Archives de Tag: Transfiction

La forêt de Cristal – James Ballard

La forêt de cristal ne m’a pas laissé un souvenir impérissable, et pourtant je viens de lire la réédition proposée par Denoël Lunes d’encre.  Je n’avais jamais lu Ballard auparavant. Les quatrièmes de couvertures de ses autres livres ne m’emballaient pas vraiment, au point de me demander si c’était vraiment de la science-fiction. Donc pour ne pas mourir idiot et au moins essayer un auteur dont beaucoup disent du bien (entre autre sur certains forums SF où les lecteurs semblent tous être tombés dans le chaudron Ballard), j’ai décidé de lire cette réédition qui bénéficie d’une retraduction.

L’histoire se passe dans les années 50-60 en Afrique. Ma première réaction a été de faire un parallèle avec Tintin au Congo ou avec le film The african queen à cause de la première image que montre Ballard. Dans une Afrique post-coloniale, le docteur Edward Sanders arrive à Port Matarre et doit se rendre à Mont Royal pour s’occuper d’une léproserie et par extension retrouver sa maitresse qui est la femme de son collaborateur. Ballard crée une ambiance sombre et mystérieuse qui deviendra plus tard belle et dangereuse. C’est très bien écrit, le rythme est lent et l’atmosphère mélancolique, voir un peu envoutante. Il arrive très bien à nous plonger dans l’ambiance de ces vieux films d’aventure où le héros va simplement d’un endroit à un autre, mais à qui on devine parfaitement qu’il arrivera des choses.  Sanders dans son voyage est entourée d’une jolie journaliste qui ne le laisse pas insensible, d’un architecte un peu dérangé qui veut retrouver sa femme, d’un prêtre jésuite et d’un médecin militaire, sans parler d’hommes à la mine patibulaire qui sont prêts à tuer…
mais pourquoi ? Les clichés du vieux film avec Humphrey Bogart sont pleinement utilisés par Ballard. Le docteur Sanders va devoir se rendre à Mont Royal par le fleuve car c’est impossible de s’y rendre par la route. Il va être confronté à cette forêt sombre le jour et lumineuse la nuit, dans laquelle la nature et les animaux et humains qui s’y attardent sont cristallisés.

On se rend vite compte que Sanders est un médecin qui ne soigne pas mais dont le passe temps favori est de se ballader dans cette étrange forêt de cristal. Quand il arrive enfin à Port Royal, on devine qu’il est fasciné par cette forêt de cristal et que finalement toute l’intrigue de l’histoire ce résume à ça. En dehors du fait qu’on découvre que c’est une fuite temporelle qui est à l’origine du phénomène, l’aspect scientifique a complètement été gommé, tout comme aucune solution n’est donnée pour se débarrasser de celui-ci. On apprend que cette étrange forêt n’est pas la seule sur Terre. En fait Ballard a préféré se focaliser sur la psychologie de ses personnages et leur fascination pour une mort belle et froide plutôt que sur l’action. C’est ce manque d’action qui est à l’origine de mon ennui pendant la lecture du livre. Peut-être que ce livre aurait dû s’appeler L’appel de la forêt de cristal. Le titre aurait été plus judicieux.

Non, je n’ai pas aimé ce livre. Non, je ne lirai pas d’autre Ballard (à moins qu’il écrive un livre de hard science, un space opera, un planet opera ou un thriller futuriste, mais je n’y crois pas). Je n’ai pas été émerveillé par l’auteur ni par l’histoire. Je ne suis pas tombé dans le chaudron qui transforme les lecteurs en clones qui adorent Ballard comme c’est le ces sur certains forums. Mais au moins ai-je essayé de lire un de ses livres. Je pense que le sillon SF dans lequel j’ai découvert et aimé celle-ci m’a marqué plus profondément que prévu. A l’époque de ce livre, je lisais Heinlein, Herbert, Asimov, Vance, Clarke ou Silverberg.

Ceci dit, indépendamment de mes gouts personnels en SF, je dois reconnaitre que ce livre est bien écrit et plaira certainement à des lecteurs plus en phase avec le genre de Ballard (transfiction, new wave). Malheureusement ce n’est pas mon cas. Désolé.

La forêt de cristal – James Ballard (Denoël Lunes d’encre)