a moins d’impact qu’Arnold Schwarzenegger. Par contre Kate Beckinsale renvoie Sharon Stone à ses études en matière de belle créature très dangereuse. Le personnage joué par Jessica Biel est mieux que celui interprété par Rachel Ticotin dans la version de 1990.

Cette Terre du futur est parfaitement mise en évidence. Par certains côtés, on a l’impression de retrouver le même univers que Blade Runner (également tiré d’un livre de Philip K. Dick) ou de Minority Report (toujours tiré d’un texte de Dick). Ce film ajoute une certaine cohérence aux films déjà tirés de l’œuvre de Dick.

On retrouve une constante dans les adaptations de Philip K. Dick. Le héros perd tous ses repères et ne sait plus s’il est dans la réalité ou s’il vit un rêve éveillé. Sa mémoire a été altérée, effacée, remodelée de telle manière qu’il a une autre personnalité que celle d’origine. Dans le cas présent, Douglas Quaid (Hauser) ignore qu’il est un des meilleurs agents secrets infiltrés, et il se retrouve dans la peau d’un technicien en robotique. Cette perte de mémoire va lui être profitable dans ses décisions.

La version DVD fait 117 minutes, et contient trois petits bonus (science-fiction VS science réelle, La conception de la chute, Bêtisier). Un film qui s’inscrit dans les films d’action actuels, avec trop d’effets spéciaux et pas assez d’histoire. Ceci dit, cela reste un bon moment de cinéma.

Total recall, de Len Wiseman, avec Colin Farrell, Kate Beckinsale, Jessica Biel, 2012, 119 minutes, 2012

total recall-2012

Entity (court-métrage de science-fiction)

EntityInitiative originale, la société Rossprod spécialisée dans le clip et le court-métrage veut réaliser un court-métrage de science-fiction nommé Entity qui durera 7 minutes. Réalisé à-fonds propres par la société, le film a besoin d’un soutien financier et a lancé un dossier Ulule pour permettre à toute personne intéressée de contribuer suivant ses moyens à constituer le budget de ce court-métrage. L’objectif est d’atteindre 5000 euros à mi-janvier 2013. Le tournage sera prévu début 2013 (Janvier/Février) avec comme objectif de finalisation Mai 2013.

Ce court-métrage de science-fiction est dans la veine de 2001 l’odyssée de l’espace, Sunshine ou Alien. Il fait appel à des plans en image de synthèse, et l’équipe technique est bénévole. Voici le synopsis :

Suite à une défaillance technique de son vaisseau, une astronaute se retrouve éjectée dans l’espace, munie seulement de sa combinaison. Elle tente en vain de rentrer en contact avec sa base pour obtenir de l’aide. Son niveau d’oxygène baisse lentement. Peu à peu, la peur l’envahit. Elle s’évanouit. Après avoir flotté à la dérive pendant des heures, l’astronaute se réveille alors face à une entité étrange et mystérieuse, prenant la forme d’un immense nuage coloré…

Entity est un court-métrage de 7 minutes qui sera réalisé début 2013 par Andrew Desmond, avec Alias Hilsum et produit par Rossprod. En exergue, on a droit à un texte d’Arthur C. Clarke.

Voici le trailer

Et pour ceux qui veulent devenir co-producteur voici la page web : http://fr.ulule.com/entity/

Destination Univers – Debats et Dunyach

Anthologie de science-fiction consacrée aux grands espaces. Elle est proposée par Jeanne-A. Debats et Jean-Claude Dunyach et est éditée par Griffe d’encre. Les huit textes vont sensiblement dans le même sens. Après lecture, j’ai trouvé cette anthologie bien équilibrée mais pas sans défaut. Dommage que les deux anthologistes aussi auteurs de science-fiction ne proposent pas un de leurs propres textes.

Les TigesThomas Geha

Les Tiges et les Ailairdarlis se font la guerre, et au milieu de ce conflit se trouvent les humains. Lors de la lecture, j’avais l’impression qu’il s’agissait d’un texte expurgé d’un roman. Certains idées n’étaient pas claires., Cette nouvelle se raccrochait au livre La guerre des Chiffoneurs édité par Rivière Blanche, que je n’ai pas lu. Je n’ai pas accroché probablement parce que je n’ai pas lu le roman.

Évaporation et sublimationAnthony Boulanger

Voilà la nouvelle qu’il faut retenir de cette anthologie. Elle nous parle des oiseaux de feu, qui surgissent des étoiles. On y découvre entre autres l’oiseau-lumière, l’oiseau-ténèbres et d’autres qui vont se détacher du corps du premier ou le réintégrer. Cette nouvelle démarre comme une légende, et on est subjugué en tant que lecteur tellement c’est bien raconté. On découvre que sur leur passage, ces oiseaux de feu détruisent inconsciemment des civilisations. Jusqu’au jour où les humains découvrent qu’en créant des vortex spatio-temporels dans les étoiles, ils peuvent immobiliser les oiseaux de feu et les détruire. Cela se passe sur des décennies, des siècles. Cette nouvelle est plutôt une narration du face à face entre les oiseaux de feu et la civilisation humaine. Cette nouvelle est vraiment originale, au point qu’Anthony Boulanger devrait plutôt en faire un roman avec des personnages humains à développer et des conflits sur la manière de faire face aux oiseaux de feu. C’est une simple suggestion de ma part. Si je ne dois retenir qu’une nouvelle dans cette anthologie, c’est bien celle-ci.

Le bal des méduses – Célia Deiana

Étrange nouvelle que celle de cet enfant prisonnier sur un vaisseau, qui va vivre l’attaque du vaisseau sur lequel il se trouve. Puis il va rencontrer un vogueur et prendre sa place. Voyage initiatique, plutôt poétique, qui est très bien écrit.

Sleeping beautyAnne Fakhouri

On suit Olbomce, un spécialiste en cybernétique, qui en compagnie de son fils navigue sur son vaisseau le Sleeping beauty. L’homme fuit la civilisation, jusqu’au jour où il rejoint une station spatiale où il retrouve son ex-femme. Le conjoint de clle-ci n’est autre que celui qui dirige la station spatiale. On demande à Olbomce de réparer un androïde femelle, sous peine de se voir emprisonner définitivement. Histoire très intéressante, qui manque d’ampleur et de détails. C’est un roman qu’il fallait écrire, et pas simplement une nouvelle qui laisse un gout de trop peu chez le lecteur.

Le gambit de HungerOlivier Gechter

Encore un space opera dans cette anthologie, avec Amy une chasseuse de prime. Elle capture un pirate très recherché et le remet aux autorités locales d’une planète reculée dans la galaxie. Cette capture devrait la mettre définitivement à l’abri sur le plan financier pour le reste de son existence. Malheureusement pour elle, le pirate en question (Hunger) va lui subtiliser son vaisseau et fuir. Tout est à refaire. Une bonne nouvelle, plutôt pessimiste, mais qui se laisse lire.

Le Marathon des trois lunesAurélie Ligier

Encore une histoire sombre, dans laquelle on suit des colons qui font face à un ennemi local, ou plutôt a un virus qui décime la population. Le capitaine d’un vaisseau semble avoir fait une grosse erreur qui a couté la vie à des milliers de passagers. Plutôt qu’aller en prison (bien qu’il ne soit pas le seul à avoir fait des bourdes), il doit participer à un Marathon où seul le vainqueur retrouvera une vie normale. Les autres seront enrôlés de force dans l’armée. Nouvelle sombre qui fait penser à Marche ou crève de Stephen King.

Les dieux bruyantsLaurent Genefort

Les humains qui ne pensent qu’à coloniser d’autres mondes, rencontrent les Pilas, des autochtones aux allures de pieuvres. Le contact entre humains et Pilas n’est pas des plus francs, et un incident dramatique va accroitre le fossé qui les sépare. On retrouve un thème classique de la science-fiction, le contact avec d’autres races, le choc des cultures. On retrouve également le cycle des portes de Vangk de Laurent Genefort. Encore une fois, un texte trop court qui mériterait d’être plus développé.

Le Khan MergenOlivier Paquet

Histoire de ville mongole qui se déplace sur des pattes mécaniques. Ses habitants son réfractaires à la technologie, conditionnés devrais-je dire contre toute forme de progrès technologiques. Contrairement aux autres, Kushi , qui retourne dans sa ville natale, sait que le monde ne se résume pas aux cités. Il vient du Melkine, un vaisseau scientifique d’exploration. Sujet original, qui mériterait aussi un développement plus approfondi. Le texte ne coule pas de source, mais l’idée est intéressante.

L’impression générale que j’ai à propos de cette anthologie, c’est que chaque texte est un résumé de quelque chose de plus grand, ou appartient à un roman ou un cycle. C’est le cas pour Thomas Geha et Laurent Genefort avec les chiffoneurs et les portes de Vangk. Dans l’ensemble, les textes sont plutôt pessimistes. Ce que n’attend pas nécessairement e lecteur qui aime le space opera en particulier. Il y a des textes de qualités dans cette anthologie. L’idée que j’en retiens, c’est qu’ils sont trop courts et trop sombres. Néanmoins, cette anthologie est intéressante. Elle montre que la science-fiction à encore de beaux jours devant elle. A lire.

Destination Univers, Jeanne-A Debats & Jean-Claude Dunyach, Griffe d’encre, 242 pages, 2012, illustration de Alexandre Dainche.

Deux ans !

Le 27 septembre, mon blog fête sa deuxième année d’existence. Lentement mais sûrement, le nombre de visites s’accroit, et pourtant je chronique certainement moins que d’autres blogueurs, et pas nécessairement au moment où les livres sortent. On devrait approcher les 50.000 visites en deux ans. Pour l’occasion, j’ai ajouté une page contact au blog.

Mes chroniques sont aussi disponibles sur le site de Phénix Mag qui reçoit certainement de 10 à 20 fois plus de visiteurs que mon blog. Je poste les articles en même temps des deux côtés. Exceptionnellement, une chronique échappe au blog ou à Phénix. Bien que faisant partie de la blogosphère, je ne me suis pas inscrit sur les sites agrégateurs en imaginaires. Non pas que je ne le veux pas, mais simplement par déontologie (oui, ça existe). Étant membre de l’équipe Phénix, c’est le magazine qui bénéficie de mes chroniques. Il y a aussi un éditeur qui bénéficie de cette priorité, mais pour lequel je ne lis qu’un ou deux livre par an.

Pour les deux ans d’existence du blog, j’ai décidé de faire une nouvelle bannière. J’aime bien l’ancienne faite par Paul Barbieux (et j’espère qu’il m’en fera d’autres), mais j’ai besoin de changer légèrement le look du blog.

Quels sont les sujets qui ont le mieux marché ? On trouve ma page sur l’écriture et l’édition, la liste des librairies et bouquineries à Bruxelles, et ma liste de livres à lire. Concernant les articles, Dune fait toujours le plein quel que soit le livre chroniqué, alors que la qualité des suites se dégrade de plus en plus. Comme des larmes sous la pluie reste une valeur sûre en littérature. On trouve aussi le film Iron Sky qui a intrigué beaucoup de personnes parce qu’il a tardé à sortir. Et enfin Le trône de fer (Game of thrones) dont j’avais chroniqué la saison un (et la deux dès que le coffret DVD est disponible), qui représente le meilleur de la fantasy à l’heure actuelle. Il y a toujours Honor Harrington, dont je suis un inconditionnel, ou les anthologies de Marc Bailly consacrées à Masterton avec des textes d’auteurs français. Je reste orienté auteurs classiques avec Clifford D. Simak, Jean Ray, Edgar Rice Burroughs, Arthur C. Clarke, Robert Heinlein ou Jules Vernes.

L’année passée, j’avais comme projet de faire une section imaginaire belge et une section littérature générale, mais je ne l’ai pas fait faute de temps. Par contre, j’ai créé le blog de Véronique Biefnot. C’est une amie et qui intervient de temps en temps sur mon propre blog. Ses livres seront toujours chroniqués et accompagnés de photos, vidéo et interviews. Véronique alimente régulièrement le blog que je lui ai créé en m’envoyant des infos à mettre en ligne. Et elle répond personnellement aux lecteurs et visiteurs qui souhaitent la contacter. Je me charge du côté documentation et informatique. Avant l’existence de ce blog, je postais régulièrement sur sa page Facebook. Aujourd’hui, les billets sont d’abord mis sur le blog,  puis les liens sont repris sur son mur. Les sujets sont ainsi visibles par tout le monde. Ce blog est toujours dans sa période de rodage et va se développer en fonction de l’actualité de Véronique.

Mais revenons à la science-fiction, la fantasy et le fantastique. Question lecture, j’ai fait le pas vers le livre électronique en faisant l’acquisition d’une liseuse et j’en ai profiter pour acheter une douzaine de livres de science-fiction et de fantasy (chez Bragelonne et ActuSF). Je viens de convertir mes propres textes sur ce support. Je pense que l’utilisation de la liseuse restera anecdotique, car je préfère de loin le livre papier. J’avais précédemment essayé de lire sur ma tablette et j’avais trouvé cela pénible. La liseuse ne sera vraiment utilisée que si je n’ai pas le choix du support, ou si je pars en vacances sans vouloir prendre une pile de livres papier.

Depuis la création du blog, il y a eu une évolution. La science-fiction reste prioritaire, mais le fantastique et la fantasy ont refait leur apparition. J’ai aussi ajouté une page concernant l’écriture, qui contient des références à bons nombres de livres qui peuvent aider à l’élaboration d’un livre, une nouvelle, un conte, un scénario, etc. Je confirme que ceux qui sont mentionnés sont bel et bien dans ma bibliothèque. Je ne parle pas de livre que je n’ai pas. Il m’arrive de temps en temps d’y jeter un coup d’œil pour un sujet bien particulier. J’aimerais développer cette page  en fonction du feedback des visiteurs. J’aimerais aussi que les éditeurs concernés me tiennent au courant de leurs sorties. Le paradoxe, c’est qu’il y a peut de commentaires, mais que cette page a un grand nombre de visiteurs.

Avant, je n’étais pas trop orienté sur les recueils de nouvelles. Aujourd’hui, j’ai corrigé le tir et j’aime entrecouper la lecture de romans par des recueils de nouvelles. Parfois, ce sont les auteurs de ces nouvelles qui se manifestent sur le blog et qui sont encouragés à renouveler leurs textes. C’est le côté sympa de la chose. Bien que parlant aussi anglais, je ne lis jamais de roman dans cette langue (sauf dans le cadre du boulot). Je reste profondément attaché au français et j’attends toujours que les livres soient traduits dans la langue de Molière avant de les lire. Il y a assez de livres en français que pour ne pas devoir les acheter dans leur version originale. Cela me fait toujours rire quand j’entends certains lecteurs qui ne savent pas attendre la traduction d’un livre. Oui, bon !

Dans mes choix de lecture, je reste profondément ancré vers la science-fiction et le space opera en particulier. J’aime bien de temps en temps revisité un auteur classique ou une œuvre qui date. La fantasy recommence à me plaire (grâce au trône de fer), le fantastique reste mineur chez moi, mais j’aime de temps en temps en lire. Le thriller est parfois présent avec Christophe Courthouts. La littérature me prend de plus en plus de temps, mais je ne veux pas encore me lancer dans des chroniques. En dehors de Véronique Biefnot, j’aimerais chroniqué Haruki Murakami, Yasmina Reza, Delphine de Vigan, Sofi Oksanen, Mo Hayder, Alessandro Barrico, Anna Gavalda, Eric-Emmanuel Schmitt, Katerine Pancol, Marc Levy, Guillaume Musso, Yoko Ogawa, Véronique Olmi, Jonathan Safran Foer, etc. Et oui, je sors aussi du cadre de la science-fiction, de la fantasy et du fantastique. La littérature, tout comme la philosophie, la vulgarisation scientifique et l’histoire (époque napoléonienne), est présente dans ce que j’aime. Et puis, je ne dois pas oublié la bande dessinée, qui est aussi une de mes passions.

Mes prochaines chroniques correspondent aux livres qui sont sur ma PAL. Je trouve que cette liste s’allonge dangereusement !

Depuis un an, j’aurais aimé parler de ce que j’écris. Mais j’attends pour cela que l’un ou l’autre éditeur qui a reçu mes textes m’indique si oui ou non ils sont retenus. À l’heure actuelle, il y a cinq ou six nouvelles qui sont en attente chez plusieurs éditeurs. Mon space opera est également chez un éditeur. Mais vu le nombre de livres que ce dernier reçoit, je ne m’attends pas à une réponse rapide. Et puis, la taille du livre (3.3 millions de signes), fait peur aux éditeurs. Cela me rappelle un certain Pierre Bordage qui n’avait pas non plus trouver d’éditeur pour Les guerriers du silence. J’ai donc découpé mon livre arbitrairement en trois parties égales de 1.1 millions de signes. Attention, je n’ai pas changer une ligne de texte pour y arriver. Ce n’est qu’une seule histoire, un peu comme l’était L’aube de la nuit de Peter F. Hamilton ou Hyperion de Dan Simmons. L’allusion à ces deux livres n’est d’ailleurs pas fortuite.

Donc, pour l’instant, je me concentre sur d’autres histoires à développer. Et des histoires  il y en a plusieurs. Voici quelques idées que je dois développer :

  • Un roman de science-fiction qui parle de voyage dans le passé (le 17ème siècle de Louis XIV). La manière de traiter le sujet sera soit SF, soit littéraire avec un soupçon de SF. C’est pour l’instant ma préoccupation principale. Le roman fait suite à une nouvelle que j’ai écrite en 2004, qui traitait de la période napoléonienne. C’est davantage un travail de recherche documentaire sur le 17ème siècle qui m’empêche de me lancer pleinement dans son écriture. Par contre, le script est totalement bouclé. L’auteur qui s’en rapproche le plus, c’est Connie Willis.
  • Un space opera qui s’appelle momentanément « les deux lunes » (car je n’ai pas encore trouvé le titre définitif). Roman qui se passerait dans trois siècles, où la Terre serait confrontée à une faction dangereuse d’un empire galactique. Dans sa construction, le deuxième chapitre du livre pourrait se lire comme une nouvelle et tromperait à coup sûr les lecteurs.
  • Un livre de fantasy qui parle d’une quête à travers un monde artificiel. J’en ai écrit 180 pages, mais j’ai momentanément mis le texte de côté. La fantasy a fortement évolué ces dernières années, et je devrai certainement revoir mon approche de l’histoire le jour où je m’y remettrai.
  • Il y a aussi plusieurs nouvelles de science-fiction encore à écrire, qui parlent de clones perdus sur une planète étrangères, de voyageur galactique égaré sur Terre, de cités maritimes. Les idées sont notées, mais pas encore développées.
  • Un essai sur un cycle de science-fiction connu. Le début de l’écriture devrait se situé en 2013. C’est probablement ma plus grande crainte, car je ne suis pas du tout dans mon élément. Cela dépend aussi de mon emploi du temps. Je pense qu’il faudra une année pour le réaliser, et certainement l’aide d’autres personnes.
  • Un article sur un thème de la science-fiction. C’est déjà fait, ainsi qu’une nouvelle qui se passe dans le même contexte. Reste à savoir quand ce sera publié.
  • Dans mon space opera , j’ai laissé beaucoup de questions en suspens. Je pense donner les réponses dans une suite. Mais je ne me lancerai dans l’écriture de celle-ci que si le roman actuel est accepté. Le synopsis n’est pas encore écrit, par contre les idées s’accumulent dans un carnet. Je m’attends à écrire une histoire aussi volumineuse. Donc, deux à trois ans d’écriture seront nécessaires.
  • Reste aussi une nouvelle qui est un clin d’œil à un ami déjà cité. Elle est en cours d’écriture, et pourrait trouver une suite auprès d’autres chroniqueurs et écrivains. J’ai encore du temps avant d’en dire plus à ce sujet.

Je présenterai les textes au fur et à mesure qu’ils sont acceptés. Peut-être dans une page spécifique du blog. J’ai toujours aimé les préfaces à chaque nouvelle dans les recueils.

Voilà les grandes lignes. Le blog science-fiction de Marc va donc continuer sur sa lancée, ainsi que celui de Véronique Biefnot.

 Marc

Cowboys et envahisseurs

Cowboys et envahisseurs, voilà un titre qui fait réfléchir. Est-ce que science-fiction et western font bon ménage ? Après avoir vu le film en DVD, ma réponse est : oui !

Je ne suis pas un fan de western, mais la présence de Daniel Craig et Harrison Ford au générique m’a incité à voir ce film (en réalité, c’est la promo du DVD dans une grande surface qui m’y a poussé). Et j’ai bien fait de m’y intéresser !

Daniel Craig en amnésique est très crédible. Il est focalisé sur l’action plutôt que sur la parole. Harrison Ford en patron teigneux et revêche l’est tout autant. C’est lui qui parle le plus, mais son apparition ne se fait qu’après 20 minutes.

Dès les premières secondes du film, on a compris qu’on était dans un film de science-fiction. Cela tient au fait que David Craig (alias Jake) a un bracelet au poignet qu’il ne sait pas enlever. Le fait qu’il a perdu la mémoire rend l’histoire plus intéressante pour le spectateur, car comme le héros, il va se demander d’où il peut bien venir, et qu’est-ce qui lui est arrivé pour ne plus s’en souvenir.

Bien sûr, un étranger attire la convoitise. D’abord celle de cavaliers qui le croient faible et désarmé, puis celle d’une jeune femme qui veut retrouver sa famille (Olivia Wilde). Son passé resurgit bien malgré lui, grâce au shérif qui lui apprend qu’il est recherché pour vol, pour meurtre, et comme incendiaire. Cela fait beaucoup pour une seule et même personne. Lorsqu’il va donner une raclée au fils du colonel Woodrow Dolarhyde (joué par Harrison Ford), il va attirer sur lui les foudres de ce dernier.

Et c’est là que le film devient vraiment de la science-fiction. Des vaisseaux extraterrestres survolent la petite ville où se passe l’histoire, tirent sur la population et kidnappent plusieurs personnes, dont le fil du colonel. Jake découvre que le bracelet est une arme capable de détruire les vaisseaux.

Les deux hommes vont donc s’allier avec plusieurs habitants pour retrouver les personnes kidnappées. Où sont-ils cachés ? Une belle brune (Olivia Wilde), qui cache bien son jeu, entre dans la danse pour les aider. La rencontre avec les apaches va faire retrouver la mémoire à Jake. Il va comprendre qu’il n’est pas l’auteur de tous les maux dont on l’accuse.

Intéressant à plus d’un titre, le film a un côté predator (les gros bras en moins), mais aussi Avatar (où les carabines et les arcs sont capables de vaincre des laser). Curieusement, j’ai trouvé une certaine similitude avec « Super 8 » de J.J. Abraham qui est aussi produit par Steven Spielberg, et qui curieusement date aussi de 2011. Le même défaut au niveau des vues nocturnes. Bizarre… À croire que les deux films ont été pensés en même temps.

Ce film est un à l’origine un comics publié en 2006. Son adaptation par Jon Favreau est plus qu’honorable. Il a eu l’originalité de se lancer dans un mélange de genres qui n’a jamais été fait auparavant (si on fait exception de Back to the future ou un épisode de Lois & Clark).

Le making-of est intéressant. Deux courts documentaires nous révèlent davantage sur le tournage du film. Et là où on s’attendait à avoir des effets spéciaux numériques, on trouve de bons vieux effets classiques faits avec des cascadeurs et des acteurs qui n’ont pas peur de payer de leur personne. Bien sûr, il y a des effets numériques, mais pas toujours là où on le pense. C’est là qu’on voit la patte du producteur du film, qui n’est autre que Steven Spielberg.

Cowboys et envahisseurs est un agréable moment de cinéma. Il dure un peu moins de deux heures, et n’a pas vraiment de temps mort. L’histoire classique est bien interprétée, et la réalisation est à la hauteur. Le seul défaut majeur de ce film, ce sont les prises de vue dans la pénombre. Il est presque impossible de distinguer les acteurs et les lieux. Dommage, c’est le point faible du film.

Cowboys et envahisseurs, réalisé par Jon Favreau, avec Daniel Craig, Harrison Ford, Olivia Wilde 118 minutes, date de sortie DVD : 2012

Dimension Galaxies – Jean-Claude Dunyach et Stéphanie Nicot

Rivière Blanche nous propose une sélection de nouvelles francophones issues du magazine Galaxies. Cette anthologie est présentée par Jean-Claude Dunyach et Stéphanie Nicot. En un peu moins de 400 pages, on a droit à un panel d’auteurs contemporains qui ont apporté leur contribution au magazine entre 1996 et 2007.

Je ne me suis intéressé au magazine que depuis qu’il a ressuscité, c’est-à-dire après la période correspondant à cette anthologie. Je lis en général tout, sauf les nouvelles ! C’est donc l’occasion pour moi de rectifier le tir en me focalisant davantage sur les textes écrits par des auteurs francophones. Galaxie (sans « S »), c’est aussi le magazine que je lisais dans les années 70, à la recherche de textes de Frederik Pohl, Jack Williamson ou Jack Vance.

À travers 15 textes écrits par des auteurs pas toujours très connus du grand public, l’anthologie brosse un portrait de la science-fiction francophone de ces deux dernières décennies. Certains auteurs ne s’en sortent pas trop mal.

On a d’abord droit à une préface de Jean-Claude Dunyach et Stéphanie Nicot, qui nous font l’historique de Galaxies.

Thierry LEVY-ABEGNOLYPartage. Nouvelle qui fait froid dans le dos. Lorsque deux médecins se retrouvent seuls sur une base martienne, sans aide, attendant des secours qui mettront des semaines à arriver, ils n’ont d’autre recours pour survivre que de se manger entre eux !

Sylvie LAINÉUn signe de Setty. Sylvie reste égale à elle-même. Avec cette nouvelle qu’on a pu précédemment relire dans Le miroir aux esperluettes, on découvre le petit monde de Léa, univers virtuel, adapté par son ami Franck. On découvre une IA qui a des origines extraterrestres. Le face à face humain et IA est admirablement décrit par Sylvie.

Richard CANALhttp://www.starsong.cs. L’auteur a décidé d’utiliser tous les termes informatiques qui lui venaient à l’esprit, ainsi que des noms du domaine. L’informaticien que je suis n’y a vu que de la poudre aux yeux, surtout que les deux premiers tiers de la nouvelle sont facultatifs. Il manquait juste Bill et Steve à cette histoire. Dommage.

Michel JEURYLa Bonne étoile. Nouvelle sobre de Jeury, qui nous conte un pèlerinage. Celui de jeunes qui partent pour les étoiles.

Claire BELMAS & Robert BELMASBergère ô. Les auteurs nous emmènent dans un Paris futuriste sous les eaux, où la tour Eiffel existe encore. Ulysse, le capitaine Nemo, le Hollandais Vanderdecken rencontrent une IA nommée Cynthia. Original de mélanger des personnages appartenant à des époques différentes.

Marie-Pierre NAJMANUne Voix dans sa cité-mémoire. Étrange et originale nouvelle, dans laquelle on assiste à un voyage dans sa propre mémoire. En quelques jours, plusieurs décennies vont passer. Le sujet est admirablement traité.

Jean-Pierre ANDREVONIl y a toujours une seconde chance. L’écriture d’Andrevon est un vrai régal, mais sa nouvelle est inutilement longue. Nous raconter le quotidien d’un grand nombre de personnages n’invite pas le lecteur que je suis à vouloir aller jusqu’au bout. Et pourtant, c’est ce que j’ai fait, car dans le dernier tiers de cette nouvelle l’histoire est enfin expliquée. Et cette bonne vieille Terre sur laquelle nous vivons a droit à une seconde chance.

Fabien TOURNELGrandeur et décadence d’une valeur boursière. Aujourd’hui on est un joueur de football qui a de la valeur. Demain, on n’est plus rien. Histoire de sport et de valeur boursière. Je n’ai pas accroché.

Francis VALÉRYBwana Robinson. Voilà un humain qui se retrouve coincé sur une planète avec un vaisseau en panne. Il rencontre un extraterrestre qu’il veut faire travailler pour lui. Mais celui qui commande n’est pas celui qu’on croit. Un brin d’humour pour une nouvelle classique.

Frank ROGERLa Guerre au vingt heures. Suivre une mission de commando via une chaine de télé. Cette nouvelle n’est plus vraiment de la science-fiction, mais correspond bel et bien à la réalité.

Jean-Baptiste CAPDEBOSCQPêche à la mouche. Mission de sauvetage dans l’espace. Un vaisseau qui dépasse son orbite. Science-fiction classique.

Jean-Jacques GIRARDOTSur le seuil. Et si on était une incarnation de soi ? Déjà mort, mais ressuscité, avec la possibilité de vivre ou de se supprimer. Nouvelle originale, bien qu’un peu courte.

Serge LEHMANPanique sur Darwin Alley. Un canular sur les soucoupes volantes. Et derrière tout ça, des dépenses énergétiques, et des émissions télévisées. Pas mal, mais un peu court.

Serge DELSEMMELa Porte étroite. J’ai adoré ! Échange de courrier entre un nonce apostolique et un ministre des affaires étrangères. Le pape doit bientôt faire une visite dans le pays du ministre, mais le problème c’est qu’il a dans ses bagages une drôle de bestiole d’origine extraterrestre, et que la loi du pays ne permet à cette dernière de pénétrer. Cela commence sérieusement, mais ça se déride au fil des mails qui sont envoyés. Un petit bijou d’humour.

Olivier PAQUETSynesthésie. La porte des étoiles, vous connaissez ? Et si cette porte était dirigée par une IA ? Et bien, cela donne une excellente nouvelle dans laquelle la civilisation humaine est face à un ennemi qui veut franchir cette porte, mais n’y parvient pas. Cette nouvelle mériterait un développement sous forme de roman.

Les anthologies francophones, ce n’est pas à proprement parlé mon genre de prédilection. Mais avec l’idée de combler mes lacunes, j’ai abordé cette anthologie de manière neutre. Comme je le dis plus haut, il s’agit d’un panel d’auteurs qui ont été publiés dans le magazine. Ce n’est pas nécessairement ce qu’ils ont fait de mieux (pour certains), mais cela donne une bonne idée de la science-fiction de ces deux dernières décennies. Dans l’ensemble, j’ai bien aimé cette anthologie.

C’est un recueil bien équilibré, qui ne reprend pas tous les ténors de la science-fiction francophones. Mais fait voyager le lecteur dans l’espace, dans le temps, ou tout simplement au fond de sa mémoire. Pas mal !

Dimension Galaxies, Jean-Claude Dunyach et Stéphanie Nicot, Rivière Blanche, 2011, 406 pages, couverture de Gilles Francescano

 

Dimension Jimmy Guieu – Richard D. Nolane

Comme pour beaucoup de lecteurs de science-fiction, la collection Anticipation du Fleuve Noir a eu une forte influence sur moi. Si mon premier FNA a été Opération Astrée de Scheer & Darlton, j’ai rapidement enchainé avec des auteurs comme Richard Bessière, Jimmy Guieu, Gérard Marcy, Pierre Barbet, Peter Randa ou Maurice Limat. Mais à y regarder de plus près, en dehors du cycle Perry Rhodan, l’auteur que j’ai le plus lu dans cette collection c’est Jimmy Guieu à travers ces cycles Gilles Novak et Blade & Baker. Je dirai que les livres qui m’ont mis le pied à l’étrier sont Le retour des dieux et Joklun-N’Ghar la maudite. Puis j’ai enchainé avec certains titres sortis dans la collection fusée.

A l’époque (fin 60, début 70) en tant qu’adolescent, je n’avais pas beaucoup d’argent de poche. Et tout mon argent allait dans l’achat de livres de science-fiction. Je faisais les bouquineries et je filais directement au rayon FNA dont les couvertures étaient dessinées par Gaston de Sainte-Croix. Je peux dire que cet illustrateur m’a fait rêver autant que les auteurs que je lisais dans cette collection.

C’est donc avec un certain plaisir que j’ai commencé la lecture de ce recueil de nouvelles dirigé par Richard D. Nolane en hommage à Jimmy Guieu. Les nouvelles sont inégales, mais l’engouement de chaque auteur est le même : rendre hommage à l’auteur . C’est réussi et ça se sent, ça se lit à travers chaque introduction, à travers les nouvelles pour lesquels plusieurs se sont amusés à faire de Jimmy Guieu un personnage de leur histoire.

Un Sphinx pour MarcahuasiMichel Archimbault. Une nouvelle beaucoup trop longue,mélangeant réalité et fiction à travers deux auteurs : Erich Van Daniken, Walter Ernsting (Clark Darlton) et un personnage de Jimmy Guieu : Daniel Keller. L’auteur s’est fait plaisir mais a oublié de faire plaisir aux lecteurs  (*). Son texte oscille entre biographie, échange de correspondance et fiction. Un conseil de lecteur : commencer la nouvelle à la page 62 (Lundi 12 juillet 1976). A partir de cet endroit, c’est l’aventure dans les Andes et la rencontre des  extraterrestres.
(*) Authentique !

Cité Noé  51Didier Reboussin nous amène deux siècles dans le futur, et nous propose une rencontre entre Teddy Price et l’androïde de Jimmy Guieu. Nouvelle empreinte d’une certaine sensibilité.

Le miroir de fuméeFrank Schildiner. Petit face à face entre Polariens et Denebiens pour un miroir caché dans la chambre forte de Rockefeller au Walldorf-Astoria. Voilà Jean Kariven dans un mini-thriller.

Seconde chanceChristian Perrot. Jimmy Guieu cloné dans un lointain futur. Il doit aider un peuple à combattre les petits gris. Amusant. Avec une fin sympa où on a vraiment envie d’exhausser son vœu de cloner son épouse.

Planète inhospitalièreChristian Perrot. Le Maraudeur II est détourné de son parcours pour résoudre un meurtre. L’histoire parle d’un peuple qui s’est tourné vers la spiritualité et qui a abandonné son enveloppe corporelle. Mais l’instinct animal vient perturber tout cela. Intéressant.

MARS…la véritéSerge Parmentier. Une aventure de Gilles Novak et de sa compagne Régine. Au départ il doit aller en Angleterre pour enquêter sur les crops circles, mais l’apparition d’un vaisseau spatial va lui faire vivre une aventure sur un autre monde. S’agit-il de réalité ? Ou bien d’images qu’on lui a projetées dans sa tête ? En tout cas c’est un avertissement à notre humanité pour ne pas répéter les erreurs des autres.

Le soleil andalouMichel Stephan. Jimmy Guieu vu par l’auteur. Je pense que chacun de nous aurait une vision similaire du personnage.

La fin du glaiveJean-Marc Lofficier. A qui doit-on penser comme futur collègue pour un magasine? A Gilles Novak évidemment !

Rock ‘n’ roll et soucoupes volantesRichard D. Nolane. Clin d’œil au Fleuve Noir, où on découvre qu’on ne veut plus de Jimmy Guieu comme auteur et qu’on le remplace par… Gilles Novak !

La ballade de YulnThomas Geha. La compagne de Jean Kariven se retrouve dans un supermarché. Ce qui devait être une simple balade se transforme en horreur. Mais n’était-ce pas un simple cauchemar ? Un peu rapide la conclusion.

Habanita est dans de beaux drapsRoch-Alexandre Kursner. Une enquête policière entre Maigret, Colombo et Poirot. J’avoue que je n’ai pas accroché car je ne connaissais pas le personnage. Et puis la science-fiction est aux abonnés absents.

La chanson de JimmyRoland C. Wagner. L’auteur nous explique comment il a rencontré Jimmy Guieu et comment il l’a perçu tout au long de ces années. Un témoignage comme je les aime. Merci Roland !

L’aube de l’ufologieJimmy Guieu. Cette anthologie ne pouvait pas se terminer sans un texte de Jimmy Guieu. Dans le cas présent il s’agit d’un article sur son thème de prédilection, l’ufologie.

Avec le recul du temps, je constate que Jimmy Guieu a laissé une marque indélébile sur chacun de ses lecteurs. C’est avec nostalgie qu’on parle de ses livres. Il avait l’art d’écrire des histoires qui nous captivaient, grâce à un style vif et direct, parfois simpliste. Même si je n’abondais pas dans le même sens concernant les E.B.E j’aimais bien lire les aventures de Gilles Novak qui rencontraient très fréquemment des extraterrestres. Ce n’était pas la même chose. Il y avait la science-fiction d’un côté, et l’ufologie de l’autre. Pour moi il restera un excellent auteur de science-fiction, qui a bercé mon adolescence. Si un jour ces principaux cycles sont réédités sous forme d’Omnibus (4 ou 5 histoires par tome), je serai un des premiers à le relire.

Dimension Jimmy Guieu était attendu depuis longtemps. C’est une excellente initiative de Rivière Blanche, dirigée par Richard D. Nolane. Le genre de sortie littéraire qui je l’espère n’en restera pas là, car Jimmy Guieu mérite plus qu’un  livre.

Si vous avez envie de retrouver Gilles Novak, Jean Kariven ou Blade et Baker dans leur Maraudeur, alors n’hésitez pas, cette anthologie dirigée par Richard D. Nolane vous donnera peut-être envie de relire les cycles de Jimmy Guieu. Pour les curieux ou les nouveaux lecteurs, je dirai simplement que ce livre montre l’engouement qui existe encore pour l’auteur, qui nous a quitté en 2000. Il a vraiment beaucoup marqué la science-fiction francophone.

A noter que cette anthologie contient également une douzaine de reproductions  en noir et blanc de livres de Jimmy Guieu traduits dans d’autres langues.

Dimension Jimmy Guieu, Anthologie dirigée par Richard D. Nolane, Rivière Blanche, 2010, 308 pages, illustration de Patrick Dumas

A l’est du Cygne – Michel Demuth

Pour moi, Michel Demuth c’est d’abord le traducteur de mon livre préféré, c’est-à-dire Dune.  Comme les nouvelles n’ont jamais été ma tasse de thé dans le passé, pas plus que les auteurs français, j’ai quasi raté tous les textes de Michel Demuth. Avec néanmoins une exception : Les galaxiales sorti en son temps chez J’ai lu  qui doit toujours se trouver dans ma bibliothèque et que je n’ai jamais ouvert !

Depuis quelques années je comble mes lacunes en donnant une plus grande importance aux nouvelles et en m’intéressant aux auteurs français. Je profite donc des rééditions ou des recueils de nouvelles qui proposent les meilleurs textes d’un auteur en particulier. Dans le cas présent c’est Michel Demuth. Ce recueil de nouvelles paru au Bélial est une excellente chose. J’ai abordé le livre sans apriori en le lisant dans l’ordre des pages. Richard Comballot a composé ce recueil en reprenant dix-sept nouvelles de Michel Demuth. Est-ce vraiment les meilleures ? Je n’en sais rien.

J’ai agréablement été étonné de retrouver un auteur uniquement focalisé sur la science-fiction, avec une majorité de nouvelles qui sont du space opera. Bien sûr tous les textes ne m’ont pas plu, mais dans l’ensemble il y a une bonne cohérence. Le recueil commence par une préface de Gérard Klein, et se termine presque par une interview de Michel Demuth faite par Richard Comballot. En fin de recueil, une bibliographie complète de l’auteur a été faite par Alain Sprauel.

Dix-sept nouvelles dont la majorité sont du space opera, se passant sur des mondes tellement éloignés que la Terre est un lointain souvenir, un berceau de l’humanité qui n’a plus un grand rôle à jouer dans le destin des autres civilisations. Les sujets sont assez diversifiés chez Michel Demuth. Cela va des machines de destruction (Les années métalliques), en passant par les téléporteurs (Translateur, Mnémonique), ou les assassins et agents secrets  temporels (Nocturne pour démons, Intervention sur Halme), en passant par des voyages intergalactiques (Dans le ressac électromagnétique) et se terminant par des nouvelles qui se passent souvent sur Terre à notre époque (A mélodie pour toujours, Sous le portail de l’ange). Ces dernières (les plus récentes) ne m’ont pas vraiment plu car elles parlent plutôt des sujets que l’auteur aime (voyage en Espagne, etc). The Fullerton incident ressemble plus à une description des états d’âme de l’auteur qu’à une nouvelle. La nouvelle A l’est du Cygne ne mérite pas d’être le titre du recueil car il n’y a aucun dialogue dans celle-ci. Elle fait une cinquantaine de pages.

Même si je ne suis pas un grand fan de Michel Demuth, je ne le remercierai jamais assez pour avoir traduit Dune. Plutôt que de lire mes deux tomes des Galaxiales (qui trainent toujours dans ma bibliothèque), je vais attendre que le Bélial réédite ce cycle, qui devrait être augmenté.

Ce recueil de Michel Demuth est finalement une bonne vitrine pour les lecteurs qui comme moi n’ont jamais voulu aborder l’auteur. Ce n’est pas exactement le genre de livre que je préfère, mais j’ai tout de même passé un bon moment de lecture en découvrant un auteur qui m’avait échappé.

A l’est du Cygne, Michel Demuth, Le Bélial, 2010, 536 pages,  anthologie dirigée par Richard Comballot, illustration de Caza

Voix du futur – Richard Comballot

Voici un recueil d’interviews. Celles de huit auteurs de science-fiction français  (Stefan Wul, Michel Jeury, Jean-Pierre Andrevon, Serge Brussolo, Jacques  Barbéri, Ayerdhal, Pierre Bordage et Maurice G. Dantec). L’éditeur, Les Moutons Electriques, continue d’étoffer sa « bibliothèque voltaïque » et nous propose ici un large panel d’auteurs issus de l’Hexagone.

Par curiosité, j’ai fait l’acquisition du livre en me disant qu’il me permettrait de découvrir des auteurs français que je n’ai jamais abordés. En fait, sur les huit auteurs présentés, j’en ai à peine lu deux (Wul et Bordage). Je devrais ajouter Jean-Pierre Andrevon avec son livre « Guerre des mondes ! » disponible dans la bibliothèque  Miroir des Moutons Electriques. Mais il s’agit d’une étude et non d’un roman. Dans une moindre mesure je devrais aussi y ajouter Ayerdhal pour sa collaboration avec Jean-Claude Dunyach dans « Étoiles mourantes ». Reste tout de même quatre auteurs que je n’ai jamais lus.

Les interviews de Richard Comballot sont très bien réalisées. Il a patiemment mis bout à bout plusieurs entretiens d’un même auteur pour nous présenter une image plus exhaustive de celui-ci. Il parcourt avec chacun d’eux la carrière, les principaux livres écrits, les objectifs, les goûts, mais aussi ce qui les a influencés. Chaque auteur donne sa vision de l’Imaginaire, mais aussi sa compréhension du
marché actuel. Par exemple, Ayerdhal explique pourquoi la science-fiction a reculé face à la fantasy. Huit portraits d’auteurs, huit facettes très réalistes, comme on aurait aimé les voir plus souvent.

En lisant ces interviews, ça m’a donné envie de lire « Le temps incertain » de Michel Jeury, jamais lu. D’une certaine manière ce recueil d’interviews m’a convaincu qu’il y avait encore des textes à lire.

Le seul reproche que je fais à ce livre, c’est le choix des auteurs très étalés dans le temps. Pourquoi n’y trouve-t-on pas Roland C. Wagner, Thomas Day, Gérard Klein ou Jean-Claude Dunyach ? Si on trouve un ancien comme Stefan Wul, il est logique d’y trouver aussi Gérard Klein. Il manque une certaine cohérence à ce recueil. Cela donne aussi l’impression qu’une partie des interviews est obsolète.

Néanmoins il s’agit d’un livre intéressant qui vient étoffer les essais déjà publiés par les Moutons Électriques. Pour bien faire ce livre ne peut rester isolé. Il lui faut une suite, voire plusieurs qui présenteront d’autres auteurs français. C’est en tout cas ce que je lui souhaite.

Si comme moi, vous n’avez pas lu un livre de chaque auteur, peut-être y trouverez-vous l’envie à travers ce recueil d’interviews.

Voix du futur, recueillis par Richard Comballot, Les Moutons Electriques, 2010, 414 pages, couverture de Daylon


L’ange blond – Laurent Poujois

Mnémos à travers L’ange blond de Laurent Poujois, nous propose une uchronie qui se passe dans un futur proche. Il y a deux siècles, Napoléon est parvenu à unifier l’Europe et a changer le cours du temps.

J’adore la période napoléonienne, mais pas spécialement les uchronies. J’avais envie de lire ce livre, avec l’espoir d’y retrouver une civilisation dérivée de l’empire napoléonien. Et l’étonnement était au rendez-vous. Laurent Poujois a créé un monde cohérent et vraisemblable.

A travers Aurore Lefèvre, dont le surnom est l’ange blond, on va vivre un thriller d’espionnage. La belle blonde, qui est tout de même capitaine et travail pour l’agence centrale impériale, va nous entrainer dans une aventure plein d’actions. C’est une sorte de Alias, version empire français contemporain. L’ennemi est ici un descendant d’un certain Adolphe, mais aussi des anglais, qui en prennent pour leur grade, sans parler des espions infiltrés. Un livre dans lequel les  nanotechnologies sont présentes à travers les biones, où on apprend qu’un Paris-Londres en métro ne dure que 20 minutes.

C’est bien écrit, c’est rythmé. On ne s’ennuie pas dans cette histoire de complot qui vise à tuer l’impératrice Caroline Bonaparte. Et on a une belle blonde à la tête bien remplie, qui ne mâche pas ses mots, qui va tout faire pour éviter que cet attentat ne se produise. Si la trame reste simple, l’action présente dans ce livre permet de ne jamais s’ennuyer.

Alors que le dénouement a lieu, Laurent Poujois arrive encore à nous lâcher une information importante à la dernière page Celle-ci laisse supposer qu’il écrira une suite pour son héroïne (à moins que cette suite ne soit déjà en cours d’écriture). A noter la belle couverture faite par Julien Delval.

L’ange blond est une bonne uchronie. Ce n’est pas mon genre de prédilection, mais je dois reconnaitre que je me suis bien amusé à la lire. A coup sûr un auteur à retenir, et une bonne initiative de Mnémos.

L’ange blond, Laurent Poujois, Mnémos, 2010, 303 pages.

Marouflages – Sylvie Lainé

Sylvie Lainé nous revient avec ce troisième opus toujours édité par ActuSF. Le marouflage consiste à appliquer une couche de colle sur un support et au dos d’une peinture pour renforcer cette dernière. Ici ce sont les différents opus édités par ActuSF qui forment la toile qui doit être marouflée pour en former une beaucoup plus grande. Je dirai qu’en temps que lecteur, il y a un peu de cette colle qui a débordé sur nous et qui nous scotche littéralement aux textes de  Sylvie Lainé. Ce livre contient trois nouvelles. C’est moins que les deux opus précédents, mais les textes sont plus longs, particulièrement la première nouvelle. En fait on garde le même nombre de pages que les deux livres précédents.

La préface de Joëlle Wintrebert nous explique que nous ne sortons pas indemne des nouvelles de Sylvie Lainé. C’est vrai qu’elle continue à nous éblouir dans un registre qui n’est pas évident, celui des nouvelles. Et le format proposé par ActuSF convient tout à fait à ce type de longueur.

Les yeux d’Elsa – Longue nouvelle qui nous compte les relations que peuvent avoir un homme et un dauphin femelle qui a été génétiquement modifié. La femelle possède des mains au bout de ses nageoires et à une IA implantée dans le cerveau, ce qui la rend beaucoup intelligente, avec pas mal de personnalité. On assiste ici à une relation professionnelle qui va donner lieu à une brève aventure entre un homme et un dauphin. C’est léger, c’est délicat, c’est sensible. Elsa la dauphine aurait pu s’apparenter à n’importe quelle femme. Elle vit les mêmes désirs, les mêmes doutes.

Le prix du billet – Le prix du billet nous raconte une rencontre sur un quai de  gare, qui ressemble à une méprise, mais qui finalement va perturber Hera  l’héroïne de l’histoire. Hera attend Peter son amoureux, et va finalement rencontrer Yata, une jeune femme qui va lui mentir et lui faire croire qu’elle est venue à la place de Peter. Sylvie Lainé revient ici sur un de ses thèmes favoris, qui est la rencontre entre deux personnes.

Fidèle à ton pas balancé – Nous conte l’histoire d’un homme frustré par l’absence de sa petite amie Lou. Il va la trompé et va devenir aide-soigneur pour les éléphants du zoo. C’est peut-être la nouvelle la plus faible de ce recueil. Je garde une préférence pour Le miroir aux éperluettes.

Espaces insécables était dans la continuité tout comme ce Marouflages. C’est toujours un plaisir de lire Sylvie Lainé, et cela ne se dément pas au fil des opus. Espérons qu’en 2010 il y aura un quatrième volume.

A conseiller aux lecteurs qui sont sous le charme des nouvelles de Sylvie Lainé. Et aux autres, je dirai : essayez, vous ne pourrez plus vous en passer !

Marouflages, Sylvie Lainé, ActuSF, 105 page, couverture de Gilles Francescano

 

Retour sur l’horizon – Serge Lehman

Un concours de circonstances a fait que cette anthologie de science-fiction française s’est retrouvée deux fois dans mes mains. Je pensais lire ce livre, question de ne pas mourir idiot. Plusieurs personnes connaissant mes gouts  personnels, m’avaient dit que ce n’était pas une anthologie qui correspondait à mes gouts. Et je pense qu’ils ont raison. Je continue à préférer la science-fiction anglo-saxonne.

La préface de Serge Lehman m’a ennuyée et je ne l’ai pas achevée. Par contre j’ai aimé sa longue interview sur Youtube.

– Ce qui reste du réel Fabrice Colin. Voilà une lettre qui a toutes les caractéristiques de la nouvelle cachée, qui parle de la firme américaine Hanson et de l’hypothèse de construire un androïde Philip K. Dick. Cet engouement pour Dick n’existe pas hors de l’hexagone. Quand on parle d’auteurs de science-fiction classique, on pense à Heinlein, Asimov, Herbert, Vance, mais pas  nécessairement à Dick. J’ai donc lu ce texte sans conviction.

– Effondrement partiel d’un univers en deux joursEmmanuel Werner. Encore une nouvelle sur l’androïde de Dick. Idem que pour la nouvelle précédente. Autant lire du vrai Dick.

– TertiaireEric Holstein. Dans un style percutant, on découvre un Paris dans un futur proche, régit par la finance et les requins de toutes sortes. Tout se vend et tout s’achète. Une nouvelle qui pourrait très bien se produire. Ça mériterait une histoire plus complète.

– Une fatwa de mousse de tramwayCatherine Dufour. Encore un texte qui se situe dans un futur proche et qui nous parle de vente d’élément de centrale nucléaire. Un texte principalement basé sur les dialogues assez caustiques. C’est ma première approche de Catherine Dufour et ça ne m’a pas convaincu.

– Les fleurs de Troie Jean-Claude Dunyach. Voilà une nouvelle qui remonte le niveau de ce qui précède. Curieusement en la lisant, j’ai pensé à Ubik de Dick, sans doute parce que Dunyach nous présente un couple de prospecteurs minier qui exploitent des astéroïdes du côté de Jupiter, qui utilisent des implants neuraux, et dont la femme veut se réfugier dans un monde virtuel. C’est en même temps un space opera. Pas mal parce que là, je retrouve un genre que j’apprécie.

– PirateMaheva Stephan-Bugni. Nouvelle nous présentant une société basée sur la bureaucratie, dans laquelle on suit un personnage qui reçoit des colis qu’il n’a pas demandés. J’avoue ne pas avoir accroché à cette nouvelle. Mais où est la science-fiction dans cette histoire de poste ?

– Trois singesLaurent Kloetzer. Nouvelle écrite à la première personne. Un agent travaillant pour une organisation doit faire sauter une bombe. Il s’agit d’un techno-thriller. Le personnage fait trop penser à ceux qu’on trouve dans les films de série B, sans peur, qui exécute les ordres sans état d’âme. De plus, le langage châtié n’est pas ce que je préfère. A choisir, un bon Tom Clancy est préférable.

– Lumière noireThomas Day. Longue nouvelle, vraie road movie qui commence au Canada pour se terminer aux USA. Lumière noire c’est la singularité, c’est l’IA qui a prit le contrôle sur terre et qui veut explorer le système solaire et au-delà. De facture classique, cette nouvelle est excellente.

– Temps mortAndré Ruellan. La mort, la douleur, le cancer vécut par un patient sur son lit d’hôpital. Pas vraiment folichon. Très dur, et pas science-fiction du tout.

– Les trois livres qu’Absalon Nathan n’écrira jamaisLéo Henry. Une excellente nouvelle d’un auteur qui nous parle de création littéraire à travers trois histoires différentes. Le tout regroupé dans cette nouvelle. Sans aucun doute une petite perle dans cette anthologie.

– Penchés sur le berceau des géantsDaylon. L’histoire se passe dans un avenir proche, sur une Terre où les extraterrestres ont fait leur apparition. Une bonne partie se passe dans le Tub, moyen de transport. On dirait que cette nouvelle a été écrite pour des navetteurs.

– DragonmarxPhilippe Curval. Une nouvelle qui se passe dans une Europe de l’est où règne le socialisme magique. Elle intéressera probablement les  nostalgiques du communisme. Je n’ai pas du tout aimé.

– Terre de fraye –  Jérôme Noirez. La rencontre d’un surfeur avec une extraterrestre donne cette longue nouvelle. Sea, sex and sun. C’est bien écrit, un peu long, et la fin méritait quelque chose de plus intense.

– Je vous prends tous un par unDavid Calvo. Est-ce de la science-fiction ou les délires d’un auteur qui fait référence à des comics ?

– Hilbert HôtelXavier Mauméjean. Un hôtel infini, labyrinthique dans lequel le personnage principal prend son poste. Mauméjean fait ici un clin d’œil à la bibliothèque de Borges. Intéressant.

Entre Retour sur l’horizon et Space opera sorti il y a quelques temps déjà chez Bragelonne, je préfère de loin cette dernière. Le sens of wonder n’est pas présent et le futur reste toujours trop proche et trop sombre. A croire que les auteurs de cette anthologie vivent sous un Spin qui les empêche de voir des futurs flamboyants et passionnants. Cette anthologie aurait dû s’appeler Horizon désenchanté. De plus, tous les textes ne sont pas du même niveau. On se demande parfois où est la science-fiction dans certains d’entre eux. Le défaut majeur de cette anthologie c’est que les différents auteurs ont retenu le mot « fiction » et ont oublié le mot « science ».

J’ai lu l’anthologie avec une sensibilité belge. J’avoue que j’ai parfois eu  l’impression d’être passé à côté. Mais on m’avait prévenu ! Et je ne dois m’en prendre qu’à moi-même. Néanmoins j’ai bien aimé les nouvelles de Jean-Claude
Dunyach, Thomas Day, Léo Henry et Jérôme Noirez.
Cette anthologie est un  savant mélange entre anciens et nouveaux auteurs et représente un panel de la science-fiction actuelle dans l’hexagone.

Retour sur l’horizon, anthologie dirigée par Serge Lehman, Denoël Lunes  d’encre, 575 pages, 2009

Suprématie – Laurent McAllister

Suprématie se présente sous la forme d’un gros pavé de plus de 660 pages édité par Bragelonne. L’éditeur montre qu’il est devenu incontournable même en science-fiction. Ce livre est le dernier choix fait par Jean-Claude Dunyach en  temps que directeur de la collection SF.

Derrière le pseudonyme de Laurent McAllister on retrouve en fait deux auteurs.  L’écrivain Yves Menard et l’astrophysicien Jean-Louis Trudel. Ces deux auteurs n’en sont pas à leur coup d’essai. Ils nous donnent ici un vrai space opera pur et dur qui nous conte les aventures d’un vaisseau hors norme, le Dhoukh/Harfang commandé par le capitaine Alcaino.

Un jour des représentants de la cité des Arts viennent demander l’aide d’Alcaino et de son vaisseau le Doukh. Ce dernier est le seul de sa génération. Il dispose d’une IA capable d’assumer le commandement si nécessaire et d’un armement qui le met à l’abri de l’ennemi. La technologie du vaisseau permet au commandant de visualiser les lieux de manière virtuelle. Les auteurs ont un goût très prononcé pour les nouvelles technologies et n’hésitent pas à le montrer dans ce livre.

La ville d’Art ne veut pas être assimilée par les Suprémates qui imposent une paix forcée aux mondes qu’ils contrôlent. On assiste très vite à des scènes de batailles spatiales dans lequel le Doukh est confronté aux vaisseaux Suprémates. S’il gagne aisément en les pourchassant, ce n’est pas pour autant que les Suprémates se sentent vaincus. Les habitats du système rebelle sont à leur tour
détruits par ceux-ci. Ce carnage va amener Alcaino à réagir en élaborant un audacieux plan qui vise tout simplement à détruire la capitale des Suprémates. C’est-à-dire à s’attaquer à la planète la mieux protégée de l’amas. Malgré la puissance de son vaisseau, Alcaino se lance dans une quête spatiale et temporelle très risquée pour arriver à son but.

Je noterai tout de même deux critiques à ce livre qui est excellent. La première c’est d’avoir opté pour un vaisseau invincible. Cela enlève une partie du  suspense. C’est ce qui s’appelle le complexe de l’Everest qu’on pourra lire sur le  site de la revue Solaris (http://www.revue-solaris.com) sur la page Comment ne  pas écrire des histoires. Mais ceci passe encore car les auteurs ont élaboré une  histoire vraiment originale.

La deuxième critique vise l’utilisation d’une mesure du temps décimale et non sexagésimale. Le lecteur lira des kilosecondes, voire des hectosecondes, et il devra en permanence convertir dans sa tête les unités de temps et se dire : ah oui, ça ne fait que deux heures, ou trente-cinq minutes, ou trois jours. Dès la première page on apprend que le Doukh a une longueur de quinze microsecondes-lumière. En terme plus simple, ça veut dire un millionième de la distance parcourue par la lumière pendant une seconde multiplié par quinze. Est-ce que ce n’était pas plus facile de dire dès le départ que le Doukh faisait 4,5 kilomètres ? Ce sont des détails, mais des détails qui irritent.

C’est bien écrit, c’est complexe et très technologique. On ne va pas bouder son plaisir de lire un vrai space opera. Je dirai donc que c’est un excellent nouveau space opera (et francophone de surcroît) et que le lecteur y trouvera certainement son bonheur. La seule chose que j’espère, c’est que lors de la réédition de ce livre, les unités de temps soient converties en sexagésimale. C’est tout.

Suprématie, Laurent McAllister, Bragelonne, 2009